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Mais que foutent les chômeurs ? ! !

Publié : 26 nov. 2007
par carl
Dénoncés, traqués, sanctionnés, avilis, humiliés, traînés dans la boue, considérés comme des moins que rien... des "au crochet" de la société...
ET on va continuer à la fermer ! ! !

Ca se mobilise dans tout le pays, et nous et nous ? ! ! ! Les étudiants, les lycéens, les cheminots, les fonctionnaires, les retraités, les avocats, les magistrats, les infirmières, les hôtesses et stewarts et nous et nous ? ! ! ! Même les Sans-Papiers sont mieux organisés que nous ! ! ! !

CA SUFFIT !

Nous devons agir et faire entendre nos revendications et sans complexes - l'autre il a dit - car nous savons , nous les précaires, les sans emplois, les minimas en tous genre que sans ou avec peu de travail ça cogite à donf dans nos méninges. Nous savons mieux que quiconque dans cette société ce qui ne tourne pas rond.

A nous "ON" ne nous l'a fait pas ! Ou plus !

Alors une manif est prévue à Paris en décembre, préparons cette mobilisation de grande ampleur. Et cette année, pour tous ceux qui n'auront pas de place dans les cars des syndicats, des associations de précaires et sans emplois, par les covoiturages ou autres moyens de transports qui n'empirent pas notre situation financière, rassemblons-nous dans les centres villes, les maisons des associations, les bistrots, pour nous causer ! Pour l'ouvrir sur les radios une fois qu'on aura délibéré les radios encore un peu informatives, pour differ des tracts à la population sur les marchés pour dire que nous sommes comme tout le monde, le fric en moins ! ! !

Nous avons des histoires en communs, forcément des parcours professionnels, des embûches communes... nous sommes tout autant que quiconque capables de mettre en mouvement des pratiques militantes, d'élaborer par nos idées des propositions et nous mobiliser pour nous exprimer haut et fort !

QU'EST-CE QU'ON ATTEND ? LE DELUGE UNEDIC ?

Que ça bouillonne plus encore dans nos têtes ? Qu'on augmente encore les statistiques des malades non reconnus comme tels parce qu'aux minimas sociaux c'est le "no man's land" des droits ? Qu'on entretienne contre notre volonté une peur chez les salariés précaires et chez les salariés tout court par le simple fait qu'on existe par millions et millions de personnes tels des porteurs d'une peste du 21ième siècle ? Que nos tubes disgestifs soient tellement abîmés par la mal-bouffe des souspermarchés qu'on aura plus qu'à aller c..... dans un coin ? Que nos enfants, nos parents, nos amis lachent prise en se disant que de toutes façons on est foutu ? ! C'est ça ? Qu'on veut vraiment ? ! !

Relevons la tête et bataillons ! Participons aux mouvements qui grondent dans le pays. Donnons corps nous aussi à cette clameur qui grandit !

Une précaire.
Source : Indymédia.fr

Publié : 26 nov. 2007
par maguy
Je ne peux qu'être d'accord avec cette précaire, mais d'un autre côté, quand je vois les efforts qu'a faits Sophie pour réunir les assoc de chômeurs et précaires à la manif du 20 novembre, je reste sceptique :roll:

Elle attend encore des réponses :cry:

Alors qu'est-ce qu'on attend ? Que les assoc cessent leurs querelles de Clochemerle et sachent se fédérer, ENSEMBLE.

Je ne parle même pas des syndicats, enfin la CGT chômeurs qui nous méprise, rien que le nom :?

Un cri, un appel… dans le désert !

Publié : 26 nov. 2007
par Yves
Des textes de cette teneur, on en a vus, on a à lus des tas, ici, dans les forums d'Actuchomage, depuis trois ans. Un de plus…

L'impuissance à mobiliser les chômeurs et les précaires, on la connaît bien ici, même sur des dossiers considérables : «Recalculés de l’Assedic» (qui concernait près d'un million de chômeurs en 2003/2004), chômage des Seniors (qui concerne des centaines de milliers de sans-emploi), stagiaires exploités (qui concerne des centaines de milliers de jeunes)…

À chaque fois, la mobilisation (quand mobilisation il y a) réunit quelques dizaines d'irréductibles qui, parfois, obtiennent des avancées significatives (comme sur le dossier des «Recalculés»). Et puis, après la «bataille», chacun rentre chez soi et retourne à ses activités, et pour beaucoup à son «inactivité forcée».

