L'Emploi et le Chômage en Débats

Bonjour,
Yves nous informait dans sa lettre d'informations d'une baisse de fréquentation du site, avec quelques raisons évoquées.

Une autre possibilité (en fait, toujours comme dit Yves, c'est l'ensemble de différentes causes qui conduit à la baisse de fréquentation) :

Les gens se rendent compte qu'il n'y a [pour ma part : qu'il n'y aurait] plus aucune alternative pour eux sinon que de subir, et ils font le deuil de leur triste situation. À quoi bon de parler, de "refaire le monde" si c'est pour rien...

Le gouvernement passe en force dans bien des domaines. Personne n'est assez fort en face ? Ou endormis, anesthésiés...

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Je vois 2 possibilités :
- l'abandon, on baisse les bras (beaucoup le font et je ne critique pas cette attitude -- il faut des moyens pour être costaud mentalement)
- la hargne (ce n'est pas bien, mais ce n'est pas nous qui avons demandé à subir nos situations), doublée d'une sur-volonté de réussir à la justice sociale, les revenus décents pour tous, etc.

Ainsi, pour 3 ou 4 personnes qui se découragent (c'est au moins ces proportions), est-ce que les personnes qui se battent ont-elles cette sur-volonté de "remplacer" ces 3 ou 4 ?...

Pour ma part, je ne désespère pas.

Je continue de voir, notamment dans les immenses possibilités de l'internet, des moyens toujours plus forts de fédérer les bonnes volontés, les idées, les personnes.
Mais ça ne se fera pas selon le schéma classique de l'adhésion à telle ou telle organisation.

Tiens, et la relance des "anneaux internet" (webrings en anglais) ?

En tant que rédactrice du site, j'avoue que très régulièrement je traverse des moments de découragement. Le rouleau compresseur des mauvaises nouvelles m'affecte directement puisque je mets en ligne nos actus, avec alternance de colère (saine) et de lassitude (j'ai plus envie d'ouvrir mon ordi, j'ai plus rien à dire).

Etant aux premières loges, c'est vraiment difficile et par moments je me bats pour continuer. Mais je me mets aussi à la place de nos lecteurs : que des mauvaises nouvelles, tous les jours, ça finit par être rebutant. D'ailleurs, parfois nos lecteurs/adhérents nous le disent : il leur est impossible de venir sur le site trop souvent, ça les démoralise...

Période hardcore, donc.

J'ai la faiblesse de croire que les mauvaises nouvelles qui se succèdent sont de la pression supplémentaire dans la cocotte-minute qu'est la société française et je guette l'instant où celle-ci va exploser

Tiens, aujourd'hui, ce qui anime le petit monde des amis de ceux qui nous dirigent, est le cas de ce cuisinier français qui vient d'obtenir la nationalité Monégasque et qui ravive une offensive anti-ISF.

Mais le gouvernement qui sans aucun doute serait trop content de rendre ce service à ses amis ne semble pas cependant vouloir accéder à cette demande.

Je suppose qu'ils craignent qu'un tel geste soit le geste de trop qui ferait exploser la cocotte-minute

En ce moment, ils osent tout.

Leur technique du moment commence à être bien rodée:
Un clampin qui a une responsabilité quelconque annonce une mesure immonde et ils attendent les réactions. En cas de réaction trop molle, la mesure est inscrite à l'ordre du jour pour être prochainement adoptée.

A ce rythme, en 2012, il n y aura plus de sécurité sociale, plus de salaire minimum

Ça va péter, ou ça ne pètera pas : telle est la question.
Souvent, je me fais l'effet d'attendre un Grand Soir qui ne viendra jamais... C'est dur de garder confiance au genre humain ! La trouille et l'égoïsme ordinaires l'emportent en ce moment sur le courage et la raison.

Une chose est sûre : l'humanité progresse par cycles. Pour un ou deux pas avancés, elle recule d'autant. Et nous sommes en période de régression, qui est d'autant plus difficile à vivre que nous avons été élevés dans la certitude que tout ne pourrait aller que mieux.

Ce qui est vertigineux, c'est que tout va de plus en plus vite, d'où le sentiment d'être dépassés par les événements. Mais, comme les choses changent très vite, on peut espérer qu'elles évolueront dans le bon sens au moment où on s'y attendra le moins.

superuser a écrit :Ça va péter, ou ça ne pètera pas : telle est la question

J'ai une très nette préférence pour que "ça ne pête pas". Ne subissons-nous pas assez aujourd'hui pour en rajouter une couche ? Pourquoi des semaines, des mois de grêve sans salaire ? Des affrontements ? S'il n'y a vraiment pas d'autre possibilité, éventuellement, mais je n'y crois pas.

Nous avons de multiples choix sains devant nous, mais il nous faut les chercher. C'est vrai que si on rêve d'une révolution (toute proportion gardée, ça reste du domaine des "idées", et je n'extrapole nullement sur vos écrits précédents, que je comprends pleinement), alors le rêve a tendance à nous couper de la réalité de solutions imminentes.

Regardons nos adversaires (en fait, les adversaires de notre société égalitaire). Avec quoi arrivent-ils à bout de leurs desseins ? Fin des 35 heures, précarisation du travail, brêches dans le droit de grêve, diminution des aides sociales aux plus nécessiteux, etc. Fait-il comme Tatcher, après des mois de grêve paralysant le pays ? Y a-t-il eu une lutte ? Non, aucune. Tout est passé assez rapidement par anesthésie...

Alors nous, pourquoi souhaiterions-nous un conflit ? Pour diviser encore plus la société, et se mettre encore plus de gens "sur le dos" ? Non, soyons "sains". J'ai employé le mot "hargne" précédemment, mais c'est une hargne contrôlée. L'exutoire est sain.

Il me semble que nous sommes dans une situation d'incompréhension, qui nous porte préjudice : d'un côté ceux qui connaissent les "ficelles" de notre société (ceux qui ont compris que le chômage sert à faire baisser les salaires / la plupart des animateurs ici, des associations, syndicalistes, etc.) et de l'autre côté une très grande partie de la société qui ne se pose pas autant de questions que nous.

Et dans cette situation, le gouvernement accentue l'incompréhension en nous faisant passer pour des "gauchistes" et en essayant de nous discrédibiliser. Tracts, pétitions (que j'approuve par ailleurs) collent à cette image.

Tristesir a écrit : A ce rythme, en 2012, il n y aura plus de sécurité sociale, plus de salaire minimum

Mon cher ami, j'ai bien peur que ce constat pessimiste ne soit que le reflet d'une intuition que pas mal d'entre nous ont... et que les évènements ne font qu'inscrire dans la réalité (voir le désir de combler le trou de la Sécu à l'horizon 2011... pourquoi résorber intégralement un déficit sur un compte sinon pour le clotûrer définitivement !!).


Superuser a ecrit "Une chose est sûre : l'humanité progresse par cycles. Pour un ou deux pas avancés, elle recule d'autant. Et nous sommes en période de régression"

En fait, je crois que c'est l'économie qui fonctionnait jusqu'à présent par cycles conjoncturels, mais l'ultra-libéralisme actuel cherche à bouleverser de manière autocratique ces cycles naturels en imposant ses règles dans tous les échanges économiques et financiers sans se soucier des dégâts collatéraux que cela induits...

Lionel.a a écrit "Alors nous, pourquoi souhaiterions-nous un conflit ? Pour diviser encore plus la société, et se mettre encore plus de gens "sur le dos" ? Non, soyons "sains". J'ai employé le mot "hargne" précédemment, mais c'est une hargne contrôlée. L'exutoire est sain."

"Etre sain" : Etre conforme à la raison au bon sens.

Est-ce que le bon sens commande d'être passif et d'accepter benoîtement que l'on nous piétine ou exige-t-il une riposte identique (tout en étant graduée ici je vois le côté sain) ?

"Pêcher par le silence alors qu'ils devraient protester transforme les hommes en lâches". C'est pas moi qui le dit, mais cela résume assez bien le fond de ma pensée sur la question.

Serenity.

Regardons nos adversaires (en fait, les adversaires de notre société égalitaire).

Cela m'agace de lire, d'entendre que notre société est <<égalitaire>>.

Nous sommes en fait ,théoriquement, seulement égaux en droit et rien de plus.
(c'est la moindre des choses bien entendu)

Pourquoi des semaines, des mois de grêve sans salaire ? Des affrontements ? S'il n'y a vraiment pas d'autre possibilité, éventuellement, mais je n'y crois pas.

Qu'est ce que la grève?
Des gens qui décident d'arrêter de travailler et qui par voie de conséquences immédiates paralysent le fonctionnement, la production d'une entreprise et ne sont plus spoliés de la plus-value faite sur leur travail
Si tous les employés d'une entreprise, ou un certain nombre, décident de rester au lit un matin et de ne pas aller travailler... C'est même plus facile que d'aller travailler

On comprend mieux pourquoi certains voudraient voir les français propriétaires: pour qu'ils soient enchainés à leur crédit immobilier.

Pour assouplir les muscles qui servent à courber les échines, rien ne vaut des salariés croulant sous des crédits

C'est bien vrai qu'on oscille entre volonté de lutter, la rage au ventre et puis le découragement. Tout ça en forme de manie-dépression assez pénible.

Je ne sais plus qui analysait la méthode sarko en insistant sur le fait qu'il dit tout et son contraire....un autre individu, de mon point de vue plus recommandable-, utilisait cette méthode mais afin de faire rentrer ses patients en transe hypnotique....je crois bien que c'est Erik Erikson.

Sûr que la confusion mentale n'est pas propice, dans un premier temps du moins, au mouvement rationnel...on serait somme toute comme des lapins sur la route pris dans les phares du gros camion ultralibéral...

