RaoulPiconBière a écrit :
Le RSA n'est pas fait pour les plus démunis d'entre nous (les "borderline" comme dans le cas qu'évoque jean-Marc). Il est conçu pour contrôler et diriger les travailleurs pauvres, ex-smicards qui ne peuvent qu'accepter parcequ'il faut bien manger, et dont la raison n'a pas encore basculée dans la révolte, la folie ou l'abandon de soi.
Les "borderline" capables de produire, vont progressivent être orientés vers les CAT et autres ateliers protégés (officiellement en recherche de "rentabilité") (Réforme de la loi sur le handicap) et les personnes handicapées mentales actuellement dans les CAT, vont rentrer chez elles à charge de la famille ou se débrouiller toutes seules si elle n'ont pas de famille. (Réforme de la loi sur les tutelles aux majeurs protégés).
alors, si vous voulez, on peut dire que les débordements que vous avez exposé sont maintenant devenus la Loi mais, comme dirait Monolecte (en citant Lacordaire):
Entre le fort et le faible, c'est la loi qui affranchit ...
Et la liberté qui opprime. Ensuite : "Le droit est l’épée des grands, le devoir est le bouclier des petits" (juste un rappel sur les droits et devoirs des chômeurs...). [
note personnelle publique : Il n'est pas inutile de rappeler que la loi, chez certains croyants, normalement, n'est qu'un moyen de se dompter soi-même face à cette liberté qui "opprime". Bref le principe de la loi ne servirait qu'à cela et pas à autre chose et devrait disparaitre pour celui, celle qui en a pleinement conscience, qui l'intègre en lui-même et lui permet d'acquérir une compréhension des limites de la liberté comme de la loi et devient, par cette occasion, signe de quelque chose d'autre. Que celle-ci ne puisse être dépassée quelques siècles plus tard et que son existence ne peut se justifier que par une institution qui maintient une loi comme un droit montre, explique, révèle l'échec de la compréhension du principe de la loi pour le renvoyer indirectement à l'échec de l'humain, un peu comme une série récursive qui aurait commencé il y a bien longtemps... mais c'est un autre discours.]
Examinons le problème avec le mot de koala
koala a écrit :. Si la demande est rejetée parce que la volonté d'insertion est insuffisante, il n'y a pas grand chose à faire qu'une seconde tentative un peu plus tard.
Le RMI n'est pas confortable. Le RSA ne le sera pas plus. Il vaut mieux pour un actif qu'il ne soit qu'une étape transitoire.
On a tous connu des galères sans fin. Le salut ne viendra que de nous.
C'est exactement ce que nous avons fait. Maintenant qu'est-ce qui détermine qu'une demande d'insertion est insuffisante ? Où se situe la limite ? Et qui l'affirme ? Dans le cas présenté et comme le remarque RaoulPiconBière, nous sommes bien dans un cas limite ou "borderline". Dans ce cas-là, c'est bien, en retour, la loi qui s'exprime en quelque sorte. En ce sens que l'ensemble des personnes (les institutions qui gèrent la misère) savent, très bien, que cette dernière a une tendance certaine à la mythomanie pour des raisons un peu particulières. Mais c'est aussi une limite pour nous association de chômeurs.
Dans ce cas-là, tout le monde se renvoie la balle mais aucune décision n'est prise sauf celle de dire : nous, CG, nous n'acceptons plus la mythomanie de cette personne. Nous avons fait ce que nous avons pu. De ce fait, nous lui coupons le RMI.
En conséquence, le CG s'est défilé et s'est protégé de cette personne, en quelque sorte, en se cachant derrière l'insuffisance de volonté d'insertion. Autrement dit, comme me l'expliquait RaoulPconBière ailleurs, on passe la patate chaude à quelqu'un d'autre. Mais qui ? Plus de RMI, plus d'aide sociale, plus de CMU, rien. C'est à nous, association de chômeurs, de faire l'effort de dire à cette personne que peut-être il y a autre chose dans son discours. Nous devons le dire sans aucune formation psy. Démerdez-vous. Et dès qu'on abordait cette problématique devant une assistante sociale, ce n'est pas à nous de le dire... et avec la personne en question : "mais non tout va très bien".
Certes nous avons tous et toutes connu des galères mais il y a des cas où le salut ne peut pas venir de nous-mêmes. Et quand ces personnes arrivent dans une asso de chômeur, on finit par entendre les copains, les copines dire : "euh, ouais, on n'est quand même pas là pour faire du social mais du politique". (je schématise bien entendu quoique...)
Finalement de la patate chaude, personne n'en veut.
Continuons avec José
José a écrit :
Le calcul (qu'ils soient de droite ou de gauche) est simple : ils gagnent à faire de substantielles économies en refusant le RMI dès qu'une situation limite le permet car peu de gens vont jusqu'au bout des recours en justice et encore moins gagnent. Quand ils gagnent, ils ne récupérent jamais que leur droit au RMI et la capitalisation des intérêts (pas toujours, car il faut la demander dès le 1er recours). La non assistance à personne en danger, le préjudice subi, des domages et intérêts, de tout cela vous n'y avez pas droit.
En tout état de cause, il faut Résister et se Battre pour faire valoir ses droits. Ne pas se taire et diffuser les décisions arbitraires, mensongères et oser lever la tête et exiger que la loi soit appliquée.
En plus de la patate chaude de la personne, vient la patate très chaude de la décentralisation. Le CG gère le RMi et le RSA. Certes il y a un cout mais il ne faut pas oublier la pression exercée par le CG sur les personnes qu'il finance. Essayons de voir les conséquences depuis le début (je reprends une vieille analyse personnelle) :
- manque de moyens financiers à cause de la décentralisation
[o] Conséquence : pression sur les services et les acteurs sociaux qui retournent la pression sur les titulaires.
- Le RMI doit être temporaire non pas considéré comme un acquis parce qu'il n'y a pas assez de moyens financiers et humains.
[o] Conséquence : accusation explicite des rmistes soupçonnés de profits, de fainéantises, de fraude (cas réels à l'appui.)
- Démasquer les profiteurs et trouver les véritables besoins des titulaires parce que le RMI doit être temporaire.
[o] Conséquence : il y a de bons pauvres et des mauvais pauvres ou il y a des personnes qui respectent le contrat d'insertion et d'autres pas (cas limites).
- Exclure un nombre accru de titulaires du RMi parce que démasquer ?
[o] Conséquence : ils/elles vivront de quoi ?
A force de vouloir tout réduire, de ne s'adresser qu'à un certain type de cas et de mettre les autres de côté. C'est bien à une forme de triage qu'on a affaire. Les cas limites, aux associations d'insertion, aux tutelles de faire avec. Et puis arrivent les marchands de sommeil parce qu'il faut bien les caser quelque part toutes ces personnes afin de ne pas trop les voir. Alors les marchands de sommeil se régalent de cette manne inattendue, avec en plus garantie du loyer payé chaque mois par les institutions. L'aubaine financière sauf que les problèmes eux sont toujours là et parfois le proprio râle un peu parce que la chambre ou le f1 est dans un sale état mais il s'en fout il y a l'assurance et le droit pour lui. La boucle est presque bouclée...
La prise en charge se fait au triage avec un filet à gros trous qui ne répond jamais au problème...