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«Les ménages les moins solvables seront les plus touchés»
La crise des crédits hypothécaires à risque a gagné l’Europe. D’après Francis Généreux, économiste à la banque canadienne Desjardins, la crise va avoir des conséquences en Europe.
• Lundi, les bourses se sont redressées, les Banques centrales interviennent moins… La crise a-t-elle été maîtrisée ?
La crise des «subprimes» n’est pas terminée. Aux Etats-Unis, beaucoup de foyers font face à une augmentation considérable des taux d’intérêt (ils contractent des emprunts à taux variables, ndlr) et les saisies hypothécaires vont continuer d’augmenter durant ces prochains mois.
On se doute donc que de nombreux fonds d’investissements sont encore exposés. Mais on ne sait pas lesquels, d’où l’inquiétude des marchés. Il pourrait y avoir encore de très mauvaises nouvelles. La question est : quand la prochaine banque sera-t-elle touchée par la crise des crédits à risque ? Quelle sera alors la réaction des banques centrales ? Et celle des marchés ?
• Les ménages vont-ils sentir des effets de la crise ?
Aux Etats-Unis, c’est certain. Comme nous assistons à une augmentation des saisies des maisons pour défaut de paiement, les maisons à vendre sont de plus en plus nombreuses, donc les prix baissent. Et le secteur du bâtiment en pâtit le premier.
La consommation américaine sera aussi touchée, ce qui peut nuire à la croissance. Jusqu’à maintenant, les ménages pouvaient financer leurs achats avec le crédit hypothécaire. Comme le prix de leur maison augmentait, ils bénéficiaient de rallonges de prêt. De plus, comme la bourse et l’immobilier n’ont cessé de monter ces dernières années, les Américains ont très peu épargné pour leurs vieux jours en ayant le sentiment de s’enrichir. Le retournement de situation actuel pourrait les rendre plus prudent à l’avenir.
• Et les Européens?
Les banques européennes sont très exposées. Elles pourraient devenir plus frileuses si elles perdent des billes dans la crise actuelle. Les ménages les moins solvables seraient les plus touchés, les banques leur prêtant moins et à des taux d’intérêts supérieurs. Les entreprises devraient aussi rencontrer des difficultés pour financer leurs projets les plus risqués. Durant une période plus ou moins longue, les institutions financières devraient prendre moins de risque.