Page 1 sur 1

Vocabulaire sarkozyste

Publié : 20 avr. 2008
par maguy
Puisqu'on parle de la nov'langue, je vous fais profiter d'un article de mon volatile préféré (le Canard enchainé de cette semaine)

Pour lancer une attaque en règle contre les dépenses sociales, le Code du travail, virer les fonctionnaires par dizaines de milliers tout en laissant les foules vaquer à leurs affaires quotidiennes, il faut du doigté, une force de persuasion d'arracheur de dents. Bref : un vocabulaire soigneusement étudié. Depuis quelques semaines, on entend fleurir de nouvelles expressions spoétiques dans la bouche de nos gouvernants. C'est un vrai festival, un feu d'artifice d'une merveilleuse inventivité. Apprenons à parler la nouvelle sarkolangue :

Ne dites pas : on va tailler le budget dans le lard

Dites : nous allons engager une "révision générale des politiques publiques" fillon"

Ne dites pas : on va supprimer la carte famille nombreuse.

Dites : nous demandons à la SNCF de "proposer des produits commerciaux pour les familles " (morano)

Ne dites pas : fermons des hôpitaux.

Dites : voila "le ferment de la renaissance de l'hôpital public" (sarkozy)

Ne dites pas : le RSA (revenu de solidarité active) va être réduit en chair à pâté

Dites : il "sera calibré en fonction des disponibilités financières qui sont les nôtres" (sarkozy)

Ne dites pas : je m'en vais dégraisser le mammouth de la Défense et supprimer 42.000 emplois

Dites : il faut engager "la clarification de la gouvernance" (morin)

Ne dites pas : banzaï, ca va cogner

Dites : "la réforme est un art d'exécution" (sarkozy)

Ne dites pas : rigueur. Dites : réforme

Ne dites pas : supprimer. Dites : moderniser

Ne dites pas : vous êtes viré. Dites : vous devez vous adapter

Ne dites pas : il faut tout caser. Dites : il faut restructurer

Sarko a vraiment changé, même le vocabulaire"

J.L.P.

Publié : 20 avr. 2008
par St-Dumortier
Bonjour,

Tiens z'ont oublié :
Ne dites pas : racketter
Dites : Faire un procés à un éditeur, pour violation du droit d'auteur.

:D

Publié : 23 avr. 2008
par Contemplatif
Pour ceux que ça peut intéresser (je subodore qu'il doit s’en trouver quelques uns :lol: ), voici un petit extrait d’un livre, « les mots de Nicolas Sarkozy », écrit par 2 linguistes, Louis Jean Calvet et Jean Véronis, qui passent à la moulinette informatique les discours de campagne de Nicolas Sarkozy. De plus larges extraits sont disponibles sur le site Bakchich.

Et pour ceux qui sont intéressés par ce genre d’analyses, il y a aussi celles de Damon Mayaffre qui analyse les discours de Chirac, père politique de l’actuel locataire de l’Elysée ici.

Les mots qui ont fait gagner Sarkozy (I)

Si les discours de campagne du candidat de l’UMP à la présidence de la République ont convaincu une majorité de Français, c’est parce qu’ils obéissent à des règles de construction bien précises. Un livre, « Les mots de Nicolas Sarkozy », dévoile les secrets de cette rhétorique de la victoire. En exclusivité, « Bakchich » vous livre les bonnes feuilles de cet ouvrage éclairant.
C’est d’abord un livre utile. Parce qu’après avoir refermé Les mots de Nicolas Sarkozy (Seuil, sortie le 6 mars), on n’écoutera jamais plus un homme politique de la même façon. À commencer par le chef de l’État. Les auteurs, Louis Jean Calvet et Jean Véronis, tous deux linguistes, se sont livrés au patient décryptage des discours (300 !) prononcés par l’ancien candidat de l’UMP, tout au long de la campagne présidentielle. Un travail dont le résultat est à la fois étonnamment facile à lire et singulièrement instructif. À tel point qu’on peut se demander si, à leur corps défendant, les auteurs n’ont pas écrit là le parfait manuel de rhétorique pour les futurs candidats à l’Élysée. Cynisme et rouerie recommandés cependant.
Les techniques, les pièges, les ruses sont inventoriées. Pour la première fois, on comprend vraiment pourquoi et comment les mots de Nicolas Sarkozy ont fait mouche. Des phrases courtes, des répétitions jusqu’à plus soif, des marqueurs qui instaurent une fausse connivence, un vocabulaire appauvri à dessein…
Et puis le contenu. Une vampirisation systématique du discours des adversaires. Aux socialistes, on dérobe le travail et les travailleurs, au centre l’humanisme, à l’extrême-gauche et à l’extrême-droite, l’anticapitalisme… On réécrit l’histoire, on se pose en victime, on dénonce la pensée unique… Autant d’impressions sinon d’intuitions que les uns où les autres ont pu ressentir à un moment de la campagne. Sans jamais vraiment parvenir à les étayer.
premier article

Les mots qui ont fait gagner Sarkozy (II)
second article

Les mots qui ont fait gagner Sarkozy (III)
troisième article