Le travailleur polonais ne vient plus - en Allemagne !
Publié : 30 avr. 2007
Le spectre du plombier polonais qui allait venir travailler en France au salaire et avec les règles de protection sociale du pays d’origine avait marqué à jamais les esprits en France (et pas seulement en France!). Même si la polémique autour de ce cauchemar de dumping social s’est calmée pour l’instant, l’histoire n’est pas encore oubliée. La preuve : lors d’une visite dans mon pays d’origine à l’occasion des fêtes de Pâques, le fantôme polonais a resurgi dans ma tête, et dans le cotidien que je lisais un matin pendant mon petit-déjeuner. Mais vous n’allez jamais deviner le gros titre qui me sautait aux yeux : Les travailleurs saisonniers polonais boudent l’Allemagne.
C’était la saison des asperges, pendant laquelle depuis des années un peu plus de 300.000 travailleurs assurent la récolte en Allemagne, le dos courbé et les mains dans la terre. Ce travail qui est physiquement dur et mal payé n’est pas très aimé par les demandeurs d’emploi allemand, ce qui chaque année est utilisé avec joie comme LA preuve que le chômeur allemand est un individu fainéant et méprisable. C’est devenu un rituel. Le gouvernement a même décrété qu’au moins, 20 % des travailleurs saisonniers agricoles doivent être des chômeurs allemands, un chiffre qui a du mal à être réalisé, pendant que les Polonais venaient chaque année bien volontiers pour arracher ce légume délicieux pour nous. Les gouvernants qui ont le raisonnement court mettaient sur un piédestal ces travailleurs de l'est qui d'habitude se montrent motivés au travail pour les quelques euros qu'on leur donne, pendant que l'on culpabilisait le chômeur allemand.
Seulement il aurait suffi de regarder le salaire minimum en Pologne, qui d’après une fiche d’information d’Eurostat (eurostat) s’élève à 234 euro par mois (info 2006) pour comprendre que le niveau de vie n’est pas du tout le même dans les deux pays. Un Polonais qui aux yeux d’un Allemand a travaillé pour un salaire de misère pendant deux ou trois mois pouvait dans le passé vivre plusieurs mois en Pologne avec l’argent gagné, pendant que l’Allemand ne fait même pas le mois avec le même salaire chez lui. Mais tous les arguments son bon pour déprécier "les profiteurs" n'est-ce pas.
Alors pourquoi cette année les Polonais ne viennent-ils plus ?
La réponse réside dans le fait que l’Allemagne refuse avec obstination d’introduire un salaire minimum, et avec les centaines de milliers de chômeurs que l'on oblige de travailler pour 1 euro de l’heure, les salaires n'ont cessé de décroître. Dans mon article que je lisais ce matin, on parlait d’un travailleur saisonnier qui gagnerait 5,16 euros de l’heure, ce qui désormais ne suffit plus au Polonais. Il est devenu plus exigeant, et il a découvert l'Europe. En plus, depuis que la Pologne a rejoint l'Union européenne en 2005, les travailleurs saisonniers doivent payer des cotisations sociales en Pologne s'ils ont travaillé en Allemagne. Donc ils tiennent de moins en moins à revenir en Allemagne pour la récolte (ils ont raison!) et prennent des charters pour partir en Grande-Bretagne ou en Irlande où les salaires sont beaucoup plus attractifs (salaire minimum) : plus que 8 euro attirent nos amis de l’est vers d’autres horizons. En plus, dans d'autres pays ils ont le droit de travailler dans d'autres secteurs que dans la récolte. Voilà, l’Allemagne victime de leur propre politique : « Pas de salaire minimum chez nous, car ça détruit des emplois » peut-on toujours lire et entendre à toute occasion.
Et bien : pas de salaire minimum détruit les asperges, mes chers compatriotes. On veut tout, n'est-ce pas ? Des légumes pas chers, une main-d'oeuvre pour des clopinettes, maîtriser la population et le nombre officiel des chômeurs, des salaires sans limitation vers le bas, et si possible avec un sourire pour le tout.
Allez manger autre chose, si vous n’avez plus le sens des valeurs, et arrachez vos asperges vous-mêmes si vous voulez en manger ! C’est bien fait pour votre gueule !
En écrivant cette petite histoire, juste pour voir, je fais un tour sur le site de la Bundesagentur für Arbeit (BA), l’ANPE allemande et je cherche Spargelstecher (= arracheur d'asperges). Le numéro de la première annonce sur laquelle je tombe est 10000-1006673262-S. Vous pouvez vérifier par vous-même : allez sur la page de la Bundesagentur für Arbeit, copiez le numéro de l’annonce dans le champs prévu, et vous pouvez lire l’annonce. L’employeur en question paie 3,85 euros de l’heure, travail 7 jours/7, semaine comme jour férié. Retirez encore des cotisations sociales obligatoires payées en Pologne, il ne reste presque plus rien des 3,85 euro de l'heure. (D'ailleurs, il faut avoir le permis et venir avec sa voiture...
)
Donc je me permets d’avoir quelques doutes quant aux 5,16 euros mentionnés dans mon journal. Mais 3,85 euro, on ne peut pas écrire ça dans un journal, ce serait trop la honte...
Alors si j’étais Polonais, je ne viendrais pas non plus. Franchement.
J'étais de très bonne humeur ce matin. Des travailleurs des nouveaux pays de l'est fraichement membre de la CEE ne viennent plus travailler en Allemagne car dans cette grande puissance économique les salaires sont devenu trop misérables.
Je me màààààààrrre, comme disait Coluche.
Vous auriez dû voire et entendre les politiques pendant des débats sur des plateaux de télévision. Ils défendent bec et ongle le NON au salaire minimum, car cela détruirait soit-disant des emplois.
Déjà, des emplois comme ça, je veux bien qu’ils soient détruits. Qu’est-ce que j’en ai à faire d’un travail où je gagne 616 euros par mois en travaillant dur 40 heures par semaine ou plus, semaine, dimanche, jour férié, juste pour mendier ensuite des allocations pour pouvoir survivre. Non, non et non.
Des salaires trop bas détruisent aussi l'emploi. Même tout un secteur de production - certains légumes ne seront pas récoltés et vont pourrir. Qu’ils se l’écrivent derrière les oreilles !
C’était la saison des asperges, pendant laquelle depuis des années un peu plus de 300.000 travailleurs assurent la récolte en Allemagne, le dos courbé et les mains dans la terre. Ce travail qui est physiquement dur et mal payé n’est pas très aimé par les demandeurs d’emploi allemand, ce qui chaque année est utilisé avec joie comme LA preuve que le chômeur allemand est un individu fainéant et méprisable. C’est devenu un rituel. Le gouvernement a même décrété qu’au moins, 20 % des travailleurs saisonniers agricoles doivent être des chômeurs allemands, un chiffre qui a du mal à être réalisé, pendant que les Polonais venaient chaque année bien volontiers pour arracher ce légume délicieux pour nous. Les gouvernants qui ont le raisonnement court mettaient sur un piédestal ces travailleurs de l'est qui d'habitude se montrent motivés au travail pour les quelques euros qu'on leur donne, pendant que l'on culpabilisait le chômeur allemand.
Seulement il aurait suffi de regarder le salaire minimum en Pologne, qui d’après une fiche d’information d’Eurostat (eurostat) s’élève à 234 euro par mois (info 2006) pour comprendre que le niveau de vie n’est pas du tout le même dans les deux pays. Un Polonais qui aux yeux d’un Allemand a travaillé pour un salaire de misère pendant deux ou trois mois pouvait dans le passé vivre plusieurs mois en Pologne avec l’argent gagné, pendant que l’Allemand ne fait même pas le mois avec le même salaire chez lui. Mais tous les arguments son bon pour déprécier "les profiteurs" n'est-ce pas.
Alors pourquoi cette année les Polonais ne viennent-ils plus ?
La réponse réside dans le fait que l’Allemagne refuse avec obstination d’introduire un salaire minimum, et avec les centaines de milliers de chômeurs que l'on oblige de travailler pour 1 euro de l’heure, les salaires n'ont cessé de décroître. Dans mon article que je lisais ce matin, on parlait d’un travailleur saisonnier qui gagnerait 5,16 euros de l’heure, ce qui désormais ne suffit plus au Polonais. Il est devenu plus exigeant, et il a découvert l'Europe. En plus, depuis que la Pologne a rejoint l'Union européenne en 2005, les travailleurs saisonniers doivent payer des cotisations sociales en Pologne s'ils ont travaillé en Allemagne. Donc ils tiennent de moins en moins à revenir en Allemagne pour la récolte (ils ont raison!) et prennent des charters pour partir en Grande-Bretagne ou en Irlande où les salaires sont beaucoup plus attractifs (salaire minimum) : plus que 8 euro attirent nos amis de l’est vers d’autres horizons. En plus, dans d'autres pays ils ont le droit de travailler dans d'autres secteurs que dans la récolte. Voilà, l’Allemagne victime de leur propre politique : « Pas de salaire minimum chez nous, car ça détruit des emplois » peut-on toujours lire et entendre à toute occasion.
Et bien : pas de salaire minimum détruit les asperges, mes chers compatriotes. On veut tout, n'est-ce pas ? Des légumes pas chers, une main-d'oeuvre pour des clopinettes, maîtriser la population et le nombre officiel des chômeurs, des salaires sans limitation vers le bas, et si possible avec un sourire pour le tout.
Allez manger autre chose, si vous n’avez plus le sens des valeurs, et arrachez vos asperges vous-mêmes si vous voulez en manger ! C’est bien fait pour votre gueule !
En écrivant cette petite histoire, juste pour voir, je fais un tour sur le site de la Bundesagentur für Arbeit (BA), l’ANPE allemande et je cherche Spargelstecher (= arracheur d'asperges). Le numéro de la première annonce sur laquelle je tombe est 10000-1006673262-S. Vous pouvez vérifier par vous-même : allez sur la page de la Bundesagentur für Arbeit, copiez le numéro de l’annonce dans le champs prévu, et vous pouvez lire l’annonce. L’employeur en question paie 3,85 euros de l’heure, travail 7 jours/7, semaine comme jour férié. Retirez encore des cotisations sociales obligatoires payées en Pologne, il ne reste presque plus rien des 3,85 euro de l'heure. (D'ailleurs, il faut avoir le permis et venir avec sa voiture...

Donc je me permets d’avoir quelques doutes quant aux 5,16 euros mentionnés dans mon journal. Mais 3,85 euro, on ne peut pas écrire ça dans un journal, ce serait trop la honte...
Alors si j’étais Polonais, je ne viendrais pas non plus. Franchement.
J'étais de très bonne humeur ce matin. Des travailleurs des nouveaux pays de l'est fraichement membre de la CEE ne viennent plus travailler en Allemagne car dans cette grande puissance économique les salaires sont devenu trop misérables.
Je me màààààààrrre, comme disait Coluche.

Vous auriez dû voire et entendre les politiques pendant des débats sur des plateaux de télévision. Ils défendent bec et ongle le NON au salaire minimum, car cela détruirait soit-disant des emplois.
Déjà, des emplois comme ça, je veux bien qu’ils soient détruits. Qu’est-ce que j’en ai à faire d’un travail où je gagne 616 euros par mois en travaillant dur 40 heures par semaine ou plus, semaine, dimanche, jour férié, juste pour mendier ensuite des allocations pour pouvoir survivre. Non, non et non.
Des salaires trop bas détruisent aussi l'emploi. Même tout un secteur de production - certains légumes ne seront pas récoltés et vont pourrir. Qu’ils se l’écrivent derrière les oreilles !