L'Emploi et le Chômage en Débats

« Crise » oblige, les enseignes discount, notamment alimentaires, refont (grande) surface dans le comportement des consommateurs. C’est que ces supermarchés ont touché le cœur de la cible : les désargentés, les précaires, les privés de consommation, tous âges, toutes origines et toutes professions confondues. Déco minimaliste, qualité des produits souvent remise en question, les Lidl, Aldi et autres bradeurs professionnels séduisent malgré tout, avec une offre qui décoiffe la ménagère... Mais par quel miracle réussissent-ils à faire autant baisser leurs prix ? Entre économies de bouts de chandelle et sacrifices sociaux, le témoignage d’une autre classe ouvrière, celle qui scanne en caisse et remplit les rayons, à Toulouse et dans la région

article complet et source

P.S. je suis en train de lire "no logo" de N. Klein. On y arrive...

Par exemple dans les usines (bien planquées) où ne travaillent que des jeunes filles/femmes, les toilettes ne sont ouvertes que 2 x15 mn/jour, obligées d'avoir un sac plastique sous la machine, interdiction de parler et même de sourire. Le tout assorti d'heures sup non payées et obligatoires.

A (re)voir, l'excellent documentaire de Frédéric Brunnquell, NOS VIES DISCOUNT :

http://www.youtube.com/watch?v=rDmfdilogBE

J'ai testé! Une fois. Caissière-gondolière chez Lidl, en 2000. RMI de couple à l'époque, pas grand chose à perdre...
C'était pour 2 mois d'été, soi-disant "débutant accepté"... J'ai été éjectée après 1 semaine d'essai (seule fois de ma vie où je me sois fait éjecter de quelque part).
Je sais que je suis incapable de bosser dans ce domaine, une vraie catastrophe. J'en rigole maintenant mais qu'est-ce que j'ai pu chialer à l'époque...
Rythme infernal, être au four et au moulin... Impossible d'aller assez vite en caisse lorsqu'on n'a jamais fait ça de sa vie, lorsqu'on est larguée en première ligne sans formation aucune.
Il a fallu que j'apprenne par coeur les codes des fruits et légumes, que l'on pesait en caisse. Je me rappelle encore que "pêche" c'est 51.
Je me rappelle aussi avoir failli renverser tout un transpalette surchargé de bouteilles d'alcool, parce que je ne maîtrisais pas du tout ce foutu machin.
Je me suis faite éjecter pour une "erreur de caisse" de 200F (quand même... ) que l'on m'a ouvertement soupçonnée d'avoir empoché. Des heures à compter, recompter, à la fin de la journée, me faire gueuler dessus parce que je ne savais pas "comment" cette erreur était arrivée (merde, si je savais comment je ne l'aurais pas faite! )
Au final j'ai dû dégager, non sans avoir dit ses 4 vérités au gros c... qui dirigeait la boîte, l'intimant à revoir dorénavant sa politique de recrutement et de plus accepter les "débutants", si c'était pour ne leur laisser aucune chance.

Mauvais souvenir...

Une semaine chez Leader Price, en 2005, à ne pas dormir la nuit, la boule au ventre. Plus jamais.

Le directeur n'était pas celui qui m'avait fait passé l'entretien, et celui qui m'a donné mon solde de tout compte, quelques semaines plus tard, était encore un autre gars. No comment.

Ces discounts changent constamment de personnel et n'en prennent jamais assez : j'en ai un à 10 kms, il n'y a que 2 employées à la fois, qui doivent ranger la réserve, remplir les rayons, changer les prix, suspendre les écriteaux et tenir la caisse. Résultat : il y a toujours la queue à la caisse. Que voulez-vous, les patrons de ces boîtes ne gagnent pas assez d'argent pour embaucher.

Juste en face il y a un supermarché ordinaire, ce sont les mêmes caissières depuis des années. Pas assez nombreuses non plus d'ailleurs.

Et franchement, vu que les discounts ne font pas de pub, n'ont qu'une installation minimaliste, aucun service, la différence de prix entre les deux systèmes pourrait être largement plus importante.
Acheter chez eux c'est soutenir notre propre exploitation, mais malheureusement quand on est au minimum social c'est là qu'on va s'alimenter.
Un effet pervers de plus, de la précarisation.

LIDL a effectivement changé sa stratégie... mais ce n'est pas pour attirer encore les pauvres, c'est une visée des classes moyennes (incluant dorénavant les plus riche des travailleurs pauvres sic! ca c'est mon opinion)...

LIDL ayant avoué que les premiers prix des supermarchés leur fesait dorenavant de l'ombre depuis l'attaque frontale des produits carrefour discount il y a 2/5 ans...

Chez Lidl et les autres discount, le personnel ne change pas plus qu'ailleurs. Du moins dans les magasins que je fréquente. Cela doit dépendre beaucoup du dirigeant de la filiale. Et l'exploitation n'est pas mieux dans les autres supermarchés. J'en connais un où les caissières n'ont pas le droit de faire leurs propres courses, ni leur familles pendant ses heures de travail. Il semble que le patron a peur qu'on le vole.
Une jeune femme de mon entourage a postulé pour un cdd de 6 mois chez Auchan. On lui a proposé un stage d'un mois payé par pole emploi suivi de plusieurs mois de "formation interne" avec éventuellement, peut-être, par la suite après quelques mois de plus au chômage, un cdi. Elle a dit au recruteur qu'elle cherchait un travail pas une formation et en privé elle a ajouté que si c'est pour toucher le chômage autant rester à la maison.

