Tunisie et Algérie : émeutes sociales
Publié : 23 déc. 2010
Tunisie : Un jeune chômeur tente de s'immoler
et:Vendredi 17 décembre, un jeune d’une vingtaine d’années a tenté de s’immoler en plein jour devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, dans le centre-ouest de la Tunisie. Ce geste désespéré a provoqué un mouvement de révolte dans la ville qui est devenu le théâtre de confrontations violentes entre habitants et forces de l’ordre.
Depuis trois jours, les internautes tunisiens commentent les images des violents affrontements qui ont éclaté vendredi dans la ville de Sidi Bouzid, à 265 km au sud-ouest de Tunis. Des images d’émeutes contre les forces de l’ordre et de voitures brûlées qu’il est rare de voir dans un pays verrouillé par les autorités. Les sources officielles nient totalement l’existence de cet événement, qui est par ailleurs absent des titres de la presse nationale. Les Tunisiens le suivent donc par Twitter à travers le fil #sidibouzid. Les internautes dénoncent un “black-out total” des médias avec ironie : “Il n’y a pas d’émeutes à Sidi Bouzid, des Américains tournent un film d’action”. Les affrontements avec les forces de l’ordre et les arrestations sont par ailleurs relayés sur Facebook ainsi que sur les blogs d’activistes.
Enclavée, la région de Sidi Bouzid n’a pas bénéficié de la même politique de développement économique que d’autres régions du nord du pays. La ville de Sidi Bouzid souffre d’un taux de chômage élevé chez les jeunes et d’une grande précarité socio-économique. Autant d’éléments dénoncés par les habitants qui se révoltent depuis vendredi. Malgré une trêve observée depuis ce matin, la ville est toujours sous tension et les forces de sécurité maintiennent un cordon de sécurité.
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http://nawaat.org/portail/2010/12/21/ob ... mmolation/
C’est la tentative d’immolation de Mohamed Bouazizi, vendredi en fin de matinée devant le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, qui a tout déclenché. Ce jeune homme a arrêté l’école assez tôt (niveau collège) pour venir en aide à sa famille qui compte huit personnes. Son oncle avait essayé de lancer un projet agricole à R’gueb, dans la région de Sidi Bouzid, et toute la famille est partie s’installer sur place pour travailler la terre. Mais le projet n’a pas pu aboutir à cause d’une affaire de corruption où les autorités régionales étaient impliquées. Il a donc fini par retourner à Sidi Bouzid pour y travailler comme marchand ambulant de fruits et légumes.
Mohamed achetait sa marchandise en contractant des dettes. Or, comme tous les marchands ambulants, il n’avait pas le droit de vendre. Les fonctionnaires de la mairie venaient régulièrement lui confisquer sa brouette. Il perdait alors tout son capital. Vendredi matin, il venait juste d’acheter à crédit pour 300 dinars de marchandises [environ 130 euros] quand ils sont encore une fois venus réquisitionner sa brouette. Mais cette fois, les fonctionnaires de la mairie étaient également accompagnés d’agents du commissariat de la police municipale (des agents de police mis au service de la mairie). Ils ont saisi sa marchandise et l’ont molesté. Le jeune homme n’en pouvait plus de cette situation. Il est donc parti au siège du gouvernorat pour faire part de sa situation au gouverneur, pensant qu’il s’adresserait au bon interlocuteur. Mais Mohamed a été refoulé à l’entrée et empêché de rencontrer les responsables. Désespéré, il s’est procuré deux bidons de diluant dans une quincaillerie du quartier et a tenté de s’immoler.
Il a été transporté d’urgence à l’hôpital puis transféré vers le service des grands brûlés d’un hôpital de la région du Grand Tunis. Il est brûlé au 3e degré sur 70% de la surface de son corps et souffre de problèmes cardiaques. Son cas est vraiment très grave.(...)