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La valse des profs remplaçants

Publié : 09 août 2008
par diety
Le Canard - 6 août 2008

Prof d'électronique dans un lycée professionnel, Yannik joue depuis trois ans les bouche-trous dans l'académie de Reims: un remplacement ici, un autre là...

Cette année, Yannik en a assez. Il rend son tablier et écrit, début juillet, au rectorat pour présenter sa démission et toucher au passage l'"indemnité de départ volontaire" créée par un décret du 17 avril dernier. Pour l'indemnité, tintin: elle concerne uniquement les fonctionnaires qui démissionnent pour monter une entreprise ou un commerce, ce qui n'est pas dans les projets de Yannik.

De toute façon, le rectorat refuse sa démission: "Il n'est pas possible de réserver une suite favorable à votre demande, compte tenu (...) du manque de titulaires remplaçants." Ah bon, parce qu'on manque de profs finalement ? Et Darcos qui veut continuer à supprimer 10.000 postes par an...

Décidé à partir, Yannik ne se présentera pas au lycée à la rentrée et sera donc radié pour "abandon de poste", ce qui exclue tout avenir dans la fonction publique. Tout s'arrange!

(Isabelle Barré pour Le Canard)

Publié : 09 août 2008
par maguy
De toute façon, le rectorat refuse sa démission: "Il n'est pas possible de réserver une suite favorable à votre demande, compte tenu (...) du manque de titulaires remplaçants
J'ai un peu la gerbe, quand j'essayais d'expliquer à des gens de ma famille ce qui guettait les profs (fonctionnaires, privilégiés, 3 mois de vacances et j'en passe...)

Dans l'Education Nationale, on n'a plus besoin QUE de remplaçants ?

Que de personnes vivant dans des hôtels minables pendant des mois avec des indemnités minables, et ceci pendant des années ?

Comment on se bâtit une vie ? une famille ? Envoyé aux 4 coins de l'hexagone (drôle d'expression), au sifflet, quand et comme on en a besoin ?

Comment attendre de ces déracinés qu'ils établissent une relation de confiance avec les gosses qu'on lui confie comme un sac de patates ?

Comment peut-on refuser une démission, on est esclave pour plusieurs années ? Je ne connais pas le milieu il y a peut-être des obligations par rapport aux frais de scolarité je ne sais pas :?

Alors, on baisse culotte, on accepte son esclavage pour on ne sait quoi :evil:

Et bien sûr au passage, on sucre quelques "avantages"...

Comment va-t-on recruter les profs des prochaines années ?

Publié : 09 août 2008
par carl
Encore, Yannik, à ce que j'ai compris, n'est pas le plus précaire à l'éducation nationale.
Il y'a les vacataires : maximun 300 h (soit 3 mois dans l'année), après tu dégage, sans droit aux chomage. Tu dois attendre l'année suivante pour avoir à nouveau un poste de vacataires.

Je sais de quoi je parle, je suis un ancien vacataire.

En 2008, les établissement fonctionnent avec une armée de précaires !
Tout cela avec l'accord tacite du SNES (le syndicat majoritaire) qui n' à rien à foutre des précaires ! :twisted:

Publié : 09 août 2008
par diety
Bonsoir,

oui, vacataire est le pire des status à l'éducation nationale. Pendant les vacances, tu te démerde pour bouffer, et pour la rentrée il faut demander là la boule de cristal si on est repris.

J'ai un copain qui n'a pas travaillé en tant que vacataire, seulement maitre auxiliaire dans le privé sous contrat, pendant 9 ou 10 ans. Quand il s'est impliqué dans le syndicalisme, on lui a d'abord retiré les classes de première et la terminale. L'année d'après, on l'a fait courir entre deux établissements. La troisième année on ne lui a donné que 10 heures de cours, sachant qu'il était devenu père. Et l'année d'après, pas de renouvellement. Je suis à peu près sûr que les CDD renouvelé 8 fois, ça doit être illégal. Mais si on va aux prud'hommes, c'est le refus de renouvellement assuré. Je n'ai connu personne qui est allé aux prud'hommes, c'est bizarre. Peut-être je n'ai pas connu les bonnes personnes?

Ce qui m'avait étonné était que tous ses collègues qui étaient titulaires, donc qui avaient un statut beaucoup plus sûr, avaient la trouille de s'impliquer dans un syndicat. Et j'avais trouvé courageux de la part du copain de s'être mouillé pour tous les collègues. Bon, il a été "récompensé" à la hauteur de son implication au syndicat. :?

Publié : 09 août 2008
par carl
Bon, il a été "récompensé" à la hauteur de son implication au syndicat.
Que veut tu dire par la ?

Publié : 10 août 2008
par diety
Pardon, c'était du sarcasme. Son travail syndical était détesté par la direction, donc c'est pour cela qu'il a subi des brimades, qui allait jusqu'au non renouvellement de son contrat.

Publié : 15 août 2008
par Mallo
Je croyais qu'une démission était "obligatoirement acceptée" .....................

Publié : 15 août 2008
par zoée
Bonsoir,

Carl, vous avez écrit : Je sais de quoi je parle, je suis un ancien vacataire.

En 2008, les établissement fonctionnent avec une armée de précaires !
Tout cela avec l'accord tacite du SNES (le syndicat majoritaire) qui n' à rien à foutre des précaires !


Mais l'EN ne fonctionne qu'avec des précaires ça fait des années, je sais aussi de quoi je parle pour avoir été Aide-Educatrice durant un certain temps, sans l'ombre de quoi que ce soit. Sans compter les collègues qui étaient embauchés en CES à l'époque, en contrat d'avenir maintenant.
L'EN "utilise" des personnes et après pas de droits au chômage car statut spécial... A l'époque on m'avait demandé de me syndiquer au snes, qui n'en avait déjà rien à faire des précaires, tout ça il y a plus de dix ans.

Juste une parenthèse, je viens de voir le film "Le péril jeunes", l'action se passe vers la fin des années 70, j'ai ri en constatant que ça fait plus de 30 ans qu'on tourne en rond !

:oops: