AFPR: les actions de formation préalable au recrutement
Publié : 11 nov. 2006
Actions préparatoires au recrutement (APR) : les patrons subventionnés pour faire bosser des précaires gratuitement
samedi 11 novembre 2006
Quand les précaires bossent pour rien et que les patrons se font payer par l’Etat… c’est aussi la fin des formations !
M. Bourquin, qui en tant que président socialiste du Conseil Général des Pyrénées Orientales, demandait en 1997 que les Rmistes se voient imposer en contrepartie d’une allocation mirifique l’obligation d’un certain nombre d’heures de travail doit être ravi.
Borloo a trouvé mieux que les emplois-jeunes, les EMT (évaluation en milieu de travail) et les contrats aidés type CAE, contrat d’avenir et RMA.
Un nouveau dispositif qui non seulement ne coûte rien à l’employeur, mais lui permet de toucher 450 euros par mois… plus que ce que dans la majorité des cas le chômeur devenu travailleur (mais toujours précaire) percevra. Le tout sous l’objectif d’un stage de formation.
De quoi s’agit-il exactement ?
Les Actions Préparatoires au recrutement (APR)
APR, un nouveau sigle dont les précaires feraient bien de se méfier. Lancées dans le cadre d’un programme destiné à favoriser l’accès à l’emploi et l’insertion professionnelle des jeunes lors d’un déplacement du Ministre de la Cohésion Sociale à Villiers sur Marne le 18/10/2006, les actions préparatoires au recrutement visent en fait tous les chômeurs non indemnisés (qui ne perçoivent pas l’ARE, allocation de retour à l’emploi).
D’après le dossier de presse, cette mesure est « destinée en priorité aux titulaires de CIVIS et aux demandeurs d’emploi non indemnisés. Les jeunes (et moins jeunes) bénéficient (sic) d’un stage en entreprise d’une durée de 1 à 3 mois, au cours duquel les bénéficiaires (resic) reçoivent une formation financée par l’Etat. Les entreprises s’engagent à les embaucher à l’issue de la formation, en CDI ou en CDD de plus de 6 mois. »
Il s’agit en fait d’une formation d’adaptation au poste de travail en entreprise de 450h au maximum. C’est donc en bossant qu’on est censé se former, et c’est l’entreprise qui assure la formation, ce pour quoi elle reçoit 3 euros de l’heure (dans les EMT déjà, le chômeur ne percevait rien alors que l’employeur était indemnisé).
Le statut sera celui de stagiaire de la formation professionnelle. Quant à la rémunération, il s’agit du maintien des minima sociaux (ASS, API, AAH, RMI) ou de la rémunération associée au statut de stagiaire de la formation professionnelle pour ceux qui ne percevaient rien du tout (soit 652 € par mois, ou 340 € pour les moins de 26 ans).
On voit donc que dans la plupart des cas, le patron touchera plus que son employé-stagiaire.
Quelles conséquences pour les précaires ?
Pour les allocataires des minima sociaux, il s’agit de bosser jusqu’à 3 mois sans un centime de plus. C’est particulièrement grave pour les allocataires de l’ASS (qui sont rarement très jeunes, puisqu’il faut avoir travaillé 5 ans dans les 10 années précédant l’inscription au chômage). Obligés d’être inscrits à l’ANPE, ils risquent des sanctions en cas de refus. Pour les Rmistes, tout dépend de ce qui est inscrit dans le contrat d’insertion. Si le suivi ANPE est mentionné parmi les actions d’insertion, refuser une APR peut conduire à une procédure de suspension.
Les possibilités de refus sont à peu près les mêmes pour les APR que pour un contrat aidé ou un stage de remobilisation.
Pour les jeunes de moins de 25 ans, interdits de RMI, cela revient à bosser à temps plein pour moins que le salaire en apprentissage (excepté la première année pour les moins de 18 ans) ou que le RMI. Et pourtant, dans de nombreux secteurs, l’apprentissage est loin d’être une sinécure.
D’ailleurs, les emplois occupés risquent d’être souvent les mêmes, puisque le point de départ des APR, c’est le constat que certaines offres d’emploi à l’ANPE ne trouvent pas preneurs. Devinez pourquoi ? Il s’agit souvent des boulots durs et mal payés dont personne ne veut.
Ah oui, mais il y a ce merveilleux espoir d’un emploi durable (un CDD de 6 mois ou plus, un CDI qui dans une petite entreprise peut très bien être un CNE). Mais il très probable que pas plus qu’avec les EMT, les employeurs n’aient d’obligation d’embaucher. La preuve ? Le même dossier de presse du Ministère indique que « le taux d’embauche à l’issue de l’action préparatoire au recrutement se situerait au-dessus de 80%. »
Borloo table sur 50.000 APR d’ici à fin 2007. De quoi occuper les précaires avant les élections, sans améliorer leur quotidien.
Les APR, une mesure emblématique des évolutions actuelles
• la disparition de la formation
Pourquoi donner l’occasion aux précaires de se former dans un domaine qui les intéresse ? Pourquoi leur donner des connaissances qui ne seraient pas directement liées à un emploi ? Pourquoi leur donner le temps d’apprendre ? Pourquoi offrir des formations diversifiées et larges ? Et pas la peine de donner un diplôme, de toute façon ça ne vaut plus rien.
Mieux vaut des stages de remobilisation ou des formations courtes liées aux besoins des patrons, mieux vaut l’apprentissage et les stages obligatoires à l’école.
C’est un peu l’inverse des VAE (validation des acquis de l’expérience), où on valide un diplôme en fonction des compétences acquises lors des expériences professionnelles, sans d’ailleurs que l’on sache si cela a des répercussions concrètes par la suite. S’adapter à un poste de travail, ce serait se former. Mais la formation, ce n’est pas ça. La formation, ce sont des connaissances qu’on peut réutiliser par la suite dans le boulot, la vie personnelle…ou dans une lutte. C’est se donner les bases pour aller plus loin par la suite, c’est l’occasion de toucher à différentes matières ou sujets, quitte à découvrir que ça ne plaît pas ou qu’au contraire c’est passionnant.
• les subventions aux patrons
On ne compte plus les différentes aides financières accordées aux employeurs : exonérations de charges sociales, aides forfaitaires, aides à l’embauche… Plus de 20 milliards en 2005. On pourrait facilement imaginer de nombreux autres usages à de telles sommes.
Sans compter les nombreuses structures rémunérées pour nous fliquer, nous faire perdre notre temps, nous pousser vers n’importe quel emploi : des associations caritatives chargées du suivi des Rmistes aux cabinets d’outplacement chargés de l’accompagnement des chômeurs en passant par les boîtes d’intérim, si on additionnait l’argent versé par l’Unedic, l’ANPE, les Conseils Généraux, ça ferait un joli total…
• l’emploi à tout prix…ou pour presque rien
Si le développement des CDD et de l’intérim, les difficultés financières des salariés au SMIC, même à temps plein, ne suffisaient pas, les témoignages sur les contrats d’avenir et le CAE le prouvent amplement : avoir une activité salariée n’a rien à voir pour les précaires avec la fin des problèmes. Cela ne garantit souvent pas d’avoir plus d’argent, ni de trouver plus facilement un logement, ni de profiter plus ou mieux de ses loisirs, ni d’avoir une activité choisie.
• une multitude de statuts...
Il y avait déjà les différences entre chômeurs indemnisés en ARE (avec le régime général, le régime intérimaire ou celui des intermittents du spectacle), les différents minima sociaux (versés par divers organismes), ceux qui n’ont rien parce qu’ils sont trop jeunes ou ont un conjoint qui a des ressources...
Maintenant, bien souvent, nous sommes plus simplement Rmiste ou chômeur indemnisé, mais aussi en contrat aidé, ou suivi par tel organisme privé. Parfois on cumule son ancien statut et le nouveau (on garde le statut de Rmiste en contrat d’avenir, ce qui permet de garder les droits connexes mais interdit le cumul et les primes forfaitaires), d’autres fois non (il est presque impossible de garder le statut ASS en contrat aidé, ce qui entraine une baisse des allocations logement).
On le voit c’est la pagaille, et tous ceux qui ont posé une question un peu trop précise à la CAF ou à l’Assedic le savent, les agents administratifs ne s’y retrouvent guère mieux que nous !
• ... une précarité commune
Destinées prioritairement aux jeunes, les actions préparatoires au recrutement concernent en fait aussi bien un Rmiste trentenaire qu’un chômeur de 50 ans en ASS ou qu’une femme seule avec des enfants qui touche l’API. Comme quoi l’Etat et les patrons traitent tout le monde à peu près pareil, tout en maintenant des divisions administratives qui peuvent compliquer des luttes communes... mais qui peuvent aussi être surmontées !
A chaque fois qu’une suspension RMI pour "démarches professionnelles insuffisantes" est évitée, qu’une sanction ANPE ou Assedic est annulée, qu’un habitant de ZUS gueule pour le logement dans un forum de recrutement SNCF dans les quartiers sensibles, que les prestations des boîtes d’intérim dans le suivi des précaires sont mises en cause, c’est un élément de plus dans la construction d’un rapport de force en notre faveur.
