Assurance chômage: une négociation à haut risque
2005-08-24 PARIS (AFP)
Patronat et syndicats se préparent à entamer dès l'automne une négociation à haut risque sur l'assurance chômage, dont ils doivent définir les nouvelles règles avant le 31 décembre, dans un contexte de crise financière.
L'actuelle convention d'assurance chômage, qui régit le
fonctionnement du régime -- cotisations, modalités d'indemnisation, accompagnement des chômeurs...--, arrive à échéance à la fin de l'année.
Les partenaires sociaux, qui gèrent l'Unedic, ont à résoudre une difficile équation financière, alors que son déficit devrait
atteindre le niveau record de près de 14 milliards d'euros fin décembre.
Le Medef, opposé à tout relèvement des cotisations, devrait prôner un retour à la dégressivité des allocations. Un durcissement des conditions d'indemnisation ou une réduction de la durée des allocations font également partie des solutions envisagées.
Mais dans un contexte de chômage de masse, les syndicats sont opposés à ce que les demandeurs d'emploi supportent la charge du déficit.
"La première responsabilité de l'assurance chômage c'est de bien indemniser les demandeurs d'emploi et de leur offrir un
accompagnement de qualité", a déclaré à l'AFP le président de la CFTC Jacques Voisin, qui souhaite se pencher sur une réforme des cotisations des entreprises.
FO compte proposer une cotisation supplémentaire des employeurs sur les contrats temporaires (CDD, intérim...), tandis que la CGT prône une refonte totale du système, pour garantir un revenu à l'ensemble des chômeurs.
La CFDT s'opposera aussi à toute nouvelle réduction des droits des chômeurs et souhaite que la convention permette "d'intensifier et de diversifier" l'accompagnement des chômeurs.
Les syndicats signataires de la précédente convention (CFDT, CFTC, CFE-CGC) se montrent également soucieux de ne pas répéter l'erreur commise en 2002 dans un contexte financier déjà difficile.
La convention, attaquée en justice par des demandeurs d'emplois touchés par les nouvelles règles mises en place -- les "recalculés" --, avait fini par être annulée par le Conseil d'Etat.
Aucun calendrier n'a pour le moment été fixé pour ces négociations à haut risque, qui devraient vraisemblablement démarrer en octobre.
Mais d'ici là, de nouveaux éléments viendront en compléter le cadre, après le décret paru cet été sur le contrôle des chômeurs.
Dès septembre, l'Etat, l'ANPE et l'Unedic devraient conclure une nouvelle convention, qui doit accroître la fréquence des entretiens dont bénéficient les chômeurs.
Ce texte doit également autoriser les deux organismes à sous-traiter à des organismes privés l'accompagnement des chômeurs.
L'Unedic finance déjà une expérimentation de ce type sur 6.000 demandeurs d'emplois, pour voir si un tel système peut accélérer leur retour à l'emploi et constituer une source d'économies. Un bilan doit être en présenté à l'automne aux partenaires sociaux.
Les négociations sur la pénibilité et sur l'emploi des seniors, qui doivent reprendre à la rentrée, serviront également de test sur la volonté des uns et des autres de parvenir à des compromis.
Plusieurs syndicats soulignent qu'une des revendications du Medef dans la négociation sur l'emploi des seniors, la suppression de la contribution Delalande (imposée aux entreprises qui licencient un salarié âgé), entraînerait un manque à gagner de 500 millions d'euros pour l'Unedic.
sylvie
www.inter-emploi.org