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La véritable leçon à tirer de Mai 68, par Slavoj Zizek

Publié : 03 juin 2008
par Pili
Slavoj Zizek, slovéne, philosophe, marxiste et lacanien, apporte un point de vue que j'approuve, certes un peu intello


"Les structures ne défilent pas dans la rue !"
Il analyse ce graffitis de Mai 68,en réference au structuralisme et à l'idée dominante de la spychanalyse de Lacan "l'insconscient est structuré comme un langage" et à la struture de l'insconscient, sachant que les leaders du mouvement des étudiants de mai 68 assistaient tous aux séminaires de lacan

Re: La véritable leçon à tirer de Mai 68, par Slavoj Zizek

Publié : 09 juin 2008
par jean-marc
Pili a écrit :Slavoj Zizek, slovéne, philosophe, marxiste et lacanien, apporte un point de vue que j'approuve, certes un peu intello


"Les structures ne défilent pas dans la rue !"
Il analyse ce graffitis de Mai 68,en réference au structuralisme et à l'idée dominante de la spychanalyse de Lacan "l'insconscient est structuré comme un langage" et à la struture de l'insconscient, sachant que les leaders du mouvement des étudiants de mai 68 assistaient tous aux séminaires de lacan
Le problème des articles est qu'ils sont souvent le résumé d'une pensée plus élaborée. Il manque de nombreux outils complémentaires dans cet articel que l'on retrouve dans les livres de zizek qu'il vaut mieux lire in extenso pour mieux saisir la problématique qu'il soulève. L'article est plus une compilation un peu décousue de certaines de ces thèses classiques. L'objet même d'un sujet ou d'un événement n'est jamais là où il se trouve mais ailleurs (recours obligé à la psychanalyse). A partir du moment où on constate ce déplacement, quels sont les ressorts sociaux qui ont mené à ce décalage (analyse de la politique, l'homme est un animal politique, Aristote.). Puis qu'est-ce que le sujet en lui-même dans un monde postmoderne qui tire vers l'anti-humanisme et vit ce décalage comme un objet essentiel et constitutif de son monde (analyse philosophique du sujet) ?

Pour ma part, il essaye, tente de resituer le sujet dans un monde anti-humaniste par rapport à l'humanisme classique qui faisait du sujet l'élément central (Bien que je n'ai pas encore lu sa thèse sur descartes, je m'avance dans ce chemin là peut-être en me trompant).

Or le monde post-moderne ne peut pas vouloir l'humanisme tel qu'il est connu et présenté dans le monde classique parce qu'il renverrait à la notion d'inutilité. or l'inutilité est quelque chose de tout à fait impensable dans un monde qui se pense en terme d'utilité via le capitalisme et va jusqu'à penser l'ergonomie (le design) dans ce sens-là afin de rendre l'utilité instinctive, invisible et essentielle à l'humain comme partie intégrante à sa vie tout comme l'est la cognition (la capacité de connaître du système vivant).

Toutefois je ne suis pas certain que ce soit-là un débat pour actu chômage même s'il serait intéressant de le soulever.

Publié : 10 juin 2008
par Pili
...et pourquoi pas?!pas plus qu'un autre sujet

Et pour citer Louis Althuser : le marxisme n'a rien à voir avec l'humanisme...et la psychanalyse également n'a rien à voir avec l'humanisme :wink:

et comme Jean-Marc tu me sembles être un connaisseur de Zizek, je te livre ma modeste lecture de la subjectivité à venir de Zizek

Publié : 10 juin 2008
par romain23
Et pour citer Louis Althuser : le marxisme n'a rien à voir avec l'humanisme (quote Pili)

Question humanisme, n'oubliez pas qu'Althuser a étranglé sa femme et est mort à L'HP.sans doute expérimentait-il la psychanalyse sur le terrain! :lol:

Publié : 10 juin 2008
par Pili
...question de structure psychique :wink: et justement Althusser ne s'est jamais coltiné au divan...un des grand regret de Lacan...

et pour en revenir à l'article de Zizek,

"
.../...
Si on laissait Bill Gates s'assurer une position de monopole, nous nous retrouverions dans la situation absurde où un individu particulier posséderait littéralement la texture logicielle de notre principal réseau de communication. Nous prenons peu à peu conscience des potentiels destructeurs, pouvant aller jusqu'à l'auto-annihilation de l'humanité elle-même, qui se déchaîneraient si on laissait la logique capitaliste s'emparer de ces communs.

