La recherche d'emploi : la carte au trésor ?
Publié : 23 nov. 2012
Bonjour à tous !
Je suis membre du Paulo Club depuis le mois d’août, donc un petit jeunot et je tiens à vous remercier pour ce site et forum qui m’ont fait passer un bon moment.
Comme tout le monde je pense, j’ai eu à subir toutes les remarques et questions usuelles de l’entourage… Bref, toujours devoir se justifier. Alors j’ai eu envie de raconter mon parcours (j’ai 28 ans, ce sera court
) car j’avoue que je sature des infos télé&co sur le chômage et les commentaires absurdes qui les accompagnent. A entendre ces gens-là, le contrat avenir est l’avenir et les jeunes n’ont jamais été aussi bien servis. Et puis enfin, tordre le coup à cette rengaine : « les jeunes sont fainéants, ils ne veulent rien faire, on les a trop gâtés ! »
J’ai principalement travaillé dans le CDD précaire (mais tous secteurs confondus : la poste, usine, ménage, jardinage, grande surface, archiviste…). Ce qui explique un peu pourquoi pas mal de jeunes (50% des moins de 30 ans selon l’étude de l’UE) vivent chez leurs parents Les autres vivent dans leur voiture, squattent, où ont des parents qui pourvoient si ils le peuvent à leur besoin et enfin, les rares chanceux qui ont le bon CDI complet qui va bien. Dur de convaincre pour louer quand il faut présenter 3 mois de salaire en CDI temps complet lorsque ces 10 derniers mois j’ai bossé à la marée en CDD d’un mois à 28h hebdo. Donc j’en profite pour dire mon respect envers les personnes qui survivent au RSA. Je me considère presque comme un roi avec mon loyer à 200€ chez mes parents et mes 640€ d’ARE, mais sans possibilité d’évoluer. D'ailleurs le budget va très vite : le loyer, la mutuelle, le dépannage, arre^t du téléphone portable, le vélo ( j'ai le permis, mais bon la voiture... J'ai réussi à négocier avec mon précédent patron car pour lui, impossible de se déplacer en vélo et pourtant tous les matins, à 5h50 je m'élançais dans le froid et le noir, cela 4 fois par jours pour 20 minutes de trajet et seulement 1 retard en 10 mois. J'avais au moins une séance de 1h20 de sport par jour.)
J’ai arrêté la fac au bac+2 en anglais. J’ai fait une demande pour m’inscrire en BEP Marin de commerce aux lycées maritimes en 2008 (on ne le répète pas assez selon certain : il faut se former ! Je pense avoir compris le message). Etant fil de marin-pêcheur et vivant les pieds dans l’eau, cela me semblait bien. Sauf que tous ces lycées m’ont dit non : « vous êtes trop vieux ! Et vous avez déjà le bac » Pas défaitiste, avec un bon niveau d’anglais et un bac S, je tente l’entrée à l’Ecole supérieure de navigation maritime. Bingo ! Accepté pour le bachelor sciences nautiques à Anvers (cours pour être élève officier pont) avec en prime réduction des droits d’inscriptions annuels (520€ au lieu de 4600€). Mais problème de financement : si j’ai pu financer la fac en étant bon gestionnaire et travailleur (le travail rend libre, il paraît : surtout obligé, mes parents m’ayant dit le jour du bac, tu te démerdes si tu veux étudier), là cela se complique.
Etant à cette époque trop jeune (24 ans) pour Paulo, direction mission locale (ML) pour possibilité d’aide, car en fait, pas de prêt étudiant, mes parents sont trop pauvres pour être cautionnaires. Raté la bourse à la vocation, pas d’aide de la région, ni du Conseil général, rien du Crous. La ML me propose une formation pour valider le projet professionnel : passer le certificat d’initiation nautique et pêche professionnelle au lycée maritime. Cela semble bien, cohérent et tient : c’est la région qui paye. Et elle paye : 7200€ la formation et moi elle me gratifie de 450€ par mois, soit 2250€ pour 5 mois d’études (qui furent passionnantes, j’étais sur l’eau !) On a déjà délesté la région de 9450€ ! Juillet 2009 : rien, le certificat en poche, les capitaines d’armement ne reconnaissent pas cette formation : pas assez complète. Dommage, j’ai embarqué comme stagiaire sur la ligne Brest-Ouessant et cela c’était bien passé. La rentrée passe, pas de financement, après un gros calcul, sur 4 ans d’étude, je ne peux qu’en payer qu’une complète (droits, logement, assurance, alimentation…) Toujours rien niveau prêt étudiant, projet pas crédible et parents pauvres.
Arrivé chez Paulo fin 2009, direction : Prestation d’orientation professionnelle (la POP pour plaire aux jeunes) pour trouver ma voie : atelier bas de gamme traditionnel avec 3 stages en prime. Je fais plein de tests sur 2 semaines, entretient psy, bilan ce compétence, bref résultat, on me présente une liste de 4 métiers qui sont en adéquation (non en terme de compétence) mais de « feeling psy » « Je m’accroche à mon slip » : 1° Pilote de chasse ; 2° capitaine de remorqueur ; 3° conducteur de train ; 4° conducteur de bus. Là je me dis, finalement, mon projet maritime tenait la route … S’en suit un stage dans une compagnie de bus et un stage aux affaires maritimes.
