... il faut briser la médecine générale
Publié : 10 févr. 2009
Un témoignage du Dr. Christian Lehmann sur les dérives des "contrôles" de la secu. On peut s'inquiéter, car les médecins risquent de refuser les handicapés, les gens âgés, les salariés stressés, car trop de prescriptions ou d'arrêts de travail. Bref, s'ils obéissent à la loi du marché, ils n'auront plus que des malades en bonne santé !
Pour américaniser le système, il faut briser la médecine générale ( 1 bis)
Très préoccupés ( à juste titre) à dénoncer la nouvelle gouvernance hospitalière, les défenseurs d'une assurance-maladie solidaire ont souvent du mal à réaliser ce qui se joue depuis 2005 en médecine de ville, principalement du côté des médecins généralistes, et à quel point les schémas pré-existants d'un système de Sécurité Sociale né du Conseil National de la Résistance n'ont plus cours.
Rares sont ceux qui ont intégré ce qu'a signifié, en 2004, la nomination par décret opérée par Jacques Chirac en Conseil des Ministres à la tête de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie, chapeautant l’ensemble des Caisses et leurs conseils d’administration, d'un Directeur choisi par ses soins en toute indépendance : Frédéric Van Roekeghem, ancien directeur de l'audit du groupe d'assurances AXA de 2001 à 2003 et directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy.
On n'aurait su alors rêver mieux pour mener la réforme qui s’annoncait dès lors en droite ligne avec les intérêts du pouvoir politique, tandis que les conseils d’administration des caisses d’assurance-maladie, où siègent théoriquement des représentants des syndicats et du patronat, se retrouvaient simples chambres d’enregistrement réduites à émettre des avis favorables ou défavorables dont personne n’a plus besoin de tenir compte. ( Ce que ces mêmes représentants n'ont jamais clairement dénoncé, s'accrochant à un pouvoir réduit aux acquêts, et jouant par là-même le jeu du pouvoir).
Dans LES FOSSOYEURS ( éditions PRIVE-MICHEL LAFON, publié en février 2007) , j'analysais ce que ce changement de gouvernance entraînerait dans les rapports entre patients, médecins et assurance-maladie :
" Sortons un instant du milieu médical pour observer la manière dont, dans les entreprises, aujourd’hui, on s’y prend pour briser la résistance d’un secteur industriel, du personnel d’une usine, afin d’opérer une délocalisation la moins coûteuse possible pour les actionnaires.
D’abord faire monter la pression en annonçant, même si l’usine semble fonctionner normalement, une rentabilité insuffisante. Ensuite, nommer un cost-cutter, un nettoyeur, chargé de donner un vigoureux coup de balai dans les effectifs, de modifier les modes de fonctionnement, de remettre en question les avantages acquis. Et pour gagner cette bataille, le nettoyeur devra d’abord identifier, au sein du corps social de l’entreprise, ceux qui portent la mémoire de l’usine, ceux qui se sont le plus investis dans sa bonne marche. Il conviendra de mettre la pression tout d’abord sur ceux-là, de les dérouter par des directives contradictoires, en évidence nuisibles à la bonne marche de l’entreprise, et qu’ils tenteront de refuser de suivre, se mettant par la même en péril face à leur hiérarchie.
suite et source de l'article avec le témoignage d'un médecin littéralement harcelé et humilié
Pour américaniser le système, il faut briser la médecine générale ( 1 bis)
Très préoccupés ( à juste titre) à dénoncer la nouvelle gouvernance hospitalière, les défenseurs d'une assurance-maladie solidaire ont souvent du mal à réaliser ce qui se joue depuis 2005 en médecine de ville, principalement du côté des médecins généralistes, et à quel point les schémas pré-existants d'un système de Sécurité Sociale né du Conseil National de la Résistance n'ont plus cours.
Rares sont ceux qui ont intégré ce qu'a signifié, en 2004, la nomination par décret opérée par Jacques Chirac en Conseil des Ministres à la tête de l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie, chapeautant l’ensemble des Caisses et leurs conseils d’administration, d'un Directeur choisi par ses soins en toute indépendance : Frédéric Van Roekeghem, ancien directeur de l'audit du groupe d'assurances AXA de 2001 à 2003 et directeur de cabinet de Philippe Douste-Blazy.
On n'aurait su alors rêver mieux pour mener la réforme qui s’annoncait dès lors en droite ligne avec les intérêts du pouvoir politique, tandis que les conseils d’administration des caisses d’assurance-maladie, où siègent théoriquement des représentants des syndicats et du patronat, se retrouvaient simples chambres d’enregistrement réduites à émettre des avis favorables ou défavorables dont personne n’a plus besoin de tenir compte. ( Ce que ces mêmes représentants n'ont jamais clairement dénoncé, s'accrochant à un pouvoir réduit aux acquêts, et jouant par là-même le jeu du pouvoir).
Dans LES FOSSOYEURS ( éditions PRIVE-MICHEL LAFON, publié en février 2007) , j'analysais ce que ce changement de gouvernance entraînerait dans les rapports entre patients, médecins et assurance-maladie :
" Sortons un instant du milieu médical pour observer la manière dont, dans les entreprises, aujourd’hui, on s’y prend pour briser la résistance d’un secteur industriel, du personnel d’une usine, afin d’opérer une délocalisation la moins coûteuse possible pour les actionnaires.
D’abord faire monter la pression en annonçant, même si l’usine semble fonctionner normalement, une rentabilité insuffisante. Ensuite, nommer un cost-cutter, un nettoyeur, chargé de donner un vigoureux coup de balai dans les effectifs, de modifier les modes de fonctionnement, de remettre en question les avantages acquis. Et pour gagner cette bataille, le nettoyeur devra d’abord identifier, au sein du corps social de l’entreprise, ceux qui portent la mémoire de l’usine, ceux qui se sont le plus investis dans sa bonne marche. Il conviendra de mettre la pression tout d’abord sur ceux-là, de les dérouter par des directives contradictoires, en évidence nuisibles à la bonne marche de l’entreprise, et qu’ils tenteront de refuser de suivre, se mettant par la même en péril face à leur hiérarchie.
suite et source de l'article avec le témoignage d'un médecin littéralement harcelé et humilié