Page 1 sur 2

Les réformes mises en œuvre sont cohérentes et inégalitaire

Publié : 19 mai 2008
par carl
"
Les réformes mises en œuvre sont cohérentes et inégalitaires"



Le revenu de solidarité active (RSA) est censé garantir que tout retour au travail donne lieu à une augmentation de revenu. Pour financer ce projet de 13— milliards d'euros destiné à remplacer la plupart des minima sociaux (RMI, allocation de parent isolé, etc.), M. —Sarkozy veut redéployer notamment les fonds de la prime pour l'emploi (PPE), qui profite à 8,5 millions de ménages modestes. Patrick Savidan critique la politique de redistribution du gouvernement.


Nicolas Sarkozy a suscité une polémique en confirmant que le revenu de solidarité active (RSA) serait notamment financé par un redéploiement de la prime pour l'emploi (PPE). Qu'en pensez-vous ?

La proposition de financer le RSA en puisant dans les ressources de foyers dont les revenus restent modestes me paraît une faute politique assez sérieuse. Il faut la remettre en perspective par rapport au système de redistribution, de plus en plus polarisé. Ainsi, après transferts, le revenu annuel moyen des 20% de foyers les moins riches augmente de 40 %. Les 20 % les plus riches voient, eux, leurs revenus moyens diminuer de 22 %. Certains contribuent donc massivement au système de redistribution tandis que d'autres en bénéficient massivement.


Problème— : les ménages qui se situent entre ces deux tranches sont également des contributeurs nets. Ainsi, les 20 % des foyers qui se situent juste au-dessus des 20 % des plus défavorisés (1 130 euros par mois en moyenne) enregistrent, après transferts, une baisse de niveau de vie de 0,4 %. Le troisième quintile (1 541 euros en moyenne) voit son niveau de vie diminuer de 8,4 %. Dans le contexte économique actuel, la PPE représente pour bon nombre des foyers modestes qui la perçoivent un soutien important. Leur retirer serait un nouveau coup porté aux véritables classes moyennes. Cela va en tout cas accentuer la polarisation de notre système social.

Près d'un Français sur deux craint de basculer dans l'exclusion. Cette inquiétude vous paraît-elle justifiée ?

Il faut distinguer deux notions— : le déclassement (le fait qu'un individu réussisse moins bien que ses parents) et le descenseur social (un individu qui, à l'échelle de sa propre vie, bascule dans une situation plus défavorable qu'avant). Ces deux réalités alimentent un sentiment d'anxiété fort. Ce dernier est en partie exagéré, mais il renvoie à une vulnérabilité plus grande qui, elle, est bien réelle. Ce qui tend à la généraliser, c'est la diffusion d'un type d'emploi qui ne protège pas de la pauvreté, qui ne donne pas aux gens les marges de manœuvre dont ils ont besoin pour faire face aux coups du sort (perte d'emploi, maladie, divorce…).

Que pensez-vous de l'obligation qui va être faite aux chômeurs d'accepter toute offre raisonnable d'emploi ?


Cela relève d'un schéma mental qui consiste à rechercher la faute toujours du côté de celui qu'on appelle la personne démunie ou hors emploi. Il y a une présomption d'"assistanat", de paresse et de culpabilité qui pèse sur tous les individus qui, à un moment, ont besoin, un peu plus que les autres, du soutien de la collectivité. Comme si les gens organisaient volontairement leur inemployabilité. C'est infondé statistiquement et ça ne correspond à rien de ce que les études qualitatives peuvent montrer. Il peut y avoir ponctuellement des abus. Mais il ne s'agit pas de fonder une politique sur les cas marginaux.

Le discours qui vilipende les fraudeurs et les assistés est une manière de ne pas s'occuper du vrai problème. Le vrai problème, c'est que les emplois qui sont produits ne sortent pas les gens de la pauvreté, pour une part trop importante. Et de ce point de vue, il n'est pas évident que le RSA soit une solution car il pourrait contribuer à maintenir une certaine pression sur les bas salaires— : pour des employeurs mal intentionnés, le RSA pourrait se substituer à la part des salaires qu'ils se dispensent de verser.

Les réformes mises en œuvre sont-elles cohérentes avec les discours ?

Les réformes sont cohérentes et inégalitaires. Nombre de mesures mises en œuvre avaient été annoncées. En revanche, pendant la campagne, Nicolas Sarkozy a pris une posture laissant entendre que les plus vulnérables, les travailleurs, ceux qui se lèvent tôt et en bavent, avaient grand intérêt à ce qu'il soit élu. La seule lecture de son programme le démentait. La suite l'a confirmé. Le "paquet fiscal" voté en août —2007 a surtout eu pour effet de soustraire encore davantage à l'impôt les foyers les plus privilégiés (réforme des successions, bouclier fiscal, régime des donations) et a privé la collectivité de ressources fiscales importantes. Au contraire, certaines mesures défavorisent les plus modestes et les vraies classes moyennes (par exemple, les franchises médicales ou la réforme à venir des seuils de majoration des allocations familiales).

