Sans ressources pour cause d'homonymie
Publié : 13 mai 2012
La suite...Depuis le mois de janvier, Jérémy Pierron, qui habite dans un village de Meurthe-et-Moselle, n'a plus de ressources : l'agence Pôle emploi de Briey, dont il dépend, refuse de lui verser les allocations auxquelles il a droit. Motif : Jérémy Pierron est enregistré auprès de Pôle emploi à Poitiers en tant que travailleur intérimaire, effectuant des missions au profit de Manpower.
Or Jérémy Pierron n'a jamais mis les pieds à Poitiers, a fortiori chez Manpower. Après s'être livré, aidé par sa mère, à une rapide enquête, Jérémy a découvert qu'il faisait l'objet d'une confusion avec un homonyme qui réside et travaille à Poitiers. Comble de malchance : cet autre Jérémy Pierron est né lui aussi à Thionville en juillet 1990, tout comme l'habitant de Doncourt-les-Conflans. Leurs numéros d'identification ne diffèrent que des trois derniers chiffres.
Une facétie de l'ordinateur ?
Reste à savoir maintenant qui est à l'origine de la confusion et comment la rectifier. Et là, la famille Pierron se heurte à un mur. Forte des bordereaux transmis par Pôle Emploi Poitou-Charentes, l'agence de Briey ne veut rien savoir : pour elle, « son » Jérémy Pierron a bel et bien travaillé à Poitiers et n'a droit à aucune indemnité.
Chez Manpower Poitiers, contactés par nos soins, on dit être au courant du problème mais n'y être pour rien : « Les coordonnées que nous avons transmises à Pôle Emploi sont bien celles de notre salarié poitevin qui a toujours travaillé chez nous et n'a jamais été demandeur d'emploi. »
En fait, selon Pôle Emploi Poitou-Charentes qui, à notre demande, a mené son enquête, le problème pourrait provenir d'une transmission erronée entre Manpower et ses services. Le Jérémy Pierron poitevin aurait donné involontairement un numéro de sécu erroné ou incomplet et l'ordinateur central aurait rectifié de lui-même le numéro en récupérant celui du Jérémy Pierron lorrain !
Selon Pôle Emploi, Manpower aurait aujourd'hui enregistré le bon numéro à treize chiffres rendant en principe impossible tout nouvel incident. A Doncourt-les-Conflans, Jérémy et sa maman attendent de le voir pour le croire.
Et à Poitiers...
L'autre Jérémy Pierron, le Poitevin, a été informé des mésaventures de son homonyme, qui ne l'ont pas surpris outre mesure. « C'est le bazar. Moi, ça fait trois ans que j'attends ma carte Vitale. » Car pour la Sécu aussi, il semblerait que Jérémy habite en Meurthe-et-Moselle !
Mercredi dernier, Pôle emploi de Poitou-Charentes semblait croire que le cauchemar de Jérémy Pierron et de son homonyme était en bonne voie de règlement (lire notre édition de jeudi).
Las, ce même jour, l'agence Pôle emploi de Briey en Meurtre-et-Moselle envoyait un courrier qui disait exactement le contraire !
Jérémy Pierron, un jeune Lorrain vient de recevoir une mise en demeure avant poursuites.
Une erreur soi-disant réparée !
Son agence locale lui reproche d'avoir touché des allocations et travaillé dans une agence d'intérim tout près de chez lui… chez Manpower Poitiers ! Il n'y a jamais que 645 km de distance entre les deux sites et quand on veut travailler, certains ne comptent pas les kilomètres. Mais là, quand même, le problème est autre.
Notre jeune Lorrain a un homonyme poitevin, né au même endroit que lui, le même mois, la même année ! Autant dire que leur numéro d'identification Insee ne diffère que très légèrement.
C'est à trois petits chiffres de différence que les deux garçons doivent des tracasseries administratives récurrentes.
Le Poitevin a des problèmes de Carte vitale, le Lorrain des soucis avec Pôle emploi. Son agence le confond avec le Jérémy de Poitiers, inscrit en intérim chez Manpower. Une erreur de transmissions des données Insee est à l'origine de ce problème dont, bien sûr, tout le monde se rejette la faute.
Mercredi dernier, Pôle emploi Poitou-Charentes nous assurait que Manpower aurait désormais enregistré le bon numéro histoire de redonner à chaque Jérémy Pierron ce qui lui appartient.
Visiblement, un bug subsiste. Le courrier que vient de recevoir le Jérémy lorrain laisse sa mère sans voix et bien démunie pour obtenir gain de cause.
« La lettre dit que mon fils a eu un trop perçu de 615,72 € car son entreprise d'intérim leur a signalé une activité qu'il n'a pas déclarée. Sauf qu'il n'a jamais travaillé là-bas ! Non seulement, on ne veut plus lui verser ses allocations, mais en plus on lui réclame le paiement du solde de sa soi-disant dette, soit 568.01 €. Ils nous donnent jusqu'au 25 mai pour rembourser, sinon ils disent qu'il y aura des poursuites ! Je ne sais plus quoi faire ! »
Une question subsiste, qui n'a pas pu être éclaircie ce week-end : Pôle emploi Poitou-Charentes assure avoir fait le nécessaire localement pour rétablir l'erreur de numéro Insee. Mais, l'agence lorraine de Pôle emploi a-t-elle été avertie de ce petit détail pour rétablir, elle aussi, la vérité ? !