Ce besoin d'établir une organisation et un engagement politiques globaux capables de neutraliser et de canaliser les mécanismes du marché ne revient-il pas à adopter une perspective communiste ?
La référence aux "communs" justifie par conséquent la résurrection de la notion de communisme : elle nous permet de considérer la privatisation progressive des communs comme un processus de prolétarisation de ceux qui se trouvent ainsi exclus de leur propre substance.

Mais seule la contradiction entre inclus et exclus est véritablement à même de justifier le terme de communisme. A travers différentes sortes de bidonvilles, nous assistons dans le monde entier à la croissance rapide de populations échappant à tout contrôle étatique, vivant dans des conditions de semi-illégalité, et qui manquent de façon criante des formes minimales d'auto-organisation.

Bien que cette population soit composée de travailleurs marginalisés, de fonctionnaires licenciés et d'ex-paysans, ces derniers ne constituent pas pour autant un surplus inutile : ils sont intégrés par bien des aspects dans l'économie globale, puisque beaucoup d'entre eux travaillent comme salariés au noir ou entrepreneurs individuels, privés de toute espèce de couverture médicale ou sociale adéquate.

Il ne s'agit pas d'un accident malheureux, mais du résultat inévitable de la logique intime du capitalisme global. Un habitant des favelas de Rio de Janeiro ou d'un bidonville de Shanghaï n'est pas différent de l'individu qui vit dans une banlieue parisienne ou un ghetto de Chicago. La tâche essentielle du XXIe siècle sera de politiser - en les organisant et en les disciplinant - les "masses déstructurées" des bidonvilles.

Si nous ignorons ce problème des exclus, toutes les autres contradictions perdront de leur pertinence subversive. L'écologie se limitera à un problème de développement durable, la propriété intellectuelle à un problème juridique complexe, la biogénétique à une question éthique.

Bref, sans la contradiction entre inclus et exclus, nous pourrions fort bien nous retrouver dans un monde où Bill Gates bénéficierait de l'image d'un grand travailleur humanitaire luttant contre la pauvreté et les maladies, et Rupert Murdoch celle d'un champion de l'environnement capable de mobiliser des centaines de millions d'individus grâce à son empire médiatique.

Ce qui nous menace, c'est de nous voir réduits à des sujets cartésiens abstraits et vides, privés de tout contenu substantiel, dépossédés de notre substance symbolique, contraints de subir la manipulation de notre base génétique et de végéter dans un environnement invivable. Cette triple menace à l'égard de notre être tout entier fait de nous tous, d'une certaine façon, des prolétaires potentiels, et la seule façon de nous y opposer est d'agir de façon préventive.

La véritable utopie est de croire que le système global actuel peut se reproduire indéfiniment ; la seule façon d'être vraiment réaliste est d'envisager ce qui, au regard des critères de ce système, ne peut apparaître autrement qu'impossible. "

Publié : 10 juin 2008
par romain23
La tâche essentielle du XXIe siècle sera de politiser - en les organisant et en les disciplinant - les "masses déstructurées" des bidonvilles.(quote)

La question est aussi de savoir si "ces masses destructurées ont réellement envie d'etre politisées, et, si elles ne s'estiment pas satisfaites d'etre marginalisées et ne pas participer au capitalisme accélérée.qui les reduiraient à l'etat de robot!Reussir à survivre sur les "poubelles" du capitalisme, est peut_etre aussi un moyen de rester libre. Quand on essaie de consciensiser les gens, c'est souvent qu'on se " fait jeter".Il n'y a qu'à voir en période electorale , quand on se pointe dans les cités de la desespérance, les jeunes te disent "qu'ils vivent d'expédients mais qu'ils n'ont pas envie de se prendre la tete , qu'ils veulent rester comme cela.

