Page 1 sur 3

Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 13 mars 2012
par superuser
Salut la foule ! :D

Nous préparons un sujet vidéo sur la souffrance psychique des chômeurs et l'absence de structures appropriées pour les aider à surmonter cette épreuve, sachant que, dans la majorité des cas, la dépression surgit comme un boomerang 1 an, 2 ans voire plus après la perte d'emploi et que, dans cette configuration, soit le chômeur n'a plus de mutuelle, soit il est passé aux minima sociaux et qu'avec sa CMU, il est refoulé par nombre de praticiens privés.

Je suis à la recherche de personnes qui ont été dans ce cas et n'auraient pas peur de décrire, à visage découvert devant une caméra, leur souffrance (ses symptômes et ses raisons) et comment ils ont cherché à en sortir : à quelles portes ils ont été frapper, et si cela a abouti ou non.

Je tiens à préciser que c'est Actuchomage — Yves et moi — qui pilotons ce reportage, et pas France 2 ou M6. Comme vous le savez, notre regard sera bien différent, et très respectueux.

Si vous êtes volontaire, merci de me contacter par MP.

Bien@vous,
la Sophie d'Actuchomage

Re: Chômage et dépression : cherche témoignages

Publié : 13 mars 2012
par bebert
Pas de bol, je ne suis pas encore dans les clous... Je ne suis pas du tout deprime... Parfois en colere, mais jamais deprime.

J'avais lu un peu vite, j'avais vu chomage et Repression...

Re: Chômage et dépression : cherche témoignages

Publié : 13 mars 2012
par maguy
Bonjour ma Sosso,
Je vais parler pour ne rien dire :?

Je ne veux pas "témoigner" à visage découvert, nous le savons.
soit le chômeur n'a plus de mutuelle, soit il est passé aux minima sociaux et qu'avec sa CMU, il est refoulé par nombre de praticiens privés.
J'ai raconté sur ce forum (avec d'autres) quelques unes de mes "aventures" cmu, mais je ne suis pas la plus touchée. Surtout avec les médecins qui ne sont pas mes potes (mais c'est tout à fait personnel)

J'ai connu le fond de l'humiliation. Etre malade, c'est déjà se mettre à la merci d'un médecin, quand on est à la cmu on est en plus un "client bon marché" prié de se taire et se conformer sans restriction à la parole du "maître". Interdiction de penser. Vous êtes un cmu, donc vous êtes un truc transparent, informe (un peu une méduse) qui n'a qu'à obéir aux injonctions (paroles d'évangile) qui lui sont faites.

Donc, je ne pourrai pas t'aider, chère Sophie, surtout que j'avais déjà à régler des problèmes "techniques hors bobo".

Surtout, que mon post d'énerve personne, je ne crois désespérement pas aux psys. Mais c'est très personnel. De vrais professionnels peuvent vous venir en aide.

J'ai encore parlé pour ne rien dire :?

Mon message : si vos posts sont triés par Superuser, allez-y, ce ne n'est pas un troll publicitaire. Mon avis n'est que personnel !

Re: Chômage et dépression : cherche témoignages

Publié : 13 mars 2012
par superuser
maguy a écrit :Surtout, que mon post d'énerve personne : je ne crois désespérement pas aux psys. Mais c'est très personnel. De vrais professionnels peuvent vous venir en aide.
Et qu'appelles-tu "de vrais professionnels" dans ce cas de figure ? :)
A qui/quoi songes-tu ?

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 13 mars 2012
par diety
Salut la Sophie ! :)

Très bon sujet !

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 13 mars 2012
par Yves
Je précise une chose importante : On peut aussi relayer des témoignages sous anonymat (visage non reconnaissable).

