L'Emploi et le Chômage en Débats

" chômeurs et précaires n’ont pas grand-chose à attendre des organisations syndicales " puis-je lire aujourd'hui sur l'édito de mon site préféré - Actuchomage.org.

Malaise.

Je suis agent Anpe, syndiqué, et je me bats dans mon syndicat, avec les syndicats des copains des Assedics, et les copains chômeurs, pour sauvegarder un service public de l'emploi.
Je me bats tous les jours contre les décisions humiliantes et fascisantes du gouvernement.
Je privilégie systématique l'intérêt des chômeurs.
Je suis tout prêt à changer de métier, si on permet à CHACUN D'ACCÉDER À UN EMPLOI DÉCENT À UN SALAIRE DÉCENT.
Je prends sur mon temps personnel pour militer, je me déplace en payant mon essence pour participer à des actions pour défendre un service public de qualité.

Alors attention aux amalgammes.

Si les syndicats font peu pour les chômeurs, c'est que pour être reconnu, il faut avoir des syndiqués. Et qu'il est très difficile de syndiqués les chômeurs. Avant tout parce que quand on a un frigo vide, on pense avant tout à le remplir.

Sarko ne passera pas. Ne nous divisons pas.
Si les cheminots se battent pour leurs retraites, ils se battent aussi pour les retraites de TOUS.
Et les droits syndicaux de TOUS.
Et du service public de TOUS.

A l'Anpe, il n'y a pas que des bourrins.

Y'a aussi des citoyens qui luttent. Humblement. Fraternellement. Solidairement.

Ne nous trompons pas d'ennemi.

Et qu'il est très difficile de syndiqués les chômeurs. Avant tout parce que quand on a un frigo vide, on pense avant tout à le remplir.

Ce n'est pas la seule raison. Dans notre monde, si tu n'as pas de travail tu n'existes pas socialement et ce principe est reconnu aussi bien par les puissants que par la plupart des gens qui ont un emploi.

"chômeurs et précaires n’ont pas grand-chose à attendre des organisations syndicales "

Pas grand chose ne veut pas dire RIEN.

La société va être obligée de prendre en compte la destruction de la "valeur travail" avec l'augmentation du nombre de chomeurs.

Parce que la flexibilité demandée par le patronat et la mondialisation liberale apatride va se concrétiser par des années de travail avec des trous correspondants à des périodes de chomage plus ou moins longues.

Je suis l'auteur de l'édito qui suscite le malaise de notre ami syndiqué et solidaire. Édito qui est en ligne depuis un mois et demi (quand même).

J'ai en effet écrit : "chômeurs et précaires n’ont pas grand-chose à attendre des organisations syndicales".

Comme le souligne justement TristeSir, "pas grand-chose" ne veut pas dire "rien". La nuance est importante.

Mais ce "pas grand-chose" est le constat que nous tirons de quatre années de mobilisations, quatre années de rencontres avec des syndicalistes, quatre ans de manifs de chômeurs dédaignées par la majeur partie des syndicats.

Pour s'en convaincre, nous compterons ceux qui s'associeront - au final et dans les faits - à la manifestation annuelle organisée à Paris, le 8 décembre, contre le chômage et la précarité, à laquelle appellent AC ! Agir ensemble contre le chômage, l'APEIS, le MNCP, la CGT Chômeurs.

Moi, j'y participe chaque année, et je vois les rangs plus que clairsemés des syndicats. Quelques banderoles Sud Solidaires, une présence plus soutenue de la CNT… et puis, et puis… rien !

Tout ça reste marginal… sur un sujet plus que CENTRAL !

Alors, si tous les syndicats et tous les syndiqués ne sont pas à mettre dans le même panier, en cette période de mobilisations sociales, nous noterons deux grands absents dans les discours des responsables syndicaux : le chômage qui frappe toujours - officiellement - près de deux millions de personnes, et les emplois précaires, partiels et sous-payés qui touchent 3, 4 ou 5 millions de personnes en France. On ne sait même plus tellement ils sont nombreux.

Certes, nous comprenons ici que les droits et acquis sociaux de certaines catégories de travailleurs méritent d'être défendus… mais pas au détriment de celles et ceux qui sont déjà laissés pour compte, exclus et marginalisés.

Les chômeurs et précaires ne peuvent - sur le fond - compter que sur eux-mêmes (on a pu s’en rendre compte lors de l’affaire des Recalculés en 2003/2004. Même si la CGT et FO se sont opposées au recalcul de l’allocation chômage, ces deux centrales n’ont pas beaucoup soutenu les chômeurs qui ont porté plainte contre l’UNEDIC et les Assédic… et finalement gagné la bataille juridique).

