"On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs"
Publié : 21 janv. 2012
Pourquoi Mélenchon a fermé ses portes au Petit journal
Sept minutes de dézingage en règle ! Autant dire que Yann Barthès et son équipe se sont fait plaisir jeudi soir contre Jean-Luc Mélenchon. Pour quel motif ? Une équipe du Petit journal de Canal+ n'a pas pu filmer une rencontre entre un collectif de chômeurs et le candidat du Front de gauche lors de son déplacement en Lorraine le mercredi 18 janvier, alors que de nombreux journalistes et plusieurs équipes de télévision ont eu accès à la salle. Censure ? La réplique ne s'est pas fait attendre : Mélenchon a eu le droit à une séquence laissant entendre qu'il souhaite revenir à l'ORTF. Mais pourquoi l'équipe du candidat a-t-elle refusé l'accès au Petit journal et prêté ainsi le flanc à la critique ? Un conseiller du candidat du Front de gauche nous raconte...
Un "boycott" pour le site PureMedias. Mélenchon "se venge" pour Rue89. Jeudi soir, Yann Barthès a raconté, images à l'appui, comment une équipe du Petit journal s'est vu interdire l'accès à une rencontre entre Mélenchon et des chômeurs. Tous les journalistes ont pu entrer dans la salle, sauf eux, sans qu'on leur donne la moindre explication. Après une heure d'attente et les pitreries de la journaliste qui trépigne, les portes leur ont finalement été ouvertes… mais la réunion était terminée. Et Barthès, très remonté, de se demander s'ils ne "les prennent pas pour des cons".
La suite est plus confuse : les caméras ont pu filmer une conférence de presse, mais la journaliste est obligée de courir derrière Mélenchon dans un couloir pour pouvoir lui poser une question à laquelle il ne répondra pas. Et dans la séquence suivante, Barthès annonce qu'ils n'ont pu assister qu'au meeting. Mélenchon porte atteinte à la liberté de la presse ? Le candidat du Front de gauche a donc droit à un dernier magnéto assassin : un extrait de son meeting version télévision d'Etat.
Ce nouvel accrochage entre Mélenchon et le Petit journal intervient une semaine après les accusations de bidonnage du candidat à l'encontre de Yann Barthès. L'émission satirique avait assuré que Mélenchon et Eva Joly ne s'étaient pas salués lors d'un déplacement, alors qu'ils l'avaient fait hors caméra. L'affaire s'était terminée par une invitation du directeur de la communication de Mélenchon au Petit journal lundi 16 janvier. Trois jours plus tard, rebelote donc. Sauf que cette fois-ci, l'équipe de Mélenchon a donné le bâton pour se faire battre en refusant l'accès aux caméras de Canal+. Pour quelles raisons ?
Contacté par @si, le conseiller spécial du candidat, Eric Coquerel, présent à Metz, nous raconte les coulisses de ce déplacement et les raisons pour lesquelles le Petit journal n'a pas pu filmer : "On estime que le Petit journal est une émission de divertissement qui prétend traiter du politique en faisant des montages qui racontent une histoire qui n'est pas la réalité. Il y a une volonté de piéger et de tout tourner en ridicule qui ne nous satisfait pas. Nous, on a décidé de le critiquer et de ne plus jouer le jeu".
"On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs"
Le 18 janvier, la presse était conviée à assister à une rencontre avec des chômeurs à 16h45, une conférence de presse à 19h, et un meeting à 19h30. Coquerel nous confirme qu'une consigne avait été donnée pour leur bloquer l'accès à la réunion : "On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs. C'était une rencontre avec des gens en résistance mais qui sont dans une vraie situation de galère". Pourquoi ne pas leur avoir expliqué ? "On aurait pu leur dire, mais ce n'est pas du direct, donc ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient et on n'a pas les moyens de mettre des militants qui vont avoir la bonne réponse, de la répartie. De toute façon, comme il y a du montage, ils font ce qu'ils veulent".
Si l'accès de cette réunion a été interdit à l'équipe de Barthès, ils ont pu filmer le reste. "Le Petit journal a une carte de presse, leurs journalistes ont donc eu accès à la conférence de presse et au meeting, c'est normal, c'est la liberté de la presse", explique Coquerel. Pour autant, on comprend qu'ils ne sont plus les bienvenus : "Il y a un côté manipulateur en permanence, poursuit Coquerel, les téléspectateurs du Petit journal ne se rendent pas forcément compte que ce sont des choses qui sont de l'ordre de la mise en scène".
Un exemple ? "La journaliste du Petit journal n'a pas posé de questions lors de la conférence de presse. Elle était juste devant moi, avec son micro, elle avait toute la possibilité d'interroger Mélenchon, mais elle ne l'a pas fait. Et après, quand Jean-Luc Mélenchon et Oscar Lafontaine se sont dirigés vers la salle du meeting, elle les a poursuivis dans les couloirs". Une mise en scène qui collait parfaitement avec le scénario du boycott. La journaliste a-t-elle forcé cette mise en scène ? Nous n'avons pu joindre Laurent Bon, le producteur de l'émission.
Reste que Mélenchon, selon Coquerel, a bel et bien décidé de ne plus répondre au Petit journal. Pourquoi, alors que la polémique sur la séquence avec Eva Joly semblait close ? En cause, une autre séquence le 14 décembre 2011 lors d'une manifestation contre la crise...
Lire la suite sur Arrêt sur Images => http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4628 (accès libre)
Sept minutes de dézingage en règle ! Autant dire que Yann Barthès et son équipe se sont fait plaisir jeudi soir contre Jean-Luc Mélenchon. Pour quel motif ? Une équipe du Petit journal de Canal+ n'a pas pu filmer une rencontre entre un collectif de chômeurs et le candidat du Front de gauche lors de son déplacement en Lorraine le mercredi 18 janvier, alors que de nombreux journalistes et plusieurs équipes de télévision ont eu accès à la salle. Censure ? La réplique ne s'est pas fait attendre : Mélenchon a eu le droit à une séquence laissant entendre qu'il souhaite revenir à l'ORTF. Mais pourquoi l'équipe du candidat a-t-elle refusé l'accès au Petit journal et prêté ainsi le flanc à la critique ? Un conseiller du candidat du Front de gauche nous raconte...
Un "boycott" pour le site PureMedias. Mélenchon "se venge" pour Rue89. Jeudi soir, Yann Barthès a raconté, images à l'appui, comment une équipe du Petit journal s'est vu interdire l'accès à une rencontre entre Mélenchon et des chômeurs. Tous les journalistes ont pu entrer dans la salle, sauf eux, sans qu'on leur donne la moindre explication. Après une heure d'attente et les pitreries de la journaliste qui trépigne, les portes leur ont finalement été ouvertes… mais la réunion était terminée. Et Barthès, très remonté, de se demander s'ils ne "les prennent pas pour des cons".
La suite est plus confuse : les caméras ont pu filmer une conférence de presse, mais la journaliste est obligée de courir derrière Mélenchon dans un couloir pour pouvoir lui poser une question à laquelle il ne répondra pas. Et dans la séquence suivante, Barthès annonce qu'ils n'ont pu assister qu'au meeting. Mélenchon porte atteinte à la liberté de la presse ? Le candidat du Front de gauche a donc droit à un dernier magnéto assassin : un extrait de son meeting version télévision d'Etat.
Ce nouvel accrochage entre Mélenchon et le Petit journal intervient une semaine après les accusations de bidonnage du candidat à l'encontre de Yann Barthès. L'émission satirique avait assuré que Mélenchon et Eva Joly ne s'étaient pas salués lors d'un déplacement, alors qu'ils l'avaient fait hors caméra. L'affaire s'était terminée par une invitation du directeur de la communication de Mélenchon au Petit journal lundi 16 janvier. Trois jours plus tard, rebelote donc. Sauf que cette fois-ci, l'équipe de Mélenchon a donné le bâton pour se faire battre en refusant l'accès aux caméras de Canal+. Pour quelles raisons ?
Contacté par @si, le conseiller spécial du candidat, Eric Coquerel, présent à Metz, nous raconte les coulisses de ce déplacement et les raisons pour lesquelles le Petit journal n'a pas pu filmer : "On estime que le Petit journal est une émission de divertissement qui prétend traiter du politique en faisant des montages qui racontent une histoire qui n'est pas la réalité. Il y a une volonté de piéger et de tout tourner en ridicule qui ne nous satisfait pas. Nous, on a décidé de le critiquer et de ne plus jouer le jeu".
"On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs"
Le 18 janvier, la presse était conviée à assister à une rencontre avec des chômeurs à 16h45, une conférence de presse à 19h, et un meeting à 19h30. Coquerel nous confirme qu'une consigne avait été donnée pour leur bloquer l'accès à la réunion : "On ne veut pas qu'une émission se moque des chômeurs. C'était une rencontre avec des gens en résistance mais qui sont dans une vraie situation de galère". Pourquoi ne pas leur avoir expliqué ? "On aurait pu leur dire, mais ce n'est pas du direct, donc ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient et on n'a pas les moyens de mettre des militants qui vont avoir la bonne réponse, de la répartie. De toute façon, comme il y a du montage, ils font ce qu'ils veulent".
Si l'accès de cette réunion a été interdit à l'équipe de Barthès, ils ont pu filmer le reste. "Le Petit journal a une carte de presse, leurs journalistes ont donc eu accès à la conférence de presse et au meeting, c'est normal, c'est la liberté de la presse", explique Coquerel. Pour autant, on comprend qu'ils ne sont plus les bienvenus : "Il y a un côté manipulateur en permanence, poursuit Coquerel, les téléspectateurs du Petit journal ne se rendent pas forcément compte que ce sont des choses qui sont de l'ordre de la mise en scène".
Un exemple ? "La journaliste du Petit journal n'a pas posé de questions lors de la conférence de presse. Elle était juste devant moi, avec son micro, elle avait toute la possibilité d'interroger Mélenchon, mais elle ne l'a pas fait. Et après, quand Jean-Luc Mélenchon et Oscar Lafontaine se sont dirigés vers la salle du meeting, elle les a poursuivis dans les couloirs". Une mise en scène qui collait parfaitement avec le scénario du boycott. La journaliste a-t-elle forcé cette mise en scène ? Nous n'avons pu joindre Laurent Bon, le producteur de l'émission.
Reste que Mélenchon, selon Coquerel, a bel et bien décidé de ne plus répondre au Petit journal. Pourquoi, alors que la polémique sur la séquence avec Eva Joly semblait close ? En cause, une autre séquence le 14 décembre 2011 lors d'une manifestation contre la crise...
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