En fait, Sophie - qui enquête depuis un moment sur ce sujet - a, comme écrit plus haut, constaté qu'on parlait bcp de souffrances au travail, de leur prise en compte et de leur accompagnement (dans les entreprises parfois), mais que les souffrances liées à l'inactivité forcée restent un sujet qui n'intéresse finalement personne, ne fait l'objet d'aucune étude, ne bénéficie pas de structures d'accueil adaptées… 

Il y a un vide énorme dans l'accompagnement psychologique des personnes fragilisées par leur chômage, leur précarité…

Il ne s'agit pas seulement d'accompagnement médical !

Les lieux où les personnes en souffrance peuvent s'exprimer sont rares (comme les Maisons de Chômeurs animées par le MNCP - Mouvement National des Chômeurs et Précaires - ou même les forums d'Actuchomage dans la "virtualité"… bien réelle néanmoins).

Le but n'est pas de faire pleurer Madeleine (là-dessus, on peut faire confiance à Sophie qui pilote ce projet). Le but est de jeter un coup de projecteur sur des souffrances exprimées ou refoulées dans un contexte qui, souvent, de plus en plus souvent même, stigmatise les chômeurs, les sous-employés et les précaires.

Toutes les contributions sont bienvenues (à visage découvert ou sous anonymat).

Les personnes non inscrites sur le site (qui ne peuvent donc pas contacter Sophie par MP) peuvent me joindre par mail : contact@actuchomage.org et je ferai suivre.

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 13 mars 2012
par faribole
c'est très intéressant cette démarche

par contre, j'ai l'impression (mais je peux me tromper), que ça concerne moins la génération des trentenaires actuels (dont je fais encore partie, mais plus pour longtemps :wink: ), cette question des "souffrances liées à l'inactivité forcée "

non pas qu'elle n'existent pas, ces souffrances, mais on a grandi avec... on est tellement habitués, on a intégré ça ... (autour de moi tt le monde vit ça, sinon avec décontraction, au moins avec fatalisme )
Quand on trouve un bout de taf on est contents pour le frigo, mais on sait aussi que ça va s'arrêter... Génération précaire, génération galère...

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par superuser
faribole a écrit :par contre, j'ai l'impression (mais je peux me tromper) que ça concerne moins la génération des trentenaires actuels (dont je fais encore partie, mais plus pour longtemps :wink: ), cette question des "souffrances liées à l'inactivité forcée"...
Tu n'as pas tort.

Plus on vient de haut, plus dure est la chute.

Il y a deux gros facteurs qui déclenchent la dépression :
• quand on s'aperçoit qu'on a mangé son "pain blanc" (par exemple, après 20 ans de vie professionnelle où on a bcp donné, on se fait jeter comme une merde et on s'aperçoit qu'on est tombé dans un incroyable cul-de-sac : on est déjà trop vieux, trop cher, c'est retour à la case départ où il faut accepter le déclassement, le Smic et la précarité);
• quand on a subi des échecs répétés (réponses négatives, entretiens sans suite, espoirs déçus — c'est Sisyphe ! — auxquels viennent se greffer des pb personnels et financiers) et que l'usure, le découragement vous gagnent.

Tous les "experts" s'accordent pour dire que les victimes de dépression et de suicide ne sont pas les plus "faibles" : ce sont, au contraire, des gens très consciencieux (trop), très impliqués (trop) et réfléchis. Mais ils sont comme le chêne déraciné par la tempête, alors que le roseau ploie mais ne rompt pas.

Il y a effectivement un conditionnement de départ (la "valeur travail" et l'obligation de "réussite", sinon de "normalité" inculquées par notre société), certainement typique d'une génération arrivée en queue de comète des Trente glorieuses, qui se met subitement à jurer avec la réalité. On se retrouve dans une situation de dissonance cognitive : ce que l'on croyait vrai et ce que l'on croyait être ne colle plus avec cette réalité, tout cela n'était qu'imposture. On a perdu ses repères, on découvre que les valeurs auxquelles ont adhérait sont fausses, on ne se reconnaît plus là-dedans, on n'arrive plus à se situer et c'est ça qui est déstabilisant, puis de + en + douloureux. Car à cela il faut rajouter le regard des proches et de la société qui peu à peu vous considèrent comme un raté, un paria. C'est cette violente prise de conscience qui fait le plus mal.