En même temps, certains reprochent à Nicolas Sarkozy de jouer la rigueur sans le dire, je crois que de ce point de vue, il y a beaucoup d'hypocrisie. Il est légitime qu'un responsable politique ajuste ses propositions en fonction du contexte économique. Une fois dit cela, il faut être attentif aux choix faits et qui sont, pour une part, entrés dans la définition des contraintes budgétaires. Et l'on peut également critiquer la manière injuste de gérer ces contraintes.

Iriez-vous jusqu'à dire que ces réformes menacent la cohésion sociale ?


Non, c'est une accusation trop grave. La cohésion sociale n'a besoin de personne pour se dégrader. Ce sont les circonstances et certaines dynamiques économiques et sociales qui la délitent. Ce dont nous avons besoin en revanche, c'est d'un gouvernement qui lutte activement contre les processus de"décohésion sociale" en cours.


--------------------------------------------------------------------------------
Patrick Savidan a publié Repenser l'égalité des chances (Grasset, oct. 2007) Le site de l'Observatoire des inégalités : www.inegalites
.fr

Source : Le monde.fr

Publié : 19 mai 2008
par tristesir
Ainsi, après transferts, le revenu annuel moyen des 20% de foyers les moins riches augmente de 40 %. Les 20 % les plus riches voient, eux, leurs revenus moyens diminuer de 22 %.
Je reste dubitatif, cela demanderait des explications/références.

Publié : 19 mai 2008
par maguy
Le revenu de solidarité active (RSA) est censé garantir que tout retour au travail donne lieu à une augmentation de revenu
J'avais compris au contraire que le but du RSA n'était pas d'augmenter les revenus, mais d'empêcher de perdre par rapport aux indemnités de chômage, heuuuu :?

Certains chômeurs qui avaient un bon salaire, mais qui avaient cotisé en proportion, ont intérêt dans un premier temps à choisir une opportunité valable et ne pas prendre n'importe quoi pour le fun ou la vie sociétale, avec le "je bosse, moâ, je gagne moins qu'au chômage mais je ne suis pas à votre charge, je suis un mec courageux, etc".

Comme d'habitude, ils alignent sur le bas, n'importe quel boulot à temps partiel va dépasser de quelques euros le RMI ou l'ASS.

Donc, ceux qui auront vécu à la portion congrue pendant des mois ou des années et espéraient le coup de pouce de 1000€ qui permettaient non pas des agapes, mais ne serait-ce que rhabiller les enfants ou changer la machine à laver, va être redistribué, non plus aux pauvres, mais aux miséreux :evil:

Vivivi, la division de l'opinion va continuer, dég...asse :evil:

Publié : 19 mai 2008
par ledesa
Et surtout ne pas perdre de vue que tous ces salaires de "merde" que l'on va vous obliger à accepter....................... vous allez les retrouver dans le montant votre hypothétique retraite !!! :roll: :roll: :roll: :twisted:

Déjà que c'était la misère aujourd'hui................ça promet pour l'avenir !!!

Alors tous dans la rue, jeunes et moins jeunes car ce gouvernement va nous réduire à l'état de loqueux et de mendiants !

Publié : 19 mai 2008
par tristesir
Aujourd'hui, sur France-Info, il y avait un reportage sur ces salariés pauvres qui font les poubelles de supermarchés pour récupérer de la nourriture.
(les gérants mettent souvent de l'eau de javel pour les dissuader de le faire)

Publié : 20 mai 2008
par zoée
Bonsoir,

Je ne suis pas d'accord avec le titre du poste, je dirais : Les réformes sont INCOHERENTES et inégalitaires.
Mais si c'est la cohérence du président, on comprend mieux le manque de cohésion de ses directives !

Publié : 20 mai 2008
par romain23
Aujourd'hui, sur France-Info, il y avait un reportage sur ces salariés pauvres qui font les poubelles de supermarchés pour récupérer de la nourriture.
(les gérants mettent souvent de l'eau de javel pour les dissuader de le faire)


ET moi, je reçois des lettres anonymes intitulées en bas de page:
Tous est bon pour ne pas travailler
grosse faignasse. des menages payants .
Bougez (et cela vient des environs de Sainte gabelle dans le 31. Byzarre!)

A mon avis, en dehors du niveau particulierement bas, de ce genre d'écriture, je crois qu'il y a aussi une sacré dose de jalousie.

Bon, ce qui est plus grave, c'est que je crains que l'on soit revenu à une époque ou la delation a envoyé un bon nombre d'individus dans les camps. c'est cela qui est inquiétant plus que la betise de telles lettres.

Nous sommes rentrés dans l'ere de l'anti pauvre.

Publié : 21 mai 2008
par romain23
Pendant les 3 premiers mois de recherche, le demandeur d'emploi sera tenu d'accepter tout emploi rémunéré à hauteur de son salaire antérieur. Entre 3 et 6 mois, il devra accepter une baisse de salaire de 5% au maximum. Au bout de 6 mois, il pourra être contraint d'accepter une baisse de salaire de 15% (le gouvernement avait envisagé une réduction de 30%, puis de 20%, avant de revenir à une version plus acceptable pour les syndicats).

