Il m'est arrivé d'avoir la tentation dans les périodes de chômage sans fin de virer mon diplôme de 3ème cycle.
En effet, dès la sortie de l'université en 1994, la galère a commencé : j'avais des entretiens d'embauche pour des postes correspondant à mon niveau, mais une fois en face du recruteur je me faisais -gentiment mais fermement- éconduire. J'ai tout entendu "vous êtes trop jeune", "vous n'avez aucune expérience", et la question piège "que savez-vous faire exactement ?" à laquelle j'étais bien incapable de répondre...Je me suis rendue compte que mon niveau de diplôme devait déboucher sur un poste de cadre, dans la théorie, mais que je n'avais aucune chance d'y accéder sans expérience dans la réalité.
Nos profs d'université nous avaient bien monté la tête en nous parlant de salaires planchers au dessous desquels ne pas descendre, de notre caractère "unique" et "exceptionnel" de diplômés de leur cursus etc...des vrais politiques quand j'y repense ! Ils maniaient aussi bien la langue de bois...à moins qu'ils n'aient vraiment cru à leur discours, déconnectés qu'ils étaient de la réalité du marché de l'emploi ??

je ne le saurai jamais
En attendant, j'avais la sensation d'être dans une situation sans issue et d'avoir un diplôme-boulet à la patte...
Au bout de presque un an de chômage, quelqu'un de ma famille m'a fait entrer dans un CDD alimentaire (sondages par téléphone) et quand j'ai vu le niveau des nanas recrutées, j'ai eu les boules, pas d'études, pas finaudes...et faiseuses d'histoires !
Sortie du CDD, retour à la case chômage.
Desespérée, j'ai postulé pour un boulot niveau bac en laissant l'integralité de mes diplômes sur mon CV : j'ai été recrutée, et j'ai su ensuite que la recruteuse aurait mis mon CV au panier si sa collègue de bureau, qui avait elle même une nièce bac+5 au chômage, ne l'avait pas convaincue de me laisser une chance. En fait, la recruteuse avait un plus faible niveau d'étude et complexait à l'idée d'avoir une tête comme moi chez elle, c'est ce qu'elle m'a avoué ensuite. Puis elle m'a dit avoir été étonnée que je sois si sympa et si simple, car elle imaginait rencontrer une bêcheuse qui lui aurait donné des leçons...
Cette fois-ci, permi les recrutées, il y avait 2 filles avec leur bac et une avec un BTS.Ca s'est super bien passé, et ça m'a fait beaucoup de bien de voir que je valais quelque chose aux yeux d'un employeur car j'avais fini par douter complètement de moi et perdre totalement confiance en mes capacités.
Tout ça pour te dire Survivine que les recruteurs ont d'énormes clichés dans la tête

Et par la suite, c'est pas pour te flinguer le moral mais quand tu bosseras, tu verras que tu n'as pas encore passé tous les obstacles car le plus dur quand on est diplômée et compétente, c'est de ne pas éveiller la trouille des collègues situés au même niveau ou juste au-dessus du tien, et qui n'ont qu'une crainte, c'est que tu leur piques leur place.Ils te mettront alors des bâtons dans les roues...
Le monde du travail est à 90% une véritable jungle, voilà ce que je peux te dire après en avoir tâté 7 ans.
Un truc positif quand même, je t'en donne l'idée, c'est de te rapprocher du réseau des AFIJ Associations pour faciliter l'Insertion professionnelle des Jeunes Diplômés :
http://www.afij.org/
Sinon, à l'époque et au bout d'1 an de chômage, l'APEC m'avait proposé un bilan de compétences pour jeunes diplômés que j'ai accepté : C'était super car j'ai rencontré plein d'autres personnes dans ma situation, et surtout, j'ai pu faire le tri de ce qui me passionnait vraiment dans la vie et me diriger vers une autre voie que celle ouverte par mes études initiales. Ca m'a aidée à gagner en assurance par rapport à ce projet que j'avais en moi mais que je n'osais pas exprimer et encore moins réaliser! Du coup, j'ai pris une orientation qui me convenait vraiment, quitte à ne pas utiliser mon diplôme, et je suis sortie de cette impasse dans laquelle j'étais ...jusqu'à celle d'aujourd'hui, mais là, c'est une autre histoire
Je te souhaite de trouver ta voie toi aussi !