"On ne peut pas, sous prétexte qu’il est impossible de tout faire en un jour, ne rien faire du tout !".L’Abbé Pierre
21 février 2008 - 20h00 – Place de la république – Paris -
A l'approche de la place de la République, on voyait , La belle statut de la République, éblouissante, avec sa parure de couvertures de survie, scintillait d’espoir bafoué !
Bornée par des nombreux camions de CRS, l’accès de la place de la République restait toutefois très accessible!
3 000 à 5 000 personnes s’étaient donnés rendez-vous en solidarité avec ceux qui dorment et qui souvent meurent sur le pavé (1) !
Le symbole de cette solidarité étaient ces fines couvertures de survie aux reflets argentés ou dorés que les gens portaient sur les épaules.
L’ambiance était calme, sereine et attentive !
Quelques stands d’associations distribuaient de la soupe. Celui d’Emmaus diffusait en boucle l’excellent et émouvant film Poudre aux Yeux des Don Quichotte, que nous avons ici sur le forum et
Sur l'actu mis le lien.
Une scène où se sont succédés les représentants des associations qui ont dénoncé la foutaise de la loi Dalo (le droit opposable) dû au manque de moyens et de l’absence de véritable volonté politique pour rendre ce droit une réalité
Egalement, les 250 millions € du Plan Fillon (du 29 janvier dernier, qui est à l’origine de cette nuit solidaire), ont été vivement dénoncés, alors que c’est 1,5Millards€ qu’il faudrait, soit 5,5 fois plus !
Les 13 engagements à respecter pour une nouvelle politique du logement ont été rappellés
Les 13 engagemenst pour un nouveau droit au logement
et la Lettre adressée par les membres de ce rassemblement au 1er ministre circulait (2)
Vers 22h30, sans avoir vu, ni entendu les chanteurs "vedettes", j’ai quitté tristement cette nuit solidaire pour regagner mon toit, mon lit, en ayant encore une fois conscience que ce minimum qui n’est pas du luxe, même dans un pays qui est la 6 éme puissance économique mondiale, n'est pas garanti !
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(1)
Morts dans la rue
Bienvenue sur le site du collectif Les Morts de la Rue.
Nous avons pour objectifs :
Faire savoir que beaucoup de personnes qui vivent ou ont vécu à la rue en meurent.
Mettre en œuvre et développer les moyens et actions nécessaires :
- pour la recherche, la réflexion et la dénonciation des causes souvent violentes des morts de la rue ;
- pour des funérailles dignes de la personne humaine ;
- pour l’accompagnement des personnes en deuil, sans distinction sociale, raciale, politique ni religieuse.
Depuis 2002, nous avons appris les décès de 1 200 personnes de la rue.
Age moyen de ces décès : 48 ans.
Espérance de vie nationale : 80 ans.
Depuis 2004, nous avons accompagné 940 Morts isolés.
Aucune personne de la rue ne doit être oubliée une deuxième fois,
dans sa mort.

(2) Lettre adressée au 1er minsitre
Paris, le 21 février 2008
Monsieur le Premier Ministre,
Depuis de nombreuses années, les associations œuvrant dans le champ de la lutte contre les exclusions dénoncent l’absence d’une politique publique en direction des personnes sans abri et mal logées. Seule une succession de plans a été mise en place, répondant à un objectif implicite de mise à l’abri. Mais l’ampleur du phénomène appelle bien d’autres réponses.
L’intervention citoyenne des Enfants de Don Quichotte en 2006 a traduit l’inquiétude, voire la révolte, de nombre de nos concitoyens et l’exigence qu’un pays comme le nôtre réponde à cette situation indigne.
L’adoption d’une loi portant sur le droit au logement opposable a constitué une réponse, celle d’une République qui ne cède pas sur ses principes les plus fondamentaux et qui s’engage à garantir à chacun des « moyens convenables d’existence », selon les termes du préambule de la Constitution de 1958. Le logement, à l’instar de la santé et de l’éducation, participe aujourd'hui de ces « moyens convenables d’existence » que la Nation doit garantir à chacun.
