L'histoire des migrants fait aussi l'affaire de la Gauche militante qui trouve-là un beau sujet comme elle les aime : De pauvres bougres issus de pays désolés ou en guerre, chassés et opprimés… du pain béni. Même si dans le lot il y a peut-être (sans doute) un paquet de mecs qui se déclarent victimes (de violences, de répressions politiques…) et qui ne l'ont jamais été. Peut-être même qu'il y a parmi eux des bourreaux, des assassins… contraints de fuir la justice de leurs pays. Va savoir !
Ce Syrien était-il du bon ou du mauvais côté de la barrière ? Et ce Soudanais ? Qui peut savoir exactement ce qui se cache derrière le parcours d'une personne qui arrive en Europe sans papiers, sans même qu'on connaisse son identité…
Je ne conteste pas que parmi ces migrants, il y a tout plein de personnes de bonne foi, des opprimés, de vraies victimes… Mais comment vérifier ?
Pour en revenir à ce "pain béni" pour la Gauche militante, il s'impose d'évidence. Dans tous les registres, lutte contre les inégalités, paupérisation, chômage, exclusion sociale…, elle est à la ramasse, incapable de mobiliser, de mener des actions, d'obtenir des résultats, de soutenir des revendications… Nous sommes bien placés pour en juger ici. Les protestataires se tournent de plus en plus vers le FN.
L'affaire des migrants est un des rares sujets, le seul même en ce moment, où on voit des collectifs défendre leurs intérêts, au point parfois de les manipuler (on a pu le constater lors de l'épisode de La Chapelle).
Toutes ces bonnes âmes lèvent les bras au ciel quand une large majorité de la population (de toutes origines, y compris immigrées) se désintéresse du sujet ayant leurs propres problèmes à gérer. Doit-on se réjouir de cette indifférence et de cet égoïsme ? Certainement pas.
Mais on peut aussi comprendre que nos Concitoyennes et Concitoyens précarisés (dont nous sommes pour la plupart, ici sur Actuchomage) soient las de toutes ces histoires. Entre "travailleurs détachés" issus de la CEE (plus de 500.000 en France), immigrés récemment arrivés (en situation régulière), Roms (qu'on doit accueillir dignement), flux migratoires clandestins dont on parle et tous ceux dont on ne parle pas (les migrants arrivant sans trop d'encombres en Europe, par la Grèce, l'Espagne, l'Italie ou ailleurs), ça commence à faire beaucoup.
Et comme j'ai coutume de dire, ce n'est pas une question de racisme ou de xénophobie anti-musulmans (la plupart des migrants l'étant), c'est un ras-le-bol partagé par celles et ceux, de toutes origines, qui tentent depuis des années parfois de s'insérer ou de se ré-insérer.
Parler d'égoïsme dans ce cas relève de la mauvaise foi. On sait pertinemment que ce n'est pas en rajoutant de la misère à la misère, du chômage au chômage, du mal logement au mal logement… qu'on résoudra les problèmes.
Après, on peut dire qu'il y a beaucoup d'argent, d'énormes inégalités, qu'il suffit de faire payer les riches pour résoudre les problèmes de tout le monde. Sur le papier, c'est vrai. Dans la réalité, si tu fais trop payer les riches, ils se barrent.
Aujourd'hui, les habitants de chez nous n'ont pas d'attirances particulières à cohabiter avec des gens qui débarquent de pays avec lesquels nous n'avons rien (ou pas grand-chose) en commun. Si nous pouvons nous sentir proche (et solidaire) d'un Tunisien par exemple, quels liens partageons-nous avec des Soudanais, des Somaliens ou des Afghans ?
Si nous avons des choses à partager avec ces gens, disons qu'on peut comprendre que - spontanément - notre attention se porte sur ceux qui partagent une histoire commune, une langue, des traditions. C'est dans la logique.
Si certains veulent faire de l'Europe le refuge de toutes les exclusions du monde, fort bien, qu'ils le fassent.
Mais qu'ils commencent par accueillir chez eux une famille de migrants. Perso, avec mon RSA, je n'en ai pas les moyens. Mais je ne suis qu'un égoïste !
