L'Emploi et le Chômage en Débats

Une question : votre boîte d'intérim vous dit d'arriver à 8 heures chez le client ; à 8 heures vous êtes donc dans les locaux du client, vous portez les vêtements de travail du client, vous assistez au speech sur les règles d'hygiène et de sécurité du client, vous remplissez un questionnaire pour le client. Puis vous commencez le travail proprement dit, c'est-à-dire la production à 8h30.
Eh bien cette première demi-heure n'est pas payée.
Qu'est-ce que vous en pensez ?

Tu peux contester l'horaire sur ta feuille de présence. As-tu posé la question à ta boîte d'intérim ?

En plus, a huit heures, on est mieux au lit, non ?

Puis vous commencez le travail proprement dit, c'est-à-dire la production à 8h30.

Comme ça, d'instinct, je dirais que la première demi-heure est une "formation" aux us et coutumes de l'entreprise et qu'elle doit être comptée comme temps de travail, puisque tu as l'obligation d'y être présente afin de te conformer aux règles de la boite.

Une "formation" aux règles d'hygiène (ou autres) spécifiques aux conditions de travail, c'est du temps de travail.

Je n'étaie sur rien mais c'est mon impression, ce qui serait logique et normal. Les instructions font partie du travail et sont diverses selon les entreprises.

C'est gentil de m'avoir répondu si vite.
Sur le contrat de travail, que je reçois toujours une fois la mission terminée, les horaires ne sont jamais les bons. De même, je suis censée faire 35 h par semaine, mais en réalité ça varie de 24 à 45 heures ; on ne sait jamais à quelle heure on va finir, ni quel jour.
Nous n'avons pas de feuille de présence à signer, ni de carte de pointage : dans cette usine c'est le chef de ligne qui note les heures d'arrivée et de sortie de chacun et qui envoie à l'agence d'intérim le temps de travail effectué.
Aucune preuve à avancer, donc. L'agence te dit de voir ça avec le client ; les collègues te disent un truc du genre "ah ben c'est normal, ben on n'avait pas commencé à travailler sur la ligne, ah ben nan hein..." ; le chef de ligne te dit de voir ça avec le chef plus haut qui est le genre à répondre "ben si ça te plaît pas tu restes pas".
Effectivement je ne vais pas rester au-delà de la mission, courte de toutes manières.

Je vais poser le problème calmement mais je ne me fais aucune illusion sur le résultat.
Alors je vais travailler moins vite pendant les jours qui viennent, juste ce qu'il faut pour leur faire perdre une demi-heure de ma production, car j'aime les comptes justes.

Si je vous posais la question, c'était pour entendre un autre discours que celui de mes collègues qui se sentent d'autant plus méritantes qu'elles se font mieux exploiter. Merci pour vos messages amicaux.

NB : Bébert, parfois je commence à 4 heures du matin, c'est-à-dire que je me lève à 3 heures. Horrible, non ?

Il ne s'agit pas d'un CDD mais d’intérim. Si Serabeth attendait son contrat, elle ne travaillerait jamais.

Alors je vais travailler moins vite pendant les jours qui viennent, juste ce qu'il faut pour leur faire perdre une demi-heure de ma production, car j'aime les comptes justes.

C'est effectivement la seule chose à faire. Dommage que tu sois seule...

J'ai eu ce genre de soucis avec une agence A**** ... J'ai fini ma mission en ralentissant ma cadence de soins ... Bon l'avantage c'était que je bossais en SSIAD donc je n'étais pas responsable des délais de route entre deux patients ni fautive des patients qui ont envie de parler à la seule personne qu'ils voient dans la journée ...

Et j'ai changé de boîte ...

L'autre boîte m'envoyait les contrats toujours en temps et heures ... Sauf qu'il faut parfois 3 jours pour faire Paris -> Cambrousse par La Poste ...
Alors je demandais les horaires ... Sauf que dans cette boîte je devais faire ma feuille d'heures ... Donc j'étais maîtresse du temps ... Et peu d'entreprises ont tenté de me faire faire des heures en plus car je demandais directement à ce que cela soit notifié avec signature du chef sur ma feuille d'heures...

Mais peut d'intérimaires ont la possibilité de faire ainsi ...

j'ai souvenir d'être venue un dimanche chez quick, visionner une vidéo sur mac do et comment contrer son hégémonie
on n'a jamais été payés, c'était normal, de se renseigner sur le concurrent



j'ai pas râlé mais j'avais 18 ans... je vous rassure, ça n'arriverait plus...

Merci les filles pour votre soutien.
Tout est une question de rapport de force ; l'agro-alimentaire dit peiner à recruter, c'est faux ; d'abord ceux qui paient un p'tit cas en plus du SMIC et ceux qui paient le SMIC, mais où l'ambiance est correcte, n'ont aucun mal ; pour les boîtes infectes, les intérimaires qui y ont fait une mission ne veulent plus y retourner mais ce n'est pas un problème non plus : l'agence d'intérim y envoie systématiquement les nouveaux inscrits
Il y a un tel niveau de chômage à la campagne que les postulants se pressent aux portes des agences d'intérim pour bosser dans l'agro-alimentaire. Et toutes les agences fonctionnent de la même manière.
Gambling, c'est l'agence d'intérim qui est mon employeur, mais si le client lui dit que j'ai travaillé 7 heures, l'agence me paie 7 heures. Un point, c'est tout.

Dans une usine où 80% des ouvrières sont intérimaires et pour beaucoup issues du milieu rural (où la soumission à toute autorité et le travail-jusqu'à-ce-que-mort-s'ensuive sont les valeurs essentielles), les employeurs se foutent royalement du Code du Travail. Si t'es pas content tu t'en vas, personne ne s'en apercevra, et tu ne retrouveras même pas de travail dans le coin parce qu'on ne veut pas de fortes têtes. A la campagne il n'y a pas vraiment d'anonymat, une personne légèrement critique est tout de suite cataloguée.

Je ne vais pas m'énerver avec un inspecteur du travail pour une demi-heure non payée ; ça vaudrait le coup si toute l'équipe s'était indignée de se faire gruger d'une demi-heure, mais ce n'est pas le cas : la plupart d'entre elles ne notent même pas les heures faites, ne lisent pas leur feuille de paie et sont convaincues de gagner beaucoup plus qu'une titulaire en CDI parce qu'on leur file leur prime et leurs congés payés en fin de mission.

Je crois que si ces usines sont implantées à la campagne ce n'est pas seulement parce que le foncier y est moins cher qu'aux abords des villes, c'est aussi parce que la main d’œuvre y est parfaitement docile (pour ne pas dire con-con).

Cela posé, ne me plaignez pas, je sais ce que je fais, je choisis de rester bosser là parce que j'y trouve des avantages. Je travaille le mieux possible mais je ne prends pas mon boulot à cœur, aucun stress, ce n'est pas mon usine, elle peut capoter demain je m'en moque.