L'Emploi et le Chômage en Débats

Site que je viens de découvrir sur facebook :
J'arrete de travailler, je boycotte ce systeme jusqu'a sa disparition

J'ai pris aussi cette décision puisque quand je dis 59 ans (en recherche d'emploi) on me regarde moins plaisamment qu'une antiquité ! (tout en pensant que j'en suis une). Je fais partie des personnes devant aller jusqu'à 67 ans mais officiellement j'ai décidé que je prends ma retraite et officieusement avec polpopl !!!

La question que je me pose : Arreter de travailler ET toucher des allocations chomage, est-ce boycotter le systeme, ou juste les aspects du systeme qui ne nous conviennent pas ? Je dirais plutot : J'arrete de travailler, je suis plus heureux a rester chez moi..

La disparition du système n'est pas pour demain.

La moitié de la planète est en plein boom économique. Les chanceux qui ont la possibilité de voyager le constatent.

Les problèmes de la France (et de l'Europe en général) ne concernent pas - AUJOURD'HUI - le reste de la population mondiale.

La Turquie est à 7% de croissance annuelle. Le Viêtnam à 12%. Le Brésil à 8%… De nombreux pays d'Afrique sont à +5%.

Contrairement aux idées reçues, des millions d'individus sortent - chaque année - du sous-développement.

Bien évidemment, des centaines de millions d'autres vivent toujours dans des conditions déplorables.

Cependant, la misère est aujourd'hui essentiellement liée à la croissance démographique qui reste exponentielle dans certains pays. Les progrès économiques ne permettent pas de satisfaire les besoins d'une population grandissante.

Exemple : le Cambodge qui, après le génocide Khmer, est passé de 8 millions d'habitants en 1975 à 6 millions en 1979 (2 millions de morts en 4 ans).

Le Cambodge compte aujourd'hui 16 millions d'habitants. Entre 1980 et 2012, sa population a presque triplé.

Le Viêtnam compte 90 millions d'habitants. Les Vietnamiens seront 120 millions dans 30 ans. Près de 50% de croissance démographique d'ici 2040.

On assiste aujourd'hui a une "redistribution des cartes". Les "grandes puissances" (dont fait encore partie la France… plus pour longtemps) doivent partager le "gâteau" de la croissance et des richesses avec les pays émergents… qui ne se résument pas à la Chine, à l'Inde ou au Brésil, mais à la quasi totalité des pays de planète.

C'est le système des vases communicants. Nous nous sommes enrichis sur le dos des pays colonisés. C'est à leur tour de s'enrichir. Et comme la richesse est - forcément - limitée, nous devons la partager.

Donc la "disparition du système" passe, dans l'immédiat, par la disparition de nos acquis et de notre train de vie.

Boycotter ce système ne fera qu'accélérer le processus. Et les autres (partout dans le monde) se réjouissent de notre résignation.

+++++

Juste pour finir, à titre d'exemple : Qui est le leader mondial de l'énergie solaire (cellules photovoltaïques et autres technos innovantes) ?

La Chine (13 des 15 plus grandes entreprises mondiales spécialisées dans ce domaine sont chinoises). CQFD

La moitié de la planète est en plein boom économique.

Au lieu de crever de faim 12 mois, les gens crèvent de faim 6 mois et les autres 6 mois ils ont le droit de faire les poubelles des riches?

Les capitalistes sont plus partageux hors de France?

Quand j'écoute mes amis salariés me raconter leurs galères au boulot (conflits avec des petits chefs, bêtise et/ou lâcheté des collègues, pressions — on fait le boulot de 2 pour un même salaire qui n'est plus revalorisé, on vous agite sans cesse la prochaine fermeture de la boîte — c'est ce qu'on appelle "la précarité subjective"…),
quand je lis le contenu (le charabia) des offres d'emploi et le salaire qu'elles proposent (quand elles le mentionnent…),
je me dis que oui : je suis mieux au chômage, même à l'ASS,
parce que si je bossais pour un salaire de misère à me faire emmerder par un petit chef à la con et à supporter des collègues décérébrés, non seulement je ne m'en sortirai pas mieux financièrement mais en prime je serai totalement déprimée, et, surtout, je n'aurais plus tout ce temps précieux dont je dispose.

Pour moi, l'affaire est entendue. Arrêter de travailler et toucher l'ASS, c'est à la fois boycotter le système et faire payer l'Etat pour sa complicité avec ce système. C'est aussi être plus heureuse.