Oh que si le personnel change souvent.

Cela doit dépendre beaucoup du dirigeant de la filiale.

Les "managers" sont aussi changés tous les 4 matins.

J'en connais un où les caissières n'ont pas le droit de faire leurs propres courses,

Elles n'ont même pas le droit d'avoir des espèces sur elles pendant leurs heures de travail. Quant aux familles, il suffit d'être discret, beaucoup de caissières (vu de mes propres yeux) laissent passer des marchandises sans les scanner.

Elle a dit au recruteur qu'elle cherchait un travail pas une formation et en privé elle a ajouté que si c'est pour toucher le chômage autant rester à la maison.

Bien dit

dans "mon" leader beurk, les filles ne sont jamais les mêmes, une seule constante : elles tirent une tronche de 6 pieds de long, les pauvres

quand j'avais les moyens, j'allais chez interbeurk : produits un poil moins mauvais, et caissières joyeuses et rigolardes
je pense que chez inter, c'est la managers qui trinquent (ça me dérange moins, z'ont qu'à pas y aller )

leader fait maintenant drive : tu remplis ton caddie sur internet, tu donnes l'heure où tu veux te pointer, on te remplit le coffre et c'est gratuit...
j'avoue que ça m'a tentée : est-ce que c'est pire pour les salariés ? oui, probablement, le remplissage du coffre en fait, quand tu fais ça toute la journée, c'est sûrement plus pénible que de scanner, même à toute vitesse

un autre truc qui me retourne dans ses "grandes" surfaces : tu es obligé de jeter tes articles (de la nourriture, rappelons-le !) dans le caddie... la caissière est plus rapide que zorro, y'a 10 malheureux derrière toi, ... je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à garder mon allure normale de remplissage de caddie... c'est grave...

J'ai vu des discounters où les filles devaient rester debout ! Et même une fois une pauvre fille dont le tapis roulant était en panne, en plus d'être debout la pauvre devait pousser chaque article manuellement. J'imagine les troubles squelettiques et les douleurs infernales en fin de journée.

Par une émission de radio allemande j'ai appris qu'il y a depuis une dizaine d'années ou un peu plus la spécialité Ethique économique, matière enseignée par une poignée de profs de fac en Allemagne. Et j'apprends que c'est la Fondation Lidl qui est un des ou LE (?) financeur de cette spécialité. La fondation Lidl se cache sous le nom Dieter Schwarz Stiftungs-GmbH (Fondation SARL Dieter Schwarz), fondation financée par les bénéfices du groupe Lidl, ou plus exactement la fondation Dieter Schwarz est à la tête d'un actionnariat qui est à la tête de la fondation Lidl.

Voici l'organigramme du groupe Lidl.

Remarquable est le premier niveau, deux organismes à la tête :

1) La Schwarz Unternehmenstreuhand (cabinet d'audit) avec 0,1% d'actions et 100% de droits de vote

2) Dieter Schwarz Stiftung (fondation Dieter Schwarz) avec 99,9% d'actions et 0% de droit de vote

Ça doit être une construction astucieuse pour faire des économies d'impôts.

L'article Wikipedia allemand nous apprend que Dieter Schwarz a hérité de son père un réseau de 30 succursales qu'il a transformé, après quelques "expériences", en magasins Lidl discount. En 1999, M.Schwarz a fondé cette fondation qui gère toutes les filiales Lidl. Une fondation du type "intérêt général" paye moins d'impôts qu'une entreprise classique.
(Dans l'acticle wikipedia français les fondations ne sont pas mentionnées.)

Que Lidl, par l'intermédiaire de la fondation Dieter Schwarz, finance l'éthique économique est particulièrement croustillant car Lidl s'est souvent trouvé dans les grands titres, soit par mauvais traitement de ses salariés (harcèlement, pressions, obstacles à la création d'un comité d'entreprise...), soit par des scandales de surveillance (caméra vidéo dans les toillettes, dossiers de santé sur les salariés et j'en passe...). Lidl est vraiment un grand artiste en éthique économique.

Aujourd'hui c'est Klaus Gehrig qui est à la tête de cette fondation, directeur du conseil d'administration et successeur de Dieter Schwarz. Gehrig a commencé sa carrière chez Aldi.

En 2000, la fondation Dieter Schwarz a financé un prof d'éthique économique pour 5 ans à l'université de Halle. Le montant du financement s'est élevé à 300.000 DM (150.000 euros) par an.

Dieter Schwarz soutient également le Wittenberg-Zentrum für Globale Ethik (Centre Wittenberg d'Ethique globale). Sur le site internet de ce Centre s'attroupent des politiques (expl. Genscher, FDP (libéraux)), dignitaires cathos et protestants, directeur général du Medef allemand, ambassadeurs, Ex-Chef de Bayer, président Deutsche Bank, président du conseil d'administrations d'entrepreneurs protestants,... enfin tous des gens très sympatiques et d'une éthique irréprochable.

(Je ne sais pas vous - sur moi, le site fait un mélange d'effets, secte, lavage de cerveau, United Colors of B. et système de renvoi d'ascenceurs)

Comme on dit, c'est l'hôpital qui se fout de la charité.