Pour s'en sortir, de chêne il faut apprendre à devenir roseau, donc réinitialiser totalement son logiciel. Et cette période de réinitialisation est longue et difficile, surtout quand le logiciel était gros et bien installé.

Il y a des gens qui sont mieux armés que d'autres pour ne pas succomber. Tout dépend de l'éducation et de l'amour qu'on a reçu (la capacité à garder confiance en soi vient de là). S'il y a eu des lacunes dans l'enfance et l'adolescence, elles ressortent, et c'est le travail du psy d'aider ces personnes à les combler au présent. Reconstruire son identité et en être à nouveau fier dans un monde qui marche à l'envers.

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par diety
Se rajoute à ce que tu viens d'écire, Sohpie, la réaction sociale (institutionnelle), c.a.d. et de la société et des individus (la famille, le/la conjoint-e, les amis). Le rejet de la société peut être ou est institutionnel et politique : "on" vous fait comprendre que le problème c'est vous, le chômeur. Reproches de toute sorte.
Les amis qui "disparaissent" ou s'ils ne disparaissent pas ils pointent "l'échec" de leur ami chômeur. Ceux qui sont censés vous aimer (parents, frères et soeurs, conjoint) sont blessants, d'où retrait ou rupture familiale, rupture du couple, divorce. Le calpin des amis s'amincit et il en résulte une grande solitude. Problèmes financiers, de logement...

Pour remonter il faut tout refaire (nouveaux contacts/amis), nouvelle représentation du monde, nouvelles valeurs que l'on définie, cette fois-ci, soi-même.

C'est des Très Grands Travaux quoi.

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par Invité
Oui, le paysage relationnel est à repenser après un tsunami. J'ai bien aimé votre expression les "Très Grands Travaux". Les tsunamis ou les incendies créent des ravages considérables, il est vrai. Ils permettent aussi de faire disparaitre tout un tas de nuisibles. Les arbres les plus beaux résistent. Le chômage, comme le cancer, le handicap, la mort, fait du ménage! Et, c'est finalement, fort heureux: on se retrouve, certes dépouillés, et surtout dépoussiérés! Les parasites ne sont pas nécessairement ceux que l'on croit. En y regardant de plus près, avec un regard neuf et épuré, débarrassé du prisme déformant dont on était hélas pourvu bien malgré soi, nous y voyons beaucoup plus clair! La cohorte de cloportes, qui nous taxe de "parasites", fait référence à son rang! "C'est celui qui dit qui est, disent les enfants". Et la vérité, n'est ce pas... :lol: Je suis finalement extrêmement ravie de cette situation! Et, sans doute il y a-t-il des chômeurs dépressifs, oui, et il y a sans doute autant, et peut-être même bien plus, tout un tas de personnes en situation d'emploi qui sont des dépressifs qui s'ignorent!

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par superuser
Ton raisonnement est juste. Moi aussi, souvent, je me dis que tout cela est un mal pour un bien.

Mais le nombre de personnes capables d'effectuer ces "Très Grands Travaux" puis de propager autour d'eux de nouvelles idées, un nouveau concept civilisationnel, reste rare.
Plumette403 a écrit :La cohorte de cloportes, qui nous taxe de "parasites", fait référence à son rang!
Ces gens-là, qui sont responsables du malheur de tous, auront hélas, même après un tsunami, toujours les moyens de s'en sortir et de recommencer à nous nuire.

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par diety
supersuer a écrit :Mais le nombre de personnes capables d'effectuer ces "Très Grands Travaux" puis de propager autour d'eux de nouvelles idées, un nouveau concept civilisationnel, reste rare.
J'ai juste fait la première partie, et encore, j'ai peut-être pas tout fini. :)

En ce qui concerne la propagation de mes idées, je n'arrive pas (en dehors d'internet) et que un ou deux amis d'enfance qui resteront mes amis peu importe que je travaille ou pas, que je sois en bonne santé ou pas. Je veux dire que je n'arrive pas à propager mes idées quand je suis en contact avec des gens qui fonctionnent avec les "anciennes" valeurs. Si je suis en face d 'une seule personne "à valeur tavail", le contact devient vite conflictuel si je commence à "propager" (propager pour moi veut d'abord dire "déconstruire les anciennes valeurs") et il n'y a plus rien de constructif dans le dialogue.

Je me rends compte que mes nouvelles idées ne vont pas très loin. Je n'ai pas de nouveau modèle sociétal cohérent sous le bras. Sur ce terrain je me considère comme un étudiant ou un chercheur (pas dans le sens scientifique du terme, mais dans le sens le plus strict : je cherche). Je lis, je tombe sur des petits bouts d'idée, je réfléchis, mais je n'ai aucun modèle que je pourrais propager, et je ne crois pas que ma courte vie va suffire pour en trouver ou en développer un (ce qui ne m'empêche pas de chercher.)

Je sais ce que je ne veux plus, j'en suis là.

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par bebert
Perso, le chômage n'a rien changé pour moi, j'ai toujours les mêmes potes, (il y a même quelques patrons dans le lot) je n'ai pas d'allusions blessantes, j'ai toujours le même relationnel, avec du temps en plus. Je sais que ce ne sera pas éternel, puisqu'un jour il va falloir que j'arrête de prendre des vacances, mais au niveau de mes relations, R.A.S., rien n'a changé... Et je crois qu'en moi non plus... Si, je suis plus détendu, plus disponible, plus heureux, quoi...

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par superuser
Diety, rien qu'en sachant ce que tu ne veux plus et en l'exprimant à qui veut bien l'entendre, tu sèmes des graines. :D

Re: Chômage et dépression : je cherche des témoignages

Publié : 14 mars 2012
par Invité
Merci de nourrir le débat. Je poursuis à mon tour.
superuser a écrit : [...] le nombre de personnes capables d'effectuer ces "Très Grands Travaux" puis de propager autour d'eux de nouvelles idées, un nouveau concept civilisationnel, reste rare.
Sur ce point, je serais plus optimiste, me semble-t-il. Pour les grands travaux, peut-être que, oui, d'accord, tout le monde n'a peut être pas cette énergie. Pour autant, je pense que, après un tsunami, chacun et chacune, reconstruit nécessairement. Simplement parce que le "faire comme avant" n'est plus possible. C'est nécessairement différent. Il est d'ailleurs intéressant de voir, dans les cataclysmes, tels les tsunamis, les inondations, tous ces événements climatiques qui touchent douloureusement les humains, comment les réactions sont différentes: certains sont empressés de rebâtir à l'identique, d'autres partent bâtir leur vie ailleurs, certains sont hébétés, sidérés, comme pétrifiés, d'autres entrent en action et empoignent seau et balai, pelle et truelle. Chacun fait, comme il peut, avec ce qu'il est. Et tout le monde fait, à sa façon!
superuser a écrit : Ces gens-là, qui sont responsables du malheur de tous, auront hélas, même après un tsunami, toujours les moyens de s'en sortir et de recommencer à nous nuire.
A vous nuire, non. Parce que vous avez appris en vous en protéger. Et vous pourrez désormais protéger les autres, en leur apprenant la vigilance. C'est ce que vous faîtes ici, en transmettant des outils. Bien sûr, il y aura toujours des personnes qui feront les frais d'actes malveillants. Gageons que, comme pour nous, elles en tireront sagesse pour la suite de leur existence. Les expériences, même les plus douloureuses (et sans doute, et surtout, les plus douloureuses) nous permettent de grandir. Et, ça, c'est acquis!