Le projet de loi ne fait en aucun cas de distinction entre le CDI et les autres formes de contrat. Un CDD ou une mission d'intérim seraient jugés tout aussi valables qu'un contrat durable.

Au bout d'un an, les conditions d'indemnisation seront nettement plus restrictives : tout emploi rémunéré à hauteur du revenu de remplacement sera jugé acceptable. Pour les personnes indemnisées par l'Unedic, dans le cas le plus courant, cela correspondra à 57,4% de leur salaire brut antérieur. Pour les titulaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS), en revanche, le niveau de salaire requis ne dépasserait pas 14,74 € par jour ! Cela reste l'un des principaux points de blocage avec les syndicats.


Pour les titulaires de l'allocation spécifique de solidarité (ASS), en revanche, le niveau de salaire requis ne dépasserait pas 14,74 € par jour ! Cela reste l'un des principaux points de blocage avec les syndicats.




DONC cela veut que dire que les beneficiaires de l'ASS vont aller travailler pour 14, 74 € par jour? J'espère que j'ai mal lu et mal compris!
Déjà que l'on arrive à peine à survivre avec cela sans les frais ( essence, habillement, repas etc...) lié au travail, alors là c'est meme plus la peine, autant que j'aille mendier devant Carr.......

Dans les années 80 on disait que le patronat fabriquait le chomage pour préparer une main d'oeuvre gratuite et corvéable à merci.Eh bien, voilà c'est fait.! :cry:

Publié : 21 mai 2008
par tristesir
ET moi, je reçois des lettres anonymes intitulées en bas de page:
Tous est bon pour ne pas travailler
Ne laisse pas passer. Dépôt de plainte si possible ou "main courante" autrement, si ce n'est déjà fait.

Publié : 21 mai 2008
par superuser
Travailler pour 14,74 € par jour, c'est illégal. Nous ne sommes pas en Allemagne et nous avons un salaire minimum.

Publié : 21 mai 2008
par diety
Sauf si c'est un temps très partiel :?

Je pense que c'est ce qu'ils veulent nous faire accepter. 55 heures par mois payées au Smic, ça fait approximativement un ASS. Et 14 mois plus tard on n'a plus droit au ASS. Un de moins...

Publié : 21 mai 2008
par lupita83
Nous ne sommes pas en Allemagne et nous avons un salaire minimum.
J'ai peur que les jours du salaire minimum ne soient comptés...:?
Il s'agit de la dernière barrière à faire tomber pour que les "puissants" aillent jusqu'au bout des plans délirants qu'ils nous ont concocté :(

Publié : 21 mai 2008
par tristesir
Dans la rhétorique de Sarkozy, l'homme n'est bon qu'à travailler. Tout le reste est superflu et inutile par conséquent. Donc avec cette idéologie, quand vous voulez apprécier votre salaire horaire il faut procéder de la sorte:

salaire total reçu dans un mois divisé par 4x35 et vous avez votre salaire horaire 8)

Le temps que vous n'avez pas travaillé, selon cette idéologie, est du temps perdu, aussi bien pour vous que pour la production 8)

Et compté de la sorte, il est parfaitement possible d'avoir un salaire horaire très inférieur au SMIC.

Publié : 22 mai 2008
par St-Dumortier
Bonjour,

J'ai peur que les jours du salaire minimum ne soient comptés...
Il s'agit de la dernière barrière à faire tomber pour que les "puissants" aillent jusqu'au bout des plans délirants qu'ils nous ont concocté


Cette barrière tombera toute seule dès que les employeurs auront la possibbilité de recruter des "obligés".
Cette chasse au chômeur est un leurre.
Ce sont les salaires et le smic qui sont visés.
dans un an (obligation d'accepter un revenu moindre) nous allons assister à un revirement des embauches vers les plus "eloignés" de l'emploi.
Le pire ?
C'est que le gouvernement va s'en féliciter à chauds titres de presse et que passera l'idée d'une bonne mesure.
Personne ne se souciera des licenciements du moment,
sonnant inéluctablement le glas des salaires décents.


Avec ce projet de loi,
la barrrière du smic tombera, mécaniquement.

Publié : 22 mai 2008
par maguy
Oui, je crois volontiers que c'est le SMIC et les 35 heures qui sont visés.
Je ne suis pas d'accord avec le titre du poste, je dirais : Les réformes sont INCOHERENTES et inégalitaires
Zoée, on a l'impression qu'il navigue à vue alors qu'il n'est que l'homme de paille du merdef. Il prépare l'opinion en s'appuyant sur des poncifs déjà largement utilisés dans l'histoire, son con-seillère lui emballe et hop :evil:

Car il y a encore en France plus de travailleurs malheureux que de sans-emploi. On les flatte dans le sens du poil (CONTRE les sans-papiers, emplois) et on les renvoie à la niche.

Il y a cohérence et en un an, il a réveillé des choses pas très belles ni inavouables dans l'opinion :evil: