Les chômeurs américains à l'assaut des tribunaux
Publié : 02 avr. 2009
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[ 31/03/09 Les Echos ] 1 commentaires
Déçus par leurs indemnités de départ, les licenciés sont de plus en plus nombreux à poursuivre leurs employeurs en justice.
A elles seules, les plaintes concernant l'âge ont bondi de 28,5 % l'an dernier.
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Le temps est à la rébellion chez les chômeurs américains. La hausse des licenciements outre-Atlantique a entraîné une explosion des poursuites judiciaires. Ainsi, d'anciens programmeurs de Lehman Brothers ont porté plainte contre l'établissement en faillite parce qu'ils n'ont pas été prévenus soixante jours à l'avance de leur licenciement, conformément à la loi. De même, le fabricant d'ordinateur Dell est sur la sellette depuis qu'il a annoncé près de 9.000 suppressions d'emplois. Quatre anciennes salariés du département des ressources humaines accusent l'entreprise high-tech d'avoir pratiqué une double discrimination liée à leur âge et à leur sexe. L'avocat qui les représente, Steven Wittels, du cabinet Sanford Wittels et Heisler, espère rallier à sa cause des milliers de plaignantes, anciennes de Dell. Il réclame 500 millions de dollars en dommages et intérêts.
« Sans même leur dire merci »
Il n'est guère facile de mesurer l'ampleur exacte du phénomène, car il n'existe pas de statistiques sur le nombre de plaintes. Mais l'agence gouvernementale Equal Employment Opportunity Commission a publié quelques chiffres sur les déclarations de discriminations au travail en 2008... qui sont un préalable au dépôt de plaintes. L'an dernier, il y a eu 95.402 déclarations, soit une augmentation de 15 % par rapport à l'année fiscale 2007. C'est, selon le président de l'agence, Stuart Ishimaru, « une hausse exceptionnelle ». A elles seules, les plaintes concernant l'âge ont bondi de 28,5 %. Ce qui n'étonne guère Steven Wittels, car, explique ce dernier, « les employés plus âgés sont souvent les mieux payés. Et une entreprise en quête de réduction des coûts les repère vite ». Et de poursuivre : « Mes clients ont travaillé dix ans, quinze ans dans la même compagnie. En deux secondes, on les a raccompagnés à la porte, sans même leur dire merci. Ils sont blessés, fâchés, et l'un des rares moyens de le faire savoir, c'est d'affirmer leurs droits légaux. »
Discrimination, législation concernant le paiement des heures supplémentaires, règle des soixante jours d'alerte qui s'applique à la fermeture d'un établissement... les nouveaux chômeurs s'emparent de tous les dispositifs légaux à leur portée. Thomas Servodidio, expert en emploi du cabinet d'avocats Duane Morris à Philadelphie, voit ainsi de plus en plus d'entrepreneurs lui demander conseil : « Les compagnies en pleine tempête n'offrent pas de lucratives indemnités de départ », explique-t-il. Autrefois, elles versaient deux semaines par année de présence, aujourd'hui, le chèque se chiffre à deux mois de salaire... voire à rien du tout.
Pour le bonheur des avocats
Du coup, les salariés se sentent floués et contre-attaquent d'autant plus qu'ils ont du mal à trouver un nouvel emploi. « Auparavant, les employés hésitaient à porter plainte, commente Thomas Servodidio, de peur de braquer leur futur employeur. » La grogne se propage. Pour le bonheur des avocats et du Center for Forensic Economics Studies, chargé de conseiller, statistiques à l'appui, les entreprises sur la meilleure façon de licencier. Eux, ne chôment pas.