Chômeurs étrangers : la chasse est ouverte
Publié : 07 janv. 2009
OUVERTURE DE LA CHASSE AUX CHÔMEURS ÉTRANGERS
La fusion de l'Anpe et des Assedic, qui est effective (sur le papier du moins) depuis le 1er janvier, fera un autre heureux : Hortefeux, qui tient – enfin – le moyen de fliquer sans effort tous les salariés qui ne sont pas d'excellents Français.
En 2005, le ministère de l'Intérieur avait aimablement fourni au personnel des Assedic des détecteurs de fausses cartes d'identité. Si un document présenté était faux, l'employé se devait (sans en avertir l'allocataire) de transmettre à la préfecture les coordonnées de l'imposteur. Refus catégorique du personnel : la mesure n'a jamais été appliquée.
Deuxième offensive, le 11 mai 2007. En application de la loi Sarkozy sur l'immigration, un décret a imposé la transmission systématique à la préfecture (et par informatique) de l'identité des demandeurs d'emploi étrangers. Malgré les hurlements des salariés transformés en "balances", le texte est entré en vigueur.
Poussant son avantage, Hortefeux, qui tire toujours la langue pour tenir ses quotas d'expulsés, a essayé d'étendre la mesure aux chômeurs indemnisés. Et là, il est de nouveau tombé sur un os. Car, en août, le bureau de l'Unedic, composé à parts égales de représentants patronaux et de syndicalistes élus, a refusé tout net de s'adonner aux joies de la délation à grande échelle. Grosse frustration pour les chasseurs de sans-papiers. Le système est en place – avec l'informatique, c'est un jeu d'enfant –, mais faute d'enthousiasme pour ces mesures, il n'est pas activé.
La naissance du Pôle emploi va faire sauter ces verrous. Pas besoin d'une loi, ni d'un décret. Il suffit d'étendre aux récalcitrants des Assedic le dispositif déjà en vigueur à l'Anpe et le tour est joué. Car le cabinet de Xavier Bertrand, auteur de la nouvelle loi, a pensé à tout : dans la structure à venir, ces emmerdeurs de partenaires sociaux seront minoritaires au sein du conseil d'administration. Personne ne pourra plus s'opposer à ce grand projet humaniste.
Jérôme Canard
Source : le Canard enchaîné, 7 janvier 2008
La fusion de l'Anpe et des Assedic, qui est effective (sur le papier du moins) depuis le 1er janvier, fera un autre heureux : Hortefeux, qui tient – enfin – le moyen de fliquer sans effort tous les salariés qui ne sont pas d'excellents Français.
En 2005, le ministère de l'Intérieur avait aimablement fourni au personnel des Assedic des détecteurs de fausses cartes d'identité. Si un document présenté était faux, l'employé se devait (sans en avertir l'allocataire) de transmettre à la préfecture les coordonnées de l'imposteur. Refus catégorique du personnel : la mesure n'a jamais été appliquée.
Deuxième offensive, le 11 mai 2007. En application de la loi Sarkozy sur l'immigration, un décret a imposé la transmission systématique à la préfecture (et par informatique) de l'identité des demandeurs d'emploi étrangers. Malgré les hurlements des salariés transformés en "balances", le texte est entré en vigueur.
Poussant son avantage, Hortefeux, qui tire toujours la langue pour tenir ses quotas d'expulsés, a essayé d'étendre la mesure aux chômeurs indemnisés. Et là, il est de nouveau tombé sur un os. Car, en août, le bureau de l'Unedic, composé à parts égales de représentants patronaux et de syndicalistes élus, a refusé tout net de s'adonner aux joies de la délation à grande échelle. Grosse frustration pour les chasseurs de sans-papiers. Le système est en place – avec l'informatique, c'est un jeu d'enfant –, mais faute d'enthousiasme pour ces mesures, il n'est pas activé.
La naissance du Pôle emploi va faire sauter ces verrous. Pas besoin d'une loi, ni d'un décret. Il suffit d'étendre aux récalcitrants des Assedic le dispositif déjà en vigueur à l'Anpe et le tour est joué. Car le cabinet de Xavier Bertrand, auteur de la nouvelle loi, a pensé à tout : dans la structure à venir, ces emmerdeurs de partenaires sociaux seront minoritaires au sein du conseil d'administration. Personne ne pourra plus s'opposer à ce grand projet humaniste.
Jérôme Canard
Source : le Canard enchaîné, 7 janvier 2008