Je n'ai pas manifesté…
Publié : 01 mai 2009
…parce que :
http://www.article11.info/spip/spip.php?article386.
Évidemment, quand on est né à poil, cette société n'offre d'autre issue que le travail salarié. Ce qui fait qu'on se retrouve le cul entre deux chaises : rechercher un emploi que par ailleurs on abhorre. Et c'est justement cela qui doit être dénoncé, combattu et, à terme, abattu, cette injustice fondamentale, originelle, qui est la mère de toutes les autres. Qui porte cette contestation, sinon des courants de pensée ultra-minoritaires ? Et pourtant, c'est LÀ que se situe la ligne de fracture entre conservateurs et progressistes, entre révolutionnaires et tenants de l'ordre établi, entre "gauche" et "droite". Radical : qui prend le mal à la racine. La racine de tous les maux, c'est le dogme du travail : Sarkozy ne s'y est pas trompé, il a axé sa campagne là-dessus, en désignant à la haine de la populace ces chômeurs-fraudeurs-profiteurs qui ont l'audace de vivre, malgré tout. Et il a gagné parce qu'il a visé juste : les travailleurs ne s'avoueront jamais à eux-mêmes qu'ils haïssent leur vie, il leur faut un objet sur lequel se revancher, de préférence sans défense. Le chômeur fait parfaitement l'affaire.
Quand on combat la tyrannie du boulot, on n'est pas confronté à un simple débat d'idées, à une classique empoignade idéologique : on est face à un conditionnement pluri-millénaire, tant individuel que collectif, contre lequel les arguments les plus travaillés, les raisonnements les plus logiques, les exemples les plus concrets ne pourront jamais rien. Un aliéné ne pense pas, il fonctionne par réflexes.
Alors, oui, on pourra combattre collectivement et même, parfois, gagner. Et alors ? Alors, ce ne seront que des aménagements provisoires, précaires, perpétuellement remis en cause, et qu'il faudra sans cesse défendre, protéger, reconquérir en une lutte épuisante, gourmande en vies humaines, en existences, pour toujours retourner à la case départ. Même les conquêtes sociales peuvent se retourner contre nous. Les congés payés, par exemple, ont généré toute une industrie du loisir qui a conduit au massacre du littoral, entre autres. Cela, parce que la lutte n'a pas été menée à son terme : on s'est contenté d'un aménagement de l'esclavage salarié, un très court temps de loisir obligatoire dans un océan de temps de travail obligatoire : quarante ans de cotisations pour éventuellement – très éventuellement – "jouir" d'une retraite à un âge où l'on n'est plus en état de jouir de grand'chose, surtout après une vie de labeur quotidien avec tout ce que cela comporte de frustrations, de vexations et d'avanies.
QUARANTE ANS !!! En clair, l'existence toute entière. Comment ose-t-on sans rougir se prétendre humaniste et tolérer sans ciller pareille horreur, voire la négocier ? La guillotine est un traitement plus doux, par comparaison : on en a vite fini.
L'Histoire – et pour certains, les expériences personnelles – nous enseigne qu'il est parfaitement vain de compter sur "les masses", comme si la propagande consumériste n'avait pas exercé ses ravages depuis cinquante ans et modelé les esprits. Les "masses" ne précèdent jamais, elles suivent toujours. Les "masses" votent Sarkozy, ou Royal, ou Besancenot, ce qui revient strictement au même et n'a, en soi, aucune importance : le mandat représentatif implique que l'on abandonne son destin aux mains de gens qui en feront ce qu'ils voudront, et aucun d'entre eux – pas fous ! – ne portera le fer dans la plaie.
J'aimerais bien manifester avec les amis d'Actu, ne serais-ce que pour faire connaissance, et, qu'on me comprenne bien, j'ai le plus grand respect pour ceux qui le font. Mais auprès de "syndicats" depuis belle lurette vendus au patronat et surtout – surtout – vecteurs de la "valeur travail", c'est au dessus de mes forces : j'aurais l'impression de manifester contre moi-même. Au demeurant, les détenteurs du pouvoir réel – l'argent – se contrefichent de nos inoffensives manifs. Si défiler Bastille-Nation pouvait changer fondamentalement les choses, ça se saurait, non ?