C'est cet amère constat que nous avons tiré, nous les créateurs d'Actuchomage. Après la «bataille des Recalculés», après avoir gagné la réintégration dans nos droits (et aussi celle de 850.000 personnes, quand même), on aurait pu rentrer chez nous, tranquillement, notre chèque en poche. Mais nous avons voulu poursuivre l’action en créant un «outil» qui pourrait favoriser, relayer, médiatiser les futures mobilisations. Et nous avons lancé Actuchomage, en septembre 2004.

Ah ça, on peut dire que ça marche, du tonnerre de Dieu même… dans le champ virtuel. Sur le terrain, le constat est tout autre.

Non, ce n'est pas tout à fait exacte ! Les chômeurs se mobilisent… quand il s'agit de savoir quand ils vont toucher la prime de Noël, et quel en sera le montant. Ainsi, en ce moment, nous accueillons des milliers, des dizaines de milliers de visiteurs même, en quête d'infos sur cette fameuse prime de Noël. Ils passent sur le site, s'informent, posent parfois des questions sur nos forums (toujours les mêmes : Quand ? Combien ? Y ai-je droit ? Pourquoi n'y ai-je pas droit ?) et, une fois la réponse obtenue, ils se cassent ! Sur 1.000 ou 2.000 visiteurs, un ou deux s'inscrivent pour recevoir notre lettre d'info. Les autres ne remettront jamais les pieds chez nous… avant l'année prochaine.

«Nous aurons le sort que nous méritons !», scandait notre pote Alain, un des artisans de la mobilisation des «Recalculés» en 2003/2004, lors des maigres manifestations qui nous réunissaient dans les rues de Paris. Alain avait raison, Alain a raison, Alain aura encore raison… longtemps, très longtemps encore, à ce train-là.

Que pouvons nous faire ? Que pouvons-nous y faire, plus exactement ? Pas grand-chose malheureusement. Aveu d'échec ? Pas du tout en ce qui nous concerne ! Chacun, ici sur Actuchomage, entretient la flamme ; et chacun, ici, n'a de leçon à recevoir de personne et surtout pas celles et ceux qui alimentent nos forums, les font vivre, répondent aux questions, participent aux échanges… Et moins encore (ce sont généralement les mêmes) celles et ceux qui nous donnent des sous pour poursuivre l'aventure… malgré tout. Malheureusement quand j'écris ça, je sais par avance par qui je serai lu… par celles et ceux qui alimentent nos forums… et notre compte en banque. C'est le chien qui se mord la queue.

Mais, après plus trois ans, nous gardons espoir, l'espoir qu'un jour Actuchomage sera le point de ralliement d'une future mobilisation d'envergure… quand le verre sera trop plein (ah bon, parce qu'il ne l'est pas encore ?).

Nous avons créé l'outil. Nous avons suscité l'audience (on tourne quand même entre 8.000 et 9.000 visites/jour). Reste à enclencher le mouvement. En attendant, les «Que foutent les chômeurs ?» continueront à fleurir nos forums et ceux des autres sites. Jusqu'au jour où…

@plus

Yves - Un animateur d'Actuchomage

Publié : 26 nov. 2007
par zoée
Bonsoir,

Je reprends vos propos, Yves :Non, ce n'est pas tout à fait exacte ! Les chômeurs se mobilisent… quand il s'agit de savoir quand ils vont toucher la prime de Noël, et quel en sera le montant. Ainsi, en ce moment, nous accueillons des milliers, des dizaines de milliers de visiteurs même, en quête d'infos sur cette fameuse prime de Noël. Ils passent sur le site, s'informent, posent parfois des questions sur nos forums (toujours les mêmes : Quand ? Combien ? Y ai-je droit ? Pourquoi n'y ai-je pas droit ?) et, une fois la réponse obtenue, ils se cassent ! Sur 1.000 ou 2.000 visiteurs, un ou deux s'inscrivent pour recevoir notre lettre d'info. Les autres ne remettront jamais les pieds chez nous… avant l'année prochaine.