Le coût de cette prestation de 4 mois toujours financée par la région : 7000€ plus 450€X4 pour ma poche. Bilan de l’opération sauvetage de ma vie professionnelle : 18 250€ dont 14 200€ pour des formations inutiles. Pourtant quand j’ai demandé une aide de la région, la seule chose proposée : un prêt à rembourser après 3 ans d’un montant inconnu puisqu’ils choisissent ce montant. Bref, moi qui voulais juste un prêt étudiant de 15 000€ pour 4 ans d’étude, ce gaspillage me rend toujours malade. La région aurait vraiment mieux fait de me les confier directement sur mon compte.
Actuellement, j’ai essayé d’obtenir une formation de transport en commun (conducteur bus) et bien réponse de la conseillère (enfin, d’une des conseillères, je n’ai jamais la même) « c’est prématuré, vous feriez mieux d’attendre »… En quoi est-ce prématuré ? J’ai fait une EMT en transport en commun, assisté à l’atelier sectoriel transport (pure perte de temps, d’ailleurs je me suis énervé avec la conseillère quand elle m’a dit, « on ne choisit pas un secteur parce qu’il recrute » et que le formateur ECF m’assure qu’il est normal que les jeunes soient en CDD partiel. J’ai fait un effort surhumain pour rester polis, il m’énervait : en 1 heure, il a réussi l’improbable, dire 12 fois « au jour d’aujourd’hui » ! Je ne supporte pas cette expression. La raison réelle invoquée : les jeunes de -25 ans sont prioritaires sur moi… C’est juste dommage que la majorité des formations ne soient pas complètes « faute » de candidats.
En même temps j’ai préparé le concours des douanes, et j’ai été admis à l’écrit (il reste 760 candidats sur 6000 au départ, et il en restera 156 à la fin) Au moins un espoir. Parce que bon, leur formation de 6 mois en BEP agent d’entretien péri-urbain, ils peuvent la garder… Depuis quand faut un diplôme pour balayer la rue (quand je pense que cela a été mon premier boulot et je n’avais alors même pas le bac).
Voilà, en gros, soit on est trop jeune, soit on est «un tout petit peu trop vieux » pour se former ou alors on n’est tout simplement pas assez jeune pour travailler. (En gros je vais peut-être connaître les 2 extrémités…)
Enfin bon, je suis chômeur, mais je me soigne
Et non ! Les jeunes ne sont pas fainénants !
Bon courage à tous !
Je suis membre du Paulo Club depuis le mois d’août, donc un petit jeunot et je tiens à vous remercier pour ce site et forum qui m’ont fait passer un bon moment.
Comme tout le monde je pense, j’ai eu à subir toutes les remarques et questions usuelles de l’entourage… Bref, toujours devoir se justifier. Alors j’ai eu envie de raconter mon parcours (j’ai 28 ans, ce sera court

J’ai principalement travaillé dans le CDD précaire (mais tous secteurs confondus : la poste, usine, ménage, jardinage, grande surface, archiviste…). Ce qui explique un peu pourquoi pas mal de jeunes (50% des moins de 30 ans selon l’étude de l’UE) vivent chez leurs parents Les autres vivent dans leur voiture, squattent, où ont des parents qui pourvoient si ils le peuvent à leur besoin et enfin, les rares chanceux qui ont le bon CDI complet qui va bien. Dur de convaincre pour louer quand il faut présenter 3 mois de salaire en CDI temps complet lorsque ces 10 derniers mois j’ai bossé à la marée en CDD d’un mois à 28h hebdo. Donc j’en profite pour dire mon respect envers les personnes qui survivent au RSA. Je me considère presque comme un roi avec mon loyer à 200€ chez mes parents et mes 640€ d’ARE, mais sans possibilité d’évoluer. D'ailleurs le budget va très vite : le loyer, la mutuelle, le dépannage, arre^t du téléphone portable, le vélo ( j'ai le permis, mais bon la voiture... J'ai réussi à négocier avec mon précédent patron car pour lui, impossible de se déplacer en vélo et pourtant tous les matins, à 5h50 je m'élançais dans le froid et le noir, cela 4 fois par jours pour 20 minutes de trajet et seulement 1 retard en 10 mois. J'avais au moins une séance de 1h20 de sport par jour.)
