Die Linke, nouveau parti de gauche en Allemagne
Publié : 17 juin 2007
Fin mai, Olivier Besancenot avait appelé à la constitution d'un nouveau parti de la gauche radicale "sur une base politique claire" qui doit être "l’anticapitalisme et l'indépendance politique" vis-à-vis du PS. Jean-Luc Mélenchon, lui, songe à divorcer de son parti pour construire "une force nouvelle" de la vraie gauche. Une nécessité que l'Allemagne a visiblement concrétisée.

Bientôt chez nous ?Néo-communistes de l'ex-RDA et déçus de la social-démocratie ouest-allemande ont tenu samedi à Berlin leur premier congrès commun, créant "Die Linke" (La Gauche), déjà de facto la quatrième force politique allemande, qui appelle au "socialisme démocratique".
Ce congrès a porté l'ancien ministre et ex-président du Parti social-démocrate (SPD) Oskar Lafontaine et le président du Parti de gauche Lothar Bisky à la double présidence de la nouvelle formation, qui forme le quatrième groupe parlementaire derrière les conservateurs, les sociaux-démocrates et les libéraux au Bundestag (chambre des députés).
Sur une estrade barrée de rouge, devant 800 délégués qu'il a appelés ses "chers camarades", Oskar Lafontaine a multiplié dans son discours les références historiques, citant Jean Jaurès, et appelant "à apprendre la langue des Français, la grève générale" comme moyen d'action politique. "Nous sommes le seul parti qui remet en question le système" capitaliste, a ajouté Oskar Lafontaine. "Nous voulons réintroduire l'Etat social", a-t-il encore dit.
Lothar Bisky a quant à lui déploré que les salariés gagnent parfois si peu qu'ils en "deviennent pauvres". Pour cette raison, "Die Linke" revendique un salaire minimum de 8 € par heure et, dix-sept ans après la Réunification, l'alignement des salaires en ex-RDA sur ceux de l'Ouest.
Autre grande figure néo-communiste est-allemande, Gregor Gysi a multiplié ses attaques contre le SPD, cible favorite de la gauche de la gauche, qui accuse les sociaux-démocrates d'avoir trahi leurs idéaux. Le SPD, au pouvoir sous Gerhard Schröder (1998-2005) et partenaire de l'Union chrétienne-démocrate de la chancelière Angela Merkel depuis 2005, a taillé dans les prestations sociales et a octroyé des niches fiscales aux entreprises, comme l'ancien chancelier conservateur Helmut Kohl (1982-98 ) ne l'aurait jamais osé, a clamé M. Gysi. "Cela n'a plus rien à voir avec la démocratie sociale", a-t-il dit sous des applaudissements nourris.
Après presque deux ans de débats, les deux formations - le "Parti de gauche" (ex-PDS), regroupant de nombreux anciens membres du parti communiste de l'ex-RDA, le SED, et l’"Alternative électorale pour le travail et la justice" (WASG), implantée depuis 2005 en ex-RFA - avaient décidé en mars dernier de s'unir. "Nous parachevons aujourd'hui l'unité de l'Allemagne", a déclaré Gregor Gysi. Il s'agit du "seul exemple d'une véritable unification et non d'une adhésion ou d'une annexion", a-t-il ajouté en référence à la Réunification de 1990, ressentie par de nombreux Est-Allemands comme un rattachement qui leur aurait fait perdre une partie de leur identité.
Les deux formations avaient fait alliance pour les élections législatives de 2005, remportant 8,7% de voix. "Die Linke", qui compte quelque 72.000 membres - 60.300 du Parti de gauche, 11.500 de l'Alternative - est actuellement créditée d'environ 10% des voix, profitant de l'usure du pouvoir des sociaux-démocrates contraints à la grande coalition depuis 2005.
