Le mérite des immigrés
Publié : 20 nov. 2007
J'ai regardé hier soir un documentaire sur Arte intitulé Les garçons perdus du Soudan. J'en suis sortie toute retournée.
On y suivait sur une année le périple de deux adolescents soudanais victimes de la guerre et orphelins qui, réfugiés dans un camp au Kenya, on été sélectionnés et pris en charge par une organisation humanitaire américaine afin de leur permettre de tenter leur chance aux Etats-Unis.
Pris en charge durant 4 mois à Houston, Texas, ils doivent ensuite s'assumer complètement, payer leur loyer et leur nourriture eux-mêmes. Ceux qui espéraient reprendre des études en sont pour leur frais : ils doivent travailler en même temps, chez Walmart ou ailleurs, pour 7 dollars de l'heure... C'est dur, très dur.
On mesure alors à quel point il est difficile de quitter son pays pour revivre ailleurs, dans une culture totalement différente, oublier ses habitudes et s'adapter à une mentalité toute autre. La plupart n'avait jamais pris l'avion, conduit une voiture, cuisiné avec une plaque électrique ou mis du déodorant.
Il y a cette différence qui colle à la peau (ils sont encore plus noirs que les Afro-américains), la barrière de la langue, la naïveté, le fait de sentir en permanence qu'on est un pauvre parmi des riches, et le sentiment de solitude récurrent (y compris affectif ou sexuel). Le mal du pays. Et la famille encore en vie, restée là-bas, qui réclame obstinément de l'argent alors qu'ils ont déjà bien du mal à s'en sortir.
Quel courage il leur faut déployer malgré cette "seconde chance" très illusoire, alors qu'enfants ils ont assisté à la mort de leurs parents et qu'ils sont à nouveau déracinés. J'en étais bouleversée.
J'ai pensé à tous ceux qui, moins "chanceux", quittent leur pays sans structure d'accompagnement pour fuir la guerre et la misère, souvent au prix de leur vie. Arrivés dans ces eldorados que sont nos pays riches, ils sont confrontés à la répression, à la xénophobie, au mépris, à la "pauvreté moderne", à la solitude et à l'exploitation. Pourtant, ils ont bien du mérite et du courage pour faire ce qu'ils font et endurer ce qu'on leur fait subir. Ils sont, à leur façon, des gens admirables !
Ce documentaire m'a permis de me mettre à leur place. Je mesure à quel point j'ai de la chance d'être née blanche et en France. Des algériens parqués dans des bidonvilles durant nos Trente Glorieuses aux noirs agglutinés dans des logements insalubres, c'est avec encore plus d'acuité que je trouve insupportable la manière dont on les traite.
Il n'y a bien qu'Arte pour diffuser des documentaires de cet acabit (et encore, à minuit !) alors que celui-ci, très pudique, très humain, aurait du être diffusé à une heure de grande écoute.
On y suivait sur une année le périple de deux adolescents soudanais victimes de la guerre et orphelins qui, réfugiés dans un camp au Kenya, on été sélectionnés et pris en charge par une organisation humanitaire américaine afin de leur permettre de tenter leur chance aux Etats-Unis.
Pris en charge durant 4 mois à Houston, Texas, ils doivent ensuite s'assumer complètement, payer leur loyer et leur nourriture eux-mêmes. Ceux qui espéraient reprendre des études en sont pour leur frais : ils doivent travailler en même temps, chez Walmart ou ailleurs, pour 7 dollars de l'heure... C'est dur, très dur.
On mesure alors à quel point il est difficile de quitter son pays pour revivre ailleurs, dans une culture totalement différente, oublier ses habitudes et s'adapter à une mentalité toute autre. La plupart n'avait jamais pris l'avion, conduit une voiture, cuisiné avec une plaque électrique ou mis du déodorant.
Il y a cette différence qui colle à la peau (ils sont encore plus noirs que les Afro-américains), la barrière de la langue, la naïveté, le fait de sentir en permanence qu'on est un pauvre parmi des riches, et le sentiment de solitude récurrent (y compris affectif ou sexuel). Le mal du pays. Et la famille encore en vie, restée là-bas, qui réclame obstinément de l'argent alors qu'ils ont déjà bien du mal à s'en sortir.
Quel courage il leur faut déployer malgré cette "seconde chance" très illusoire, alors qu'enfants ils ont assisté à la mort de leurs parents et qu'ils sont à nouveau déracinés. J'en étais bouleversée.
J'ai pensé à tous ceux qui, moins "chanceux", quittent leur pays sans structure d'accompagnement pour fuir la guerre et la misère, souvent au prix de leur vie. Arrivés dans ces eldorados que sont nos pays riches, ils sont confrontés à la répression, à la xénophobie, au mépris, à la "pauvreté moderne", à la solitude et à l'exploitation. Pourtant, ils ont bien du mérite et du courage pour faire ce qu'ils font et endurer ce qu'on leur fait subir. Ils sont, à leur façon, des gens admirables !
Ce documentaire m'a permis de me mettre à leur place. Je mesure à quel point j'ai de la chance d'être née blanche et en France. Des algériens parqués dans des bidonvilles durant nos Trente Glorieuses aux noirs agglutinés dans des logements insalubres, c'est avec encore plus d'acuité que je trouve insupportable la manière dont on les traite.
Il n'y a bien qu'Arte pour diffuser des documentaires de cet acabit (et encore, à minuit !) alors que celui-ci, très pudique, très humain, aurait du être diffusé à une heure de grande écoute.