Page 1 sur 2
A la recherche du vaccin contre le travail
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
De bon matin, j'ai eu un sourire
A la recherche du vaccin contre le travail
Marianne – 13/12/08 - Alexis Macquart
Par Alexis Macquart, humoriste. Le travail est un virus. Autant ne pas le contracter. Il n'y a que notre président de la République pour parler avec adoration du travail. Au point d'ailleurs de s'augmenter lui-même de 150%. Mais qui travaille vraiment ? Faut-il s'abrutir avec un boulot aliénant ? Autant ne rien faire. Et rester libre.
Le travail a toujours constitué pour moi un virus que je devais à tout prix éviter de contracter. Il est la pire invention de l’homme, et c’est pour ça que tous les moyens sont bons pour y échapper, des plus réguliers aux plus frauduleux.
Travailler, c'est trop dur
Ne pas travailler demande une attention de tous les instants et c’est une prise de position forte. Un engagement. Bien sûr lorsque je m’attaque au « travail », ce n’est pas à celui que l’on exercerait même bénévolement dont je parle.
Je ne parle pas de la vocation, de celui qui a trouvé sa voie et son épanouissement en tant qu’acteur porno ou cultivateur de plans de marijuana, non je parle de ce travail qui donne dans le regard de celui qui l’exerce une des nombreuses définitions de la mort intérieure.
Vous vous rendez compte que même notre président, qui n’a que le mot « travail » à la bouche, s’est empressé d’augmenter son salaire de 150% afin de rendre sa position actuelle un peu plus tolérable, et ce « travail » ?… Il en a rêvé toute sa vie ! C‘est dire l’arnaque de la valeur qu’on veut lui accorder (je parle toujours du travail).
Ne rien faire...
Je ne sais pas trop comment réagirait l’opinion publique si l’on décidait de faire une étude sur le temps effectif de travail dans les entreprises, administrations ou autres. Je ne parle pas de la présence au travail mais du temps réel de travail, la durée exacte pendant laquelle tout le corps et l’esprit sont concentrés sur une seule et unique chose : le dur labeur.
Serait décompté le temps passé à rêvasser, lorsque le regard se perd sur le paysage paradisiaque du fond d’écran d’ordinateur, ou quand l’œil ne peut plus se détacher de la punaise qui sert à faire tenir sur le cadre en liège la photo du gosse.
On enlèverait également tout le temps superflu passé à surligner au feutre fluo des informations sans intérêt, à découper en suivant bien la ligne tracée, le temps passé à la photocopieuse, à changer les rames de papiers, à faxer…
Sur place, on se lasse
Beaucoup de gens ne travaillent pas trop. S’ils se plaignent, ce n’est pas de leur activité, mais de leur présence sur le lieu de travail qui est le plus souvent l’endroit où ils s’ennuient le plus.
Selon de nombreuses personnes, le RMI serait « une usine à immobilisme car il décourage le travail ». Deux types de personnes s’acharnent sur les « profiteurs » : ceux qui détestent leur boulot et réagissent par envie, jalousie et désespoir (légitime), et les très riches qui ne supportent pas de ne pas avoir d’emprise sur ces électrons libres.
Le système nous est suffisamment destructeur pour ne pas en profiter de temps en temps lorsqu’on y trouve une faille. C’est comme la fleur qui réussirait à pousser au milieu du béton.
Si une personne est suffisamment lucide sur sa position dans la société pour envoyer valser les boulots abrutissants qu’on lui offre et qui finalement préfère adapter sa vie par rapport à son RMI mensuel, cette personne a sa place dans les manuels scolaires, parce qu’en plus d’apprendre à lire, écrire ou compter, les gosses ont besoin d’apprendre à être libres et maîtres de leur vie.
source
Et de quoi alimenter les rancoeurs de certains

Publié : 14 déc. 2008
par auxi
Maguy, toi qui aimes lire, il y a l'excellent "Bonjour Paresse", de l'excellente Corinne Maier, mais surtout l'indispensable "Droit à la Paresse", de Paul Lafargue, sur lequel je compte faire un article un de ces jours (quand je serai plus calme).
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
Merci Auxi, ces livres sont sur ma liste, ma biblio est fermée pour encore deux mois

La seule à laquelle je peux accéder est celle des enfants, mais ils ont très peu de livres pour les grands.