J’ai arrêté la fac au bac+2 en anglais. J’ai fait une demande pour m’inscrire en BEP Marin de commerce aux lycées maritimes en 2008 (on ne le répète pas assez selon certain : il faut se former ! Je pense avoir compris le message). Etant fil de marin-pêcheur et vivant les pieds dans l’eau, cela me semblait bien. Sauf que tous ces lycées m’ont dit non : « vous êtes trop vieux ! Et vous avez déjà le bac » Pas défaitiste, avec un bon niveau d’anglais et un bac S, je tente l’entrée à l’Ecole supérieure de navigation maritime. Bingo ! Accepté pour le bachelor sciences nautiques à Anvers (cours pour être élève officier pont) avec en prime réduction des droits d’inscriptions annuels (520€ au lieu de 4600€). Mais problème de financement : si j’ai pu financer la fac en étant bon gestionnaire et travailleur (le travail rend libre, il paraît : surtout obligé, mes parents m’ayant dit le jour du bac, tu te démerdes si tu veux étudier), là cela se complique.
Etant à cette époque trop jeune (24 ans) pour Paulo, direction mission locale (ML) pour possibilité d’aide, car en fait, pas de prêt étudiant, mes parents sont trop pauvres pour être cautionnaires. Raté la bourse à la vocation, pas d’aide de la région, ni du Conseil général, rien du Crous. La ML me propose une formation pour valider le projet professionnel : passer le certificat d’initiation nautique et pêche professionnelle au lycée maritime. Cela semble bien, cohérent et tient : c’est la région qui paye. Et elle paye : 7200€ la formation et moi elle me gratifie de 450€ par mois, soit 2250€ pour 5 mois d’études (qui furent passionnantes, j’étais sur l’eau !) On a déjà délesté la région de 9450€ ! Juillet 2009 : rien, le certificat en poche, les capitaines d’armement ne reconnaissent pas cette formation : pas assez complète. Dommage, j’ai embarqué comme stagiaire sur la ligne Brest-Ouessant et cela c’était bien passé. La rentrée passe, pas de financement, après un gros calcul, sur 4 ans d’étude, je ne peux qu’en payer qu’une complète (droits, logement, assurance, alimentation…) Toujours rien niveau prêt étudiant, projet pas crédible et parents pauvres.
Arrivé chez Paulo fin 2009, direction : Prestation d’orientation professionnelle (la POP pour plaire aux jeunes) pour trouver ma voie : atelier bas de gamme traditionnel avec 3 stages en prime. Je fais plein de tests sur 2 semaines, entretient psy, bilan ce compétence, bref résultat, on me présente une liste de 4 métiers qui sont en adéquation (non en terme de compétence) mais de « feeling psy » « Je m’accroche à mon slip » : 1° Pilote de chasse ; 2° capitaine de remorqueur ; 3° conducteur de train ; 4° conducteur de bus. Là je me dis, finalement, mon projet maritime tenait la route … S’en suit un stage dans une compagnie de bus et un stage aux affaires maritimes.
Le coût de cette prestation de 4 mois toujours financée par la région : 7000€ plus 450€X4 pour ma poche. Bilan de l’opération sauvetage de ma vie professionnelle : 18 250€ dont 14 200€ pour des formations inutiles. Pourtant quand j’ai demandé une aide de la région, la seule chose proposée : un prêt à rembourser après 3 ans d’un montant inconnu puisqu’ils choisissent ce montant. Bref, moi qui voulais juste un prêt étudiant de 15 000€ pour 4 ans d’étude, ce gaspillage me rend toujours malade. La région aurait vraiment mieux fait de me les confier directement sur mon compte.
Actuellement, j’ai essayé d’obtenir une formation de transport en commun (conducteur bus) et bien réponse de la conseillère (enfin, d’une des conseillères, je n’ai jamais la même) « c’est prématuré, vous feriez mieux d’attendre »… En quoi est-ce prématuré ? J’ai fait une EMT en transport en commun, assisté à l’atelier sectoriel transport (pure perte de temps, d’ailleurs je me suis énervé avec la conseillère quand elle m’a dit, « on ne choisit pas un secteur parce qu’il recrute » et que le formateur ECF m’assure qu’il est normal que les jeunes soient en CDD partiel. J’ai fait un effort surhumain pour rester polis, il m’énervait : en 1 heure, il a réussi l’improbable, dire 12 fois « au jour d’aujourd’hui » ! Je ne supporte pas cette expression. La raison réelle invoquée : les jeunes de -25 ans sont prioritaires sur moi… C’est juste dommage que la majorité des formations ne soient pas complètes « faute » de candidats.
En même temps j’ai préparé le concours des douanes, et j’ai été admis à l’écrit (il reste 760 candidats sur 6000 au départ, et il en restera 156 à la fin) Au moins un espoir. Parce que bon, leur formation de 6 mois en BEP agent d’entretien péri-urbain, ils peuvent la garder… Depuis quand faut un diplôme pour balayer la rue (quand je pense que cela a été mon premier boulot et je n’avais alors même pas le bac).
Voilà, en gros, soit on est trop jeune, soit on est «un tout petit peu trop vieux » pour se former ou alors on n’est tout simplement pas assez jeune pour travailler. (En gros je vais peut-être connaître les 2 extrémités…)
Enfin bon, je suis chômeur, mais je me soigne

Bon courage à tous !