C'est par un travail (
pardon !) de fourmi, ingrat et quotidien, que se fait l'indispensable circulation des idées. Il existe, dans ma banlieue, une antenne du SEL (service d'échanges local) ; j'ignore encore de quoi il s'agit sur le fond, et je serai peut-être déçu, mais l'idée d'échanger des services, des savoirs, des compétences sans que le fric entre en jeu me séduit. Au-delà de l'intérêt matériel immédiat pour les plus démunis, il y a cette idée d'échanger sans rapport de force ni calcul : une application partielle mais concrète de l'anarchie. Évidemment, ce n'est guère cheguevaresque, ce n'est pas spectaculaire ; au moins cela recrée-t-il du lien, loin de la télé, et par les temps qui courent, c'est infiniment précieux.
Amitiés.
http://www.article11.info/spip/spip.php?article386.
Évidemment, quand on est né à poil, cette société n'offre d'autre issue que le travail salarié. Ce qui fait qu'on se retrouve le cul entre deux chaises : rechercher un emploi que par ailleurs on abhorre. Et c'est justement cela qui doit être dénoncé, combattu et, à terme, abattu, cette injustice fondamentale, originelle, qui est la mère de toutes les autres. Qui porte cette contestation, sinon des courants de pensée ultra-minoritaires ? Et pourtant, c'est LÀ que se situe la ligne de fracture entre conservateurs et progressistes, entre révolutionnaires et tenants de l'ordre établi, entre "gauche" et "droite". Radical : qui prend le mal à la racine. La racine de tous les maux, c'est le dogme du travail : Sarkozy ne s'y est pas trompé, il a axé sa campagne là-dessus, en désignant à la haine de la populace ces chômeurs-fraudeurs-profiteurs qui ont l'audace de vivre, malgré tout. Et il a gagné parce qu'il a visé juste : les travailleurs ne s'avoueront jamais à eux-mêmes qu'ils haïssent leur vie, il leur faut un objet sur lequel se revancher, de préférence sans défense. Le chômeur fait parfaitement l'affaire.
Quand on combat la tyrannie du boulot, on n'est pas confronté à un simple débat d'idées, à une classique empoignade idéologique : on est face à un conditionnement pluri-millénaire, tant individuel que collectif, contre lequel les arguments les plus travaillés, les raisonnements les plus logiques, les exemples les plus concrets ne pourront jamais rien. Un aliéné ne pense pas, il fonctionne par réflexes.
Alors, oui, on pourra combattre collectivement et même, parfois, gagner. Et alors ? Alors, ce ne seront que des aménagements provisoires, précaires, perpétuellement remis en cause, et qu'il faudra sans cesse défendre, protéger, reconquérir en une lutte épuisante, gourmande en vies humaines, en existences, pour toujours retourner à la case départ. Même les conquêtes sociales peuvent se retourner contre nous. Les congés payés, par exemple, ont généré toute une industrie du loisir qui a conduit au massacre du littoral, entre autres. Cela, parce que la lutte n'a pas été menée à son terme : on s'est contenté d'un aménagement de l'esclavage salarié, un très court temps de loisir obligatoire dans un océan de temps de travail obligatoire : quarante ans de cotisations pour éventuellement – très éventuellement – "jouir" d'une retraite à un âge où l'on n'est plus en état de jouir de grand'chose, surtout après une vie de labeur quotidien avec tout ce que cela comporte de frustrations, de vexations et d'avanies.
QUARANTE ANS !!! En clair, l'existence toute entière. Comment ose-t-on sans rougir se prétendre humaniste et tolérer sans ciller pareille horreur, voire la négocier ? La guillotine est un traitement plus doux, par comparaison : on en a vite fini.
L'Histoire – et pour certains, les expériences personnelles – nous enseigne qu'il est parfaitement vain de compter sur "les masses", comme si la propagande consumériste n'avait pas exercé ses ravages depuis cinquante ans et modelé les esprits. Les "masses" ne précèdent jamais, elles suivent toujours. Les "masses" votent Sarkozy, ou Royal, ou Besancenot, ce qui revient strictement au même et n'a, en soi, aucune importance : le mandat représentatif implique que l'on abandonne son destin aux mains de gens qui en feront ce qu'ils voudront, et aucun d'entre eux – pas fous ! – ne portera le fer dans la plaie.
J'aimerais bien manifester avec les amis d'Actu, ne serais-ce que pour faire connaissance, et, qu'on me comprenne bien, j'ai le plus grand respect pour ceux qui le font. Mais auprès de "syndicats" depuis belle lurette vendus au patronat et surtout – surtout – vecteurs de la "valeur travail", c'est au dessus de mes forces : j'aurais l'impression de manifester contre moi-même. Au demeurant, les détenteurs du pouvoir réel – l'argent – se contrefichent de nos inoffensives manifs. Si défiler Bastille-Nation pouvait changer fondamentalement les choses, ça se saurait, non ?
C'est par un travail (

Amitiés.