Quels sont les syndicats qui accueillent chômeurs et précaires pour de bon dans leurs rangs et dans leurs instances représentatives ?

Pour "apprécier" ce dédain, relisons quelques extraits de l'interview de notre ami Charles Hoareau (dans "Nous les avons invités", colonne de gauche), un des rares défenseurs de la "cause chômeurs" au sein de la CGT.

Je le cite :

• "Aujourd'hui, cette politique de la négociation que la CGT tente au plan national est vouée à l'échec car elle se coupe des gens."

• "Entre l'ingénieur EDF et le jeune chômeur des cités, il y a tout un monde qui les sépare ! Si le syndicalisme ne prend pas en compte cet aspect des choses, la société va imploser. Le syndicalisme doit avoir la volonté de s'implanter, y compris dans le tissu associatif, et laisser les gens s'approprier leurs luttes, choisir leurs terrains de réflexion collective, pour travailler avec eux sans les phagocyter en ne cherchant que des adhésions."

• "Je voulais lancer ce cri d'alarme au Congrès confédéral, et on ne m'a même pas laissé la parole."

• Actuchomage : La "méthode Hoareau" est quand même malheureusement très minoritaire, peut-être pas sur le terrain, mais au niveau des instances dirigeantes.

Charles HOAREAU : Effectivement, si elle est majoritaire dans mon département, elle est minoritaire ailleurs. C'est lié à des questions de stratégie nationale et à des questions politiques. (…)

Voilà qui se passe de tout commentaire supplémentaire, non ?

Et nous ne parlons pas ici de la CFDT, de la CGC, de la CFTC… C’est pire !

Yves - Un animateur du site

PS : Par ailleurs, nous avons tenté d'interviewer nombre de dirigeants syndicaux de premier plan (CGT, FO…) sur les questions qui nous mobilisent. Ils ne nous ont jamais répondu.

Bonjour Libegafra !

Quand tu vois que la CFDT porte plainte contre des chômeurs...

Blague à part, le vrai problème c'est le gouffre éternel qui sépare la base de ses élites. Comme en politique (et comme partout), il y a en bas des militants et des gens de terrain qui sont formidables et font un travail remarquable, tandis que dans les hautes sphères décident des gens qui sont dans leur bulle, de + en + éloignés des réalités.

Quand nous parlons des syndicats, nous ne parlons pas des militants syndicalistes, mais de l'appareil syndical. Et surtout de ces grosses structures majoritaires qui dorment sur leur lauriers.

Quand nous parlons des syndicats, nous parlons des "partenaires sociaux" de l'Unedic, qui passent leur temps à nous bouffer la laine sur le dos.

Plus généralement, nous reprochons aux syndicats de ne se battre que pour les salariés, en ignorant ceux qui ne le sont plus... Et d'ignorer aussi la masse des travailleurs précaires.

Nous déplorons le faible taux de syndicalisation en France.

Et nous aimerions qu'il soit fait davantage de place aux syndicats émergents.

libegafra a écrit : Si les syndicats font peu pour les chômeurs, c'est que pour être reconnu, il faut avoir des syndiqués. Et qu'il est très difficile de syndiqués les chômeurs. Avant tout parce que quand on a un frigo vide, on pense avant tout à le remplir.

Il est aussi très difficile de se syndiquer car il n'y a pas de syndicat qui accueille les chômeurs, à part la CGT.

Je suis également syndiquée et solidaire, mais ça crève les yeux que les chômeurs n'ont "pas grand chose" à attendre des syndicats.

IL faut dire aussi que les syndicats n'ont pas topujours joué un role très clair par le passé.

Sans vouloir radoter et jouer les anciens combattants, je rapelle quand meme, que le premier mouvement des chomeurs, l'hiver 97 a ete lançé par AC. La CGT a pointé son nez ensuite.ALors meme que les associations de chomeurs reclamaient DES MOYENS CONVENABLE D'EXISTENCE pour tous les chomeurs, et LA REVALORISATION DES MINIMA SOCIAUX, les syndicats se sont pointes pour se focaliser sur la prime de Noel. Ainsi, une fois la prime de Noel obtenue,tout ce' petit monde est rentré chez soi, et, les chomeurs ont continué a subsister lamentablement.
Et, je ne parle pas de la prise de pouvoir de certains delegues syndicaux!
La revendication du syndicat et pas autre chose!On te reclame ton timbre sur ta carte,sans savoir, si tu as as bouffé dans ton assiette! J'ai meme entendu un reresentant de defenses des locataires, syndiqué CGT ,ici, dire " Ces chomeurs, tous des faigneants"!

Alors meme, que le mouvement des chomeurs etait un combat qui se voulait libertaire et collectif au depart!

