RMIstes étrangers : attention !
Publié : 02 févr. 2009
"Paris (75) : de la CAF Jaurès à la CAPI 1 (Gambetta), paroles de précaires
Un aperçu des difficultés des précaires étrangers pour avoir accès au RMI
lundi 2 février 2009 par des précaires parisiens d’ici et d’ailleurs
Avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, la solidarité est l’arme des précaires !
C’est mercredi, et le Réseau Solidaires d’Allocataires tient sa permanence hebdomadaire devant la CAF Jaurès entre 13h et 14h , et distribue des tracts d’information sur la politique de précarisation effrénée menée par la mairie de Paris, qu’il faut combattre collectivement pour changer les choses.
Une personne vient nous parler de sa situation invivable : elle vient d’avoir son RMI coupé parce que son assistante sociale n’était pas d’accord avec sa façon de chercher du travail, avec son autonomie dans sa recherche, cette personne au RMI s’est donc faite menacer continuellement, par cette assistante sociale qui n’y connaissait rien à son secteur d’activité, jusqu’à la suspension.
Cette histoire fait de suite écho à celle de quelqu’un d’autre, ressortissant de l’Union Européenne, qui alors raconte ses problèmes récents avec SON centre d’insertion, dans le 19ème : il devait renouveler il y a quelques semaines son contrat d’insertion, puis du jour au lendemain, il s’est vu transféré à la CAPI 1, sans aucune concertation, sans aucun dialogue, et en se voyant en plus accusé de ne pas dire la vérité quand il dénonce cette situation.
Alors ce mercredi [28 janvier 2009], ce résident européen a décidé d’aller, accompagné par le collectif RSA, à son rendez-vous à la CAPI 1, pour ne pas avoir à subir ce système arbitraire et toutes les pressions qui vont avec. Ce système où ceux qui arrivent à radier le plus de RMIstes, d’une façon ou d’une autre, montent dans la hiérarchie et ne reçoivent pas de sanctions.
Ce résident européen s’est rendu compte qu’il ne peut y avoir de semblant de dialogue et un minimum de respect de sa personne et de sa situation de grande précarité que s’il est accompagné par le collectif à son rendez-vous, car il n’y a aucune transparence dans ce système où il y a presque toujours une divergence totale entre ce qui est dit, ce qui est fait et ce qui est écrit. Et effectivement, durant l’entretien avec l’agente de la CAPI (qui disait ne pas connaître le droit à l’accompagnement), accompagné d’une personne du collectif, il arrive à un minimum de dialogue.
De plus, le précaire que nous avons accompagné à la CAPI 1, du fait qu’il est résident européen, n’a pas vu ses démarches facilitées l’année dernière pour percevoir le RMI.
Quand il a déposé sa demande de RMI à l’automne 2007, il a appris avec grand étonnement que désormais les allocataires venant d’autres pays membres de l’UE devaient avoir un permis de séjour pour pouvoir avoir droit au RMI, alors qu’en tant qu’européen il n’y a aucune obligation de disposer d’un permis de séjour pour vivre en France.
Mais apparemment tous n’ont pas les mêmes droits, dans l’Union Européenne et encore plus en France, il n’y a pas de frontières pour les plus riches, mais pour les plus précaires, surtout étrangers, européens et encore plus extra-communautaires – aucun droit et des fils barbelés partout. Décidément, en plus des murs dressés autour de l’Union Européenne, la France trouve nécessaire de dresser des murs contre les ressortissants de l’UE
Du coup il a dû déposer un dossier de demande de permis de séjour à la préfecture, et attendre 4 mois pour l’obtenir. Durant ces 4 mois, il a dû se débrouiller seul pour arriver à survivre, il avait la chance d’être hébergé, mais beaucoup d’autres ne l’ont pas, ou doivent payer un loyer, et avec quoi le payer quand on n’a rien ?
Heureusement, la mairie de Paris, faisant décidément preuve d’un immense esprit de solidarité, a bien voulu lui accorder 50 euros le premier mois, en guise d’aide exceptionnelle, puis 100 euros le deuxième mois, 50 euros le troisième mois, puis rien le quatrième, car « il ne faut pas que ça devienne une habitude, il ne faut pas profiter » - décidément, qu’elle esprit de solidarité immense, on a l’impression que le maire de Paris, qui maintenant veut ficher tous les RMIstes et les traiter comme des malades mentaux, cherche à pratiquer une surenchère à droite.
Donc au bout de 4 mois, surprise ! Le permis de séjour qui devait arriver au bout d’un mois et demi était enfin là et ce précaire européen a donc pu enfin devenir un grand profiteur et toucher le RMI pour essayer de survivre.
Par contre il a reçu quelques semaines plus tard une désagréable nouvelle : une amie italienne qui avait déposé début 2008 une demande de permis de séjour pour pouvoir elle aussi toucher le RMI et ne pas se retrouver à la rue, s’est vue refuser le permis de séjour, car à partir de janvier 2008, la législation a encore changée, s’est encore durcie.
En effet, depuis janvier 2008, un résident européen ne peut obtenir un permis de séjour qu’en prouvant qu’il travaille ou a suffisamment de revenus pour subvenir à ses besoins, or pour pouvoir déposer une demande de RMI il faut désormais ce permis de séjour parfaitement inutile dans tous les autres cas.
C’est pour ça que beaucoup de résidents européens se sont vus couper le RMI dès l’automne 2007, n’ayant pas de permis de séjour, et se sont retrouvés dans des situations invivables, jetés à la rue. Tous n’ont pas réussi à obtenir un permis de séjour – et pour les autres européens se retrouvant du jour au lendemain sans revenus en France – à quoi ont-ils droit ? A rien. C’est « travaille ou crève. »"
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Un aperçu des difficultés des précaires étrangers pour avoir accès au RMI
lundi 2 février 2009 par des précaires parisiens d’ici et d’ailleurs
Avec ou sans papiers, avec ou sans emploi, la solidarité est l’arme des précaires !
C’est mercredi, et le Réseau Solidaires d’Allocataires tient sa permanence hebdomadaire devant la CAF Jaurès entre 13h et 14h , et distribue des tracts d’information sur la politique de précarisation effrénée menée par la mairie de Paris, qu’il faut combattre collectivement pour changer les choses.
Une personne vient nous parler de sa situation invivable : elle vient d’avoir son RMI coupé parce que son assistante sociale n’était pas d’accord avec sa façon de chercher du travail, avec son autonomie dans sa recherche, cette personne au RMI s’est donc faite menacer continuellement, par cette assistante sociale qui n’y connaissait rien à son secteur d’activité, jusqu’à la suspension.
Cette histoire fait de suite écho à celle de quelqu’un d’autre, ressortissant de l’Union Européenne, qui alors raconte ses problèmes récents avec SON centre d’insertion, dans le 19ème : il devait renouveler il y a quelques semaines son contrat d’insertion, puis du jour au lendemain, il s’est vu transféré à la CAPI 1, sans aucune concertation, sans aucun dialogue, et en se voyant en plus accusé de ne pas dire la vérité quand il dénonce cette situation.
Alors ce mercredi [28 janvier 2009], ce résident européen a décidé d’aller, accompagné par le collectif RSA, à son rendez-vous à la CAPI 1, pour ne pas avoir à subir ce système arbitraire et toutes les pressions qui vont avec. Ce système où ceux qui arrivent à radier le plus de RMIstes, d’une façon ou d’une autre, montent dans la hiérarchie et ne reçoivent pas de sanctions.
Ce résident européen s’est rendu compte qu’il ne peut y avoir de semblant de dialogue et un minimum de respect de sa personne et de sa situation de grande précarité que s’il est accompagné par le collectif à son rendez-vous, car il n’y a aucune transparence dans ce système où il y a presque toujours une divergence totale entre ce qui est dit, ce qui est fait et ce qui est écrit. Et effectivement, durant l’entretien avec l’agente de la CAPI (qui disait ne pas connaître le droit à l’accompagnement), accompagné d’une personne du collectif, il arrive à un minimum de dialogue.
De plus, le précaire que nous avons accompagné à la CAPI 1, du fait qu’il est résident européen, n’a pas vu ses démarches facilitées l’année dernière pour percevoir le RMI.
Quand il a déposé sa demande de RMI à l’automne 2007, il a appris avec grand étonnement que désormais les allocataires venant d’autres pays membres de l’UE devaient avoir un permis de séjour pour pouvoir avoir droit au RMI, alors qu’en tant qu’européen il n’y a aucune obligation de disposer d’un permis de séjour pour vivre en France.
Mais apparemment tous n’ont pas les mêmes droits, dans l’Union Européenne et encore plus en France, il n’y a pas de frontières pour les plus riches, mais pour les plus précaires, surtout étrangers, européens et encore plus extra-communautaires – aucun droit et des fils barbelés partout. Décidément, en plus des murs dressés autour de l’Union Européenne, la France trouve nécessaire de dresser des murs contre les ressortissants de l’UE
Du coup il a dû déposer un dossier de demande de permis de séjour à la préfecture, et attendre 4 mois pour l’obtenir. Durant ces 4 mois, il a dû se débrouiller seul pour arriver à survivre, il avait la chance d’être hébergé, mais beaucoup d’autres ne l’ont pas, ou doivent payer un loyer, et avec quoi le payer quand on n’a rien ?
Heureusement, la mairie de Paris, faisant décidément preuve d’un immense esprit de solidarité, a bien voulu lui accorder 50 euros le premier mois, en guise d’aide exceptionnelle, puis 100 euros le deuxième mois, 50 euros le troisième mois, puis rien le quatrième, car « il ne faut pas que ça devienne une habitude, il ne faut pas profiter » - décidément, qu’elle esprit de solidarité immense, on a l’impression que le maire de Paris, qui maintenant veut ficher tous les RMIstes et les traiter comme des malades mentaux, cherche à pratiquer une surenchère à droite.
Donc au bout de 4 mois, surprise ! Le permis de séjour qui devait arriver au bout d’un mois et demi était enfin là et ce précaire européen a donc pu enfin devenir un grand profiteur et toucher le RMI pour essayer de survivre.
Par contre il a reçu quelques semaines plus tard une désagréable nouvelle : une amie italienne qui avait déposé début 2008 une demande de permis de séjour pour pouvoir elle aussi toucher le RMI et ne pas se retrouver à la rue, s’est vue refuser le permis de séjour, car à partir de janvier 2008, la législation a encore changée, s’est encore durcie.
En effet, depuis janvier 2008, un résident européen ne peut obtenir un permis de séjour qu’en prouvant qu’il travaille ou a suffisamment de revenus pour subvenir à ses besoins, or pour pouvoir déposer une demande de RMI il faut désormais ce permis de séjour parfaitement inutile dans tous les autres cas.
C’est pour ça que beaucoup de résidents européens se sont vus couper le RMI dès l’automne 2007, n’ayant pas de permis de séjour, et se sont retrouvés dans des situations invivables, jetés à la rue. Tous n’ont pas réussi à obtenir un permis de séjour – et pour les autres européens se retrouvant du jour au lendemain sans revenus en France – à quoi ont-ils droit ? A rien. C’est « travaille ou crève. »"
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