N'oublie pas georges Orwell et 1984" l'esclavage c'est la liberté"

Publié : 10 juin 2008
par jean-marc
@ pili,

Je ne suis pas plus connaisseur que tu ne l'es de zizek. Il faut un bout de temps pour bien le comprendre et son humour aussi.


Sur l'histoire de B. Gates, de la situation des exclus/inclus.

Il est vrai que le retour aux biens communs est une des solutions et, elle nous rapproche d'une certaine forme de communisme. C'est pour cela qu'il est important de s'assurer que les attaques contre le domaine public soient défaites quand bien même la tendance naturelle du monde économique est de se sur-protéger d'abord via la propriété physique, puis vers le droit et l'ensemble des restrictions propres à notre monde. La solution des licences libres est une solution de demi-mesure selon moi qui tente de réconcilier deux impossibles (la communauté tout en préservant un droit moral et la possibilité d'interagir avec le mode économique actuel tout en étant gratuit) mais c'est une tentative très intéressante qu'il faut soutenir à tout prix tant elle est pourrait constituer une sorte d'objet unique dans l'histoire de notre monde.
a référence aux "communs" justifie par conséquent la résurrection de la notion de communisme : elle nous permet de considérer la privatisation progressive des communs comme un processus de prolétarisation de ceux qui se trouvent ainsi exclus de leur propre substance
Où la traduction est mal faite, où je ne comprends pas ce qu'il veut dire. le passage "la privatisation progressive des communs..." n'est pas clair en soi. Pour la simple raison que ce processus s'est produit avec l'émergence de la privatisation des biens communs (cf les fameuses enclosures anglaises, et la loi de septembre 1791 en france qui autorisait la fin des droits communautaires puisqu'ils remettaient en cause le droit de propriété et on sait parfaitement que ce processus a mis dehors littéralement les familles paysannes les plus pauvres lesquelles vivaient de glanage, chaumage, etc).
Il ne s'agit pas d'un accident malheureux, mais du résultat inévitable de la logique intime du capitalisme global.
Certes mais ce n'est pas uniquement dû au capitalisme global parce le capitalisme global est lui-même le résultat du même processus développé plusieurs siècles auparavant.
Si nous ignorons ce problème des exclus, toutes les autres contradictions perdront de leur pertinence subversive.
M'ouais mais il faut bien avoir conscience ce qu'il s'est déjà joué dans notre monde à la suite de la première mondialisation. Pourquoi de grands pays comme la chine, l'inde, la russie ont choisis des régimes politiques différents, à juste titre, basés sur le communisme ? Parce qu'ils ont été les victimes d'une première globalisation (mondialisation) de l'économie et en choisissant une telle voie de la mise en commun des biens enfin presque ils ont voulu montrer qu'un autre monde était possible...
Ce qui nous menace, c'est de nous voir réduits à des sujets cartésiens abstraits et vides, privés de tout contenu substantiel, dépossédés de notre substance symbolique, contraints de subir la manipulation de notre base génétique et de végéter dans un environnement invivable.
C'est bien là où il faudrait réactiver une certaine forme d'humanisme.
8) , de redéfinir quelle est la place de l'humain dans ce monde. Ce n'est pas refaire ce qui a été fait mais resituer l'humain par rapport au système vivant en général où c'est bien le système vivant (la plante, le caniche, le microbe, le poisson, l'humain) qui se situe à la place centrale.

