Elise Lucet mérite un bonnet d'âne

[tristesir]

Ce soir à la TV sur France 3 il y avait l'émission "pièces à conviction" :
"Licenciements, faillites : la crise a bon dos"

Pendant une interview, elle explique à Luc Chatel que les constructeurs demandent aux équipementiers automobiles de faire baisser leur prix de 3%, chaque année, pendant 6 ans, durée de vie commerciale d'une voiture. cela ferait donc une baisse de 18% au final selon elle parce que 3x6=18


Mais elle se trompe et mérite un bonnet d'âne.
1,03 à la puissance 6 cela fait à peu près 1,1940
La baisse est donc de 19,40% et pas de 18%

En regardant cette émission on est saisi d'écoeurement. Il n'est question que de dumping social et des coulisses du capitalisme. Pendant que le gouvernement nous fait son grand numéro de com' les gens continuent à perdre leur emploi et que la crise a bon dos.

[superuser]

Elise Lucet mérite un bonnet d'âne ? Tu es un peu dur. J'ai trouvé son émission de très bonne facture, malgré le blah-blah de Luc Chatel... Elle permet aux téléspectateurs qui auront fait l'effort de la regarder de comprendre pas mal de choses sur le fonctionnement du capitalisme et les mensonges de Nicolas Sarkozy. Je trouve que, au contraire et pour une fois, un "magazine d'investigation" télévisé en prime-time se permet d'aller plus loin que d'habitude : on met enfin en avant le sort des salariés, et on comprend à quel point ce système mortifère a scié la branche sur laquelle il est assis. Pour le téléspectateur lambda, cet effort de pédagogie est, à mon sens, une excellente chose.

Pour la visionner :

http://programmes.france3.fr/pieces-a-c ... 428-fr.php

[tristesir]

Elise Lucet mérite un bonnet d'âne ?

Avant tout, parce qu'elle ne sait pas compter.



Dans une séquence, on voyait un couple chez eux, dont l'un risquait d'être licencié et qui discutait bien tranquillement (ils avaient été en grève c'est vrai) du fait de déménager, de s'adapter. Finalement, il en ressortait que ce n'était pas si terrible que cela qu'il suffisait de se retrousser les manches et que cela passerait.

C'est du moins, ce que j'ai pensé de cette émission, présentée par une journaliste grassement payée, qui n'avait que pour but de créer de l'abattement et de la résignation en montrant froidement l'horreur économique.

[tranquille2]

Je trouve, Triste Sir que tu ne racontes que les deux points qui pourraient être discutables, il y avaient d'autres témoignages d'ouvriers moins optimistes, comme celui de l'intérimaire qui cherchait en vain depuis des mois une mission... Encore que je pense que des bientôt chômeurs ont le droit de s'imaginer un projet d'adaptation (déménagement, etc) pour trouver du travail, cette attitude existe, je ne vois pas en quoi il faudrait la cacher pour noircir le tableau, ce tableau étant déjà très noir.

Cette émission, je la trouve d'une bonne facture, expliquant bien le déroulé des évènements et des enjeux et le rôle des parties.

Comme j'avais apprécié son émission sur les déchets toxiques nucléires d'Areva.

[tristesir]

Cette émission, je la trouve d'une bonne facture, expliquant bien le déroulé des évènements et des enjeux et le rôle des parties.

Je ne conteste pas ce point.
Encore qu'en filigrane on retrouvait toutefois exprimée l'idée que tout ceci c'est la faute de la "crise" ou du système et que personne n'est responsable de rien, un peu comme un tremblement de terre ou toute autre catastrophe naturelle.

Le gouvernant voyant qu'il n'est plus possible de prétendre que leur "crise" s'est arrêtée à nos frontières, ils ont adopté une nouvelle stratégie: semer la résignation et l'abattement qui amènent à l'acceptation et à être obéissant.

Pas de travail? Pas grave, on vend la maison et on déménage et on laisse derrière soi le tissu relationnel et social qu'on avait pu tissé durant les années, un être humain c'est bon qu'à travailler et à aller où les patrons, les puissants veulent qu'ils aillent se faire exploiter.

[tranquille2]

Je suis d'accord avec tout ce que tu viens d'écrire.

Des interviewés ont bien dit que le ralentissement de l'activité automobile avait commencé avant la crise.

Les constructeurs automobiles ont lancé des produits invendables, qui n'ont pas rencontré leur public (la Laguna, exemple cité dans l'émission). Les penseurs, dirigeants, marketeux et ingénieurs ont misé sur les grosses berlines alors que la cible est bien trop réduite. Et ce n'est pas en provoquant du chômage et de la précarité, qu'ils vont multiplier la demande de biens.

Malheureusement les produits qui se vendent bien, petits véhicules à faible consommation, sont construits hors de France, dans les pays européens de l'Est.

Il a aussi été aussi bien montré que les constructeurs automobile faisaient tout pour gagner de la marge bénéficiaire, sans répercuter les baisses de coûts qu'ils contraignent aus sous-traitants (incitant à leur délocalisation), notamment français, sur le prix de vente des véhicules (donc le discours des constructeurs est comme d'habitude mensonger).

[superuser]

Encore qu'en filigrane on retrouvait toutefois exprimée l'idée que tout ceci c'est la faute de la "crise" ou du système et que personne n'est responsable de rien, un peu comme un tremblement de terre ou toute autre catastrophe naturelle.

Faux ! Je confirme : il est dit et expliqué à plusieurs reprises que "la crise" a bon dos et que le déclin du secteur automobile lui était bien antérieur (un an et demi, deux ans). En cela, j'ai apprécié ce reportage qui remettait les pendules à l'heure sur le comportement des constructeurs et la tyrannie qu'ils exercent sur leurs sous-traitants.

[tristesir]

Faux ! Je confirme

Dans le reportage, ils ont réussi à interviewer un cadre responsable d'une grande firme automobile (Renault?)
et il donne son explication de la pression sur les sous-traitants et des délocalisations: Un problème de compétitivité selon lui.

Qu'est-ce que tu veux répondre à cela? Cette logique est à l'oeuvre partout, on ne peut pas l'ignorer.

C'était plus une dénonciation du système que la recherche de responsables. Personne ne veut être responsable, on a tous des raisons pour agir et participer à notre niveau au fonctionnement de cette société pourrie par la cupidité, l'individualisme.
(on n'a pas le même potentiel de nuisance bien évidemment)

Il y avait les exemples de ces "acheteurs" qui avouaient avoir participé à ce système qui conduit au démantèlement du tissu industriel en France. Il me semble que l'un était un syndicaliste sauf erreur.

Bref, ce documentaire renvoyait un peu dos à dos tous les acteurs de ce système.

Une façon de dire, que c'est la fatalité si des centaines de personnes perdent leur emploi et surtout pas la nature du système et des décisions prises par des politiciens.

On nous montrait les conséquences, mais on ne parlait pas des raisons véritables.

[superuser]

Justement… "problème de compétitivité", système mortifère qui scie la branche, je crois que c'était clair : moi j'y ai vu une nette critique du capitalisme mondialisé.

[diety]

Justement… "problème de compétitivité", système mortifère qui scie la branche, je crois que c'était clair : moi j'y ai vu une nette critique du capitalisme mondialisé.

J'ai compris la même chose que toi.
Ambiance glauque, on voyait bien la peur des témoins. La brutalité des constructeurs, indépendante de et antérieure à la crise, pour se faire encore plus de marge était bien montrée j'ai trouvé.

[tristesir]

Bref, ce que je reproche à cette émission est qu'elle favorise la résignation, l'abattement plutôt que la colère et l'envie de ne pas se laisser faire.

[diety]

Mais si dans son enquête elle n'a pas trouvé l'envie de se battre, mais des rapports de forces trop inégales pour se révolter, elle ne va pas montrer quelque chose qui n'existe pas. (En plus on le lui aurait reproché.)
La trouille qu'avaient les témoins, à mon avis ce n'était pas du pipo, mais bien réelle.

[tranquille2]

http://inventerre.canalblog.com/archive ... 30321.html

[tranquille2]

http://eco.rue89.com/2009/04/10/prime-a ... s-perturbe

[tranquille2]

Intro de l'article :

"Le succès des bonus écologiques et, surtout, de la prime gouvernementale à la casse a un effet pervers : les délais s'allongent fortement pour les voitures les moins chères et les moins polluantes. Manque d'anticipation des constructeurs, des équipementiers, ou frilosité des concessionnaires ? Les différents acteurs se renvoient la balle."