Je me suis posée les mêmes questions, il y a peu de temps. Je pense que les personnes au chômage et/ou en précarité, ont vraiment peur. Peur que le peu de ressources allouées ne soit brutalement supprimé, peur de manifester avec le souci que l'on puisse reconnaître leurs visages à la TV. Peur de perdre la garde de leurs enfants, car une dénonciation aux services sociaux est chose courante de nos jours. Peur d'être confrontées au regard du "riche" qui se détournera (cf le post "peut-on encore avoir des amis lorsqu'on est pauvre ?"). De plus, au mois de décembre, bon nombre d'entre nous s'acquittent des achats de Noël, celà reste dans la tradition.
Nous vivons dans une société où l'éducation, la vie quotidienne... nous inculquent le matérialisme à tout prix. Ce matérialisme relève de la consommation à outrance, et plus gravement du "comment manger au quotidien".
Vous voyez, je ne vis pas encore dans cette peur quasi paranoïaque, mais je ne pourrai pas vous suivre le 8 décembre, faute de moyens (on y revient... et ma région ne propose pas de cars !). Néanmoins, si toutefois je peux vous venir en aide à distance (slogans ou textes), je me tiens à votre disposition.

Cordialement

Publié : 27 nov. 2007
par tristesir
Que pouvons nous faire ? Que pouvons-nous y faire, plus exactement ?
J'aurais bien une réponse mais vous allez me traiter d'affreux provocateur ;)

Il suffit d'attendre (souhaiter?) que la répression anti-chomeur s'enhardisse et devienne encore plus intolérable pour que les concernés se rendent compte qu'il faut maintenant bouger un peu et manifester son désaccord visiblement 8)
De plus, au mois de décembre, bon nombre d'entre nous s'acquittent des achats de Noël, celà reste dans la tradition.
Pour le moment, on est loin d'en être à ces extrémités pour les chomeurs.
La tradition de Noel c'est le partage et la prière 8)

On est bien loin de la tradition, à moins d'associer le fait d'entrer dans un centre commercial comme un acte de foi 8)

En fait, on peut faire un constat simple:
Ceux qui commencent à avoir le temps de s'intéresser et à se sentir vraiment révoltés par le chômage sont ceux qui ont dépassé, bien souvent, le chomage de longue durée.

Les autres sont très occupés par leur recherche d'emploi, ils ont la tête dans le guidon et ne s'autorisent pas à penser à autre chose que de chercher, chercher un emploi. Tout du moins, c'est mon impression.

Publié : 27 nov. 2007
par zoée
Bonjour,

Tristesir vous avez écrit :En fait, on peut faire un constat simple:
Ceux qui commencent à avoir le temps de s'intéresser et à se sentir vraiment révoltés par le chômage sont ceux qui ont dépassé, bien souvent, le chomage de longue durée.
Les autres sont très occupés par leur recherche d'emploi, ils ont la tête dans le guidon et ne s'autorisent pas à penser à autre chose que de chercher, chercher un emploi. Tout du moins, c'est mon impression.


C'est au moins honnête de votre part d'inscrire les DE dans 2 castes : "Chômage de longue durée" et de "moins longue durée"!
Si, de surcroît, ces clivages existent, mais jusqu'où irons-nous ?

Publié : 27 nov. 2007
par tristesir
Si, de surcroît, ces clivages existent, mais jusqu'où irons-nous ?
C'est un clivage seulement au niveau des ressources sans doute.
Pour le reste, le clivage est mince comme une feuille de cigarette.

Publié : 27 nov. 2007
par St-Dumortier
Bonjour,

si clivage il y a,
je pense qu'il se situe dans le processus mental.

Tout dépend de savoir si, pour nous même,
nous envisageons la situation de chômage,
irréversible ou non.

Mais il déclenche bien les effets décrits par tristesir ...

Publié : 27 nov. 2007
par zoée
Bonjour Tristesir,

Alors pourquoi avoir , à votre sens, mentionné 2 catégories de personnes DE ? Vous savez, le problème de ressources que vous mentionnez est applicable à bon nombre de DE : Ok, on n'est pas au RMI, en ASS, API, mais quand nous sommes dans l'obligation de régler les impôts (revenus, habitation, redevance télé...) on est au plus mal auprès de la banque et cette énergie est aussi vouée à résoudre nos problèmes administratifs, qui sont en sus de la problématique du chômage.

De toutes façons, votre site est dédié aux personnes au chômage de longue durée, je n'interviendrai plus, moi qui croyais que vous étiez des personnes compréhensives, ce n'est pas le cas.
"Mieux vaut être servi que par soi même", c'est plus rassurant !

Publié : 27 nov. 2007
par tristesir
De toutes façons, votre site est dédié aux personnes au chômage de longue durée, je n'interviendrai plus, moi qui croyais que vous étiez des personnes compréhensives, ce n'est pas le cas.
Je ne comprends pas votre soudaine animosité.
(je me confonds en excuses si j'ai écrit quelque chose qui vous aurait blessé)

Le fait est qu'après avoir activement et fanatiquement (on devrait dire) cherché un emploi pendant un certain temps, un chomeur (pour ce que j'en sais) au bout d'un certain temps commence à rationnaliser le phénomène de recherche.
Personne ne peut s'impliquer avec une telle intensité dans cette recherche
très longtemps, sans résultats.

Au bout d'un certain temps, on se met à lever la tête hors du guidon et c'est à ce moment qu'il peut être possible de s'interroger et réflechir avec un peu de recul sur la situation du chomeur et sur le chomage plus generalement.

En fait paradoxalement, ce site est surtout consulté par des personnes qui ont un emploi.

D'autre part, juridiquement c'est Yves le propriétaire de ce site, La justice le lui a déja fait assez payé, même si c'est Sophie qui anime principalement ce site (on ne LES remerciera jamais assez)

PS: Je suis chomeur de très longue durée, érémiste et intermittent de l'emploi salarié.

Publié : 27 nov. 2007
par ledesa
tristesir a écrit :
Que pouvons nous faire ? Que pouvons-nous y faire, plus exactement ?
J'aurais bien une réponse mais vous allez me traiter d'affreux provocateur ;)

Il suffit d'attendre (souhaiter?) que la répression anti-chômeur s'enhardisse et devienne encore plus intolérable pour que les concernés se rendent compte qu'il faut maintenant bouger un peu et manifester son désaccord visiblement 8)

.
Et voilà la réaction à ne pas avoir, c'est comme la réaction qu'ont eu de nombreux français en ce qui concerne les "régimes spéciaux" ou d'autres ici ) en ce qui concerne la taxation du livret A (hein Maguy :wink: ) ou que d'autres vont avoir envers ceux qui auront su se débrouiller pour racheter des trimestres imaginaires (moi j'ai loupé le coche, trop honnête ou tout simplement la peur du gendarme :roll: !!! c'est trop con mais c'est trop tard!!!)

Mais pour en revenir au fil du sujet, je pense Tristesir que tu te trompes, car il suffit de constater que même 1 million de fonctionnaires dans la rue ou que le poids des syndicats et 9 jours de grèves ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement.................alors une poignée de chômeurs, de feignants, car pour "Eux" nous sommes des feignants, que peut-elle faire et espérer ?
Rassure toi Tristesir la répression va s'accentuer, le RSA va se généraliser à tous ceux qui sont au chômage, au RMI, à l'ASS, dispensé ou pas de recherche d'emploi, il te faudra aller bosser dans des boulots de merde si tu veux percevoir ton aumône !!!

Publié : 27 nov. 2007
par maguy
Je suis chomeur de très longue durée, érémiste et intermittent de l'emploi salarié
Jolie phrase Tristesir "intermittent de l'emploi salarié" :wink:

Zoée, avant de passer ASS ou RMI on a été chômeur avec une ARE dégressive, donc on a dû aussi s'acquitter des impôts, charges et tutti quanti, que crois-tu ?

Les "bagarres" administratives ne cessent pas pour autant, avec infiniment moins de moyens, c'est tout.

Effectivement au début, on cherche frénétiquement, on est encore frais, on prend cette épreuve comme une jambe cassée et on a tous pensé que ça allait passer, qu'il y a quelques semaines ou quelques mois on avait une valeur ajoutée, que notre signature valait quelque chose (j'étais cadre).

Et après quelques années de fausses pistes ou promesses, on commence à se poser des questions plus existentielles.

Ce n'est pas baisser les bras, c'est arrêter de les agiter pour rien.

C'est un long processus de remise en question, et je ne vois que deux solutions, se flinguer tout de suite ou faire avec (ou sans)

A 53 ans et bientôt 10 ans de CDD de plus en plus rares (quelquefois 2 ans sans rien) j'ai choisi la 2ème solution.

Sinon, on est bons pour le prozac ou autres trucs à fabriquer les zombies. J'en reste aux somnifères.

Ton animosité est mal dirigée.

Et puis franchement je m'en tape d'être reconnue dans une manif, c'est encore un droit que je sache.

La frilosité… du Français ordinaire

Publié : 27 nov. 2007
par Yves
Pour répondre rapidement à Zoée… qui n'est pas incarcérée au Tchad, elle :wink: Je reconnais que c'est un peu couillon comme allusion.

Nous connaissons ici les difficultés matérielles que rencontrent chômeurs, précaires… et de plus en plus de salariés. Est-ce pour autant qu'il faut se replier sur soi ?