Cette loi sur le Droit au logement opposable est capitale et l’Etat doit se donner les moyens de l’appliquer dans toute son ampleur, sous notre responsabilité collective.
Si elle devait rester lettre morte, elle conduirait au désespoir les millions de personnes qui y ont vu la promesse d’une dignité enfin retrouvée. Si elle devait n’être qu’un artifice, elle détournerait notre République de certains principes qui la fondent, principes qui honorent la France au-delà même de ses frontières. Car, chez nous, dans la France du XXIe siècle, comme ailleurs, on ne doit plus tolérer de laisser des femmes et des hommes sans toit, ni les contraindre à vivre dans des conditions indignes et, trop souvent, accepter qu’ils en meurent.
À l’heure où nous vous écrivons, 3 millions de personnes en France vivent dans des conditions parfois simplement inimaginables. Près de 100 000 d’entre elles demeurent sans abri, développant pour beaucoup des pathologies graves qui réduisent dramatiquement leur espérance de vie. Cet hiver encore, d’innombrables personnes sont abritées dans des hébergements inadaptés, manquant de personnels et de confort. En outre, des dizaines de milliers de familles sont logées dans des espaces réduits et insalubres où des enfants ne peuvent évidemment pas connaître l’épanouissement qui leur est nécessaire et auquel ils ont droit. Des milliers d’autres remplissent toute l’année des campings de fortune ou des hôtels dont nous connaissons tous, pour nombre d’entre eux, le déplorable état sanitaire. Les prix de l’immobilier atteignent des sommets d’indécence ; les coûts directs ou indirects de cette situation sont, pour le contribuable, insensés.
Vous le savez : sans domicile, on ne peut trouver un emploi et on ne peut se passer du recours aux minima sociaux ; sans domicile, on développe des maladies qui nécessitent des soins lourds et constants, voire une hospitalisation en service psychiatrique ; sans domicile, on est logé dans des hôtels « cache-misère » qui éloignent toujours plus la perspective d’un « chez soi » légitime et protecteur ; sans domicile, on ne construit pas sa vie.
Vous le savez, le coût de toutes ces mauvaises solutions, le coût du mal logement, le coût du sans-logement, est un coût exorbitant pour la Nation et surtout - quel gâchis - un coût supérieur à celui du logement stable et personnel.
En dépit de cela, lors du vote du budget en novembre dernier, les pouvoirs publics ont opposé l’argument de la caisse vide, oubliant ainsi ce que la République a de plus précieux : elle est humaniste ou elle n’est pas. C’est ainsi que le 4 octobre 1945, la France ruinée créait la Sécurité Sociale, non parce que c’était économiquement raisonnable, mais parce que c’était humainement nécessaire.
Les mesures d’urgence qui sont aujourd’hui à prendre, nécessitent à la fois des choix et une volonté politique sans faille. Elles doivent traduire un changement radical dans la conception même de la prise en charge des plus démunis, comme dans les logiques de la politique du logement et des moyens qui lui sont affectés. Engagés dans un mouvement interassociatif massif et sans précédent, nous avons contribué aux travaux que vous aviez confiés au député Etienne Pinte. Sur la base conjointe du rapport du Comité de suivi de la loi sur le Droit au logement opposable et du rapport de la Conférence de consensus sur les personnes sans abri, nous vous avons soumis 13 axes d’engagements politiques qui répondent à cette double exigence. Ils constituent un socle cohérent d’actions indispensables. Or, les annonces que vous avez faites ne reprennent que partiellement et très insuffisamment ce socle.
Aujourd'hui encore, nous gardons pour autant notre confiance en la République et nous ne doutons pas qu’elle saura respecter les engagements pris au nom de la Nation, qu’elle saura se donner les moyens d’appliquer la loi adoptée. C’est pourquoi nous nous retrouverons, citoyens et associations, ce jeudi 21 février, place de la République, pour une Nuit solidaire pour le logement.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’expression de notre considération distinguée.