AURAIT PAS FALLU MELE LES SYNDICATS!

AURAIT PAS FALLU MELE LES SYNDICATS!

D'un côté, ceux qui s'invitent quand la table est mise, je comprends ton ressentiment Romain

D'un autre côté les syndicats sont les seuls "représentants sociaux" reconnus pour discuter.

Et on n'est pas prêts de se fédérer ensemble, entre ceux qui survivent complètement isolés (c'était mon cas jusqu'il y a 2 ans avant internet), ceux qui refusent de se reconnaitre dans nos situations, ou alors juste provisoirement (qu'ils croient)...

Il ne reste que les assoc qui n'ont quasiment pas de moyens et peuvent intervenir de façon ponctuelle, mais pas de rassemblement et pas de voix reconnue

"peuvent intervenir de façon ponctuelle, mais pas de rassemblement et pas de voix reconnue "

Si, les assos etaient reconnues et pouvaient négocier.Je suis aller negocier localement avec les politiques. Syndicats et Partis ont suivis!
Regardes ,Claire Villiers, responsable national de AC au depart du mouvement, est bien devenue ELUE EN ILE DE FRANCE ( ça ,c'est de la négociation,!)

Comme quoi, les mouvements sociaux mènent à tout!

Je voulais revenir sur les propos en reaction au premier post : Idem syndiqué et travaillant à l'Assedic je me bats également pour un service de qualité et je dénonce ouvertement l'injustice quand elle existe car le demandeur d'emploi n'est pas représenté.Par conséquent ne vous trompez pas de cible!!!Alors lorsque j'entends que le demandeur ne doit rien attendre des organisations syndicales, ça me fait bondir. Loue l'huma titre " chômeurs remboursez"24/01/06 à votre avis l'info elle l'a comment.Je parcours ce site, c'est une bouffée d'oxygène, mais de temps en temps je trouve que vous nous diabolisez. Vous allez me répondre que ce site n'est pas fait pour nous!!!oui mais quand on peut vous aider on vous aide. A bon entendeur

Waou, voilà une ligne de messages excellents.

Ben, oui il y a des gens sympas partout, et comme partout, le combat est difficile. On a souvent l'impression de parler à des sourds ou à des débiles. Le découragement est courant.

S'il y a des gens sympas à l'ANPE et ASSEDIC qui prennent a coeur leur travail, c'est bien. Dans le cynisme de notre temps ça fait du bien de vous lire.

Je crois aussi que Actuchomage est là pour les mêmes raisons que vous.
On avance on avance.

Ciao
Cdt

did

Merci Did

Un peu de compréhension et de reconnaissance ne nuisent pas.Je ne fais peut être pas le métier que je voulais faire ( juriste en droit social) mais au moins je mets mes connaissances au service des demandeurs d'emploi et je rencontre de nombreuses personnes très sympas. Et si vous êtes bien avec les gens si vous les renseigner bien, ils vous le rendent bien. Donc ce n'est que du bonheur, et en tant que syndicaliste j'ai encore cette liberté de pouvoir dénoncer certains faits de l'institution assedicienne , comme la récupération des trops perçus. Je rapppelle régulièrement à ma Direction que nous ne sommes pas dans une république bananière, les chômeurs ont des droits que nous devons respecter en la matière.

attentiondangertravail a écrit :Merci Did

Un peu de compréhension et de reconnaissance ne nuisent pas.Je ne fais peut être pas le métier que je voulais faire ( juriste en droit social) mais au moins je mets mes connaissances au service des demandeurs d'emploi et je rencontre de nombreuses personnes très sympas. Et si vous êtes bien avec les gens si vous les renseigner bien, ils vous le rendent bien. Donc ce n'est que du bonheur, et en tant que syndicaliste j'ai encore cette liberté de pouvoir dénoncer certains faits de l'institution assedicienne , comme la récupération des trops perçus. Je rapppelle régulièrement à ma Direction que nous ne sommes pas dans une république bananière, les chômeurs ont des droits que nous devons respecter en la matière.

De rien mon gars!

je suis délégué du personnel et je connais la valeur de l'engagement. C'est un risque que l'on prend au sein de son entreprise. Je le paie chaque année au moment des augmentations de salaire, j'ai toujours la plus faible mais je m'en fous. On essayé plusieurs fois de me faire virer mais comme je resiste j'ai appris à ne plus avoir peur de ma direction.
Je travaille la tete haute et sans pression.
Vous faites un boulot difficile et votre engagement merite le respect, comme tout ceux qui font respecter les droits des travailleurs.
On est souvent payé en retour par l'ingratitude des gens qu'on defend, mais si on ne le sait pas, ce n'est pas la peine de le faire.

En tout cas bravo et merci.

cdt

did