Pour terminer
Et pour citer Louis Althuser : le marxisme n'a rien à voir avec l'humanisme...et la psychanalyse également n'a rien à voir avec l'humanisme
C'est bien dommage, je ne connais pas Althusser (je suis un hérétique :wink: par conséquent). Pour autant que je sache l'humanisme n'est ni une doctrine politique ni une pratique thérapeutique ; c'est une manière de "faire" (fabriquer) de l'humanité à partir des matériaux pré-existants (que ce soit la culture ou le monde naturel). La dérive aura été de faire croire que cette fabrication-là avait un but pratique, utile et rentable. (Je lis un livre sur le sujet en ce moment, je n'ai pas encore tout bien en tête).

Publié : 10 juin 2008
par tristesir
Si on laissait Bill Gates s'assurer une position de monopole, nous nous retrouverions dans la situation absurde où un individu particulier posséderait littéralement la texture logicielle de notre principal réseau de communication.
Tu peux enlever "si". Microsoft a bien une position de monopole.

Pire, quand tu achètes un ordinateur assemblé neuf, il est fourni avec...Windows, la plupart du temps.

Vas demander à ce qu'on te retire Windows de la machine, tu vas voir la tête du vendeur alors que pourtant je crois que c'est un droit du consommateur.

La tâche essentielle du XXIe siècle sera de politiser - en les organisant et en les disciplinant - les "masses déstructurées" des bidonvilles.
Une tâche ardue, la télévision a pour fonction principale de dépolitiser les gens et les politiques en tentant de parler aux gens dans des émissions tv d'amusement, se pliant aux us et coutumes de ces émissions, participent, à leur insu, à cette dépolitisation.

En ce moment, la coupe d'Europe de football est la bienvenue pour faire diversion et pour qu'on ne parle pas des choses importantes trop longtemps: Panem et circenses.

Slavoj Zizek dans Libé

Publié : 27 juin 2008
par superuser

Publié : 27 juin 2008
par tristesir
Slavoj Zizek fait référence à Alain Badiou

Ce philosophe français a écrit le livre:
« De quoi Sarkozy est-il le nom ? »
Voici un lien sur une note de lecture de ce livre.
Un extrait:

Pour Alain Badiou, cette intransigeance dans la volonté d’instaurer une justice sociale constitue la force motrice du projet démocratique pleinement élaboré. Par sa permanence, ses formes multiples (Révolutions, Commune de Paris, Communisme originaire, Front populaire, Résistance...) et sa longévité, il incarne la réalité historique de ce spectre qui hante l’Europe dont parlent Marx et Engels. La présence de ce spectre qui promet de renverser l’ordre ancien génère une réaction peureuse (et même panique) qui se solde finalement par ce compromis avec le tyran : « Faites tout ce que vous voulez, du moment que vous nous protégez du moindre risque de désordre » ; ce qui a pu se traduire, à une époque encore proche par un “bon mot” autrement plus glacial : « Hitler vaut mieux que le Front Populaire ». Alain Badiou note que par-delà la formule, on retrouve dans une telle demande une caractéristique constante et fondamentale du dispositif pétainiste : « la propagande selon laquelle, cristallisant et aggravant la crise morale, il s’est passé, il y a peu de temps, quelque chose de néfaste. C’est un point capital. La propagande pétainiste consiste largement à dire qu’à l’origine de la crise morale et du déclin, il y a un événement désastreux, toujours lié à des revendications populaires. Dans le cas des pétainistes de la Restauration, en 1815, c’était évidemment la Révolution, la Terreur, la décapitation du roi. Dans le cas du pétainisme de Pétain, ce désastre est le Front populaire. Le gouvernement Léon Blum, c’était quatre ans avant, et de même, surtout, les grandes grèves avec occupation des usines. Ces désordres inqualifiables avaient flanqué une trouille mémorable aux possédants de ce pays. Ils en tremblaient encore. Ils préféraient de loin les Allemands, les nazis, n’importe qui, au Front populaire. » (p. 111)