La "gestion" des difficultés quotidiennes n'interdit pas (et devrait même encourager d'ailleurs) l'engagement collectif.

C'est ainsi que nos aïeux ont gagner les droits sociaux dont nous profitons aujourd'hui. Leur vie était-elle plus rose et plus facile que la nôtre, au fond des mines, dans les usines du XIXe siècle ? Franchement, je ne le pense pas.

Le repli sur soi-même conduit indubitablement à l'exclusion.

Chômeurs, précaires et salariés doivent avoir bien en tête cette réalité.

Publié : 27 nov. 2007
par tristesir
Mais pour en revenir au fil du sujet, je pense Tristesir que tu te trompes, car il suffit de constater que même 1 million de fonctionnaires dans la rue ou que le poids des syndicats et 9 jours de grèves ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement
On ne peut jamais savoir si une lutte sera gagnée ou perdue à l'avance.

En 1995, des manifestations pour le même motif ont fait reculer le gouvernement de l'époque (je me demande si ceux là étaient aussi droits dans leur bottes :))

Et plus récemment les manifestations anti-CPE ont été étonnantes aussi.

Au-delà de cela, je crois que lorsqu'un pouvoir ne trouve aucune résistance en face de lui, c'est l'abus assuré !

Publié : 27 nov. 2007
par jean-marc
Salut,

J'apporte ma pierre à partir de l'expérience de mon asso de chômeurs et précaires dans une petite ville. C'est une question qui me taraude depuis longtemps.
Nous avons des histoires en communs, forcément des parcours professionnels, des embûches communes... nous sommes tout autant que quiconque capables de mettre en mouvement des pratiques militantes, d'élaborer par nos idées des propositions et nous mobiliser pour nous exprimer haut et fort !

Les chômeurs sont-ils une catégorie ?

Je crois qu'on se trompe si on attend une mobilisation par catégories sociales : lycéens, cheminots, avocats, chômeurs... Une mobilisation se fait ensemble et pas par catégories sociales et/ou socio-professionnelles. C'est là où ceux et celles qui sont contre gagnent parce que telle catégorie sociale qui fait grève ou manifeste empêche une autre catégorie sociale de travailler par exemple. Et tant que nous continuerons à voir le problème sous cet angle, nous serons perdants.

Un "nous" n'est pas une multitude de groupes qui s'accumule au détriment des autres.

Quels types de personnes rencontrons-nous dans une asso de chômeurs ?

Maintenant, il faudrait savoir ce qu'on appelle chômeurs aussi et qui ils sont. Il y a des différentes catégories, je vais poser l'énumération générale faite lors de la dernière AG de notre asso :
  • La personne laminée par la société et dont les capacités de défense sont fortement réduites.
  • La personne possédant encore des ressources mais dont le chemin vers l'ouverture de droits au RMI ou à un autre minimum social constitue un passage, une disqualification intense et, en conséquence, une certaine forme d'injustice.
  • La personne possédant de bonnes ressources. Généralement, cette dernière utilise l'association comme un levier, un point d'appui sur une période déterminée parce qu'elle en a besoin puis nous ne la voyons plus.
  • Des militants de toutes sortes qui aimeraient bien faire autre chose qu'une simple association de chômeurs.
  • Et puis il y a ceux, celles que nous ne voyons jamais ou que la simple mention d'une asso de chômeurs fait office de repoussoir.
Il n'y a pas une population homogène de chômeurs identifiable comme une catégorie socio-professionnelle. Croire que les chômeurs représentent une catégorie sociale propre, c'est se tromper et se voiler la face.

Ceux, celles qui viennent se renseigner sur la prime de noël se renseignent afin d'avoir un petit pécule pour noël et s'offrir une fête pas trop cassée. Peut-on leur reprocher cette humanité-là ?

Volonté militante et volonté du chômeur

Il faut aussi noter que la volonté militante n'est pas la même que la volonté du chômeur qui se sert d'une asso de chômeurs comme un centre de ressources. Beaucoup confondent les deux et certains/nes militantEs se complaisent dans cette confusion et espèrent récupérer les tracas du chômeur dans une contestation plus large et globale or ce n'est pas ce qu'il se passe dans la réalité.

J'ai vu et je continue à voir des militants passer par plein de systèmes associatifs, de comités, etc, avec, à chaque fois, les mêmes idées, les mêmes concepts et changer de d'association ou de comité parce que leurs idées ne se marient pas exactement avec la réalité de tel association ou comité.

Ce qui veut dire que le militant pur et dur ne prend pas en compte la réalité à laquelle il se confronte et avance toujours les mêmes idées sans faire attention que ces idées ne sont pas ou plus en phase avec la réalité. Et il finit par se retrouver à deux, trois, quatre, etc suite à une divergence entre personnes lesquelles formaient, avant, un groupe de dix personnes. Autant rire de cela... Bien sûr cela n'est pas vrai pour tout le monde...

Une asso de chômeurs, est-ce un syndicat de chômeurs ?

Autre point. Beaucoup aimeraient voir une asso de chômeurs comme un syndicat de chômeurs d'anciens travailleurs après tout il y a bien le comité de chômeurs de la CGT.

Toutefois on se demande bien quelle catégorie de travailleur il acceptera : celui qui est au RMI (Revenu Minimum d'Insertion), celle qui perçoit l'AAH (Allocation Adulte Handicapée), le sans papier qui peine soit à trouver l'équivalence de ces diplômes en France et qui accepte mal de se retrouver dans une situation précaire alors que dans son ancien pays il avait un statut soit qui fuit une situation difficile, le sdf qui a tout perdu, le cadre qui vient de subir un plan social et qui se retrouve au chômage, le travailleur précaire en contrat aidé (voir l'exemple de l'affaire fanny expliquée sur ce site.), le travailleur précaire en intérim, le licencié de la petite entreprise qui n'a pas de représentation syndicale et qui se demande bien ce qu'il fout dans une asso de chômeurs, le grand diplômé qui vient dans une association de chômeurs afin de justifier ses démarches auprès de l'anpe (si, si j'en ai eu des super diplômés qui ont travaillé dans les centrales nucléaires), le senior qui ne retrouve pas de travail ou l'intermittent/artiste en attente d'une nouveau contrat ou d'une vente éventuelle de ces oeuvres et qui se fait menacer par la commission locale d'insertion du RMI qui ne le considère pas comme un/une artiste ?

Que défendra-t-il, ce syndicat, et quelles seront ces revendications ? Et avec qui il négociera et sur quelles bases ? Y a-t-il même une possibilité de négociation quand les assos de chômeurs n'ont aucun droit de regard sur les négociations de l'unédic par exemple ?!

Une asso de chômeurs est contre quoi au juste ?

Les médias font, parfois, jouer un rôle aux assos de chômeurs que je trouve détestable comme si le fait qu'il y ait une proposition de loi il fallait nécessairement, et j'insiste sur ce jugement, qu'elle soit contre.

A force de vouloir être contre ou le fait que les médias font jouer ce rôle-là à ces associations nous finissons par croire à la réalité de ce contre, de cette stature qui est qu'une association de chômeurs est forcément contre. Mais contre quoi ?

Et c'est là tout le problème. Une loi apparaît ou un projet de loi et, hop, l'asso ou le comité est forcément contre parce qu'il doit en être ainsi. Ce qui fait que nous nous noyons, parfois, dans une argumentation rhétorique que nous ne maîtrisons pas toujours.

Pourquoi cela ? Parce que derrière le contre il y a le dire et qu'il faut bien dire quelque chose même quand on a rien à dire. Nous ne nous méfions plus assez du fait construit par ce dire.

Or les médias ont tout intérêt à faire dire sans que nous prenions conscience de sa portée réelle parce qu'il faut informer, expliquer quand bien même certains arguments sont tarabiscotés et tirés par les cheveux (voir le dire perpétuel de notre président actuel) et remplir, remplir des tas et des tas de pages, d'interviews, etc.

Conclusion


En prenant en compte la question du dire, on peut remonter assez facilement la construction, l'argumentation qui pousse à croire que les chômeurs sont une catégorie spécifique et qu'ils ont quelque chose de commun alors qu'en fait non.

Je suis un militant mais je ne me présente pas comme un chômeur ou un titulaire du RMI ou tout autre catégorie de ce type. Dans une manif, je connais mon camp et je sais où je suis et avec qui je traîne. Un chômeur ne le sait pas et je ne suis pas certain que ce même chômeur partage mes idées. Toutefois, dans une manif, le "je" disparait pour devenir un "nous" relatif parce que chaque groupe possède son identité propre et son ordre de passage dans une manif...

Le "nous", la communauté existe de fait. Vouloir, à tout prix en faire un groupe ou une catégorie me laisse dubitatif et rêveur... Et explique, en même temps, l'échec de la mobilisation de ce fameux groupe virtuel qui peine à se (re)trouver dans la réalité comme l'explique Yves : "les chômeurs".