Publié : 14 déc. 2008
par tranquille2
Il me vient à l'idée que "le droit à la paresse" et tout simplement à la liberté de mener sa vie comme chacun l'entend, le chacun étant ceux qui sont en particulier au chômage ou au rmi, ou qui ont une petite activité rentable ou bénévole, s'applique et adhère à une philosophie de vie qui aide et correspond à ce qu'ils vivent.
J'ai toujours pensé que la philosophie de vie était des phares qui permettaient de ne pas tomber dans la folie (diminuer les angoisses et les contradictions) et de mener une vie conforme aux petits moyens (petits en termes financiers, mais grands par leur utlité et leur teneur) que l'on a.
De même que les très riches ont une philosophie qui les préservent, les pauvres, par la difficulté de la vie qu'ils affrontent, ont une autre philosophie.
Droit à la paresse (évidemment, puisque la difficulté est de remplir et de rythmer notre journée pour la rendre intéressante pour soi, au moins), décroissance (vu la dégressivité des allocations et l'augmentation du coût de la vie et du logement par exemple), intérêt pour les informations socio-économiques et les nouvelles façons de vivre avec moins mais pourquoi pas mieux.
L'idée est de se rendre maître d'une situation extrême (car vivre avec très peu dans un monde de consommation obligatoire - logement, assurance, nourriture, habillement, etc) en faisant des choix qui nous permettent de mieux vivre notre situation, notre quotidien, nos relations.
Et d'être armé pour affronter la violence sociétale qui consiste à rechercher un travail qui permette de bien vivre qui se fait de plus en plus rare.
Publié : 14 déc. 2008
par auxi
"Le droit à la paresse" de Paul Lafargue est disponible en pdf sur le net, mais je ne sais plus où.
Peu importe, allez chez Gogol, tapez "droit à la paresse" ou "Paul Lafargue", et vous y serez.

Publié : 14 déc. 2008
par auxi
Maguy,
Afin de te faire patienter, je te livre un extrait du "Bonjour Paresse – De l'art et de la nécessité d'en faire le moins possible en entreprise", de Corinne Maier. On a beaucoup parlé de la "novlangue" libérale. Maier aborde ici celle de l'entreprise. Je te laisse savourer (typographie de l'auteure).
Seul le régime communiste, très bavard, s'est montré plus prolixe en langue de bois que l'entreprise. George Orwell, auteur visionnaire de 1984, a été le premier à comprendre que le jargon des Soviétiques n'était pas un jargon comme les autres, risible et inoffensif, mais une véritable métamorphose du langage au contact d'une idéologie. Il a eu l'intuition du rôle joué par la novlangue dans le fonctionnement de l'État totalitaire. Et totalitaire, l'entreprise l'est, d'une manière soft, évidemment ; elle ne prétend pas que le travail rend libre (en allemand, Arbeit macht frei, de sinistre mémoire), mais il arrive que certains hypocrites osent l'affirmer.
Le vrai problème, c'est que la langue qu'elle parle nie l'individu en escamotant le style : aucun mémo, aucune note ne doit trahir son auteur. Chaque texte est poli, afin que le rituel de la langue de bois, propre à chaque firme, soit respecté. Une manière d'écrire collective s'instaure. Quel que soit le sujet traité, la matière est broyée par un rouleau compresseur. Elle n'est assumée par aucun locuteur, ne fait que reproduire des paroles déjà prononcées, et ne s'adresse donc pas à vous – pas étonnant qu'elle vous endorme ! Elle offre l'exemple unique d'une langue qui a divorcé d'avec la pensée, mais qui n'est pas morte (pas encore) des suites de cette séparation.
Cette langue obéit à cinq règles de base.
L'entreprise fait compliqué quand on peut faire simple. Elle utilise "initialiser" à la place de commencer, verbe qui fait beaucoup trop trivial, "finaliser" au lieu du très ordinaire finir, et "positionner" pour le terre-à-terre placer.
Elle choisit son vocabulaire de façon à se donner plus d'importance qu'elle n'en a réellement. "Coordonner", "optimiser", sont plus porteurs qu' "exécuter". Mais c'est "décider" qui trône au panthéon des verbes, d'une courte tête devant "piloter" ou "chapeauter". Elle ne lésine pas sur les mots en "ence" : pertinence, compétence, expérience, efficience, cohérence, excellence, tous ces mots donnent en apparence de l'importance.