Source : AC! Trappes
http://www.ac.eu.org
samedi 11 novembre 2006
Quand les précaires bossent pour rien et que les patrons se font payer par l’Etat… c’est aussi la fin des formations !
M. Bourquin, qui en tant que président socialiste du Conseil Général des Pyrénées Orientales, demandait en 1997 que les Rmistes se voient imposer en contrepartie d’une allocation mirifique l’obligation d’un certain nombre d’heures de travail doit être ravi.
Borloo a trouvé mieux que les emplois-jeunes, les EMT (évaluation en milieu de travail) et les contrats aidés type CAE, contrat d’avenir et RMA.
Un nouveau dispositif qui non seulement ne coûte rien à l’employeur, mais lui permet de toucher 450 euros par mois… plus que ce que dans la majorité des cas le chômeur devenu travailleur (mais toujours précaire) percevra. Le tout sous l’objectif d’un stage de formation.
De quoi s’agit-il exactement ?
Les Actions Préparatoires au recrutement (APR)
APR, un nouveau sigle dont les précaires feraient bien de se méfier. Lancées dans le cadre d’un programme destiné à favoriser l’accès à l’emploi et l’insertion professionnelle des jeunes lors d’un déplacement du Ministre de la Cohésion Sociale à Villiers sur Marne le 18/10/2006, les actions préparatoires au recrutement visent en fait tous les chômeurs non indemnisés (qui ne perçoivent pas l’ARE, allocation de retour à l’emploi).
D’après le dossier de presse, cette mesure est « destinée en priorité aux titulaires de CIVIS et aux demandeurs d’emploi non indemnisés. Les jeunes (et moins jeunes) bénéficient (sic) d’un stage en entreprise d’une durée de 1 à 3 mois, au cours duquel les bénéficiaires (resic) reçoivent une formation financée par l’Etat. Les entreprises s’engagent à les embaucher à l’issue de la formation, en CDI ou en CDD de plus de 6 mois. »
Il s’agit en fait d’une formation d’adaptation au poste de travail en entreprise de 450h au maximum. C’est donc en bossant qu’on est censé se former, et c’est l’entreprise qui assure la formation, ce pour quoi elle reçoit 3 euros de l’heure (dans les EMT déjà, le chômeur ne percevait rien alors que l’employeur était indemnisé).
Le statut sera celui de stagiaire de la formation professionnelle. Quant à la rémunération, il s’agit du maintien des minima sociaux (ASS, API, AAH, RMI) ou de la rémunération associée au statut de stagiaire de la formation professionnelle pour ceux qui ne percevaient rien du tout (soit 652 € par mois, ou 340 € pour les moins de 26 ans).
On voit donc que dans la plupart des cas, le patron touchera plus que son employé-stagiaire.
Quelles conséquences pour les précaires ?
Pour les allocataires des minima sociaux, il s’agit de bosser jusqu’à 3 mois sans un centime de plus. C’est particulièrement grave pour les allocataires de l’ASS (qui sont rarement très jeunes, puisqu’il faut avoir travaillé 5 ans dans les 10 années précédant l’inscription au chômage). Obligés d’être inscrits à l’ANPE, ils risquent des sanctions en cas de refus. Pour les Rmistes, tout dépend de ce qui est inscrit dans le contrat d’insertion. Si le suivi ANPE est mentionné parmi les actions d’insertion, refuser une APR peut conduire à une procédure de suspension.
Les possibilités de refus sont à peu près les mêmes pour les APR que pour un contrat aidé ou un stage de remobilisation.
Pour les jeunes de moins de 25 ans, interdits de RMI, cela revient à bosser à temps plein pour moins que le salaire en apprentissage (excepté la première année pour les moins de 18 ans) ou que le RMI. Et pourtant, dans de nombreux secteurs, l’apprentissage est loin d’être une sinécure.
D’ailleurs, les emplois occupés risquent d’être souvent les mêmes, puisque le point de départ des APR, c’est le constat que certaines offres d’emploi à l’ANPE ne trouvent pas preneurs. Devinez pourquoi ? Il s’agit souvent des boulots durs et mal payés dont personne ne veut.
Ah oui, mais il y a ce merveilleux espoir d’un emploi durable (un CDD de 6 mois ou plus, un CDI qui dans une petite entreprise peut très bien être un CNE). Mais il très probable que pas plus qu’avec les EMT, les employeurs n’aient d’obligation d’embaucher. La preuve ? Le même dossier de presse du Ministère indique que « le taux d’embauche à l’issue de l’action préparatoire au recrutement se situerait au-dessus de 80%. »
Borloo table sur 50.000 APR d’ici à fin 2007. De quoi occuper les précaires avant les élections, sans améliorer leur quotidien.