Je partage completement ton point de vue Sophie, tous mes efforts actuels, tous mes projets consistent a me preparer a vivre sans avoir a retourner dans une boite en tant que salarie -meme si jai eu de la chance car je n'ai jamais connu de conflits importants- et a ne pas dependre de l'etat non plus, qui sera de moins en moins tendre avec les chomeurs.

Je ne demande qu'une chose : Qu'on me foute la paix et qu'on me laisse finir ma vie chez moi comme je la vis aujourd'hui...

Pour rebondir que ce qu'a écrit Sophie/SuperUser.

Très beau tout ça… Sauf que les allocations, même au minima, pourraient un jour disparaître.

Avec l'ARE, l'ASS, le rSa… le "système", comme vous dites, achète la "paix sociale". Plutôt que d'envoyer l'armée pour mater les hordes de nécessiteux en colère, il verse à chacun de quoi ne pas crever de faim.

Demain, le "système" pourrait très bien adopter la stratégie inverse pour préserver ses intérêts. Et là, ça "rigole" moins !

On ne s'affranchit pas d'un "système" quand on vit de ses subsides.

On s'affranchit du système quand on a une baraque à la campagne, du bois pour se chauffer, une source pour s'abreuver et suffisamment de terrain pour produire de quoi manger. Bref, quand on peut vivre en autarcie… Et encore !

Demain, le "système" décide de différer de 60 ou 90 jours le versement des allocations, et on est tous dans la merde grave, tous à la rue !

Donc "faisez" gaffe aux grands discours d'affranchissement du travail, du système, de la hiérarchie et des cons.

Notre vie ne tient - souvent - qu'à 400 euros par mois… qu'on peut nous retirer du jour au lendemain.

Yves a écrit :Avec l'ARE, l'ASS, le rSa… le "système", comme vous dites, achète la "paix sociale".
(...) Demain, le "système" pourrait très bien adopter la stratégie inverse pour préserver ses intérêts.

Quelque part, tu te contredis...
Si le "système" cesse d'acheter la "paix sociale", il saborde ses intérêts.
Si on coupe massivement les vivres aux "inutiles", soit ils vont se révolter, soit ils vont s'organiser dans la survie :

Yves a écrit :On s'affranchit du système quand on a une baraque à la campagne, du bois pour se chauffer, une source pour s'abreuver et suffisamment de terrain pour produire de quoi manger. Bref, quand on peut vivre en autarcie… Et encore !

C'est ce que de plus en plus de gens se mettent à faire collectivement, que ce soit de manière discrète et silencieuse (du type évoqué dans L'insurrection qui vient) ou alors plus officielle (je pense aux Oasis de Pierre Rabhi ou aux initiatives potagères à Detroit, aux Etats-Unis, voire aux occupations de terres par les Andalous).

Yves a écrit :Donc "faisez" gaffe aux grands discours d'affranchissement du travail, du système, de la hiérarchie et des cons.

C'est plutôt eux qui devraient faire gaffe au nombre croissant de gens qui décident de sortir de leur système de merde.
Ils sont une poignée, nous sommes des millions.

Demain, le "système" pourrait très bien adopter la stratégie inverse pour préserver ses intérêts. Et là, ça "rigole" moins !

C'est fort possible.
C'est ma hantise: d'être trop vieux pour monter sur une barricade le jour où les capitalistes se sentiront assez forts pour liquider physiquement ceux qui ne leur procurent pas de profits par leur travail...

tristesir a écrit :C'est fort possible.

Je n'y crois pas une seconde.

Certes, on coupe les vivres ponctuellement à certaines personnes (radiations abusives de PE et autres sanctions de la CAF) grâce au durcissement des règles, et les victimes de ces mauvais traitements doivent se battre pour faire rétablir leurs droits (certaines y parviennent).
Certes, l'UMP songeait à fusionner l'ASS et le RSA.
Mais jamais un gouvernement n'osera supprimer de but en blanc les minima sociaux. C'est beaucoup trop risqué.

Alors là… Rien n'est moins sûr.  

Si les intérêts du "système" sont de créer des tensions pour imposer un régime autoritaire (donc militaire), voire de "liquider" une partie de la population (ou, plus probablement, de la soumettre), il n'hésitera pas une seconde.

Aujourd'hui, nous n'y sommes pas, c'est vrai. Nous en sommes même très loin. Cependant, tout est possible dans un monde ou un pays qui vacille…

L'austérité va se traduire par des restrictions drastiques des aides sociales à un moment ou un autre. Peut-être pas sous Hollande. Mais si la conjoncture économique européenne continue à se dégrader, ce qui est l'hypothèse la plus probable, faute de recettes, des coupes franches seront opérées.

