Renault prêt à se reconvertir en armateur
lundi 12 janvier 2009, par Charlie enchaîné
« Bienvenue à bord de Club Med 2, un magnifique voilier filant sur l’eau, dont chaque escale dans les îles des Caraïbes s’ouvre comme une porte sur le monde. » Cette croisière, 164 veinards, invités par le groupe Renault, en profitent depuis le 5 janvier. Alors que le grand froid s’est abattu en métropole depuis quelques jours, ceux-là vont « se dorer la pilule dans les Caraïbes (...) durant quinze jours », indique Christophe Nobili dans Le Canard enchaîné (7/1, « La croisière Renault s’amuse dans les Caraïbes »).
Pour sa défense, le constructeur automobile explique à l’hebdomadaire satirique qu’il s’agit d’« un voyage commercial pour récompenser les concessionnaires du réseau français qui ont été les meilleurs par rapport aux objectifs fixés ». À 2 500 euros la semaine selon le journaliste, même avec un « tarif de groupe », comme l’affirme Renault qui n’a pas communiqué la facture, c’est une sacré récompense.
Du côté des syndicats, on tombe des nues, d’autant qu’« on nous fait le chasse sur les frais de mission et les déplacements », raconte un responsable CGT, qui promet : « si c’est vrai, ça va faire du bruit, cette histoire ». Près d’une semaine après la parution de l’article du Canard enchaîné, aucun écho n’est encore parvenu jusqu’aux oreilles de Charlie enchaîné.
Et pourtant, il y aurait de quoi grogner : « 6 000 emplois au tapis », auxquels il faut ajouter 1 000 postes de prestataires supprimés au technocentre de Guyancourt, « un titre qui a dévissé en Bourse de 81% en un an » (voir notre document ci-dessus), « des ventes qui ont lourdement chuté ces dernières semaines, des usines en chômage technique, sans parler de l’émouvant appel au secours du pédégé Carlos Ghosn à Sarkozy », énumère Christophe Nobili.
Les mécontents savent ce qu’il leur reste à faire : devenir concessionnaire...
P.-S.
Le « Club Med 2 » n’est pas un bateau inconnu de nos lecteurs. Nous avions en effet repris, en novembre 2007, un article du même Christophe Nobili qui racontait comment le commandant de ce navire avait superbement ignoré, au grand étonnement des passagers, une frêle embarcation en difficulté dans la mer Méditerranée (« Mer indigne »). Les concessionnaires Renault en goguette sont entre de bonnes mains.
source
Dans les années 90, je me souviens qu'en partant du club Med au Sénégal, tout le club était déjà retenu par Renault, pour leurs meilleurs vendeurs.
Au jour d'aujourd'hui, ceci est de la dernière indécence, surtout lorsque l'état pense à leur filer du fric à condition qu'ils ne délocalisent pas, comme si ce n'était pas déjà fait !!!!
Il faut sauver le soldat Renault !
Renault est un cas d'école
En 2008, l'entreprise a réalisé un résultat net de 1,6 milliard d'€ tandis que sa rentabilité financière a été évaluée à 12,3%. A ce titre, elle versera au bas mot plus de 800 millions d'€ de dividendes à ses actionnaires - dont l’Etat - tandis que la rémunération annuelle de son PDG, Carlos Ghosn, s'est élevée à 3,4 millions d'€ => source
Pourtant, 4.900 suppressions de postes sont prévues - soit 8% de l'effectif France - ainsi qu'un recours massif au chômage partiel (dont l'Etat vient d'élargir les modalités et le financement. L'Etat qui va encore mettre la main à la poche puisqu'il prévoit d'injecter 5 à 6 milliards d'€ pour "sauver" le secteur automobile).
A ce propos, Renault vient tout juste de ranimer un accord de 1986 (signé par la CFDT, la CFTC et la CGC) qui instaure un prélèvement obligatoire de 0,15% sur tous les salaires de novembre et décembre 2008 afin d'améliorer le régime d'indemnisation : «Au total, ces mesures devraient permettre d’indemniser le chômage partiel à hauteur de 75% environ du salaire net, contre 60% pour le minimum légal». Dans tous les cas, les salariés sont les premiers financeurs de "l’activité partielle".
Non signataires de cet accord proposé par Renault, la CGT et FO crient au scandale, estimant que le milliard d'euros reversé en dividendes pour l'année 2008 aurait pu servir à financer cette solidarité.
Ou a maintenir des emplois...
Pourtant, 4.900 suppressions de postes sont prévues - soit 8% de l'effectif France - ainsi qu'un recours massif au chômage partiel (dont l'Etat vient d'élargir les modalités et le financement. L'Etat qui va encore mettre la main à la poche puisqu'il prévoit d'injecter 5 à 6 milliards d'€ pour "sauver" le secteur automobile).
A ce propos, Renault vient tout juste de ranimer un accord de 1986 (signé par la CFDT, la CFTC et la CGC) qui instaure un prélèvement obligatoire de 0,15% sur tous les salaires de novembre et décembre 2008 afin d'améliorer le régime d'indemnisation : «Au total, ces mesures devraient permettre d’indemniser le chômage partiel à hauteur de 75% environ du salaire net, contre 60% pour le minimum légal». Dans tous les cas, les salariés sont les premiers financeurs de "l’activité partielle".
Non signataires de cet accord proposé par Renault, la CGT et FO crient au scandale, estimant que le milliard d'euros reversé en dividendes pour l'année 2008 aurait pu servir à financer cette solidarité.
Ou a maintenir des emplois...