Les APR, une mesure emblématique des évolutions actuelles
• la disparition de la formation
Pourquoi donner l’occasion aux précaires de se former dans un domaine qui les intéresse ? Pourquoi leur donner des connaissances qui ne seraient pas directement liées à un emploi ? Pourquoi leur donner le temps d’apprendre ? Pourquoi offrir des formations diversifiées et larges ? Et pas la peine de donner un diplôme, de toute façon ça ne vaut plus rien.
Mieux vaut des stages de remobilisation ou des formations courtes liées aux besoins des patrons, mieux vaut l’apprentissage et les stages obligatoires à l’école.
C’est un peu l’inverse des VAE (validation des acquis de l’expérience), où on valide un diplôme en fonction des compétences acquises lors des expériences professionnelles, sans d’ailleurs que l’on sache si cela a des répercussions concrètes par la suite. S’adapter à un poste de travail, ce serait se former. Mais la formation, ce n’est pas ça. La formation, ce sont des connaissances qu’on peut réutiliser par la suite dans le boulot, la vie personnelle…ou dans une lutte. C’est se donner les bases pour aller plus loin par la suite, c’est l’occasion de toucher à différentes matières ou sujets, quitte à découvrir que ça ne plaît pas ou qu’au contraire c’est passionnant.
• les subventions aux patrons
On ne compte plus les différentes aides financières accordées aux employeurs : exonérations de charges sociales, aides forfaitaires, aides à l’embauche… Plus de 20 milliards en 2005. On pourrait facilement imaginer de nombreux autres usages à de telles sommes.
Sans compter les nombreuses structures rémunérées pour nous fliquer, nous faire perdre notre temps, nous pousser vers n’importe quel emploi : des associations caritatives chargées du suivi des Rmistes aux cabinets d’outplacement chargés de l’accompagnement des chômeurs en passant par les boîtes d’intérim, si on additionnait l’argent versé par l’Unedic, l’ANPE, les Conseils Généraux, ça ferait un joli total…
• l’emploi à tout prix…ou pour presque rien
Si le développement des CDD et de l’intérim, les difficultés financières des salariés au SMIC, même à temps plein, ne suffisaient pas, les témoignages sur les contrats d’avenir et le CAE le prouvent amplement : avoir une activité salariée n’a rien à voir pour les précaires avec la fin des problèmes. Cela ne garantit souvent pas d’avoir plus d’argent, ni de trouver plus facilement un logement, ni de profiter plus ou mieux de ses loisirs, ni d’avoir une activité choisie.
• une multitude de statuts...
Il y avait déjà les différences entre chômeurs indemnisés en ARE (avec le régime général, le régime intérimaire ou celui des intermittents du spectacle), les différents minima sociaux (versés par divers organismes), ceux qui n’ont rien parce qu’ils sont trop jeunes ou ont un conjoint qui a des ressources...
Maintenant, bien souvent, nous sommes plus simplement Rmiste ou chômeur indemnisé, mais aussi en contrat aidé, ou suivi par tel organisme privé. Parfois on cumule son ancien statut et le nouveau (on garde le statut de Rmiste en contrat d’avenir, ce qui permet de garder les droits connexes mais interdit le cumul et les primes forfaitaires), d’autres fois non (il est presque impossible de garder le statut ASS en contrat aidé, ce qui entraine une baisse des allocations logement).
On le voit c’est la pagaille, et tous ceux qui ont posé une question un peu trop précise à la CAF ou à l’Assedic le savent, les agents administratifs ne s’y retrouvent guère mieux que nous !
• ... une précarité commune
Destinées prioritairement aux jeunes, les actions préparatoires au recrutement concernent en fait aussi bien un Rmiste trentenaire qu’un chômeur de 50 ans en ASS ou qu’une femme seule avec des enfants qui touche l’API. Comme quoi l’Etat et les patrons traitent tout le monde à peu près pareil, tout en maintenant des divisions administratives qui peuvent compliquer des luttes communes... mais qui peuvent aussi être surmontées !
A chaque fois qu’une suspension RMI pour "démarches professionnelles insuffisantes" est évitée, qu’une sanction ANPE ou Assedic est annulée, qu’un habitant de ZUS gueule pour le logement dans un forum de recrutement SNCF dans les quartiers sensibles, que les prestations des boîtes d’intérim dans le suivi des précaires sont mises en cause, c’est un élément de plus dans la construction d’un rapport de force en notre faveur.
Source : AC! Trappes
http://www.ac.eu.org