Chez les riches ? Ils auront tous foutu le camp d'ici-là.

Chez les classes moyennes ? Improbable. Ce sont elles qui votent et qui sont, aujourd'hui encore, les plus nombreuses. Même si elles passeront à la casserole de l'austérité.

Chez les pauvres ? C'est une évidence. Ce sont les plus vulnérables, les moins organisés, les plus fragiles… et les plus divisés finalement entre pauvres, moyennement pauvres et extrêmement pauvres.

Cette équation est dans les cartons depuis longtemps.

D'ailleurs nous savons ici que le chômage et la précarité sont, depuis toujours, le champ de toutes les "expérimentations sociales ou anti-sociales".

Donc, si demain une population doit trinquer sévère, c'est celle-là qui sera en première ligne.

À terme, les minima sociaux ne sont pas garantis, tout comme l'assurance-chômage telle que nous la connaissons.

C'est pas grave !

D'ici à ce que cela arrive et qu'on sorte les piques et les fourches ou qu'on se tire tous à la campagne faire pousser nos patates et élever nos poules, on continuera à vivre du chômage et des minima.
Parce que de toutes façons du boulot, il n'y en a plus.
Parce qu'il y a 70 millions de chômeurs en plus sur terre depuis 2008 : 30 millions qui continuent bravement de chercher, et 40 millions qui, eux, ne cherchent plus.

S'ils veulent nous tuer, qu'ils le fassent. Moi, j'ai pas peur.

Assez d'accord avec Sophie.

Je ne les imagine pas supprimer les minima sociaux du jour au lendemain, ils procéderont pas couche chez les nouveaux arrivants sans doute.

Si le "système" cesse d'acheter la "paix sociale", il saborde ses intérêts.
Si on coupe massivement les vivres aux "inutiles", soit ils vont se révolter, soit ils vont s'organiser dans la survie :

Le vrai danger serait que ces millions (?) de personnes n'aient plus rien à perdre. Et ils les trouveraient où leurs esclaves ?

Yves a écrit:On s'affranchit du système quand on a une baraque à la campagne, du bois pour se chauffer, une source pour s'abreuver et suffisamment de terrain pour produire de quoi manger. Bref, quand on peut vivre en autarcie… Et encore !

Il faut s'acquitter des taxes foncières, des impôts locaux, eau, électricité, etc.
Bon, j'ai du mal à faire pousser 3 plantes vertes, je me vois mal cultiver la terre et en retirer de quoi manger.

Bon, j'ai du mal à faire pousser 3 plantes vertes, je me vois mal cultiver la terre et en retirer de quoi manger.

C'est quasiment impossible. Ce serait de toute maniere un boulot a plein temps. Deja, se pose le probleme des graines, nos amis de chez Bayer et Monsanto font en sorte que nous ne puissions plus nous passer d'eux... En admettant que nous nous soyons procure des semences convenables, qui pourront donner un rendement moyen sans avoir recours a tout un arsenal chimique, il faudra penser a la conservation des aliments, puisque nous ne mangeons pas qu'a l'epoque des recoltes. Oublions le congelateur, nuclaire, pour faire nous meme nos conserves...

Nous aurons bien sur pris soin de faire des semences avec environ 10% de nos plants pour l'annee suivante... Et nous penserons a nourrir la terre, a nous procurer du (bon) fumier...

De nombreuses annees de demi echecs avant d'arriver a un equilibre fragile... Mais ce que je recolte dans mon jardin, c'est toujours ca de moins a aller acheter a Lidl...

En cas d'excedents, je ne fais pas de conserves, je donne aux voisins et aux potes.

Pour en revenir au sujet, dans les annees a venir, les gouvenements n'auront stictement rien a faire contre nous. Les minimas sociaux n'augmenteront pas, le cout de la vie, si...

Les capitalistes sont en train de nous imposer l'austérité et tout le monde s'en fiche, surtout ceux qui vont la subir le plus fort.
Austérité signifie plus de chômage et moins de protection de l'Etat.
Pourquoi est-ce que les capitalistes ne pousseraient pas leur avantage encore plus loin: suppression du SMIC, de la sécu, des retraites et réforme des minimas sociaux pour que plus personne n'échappent à l'exploitation? Ils auraient bien tort de se gêner, "les sots sont ici bas pour nos menus plaisirs" comme disait je ne sais plus qui...