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Couvrir la France d'hypermarchés ?

Publié : 28 avr. 2008
par maguy
Laureen Ortiz – Libération - lundi 28 avril 2008

Le gouvernement espère faire baisser les prix en libéralisant le secteur.

Faut-il y voir un aveu d’impuissance ? Le gouvernement a en tout cas choisi de donner les pleins pouvoirs à la grande distribution pour tenter de sauver le pouvoir d’achat des Français.

Liberté accrue de s’implanter et liberté de négocier les tarifs avec les fournisseurs sont au menu de la loi de modernisation de l’économie, présentée aujourd’hui au Conseil des ministres par Christine Lagarde, ministre de l’Economie. Objectif affiché : la baisse des prix, notamment dans l'alimentaire.

Ecueils. Attaquée au nom du droit communautaire, la première proposition - une plus grande liberté d’établissement - vise à refondre la loi Raffarin de 1996, qui cristallise de nombreuses critiques à l’heure des hausses de prix tous azimuts. Cette loi, qui restreint l’implantation des surfaces de plus de 300 m2 en exigeant une autorisation spéciale, prétendait protéger les petits commerçants.

Au lieu de ça, elle a surtout empêché le développement du hard discount en France. En 2006, celui-ci ne détient que 13% du marché hexagonal, contre 35% en Belgique, 40% en Allemagne et 50% en Norvège, soulignent les économistes Philippe Askenazy et Katia Weidenfeld (1).

Deuxième écueil : elle a favorisé la toute puissance locale des enseignes. Une enquête de l’UFC-Que choisir a révélé récemment que seuls 27% des zones de chalandise étaient en vraie situation de concurrence. Résultat : au sein d’un même groupe, les écarts de prix vont de 5 à 20% d’un magasin à l’autre. Et les prix en France ont navigué au-dessus de la moyenne européenne jusqu’en 2006.

Bien plus décriée est la possibilité donnée aux hypers de négocier librement les tarifs avec leurs fournisseurs, réclamée avec fracas par les publicités de Michel-Edouard Leclerc. «Négocier oui, mais jamais sans contreparties», rétorquent des industriels. C’est là que le bât blesse. Lors des négociations en vue de la loi, les industriels, notamment ceux de l’agroalimentaire, avaient «évolué sur [leurs] positions», soulignait alors Nathalie Roos, pdg de Mars France, en acceptant le principe de négociabilité des tarifs, car avaient été promises des contreparties vérifiables (par exemple s’engager sur un volume d’achat, sur une diffusion plus large de produits…).

L’accord scellé le 26 mars à Bercy avec Christine Lagarde et Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la Consommation, entérine ce donnant donnant.


Ristournes. Et puis pouf, tour de magie, ou plutôt, rôle très influent du patron de Leclerc, selon des sources proches du dossier, la ligne concernant ces fameuses contreparties disparaît du projet de loi. «Les déclarations de Sarkozy jeudi soir [qui a dit vouloir «mettre la pression» aux fournisseurs, ndlr] confirment que c’est bien lui qui est à l’origine de cette modification de dernière minute», estime Olivier Desforges, le réprésentant des industriels. Bruno Luisetti, à la tête de Kraftfood France, renchérit : «On s’était mis d’accord sur une négociation équilibrée. Maintenant, on devrait donner de l’argent contre rien ? La distribution pourra fixer son prix d’achat, son prix de vente, et au final les marges de tout le monde.»

L’ensemble des fournisseurs - industriels de l’Ania et de l’Ilec, mais aussi CGPME, agriculteurs de la FNSEA… - ont exprimé leur inquiétude en lançant vendredi une pétition. Ils craignent la «suppression de milliers d’emplois». Et affirment que l’application de la loi Chatel, votée en décembre, qui permet de rétrocéder aux consommateurs les ristournes obtenues par les enseignes (les marges arrières), devrait dores et déjà permettre aux distributeurs de baisser leurs prix.