Elle considère la grammaire comme une vieillerie obsolète. Elle abuse des circonlocutions, boursoufle la syntaxe, se revêt de toute une quincaillerie de termes techniques et administratifs, et malmène les mots. Car elle sait dévoyer le français avec maestria : l'entreprise aime les barbarismes. Par exemple, "décliner" n'est pas employé dans son sens usuel ; quand on décline un logo, un message, une valeur, cela ne signifie pas qu'on les abaisse, mais qu'ils sont adoptés par d'autres instances, situées en dessous. De même, le très usité "solutionner", qui remplace sans coup férir résoudre, est d'autant moins français qu'il donne une vraie prestance de cadre.
Elle manifeste la ligne politique d'un pouvoir impersonnel. Elle ne cherche ni à convaincre, ni à prouver, ni à séduire, mais livre des évidences de façon uniforme en excluant les jugements de valeur. Le but ? Vous faire obéir. Méfiance, Goebbels, bras droit de Hitler, le disait déjà : "Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet". En effet, la novlangue de l'entreprise est souvent à mi-chemin entre le propos objectif soi-disant scientifique et le claquement péremptoire du slogan. Et cela donne : "La coopération doit s'accentuer entre les unités", "Il faut s'efforcer d'impulser nos nouveaux modes opératoires avant la date du 15", "Mettre en place les orientations définies par le projet de service reste et restera une priorité".
Elle n'emprunte que des routes ultrabalisées et connues dans leurs moindres détours. Si elle ne veut rien dire par elle-même, elle peut toutefois être déchiffrée : un texte, un communiqué, ne livre son sens que par ses écarts à un code implicite. Chaque entorse au cérémonial révèle quelque chose. Aussi, si vous n'avez rien de mieux à faire, vous pouvez devenir expert en langue de bois…
Cette langue a une emprise sur nous, et prétend penser à notre place. Elle ravale le salarié à une pure mécanique.
Machine, lève-toi et travaille ! Tes perceptions, tes sentiments, tes ambitions doivent, c'est sûr, pouvoir être traduits en tableaux et en courbes, et ton travail n'est qu'un "processus" à rationaliser.
Bonne fin de WE !
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
Merci beaucoup Auxi, C. Maier est aussi sur ma liste.
En effet, cette novlangue qui réussit à allier autant de termes prétentieux, creux et incorrects avec autant de fautes d'orthographe me fait gerber.
Je n'aime pas les prétentieux mais j'aime le français. Je vais essayer de trouver le texte de Lafargue.
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
En effet, ça commence très fort
M. Thiers, dans le sein de la Commission sur l'instruction primaire de 1849, disait: «Je veux rendre toute-puissante l'influence du clergé, parce que je compte sur lui pour propager cette bonne philosophie qui apprend à l'homme qu'il est ici-bas pour souffrir et non cette autre philosophie qui dit au contraire à l'homme: "Jouis".» M. Thiers formulait la morale de la classe bourgeoise dont il incarna l'égoïsme féroce et l'intelligence étroite
le droit à la paresse
Je sens que je vais me régaler
Et celle-là ne vous rappelle rien ?
Plus mes peuples travailleront, moins il y aura de vices, écrivait d'Osterode, le 5 mai 1807, Napoléon. Je suis l'autorité [...] et je serais disposé à ordonner que le dimanche, passé l'heure des offices, les boutiques fussent ouvertes et les ouvriers rendus à leur travail.»
Publié : 14 déc. 2008
par Invité
Nicolas 2 la transition interrompue, si ça t'interresses maguy ? (moi je ne le lirais pas il dort depuis des années dans ma bibliothèque)
résumé du bouquin : Le règne du dernier empereur de Russie a-t-il marqué l'inexorable déclin d'un régime ne pouvant déboucher que sur une rupture violente et radicale _ celle d'octobre 1917 _ ou bien recelait-il les éléments d'une transition interrompue, celle que la Russie de Boris Eltsine, quatre-vingts ans parès, s'est mise en devoir et en peine de reprendre ?
S'attachant au destin du dernier tsar de Russie, l'ouvrage d'Hélène Carrère d'Encausse soulève une multitude de questions.
Plus que tout autre, Nicolas II, hériter des réformes d'Alexandre II, a oeuvré pour la modernisation de son pays, apportant des changements profonds à l'Etat, àla société et à l'économie russes. L'échec et révolution étaient-ils alors inscrits dès le départ dans le processus étaients ils alors inscrits dès le départ dans le processus de modernisation ? Faut-il accepter l'idée défendue par certains historiens que toute tentative de réforme est en Tussie condamnée à ouvrir la voie à la barbarie ? Ou bien peut-on regarder le stalinisme puis la stagnation néostalinienne comme une funeste parenthèse dans la transformation profonde que les circonstances ont momentanément arrêtée mais dont les germes, toujours présents, peuvent servir à fertiliser et légtimer la transition engagée en cette fin du xx siècle ?
Historienne de la Russie, Hélène Carrère d'Encausse, membre de l'Académie Française depuis 1991, a notamment publié chez Fayard la Gloire des nations, Victorieuse Russie et le Malheur russe.
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
Hélène Carrère d'Encausse, membre de l'Académie Française depuis 1991, a notamment publié chez Fayard la Gloire des nations, Victorieuse Russie et le Malheur russe.
Cette femme est une imposture, haineuse, raciste, etc
Nicolas II, dans sa bulle dorée n'avait aucune idée de ce qu'enduraient ses peuples car aux famines récurrentes et à la police corrompue s'ajoutait les hivers interminables.
Son grand-père Alexandre II était un bien plus grand réformateur, mais Nicolas, pauvre Nicolas aurait tout juste fait un sous-lieutenant acceptable !
N'oublions pas qu'en 1917, ils étaient en pleine guerre, non préparée. Un terreau bien fertile pour les grandes colères. Et quand on n'a plus rien à perdre, gaffe !
Publié : 14 déc. 2008
par auxi
@Maguy : non seulement tu vas te régaler, mais tu vas constater que la pensée de Lafargue est extraordinairement moderne et contemporaine.
Visionnaire de génie, Lafargue est plus que jamais d'actualité !
@bbboum : heu, Carrère d'Encausse, je ne suis pas trop fan non plus…
Publié : 14 déc. 2008
par maguy
A y est, j'ai lu, c'est extraordinairement moderne en effet. Les esclaves qui forgent leurs chaînes et s'y accrochent, hallucinant mais tellement vrai.
C'est en gros devenu notre identité. Lorsque l'on croise quelqu'un, à part le nombre d'enfants, c'est immédiatement "que faîtes-vous dans la vie ?"
Publié : 14 déc. 2008
par auxi
Ben dis donc, tu lis vite !
Ce qui m'a le plus marqué, c'est quand Lafargue parle de ces soies que l'on chargeait de sels pour "les rendre friables et de peu d'usage". Bref, fabriquer
volontairement de la camelote qu'on doit renouveler sans cesse, ce qui fait tourner le bizness.
Pratiquement tout ce que nous fabriquons / achetons est délibérément falsifié, conçu
avant tout pour ne surtout pas que ça dure. Et le couillon moyen de "travailler plus pour gagner plus", et de se couvrir de crédits à la consommation, et donc de chaînes… Quand je te disais à quel point ce bon vieux Paul est d'actualité !
Dès que je serai un peu plus au calme, je proposerai sur Actu une lecture commentée du Droit à la paresse, qui est en fait le droit à la liberté. Un de mes amis, à qui je l'avais fait lire, l'a qualifié d' "œuvre de salubrité publique".
On ne saurait mieux dire !
Publié : 14 déc. 2008
par Invité
J'aurais du me douter que si moi je n'avais pas accroché ça serait idem, c'est un bouquin parmi d'autres qu'on m'a donné. Bon je remballe je donnerai à quelqun d'autre.

Publié : 14 déc. 2008
par auxi
Bon je remballe je donnerai à quelqun d'autre.
Ah ben non, bbboum ! Inutile de diffuser ce poison ! T'as pas un meuble à caler ?
Les déchets, faut recycler !
Encore que, la solution, ce serait de ne pas les produire. Et pour ça, remettre radicalement en cause la prétendue "valeur travail". C'est-à-dire revendiquer le droit à la paresse !
Il est comme ça, Paul : quand on le vire par la porte, il revient par la fenêtre ! C'est ça qui est fou : quel que soit le sujet abordé, on en revient toujours à lui !