Pour quitter l'emprise, faut quitter l'autoroute qu'ils tracent....en envisageant les alternatives possibles plutôt qu'en disséquant sans cesse la bête immonde?

Remarquez, le risque c'est de se retrouver un peu comme dans Brazil (film de T. Gilliam, un monthy python): il n'y a plus que des autoroutes....quelques brins d'herbe poussent deci delà ayant trouvé leur chemin dans les interstices du bitume....pour pousser davantage et établir la prairie, faut le foutre en l'air ce bitume.

Déjà, pour faire la grève, faudrait qu'on ait un travail...

Mais l'objet de mon post était de voir quelles étaient les idées pour qu'Actuchomage soit toujours intéressant. Car si si d'aussi nombreux visiteurs s'en vont je ne donne pas cher de la résistance sociale d'une manière générale.

Il me semble (mais je vois que mon avis n'est pas partagé) qu'il vaudrait mieux réfléchir à un consensus avec ces visiteurs qui semblent déçus de certains discours, qui aujourd'hui face à ce gouvernement, n'apportent plus rien.

Et je ne vois pas pourquoi les discours qui étaient tenus l'année dernière marcheraient mieux aujourd'hui. C'est peut-être pour l'absence de nouveauté que les gens s'en vont. Et pourtant, paradoxalement ce site reste la meilleure référence en la matière. Y'a quelque chose qui cloche...

Non, les actions à mener ne sont pas évidentes, et, je crois toujours que pour être efficace, on doit réfléchir calmement sans chercher à faire la révolution. Je rappelle ce que je disais plus haut : rêver d'une révolution revient à nous dissiper sur un thème qui n'a pourtant que moins de chances d'aboutir.

Car si si d'aussi nombreux visiteurs s'en vont

Hélas (vous ne croyez tout de même pas qu'on en a fini avec le chômage), ils reviendront avant longtemps.

Je rappelle ce que je disais plus haut : rêver d'une révolution revient à nous dissiper sur un thème qui n'a pourtant que moins de chances d'aboutir.

Merci de ne pas m'inclure dans ce "nous"

En outre, personne ne recevra de faire-part informant qu'une révolution est en cours pour la simple raison que tout le monde l'ignorera jusqu'au dernier moment. (c'est toujours imprévisible ces trucs)

Je pense que beaucoup de gens sont dans l'attente, je suis sûr que leur attente sera avant longtemps comblée (au moins partiellement).

Je ne suis pas nostalgique il y a surement un tas de trucs à faire moins glamour mais tant que le cap est maintenu (je me comprends) cela va dans le bon sens.

Dénoncer les discriminations sur l'âge que subissent les moins jeunes, informer me semble aller dans le bon sens par exemple, la liste n'est pas exhaustive.

Désolé, je n'ai pas de solution prête à l'emploi (sans jeu de mots) à vous apporter il vous faudra trouver par vous même.

le monde va vers de grands bouleversements d'ici 2050 ...
pénurie annoncée du pétrole et même de l'uranuim, réchauffement climatique, une société et un système économique qui est obligée de s'adapter et d'évoluer faute de quoi ...

Déjà, pour faire la grève, faudrait qu'on ait un travail...

l'avantage d'etre au chomage, c'est que tu peux occuper des locaux, tracter tes revendications, animer un forum ou un site , parler avec les autres chomeurs que tu rencontres, bref, tu peux consacrer un peu de temps, qui me manques cruellement, pour militer à ton niveau (pas besoin d'etre spécialiste ou engagé où que ce soit pour partager tes idées, tes ressentis, ton mal etre).

tous les mercredis matin, j'aide un petit groupe de chomeurs. on se pose sur un parking de supermarché, devant une anpe, une caisse assédic, la poste du coin, bref, partout ou il y a du passage, et on tracte,
on discute, on argumente, on explique autour de nous pourquoi les réformes sont injustes, la traque des chomeurs organisée, l'offre raisonnable d'emploi une régression aberrante, etc...
on n'a pas toujours de bons retours.
mais je continue.
quand je suis derrière un guichet, même combat. le devoir de réserve ? rien à foutre. la politique des objectifs et du chiffre, pareil, rien à foutre. en retard sur mes "prescriptions" de prestations ? rien à foutre. je ne vais pas "prescrire" une action ou une presta pour le plaisir, ou pour que mon chef ait sa prime à la fin de l'année, ou pour faire du chiffre.

je ne baisse pas les bras, je continue. parfois je n'ai pas le moral, mais je continue.
je crois que j'apporte ma petite pierre à l'édifice, si petite soit-elle.

mabulle

11 prêts à se battre, c'est pas suffisant !

Ca me confirme que les Français "rasent les murs", alors qu'ils n'ont aucune raison d'avoir cette attitude.

Le référendum du 29 mai 2005 avait pourtant mobilisé du monde, le CPE aussi, depuis plus rien ???

je crois que j'apporte ma petite pierre à l'édifice, si petite soit-elle.

Une ptite bulle cela peut avoir du mordant