En tous cas, la bataille parlementaire s’annonce rude. Et c’est encore une fois la droite, écartelée entre sa défense du petit commerce et son obsession de répondre à l’angoisse des Français, qui risque de se déchirer. Le gouvernement a pris les devants en prévoyant, dans sa loi, quelques mesures de soutien au commerce de centre ville. Pas sûr que cela soit suffisant pour éviter un nouveau ... couac.

1) 27questions d’économie contemporaine de Daniel Cohen et Philippe Askenazy, Albin Michel


source

De plus, qui dit hypermarchés, dit forcément excentrés des villes, avec le prix de l'essence, je me demande comment vont faire les gens sans voiture ou trop âgées pour prendre le bus et revenir chargées :roll:

On voudrait nous faire croire que ce sont les fournisseurs les fautifs alors qu'on sait pertinemment qu'ils négocient férocement les prix, les délais, les quantités, sinon les produits sont déréférencés :evil: pour ça, ils ont de jeunes loups qui affûtent leurs crocs !

Je connais le monde des équipementiers automobiles, ce sont les clients qui fixent le prix, jamais le contraire !

Ils vont se mettre à dos les petits commerçants maintenant qui pourtant devaient bien voter à droite :P

Publié : 28 avr. 2008
par tristesir
Ils veulent couvrir le territoire de supermarchés <<hard discount>>.

Mais quel est le pourcentage de produits français dans un LIDL? 8)

Afin de contrebalancer la baisse prochaine des salaires !

Publié : 29 avr. 2008
par serenity
Le SMIC vit ses dernières années et demain les contrats de travail seront pour la plupart à temps partiel autour de 30 h hebdo saupoudrés de prime d'interessement permettant d'atteindre difficilement les 1.000 € nets.

Emailler le territoire national d'enseignes hard-discount ne sert pas à permettre la concurrence mais bien à combler le manque de pouvoir d'achat patent du à l'égoïsme forcené des employeurs et aux miettes qu'ils versent et verseront demain à leurs employés.

Ouvrir le marché de manière importante au hard-discount a une fonction de paix sociale. La plupart des personnes y verront une volonté de penser aux "petites gens" ayant du mal de boucler leurs fins de mois alors qu'en l'espèce le gouvernement ne pensent qu'à combler la perte de pouvoir d'achat dûe à la baisse prochaine des salaires. CQFD.

Malheureusement, peu de français le savent.

Cette percée prochaine du hard-discount sur le territoire est un très mauvais signe quant au niveau de salaire à venir dans la grande distribution.

Serenity.

Publié : 29 avr. 2008
par superuser

Publié : 29 avr. 2008
par maguy
Ce que je me demande est s'il s'agit d'une carte de paiement, vous savez celles qui vous font payer 19% de plus chaque achat, ou d'une carte de fidélité qui cumulent les points, mais dans ce cas ils l'ont comment leur capital, les banques ? :roll:

Il faut reconnaitre que la plupart des Allemands préfèrent toujours payer en liquide ou quand ce n'est pas possible, à distance par exemple, par virement.

De plus, si c'est la carte fidélité, les questions sont plus que personnelles, je suppose qu'ils revendent leurs fichiers pour des prospections autres.

Publié : 30 avr. 2008
par St-Dumortier
Bonjour,

Pour chaque achat de 100 euros réglé avec la carte, le client épargne 50 centimes, versés sur un produit de placement. ....

A l'ASS, je dispose de maxi 200 € mensuels
(et encore, pas toujours en été et rarement en hiver.)
soit une épargne de 1 € mesnsuel et de 12 € annuel.

inconvénient : le client doit verser une cotisation mensuelle d’au moins 19,90 euros pour bénéficier de la prestation.

:roll: :roll: :roll:
De toute façon, quand j'achète une banane, c'est pour la manger non ?
Là, je sais pas pourquoi ... mais,
j'ai l'impression qu'ils n'ont pas la même optique que moi
en matière de banane !

:D

Publié : 30 avr. 2008
par romain23
j'ai l'impression qu'ils n'ont pas la même optique que moi
en matière de banane ! (quote st dumortier)

Non seulement on glisse sur leurs peaux de banane , mais de surcroit on va payer pour s'empoisonner avec! et fidelité de surcroit pour le poison. :cry: