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Pourquoi les Français aiment bien les pilules
Publié : 09 nov. 2007
par tristesir
LE MINISTÈRE de la Santé, après quelques tergiversations, a fini par rendre public le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur l'information des médecins généralistes sur le médicament. C'est surtout la visite médicale qui est le « coeur de cible » de ce rapport.
Quelques chiffres donnent la mesure du poids stratégique de ce secteur : l'industrie dépense chaque année 25 000 euros par médecin généraliste, soit l'équivalent de 39 % du revenu libéral moyen net d'un généraliste (64 000 euros) « pour apporter des informations » aux médecins. Un petit calcul des quatre inspecteurs de l'Igas montre que sur la base d'une consultation à 22 euros et de quatre consultations par heure, les sommes consacrées à la visite médicale sont l'équivalent pour le médecin de 285 heures d'activité ! Or, ce « mode d'information médicale fait obstacle au développement de démarches plus exigeantes de recherche d'information par les médecins ».
Autrement dit, ces sommes seraient mieux dépensées autrement ! Et nos confrères de la revue Prescrire, qui ont établi en 1991 un réseau d'observation de la visite médicale, savent bien (nos éditions du 15 mars 1999) que les visiteurs minimisent les risques des médicaments, dérapent sur les indications, ne présentent pas toujours le résumé des caractéristiques du produit (le passeport du médicament) et presque jamais l'avis de la commission de transparence sur l'amélioration du service médical rendu par le produit.
Depuis, la visite médicale a connu une forte progression dans l'Hexagone, de 17 500 personnes en 1998, elle est passée à 23 250 employés en 2005. Une étude Cegedim de 2007 sur 60 000 médecins montre que 20 % d'entre eux ont reçu plus de 40 visiteurs médicaux dans le mois, 45 % ont reçu de 11 à 40 visiteurs, et 32 % de 1 à 10 visites. Mais la productivité et la qualité baissent, malgré l'obligation depuis 1993 de passer un diplôme national, et malgré la signature en 2004 d'une charte déontologique par les laboratoires.(...)