La croissance ne crée pas d'emploi
Publié : 02 avr. 2007
La "croissance" ne crée pas d'emplois. L'emploi (population active occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
En six ans, de 1999 à 2005, la valeur ajoutée a augmenté de 11,7 % en France et l'emploi intérieur de 5,62 %. La croissance de l'emploi est inférieure à celle de la production sur l'ensemble de l'activité nationale, mais cela semble aller dans le sens de la croyance commune selon laquelle "la croissance crée des emplois".
Une analyse de la réalité économique montre que l'évolution est cependant différente et varie de façon importante selon les années et les secteurs d'activités. Deux éléments essentiels sont en effet oubliés ou occultés : les variations de la productivité du travail et de la durée du travail.
En 2001, l'emploi a augmenté au même rythme que la production (croissance de 1,78 % et de 1,77 %) pour l'ensemble des secteurs d'activité. Mais en 2004, malgré une croissance de la production de 2,51 %, celle de l'emploi a été nulle (0,05 %). Dans l'industrie en 2004, pour une croissance de 1,67 % l'emploi a diminué de 3,02 %. Dans les industries des biens de consommation, une croissance de 18 % correspond à une perte d'emplois de 20 %.
L'explication de ces différences tient aux gains de productivité (parfois négatifs) qui varient selon les années et les secteurs économiques. Pour l'ensemble de la période 1999 à 2005 et pour toute la France, la "croissance" a été de 11,70 %. Cette augmentation de la production (valeur ajoutée) correspond bien au produit des variations de l'emploi de 5,62 % et de la productivité de 5,75 % (1,0562 x 1,0575 = 1,1169).
Une étude d'autres périodes, tenant compte de la durée du travail, est encore plus explicites et montre bien la nature complexe des relations entre la croissance économique, l'évolution de l'emploi et celle du chômage.
La création nette d'emploi est le résultat d'une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité ou d'une forte diminution de la durée du travail.
Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits).
Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée.
Autrement dit, l'emploi (population active occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
Exemple - Avec La fin progressive du pétrole, le secteur de la bicyclette va connaître une forte croissance au cours des prochaines années.
Une entreprise de 100 personnes produit 10 000 vélos en une année. Si 10 500 vélos sont produits l'année suivante pour satisfaire la demande de vélos, soit :
- la productivité n'a pas changé et il faut embaucher 5 personnes de plus pour faire 5 % de travail en plus,
- la productivité a augmenté de 5 % (autant que la production) et les 100 personnes suffisent à effectuer cette production supplémentaire,
- la productivité a augmenté de 10 % et les 100 personnes pourraient produire 11 000 vélos - mais comme seulement 10 500 sont achetés, l'employeur n'aura besoin que de 95 personnes pour produire 10 500 vélos (95,45 personnes) et 5 personnes seront licenciées.
C'est ce qui se passe dans la vraie vie.
Mais si, lorsque la production augmente de 5 % et la productivité de 10 %, la durée du travail est réduite de 5 % (4,55 % pour être précis, car 1,05 / 1,05 = 0,955), tout cela sans diminution du salaire mensuel (le salaire horaire augmente de 4,55 %) et sans augmentation des coûts de production des bicyclettes pour la partie main-d'œuvre.
Des gains de productivité supérieurs à l'augmentation de la production détruisent l'emploi si la durée du travail n'est pas réduite en proportion.
Lire La croissance ne crée pas d'emploi
et voir les tableaux statistiques (fichiers xls)
Dans un contexte de limitation des ressources au niveau mondial, en énergie, matières premières, eau ... la croissance de la production ne peut se poursuivre sans fin.
En l'absence de croissance ou dans le cadre d'une décroissance volontaire et raisonnée (qui n'est pas un retour à un plus faible niveau de vie), le nombre d'emplois peut augmenter et le chômage réel peut disparaître. Cela est possible par une diminution de la durée du travail (sans perte de niveau de vie), une meilleure répartition des richesses, en évitant l'énorme gaspillage dû à la logique financière de l'économie et aux transports inconsidérés, en limitant de la production aux biens et services utiles et nécessaires.
En six ans, de 1999 à 2005, la valeur ajoutée a augmenté de 11,7 % en France et l'emploi intérieur de 5,62 %. La croissance de l'emploi est inférieure à celle de la production sur l'ensemble de l'activité nationale, mais cela semble aller dans le sens de la croyance commune selon laquelle "la croissance crée des emplois".
Une analyse de la réalité économique montre que l'évolution est cependant différente et varie de façon importante selon les années et les secteurs d'activités. Deux éléments essentiels sont en effet oubliés ou occultés : les variations de la productivité du travail et de la durée du travail.
En 2001, l'emploi a augmenté au même rythme que la production (croissance de 1,78 % et de 1,77 %) pour l'ensemble des secteurs d'activité. Mais en 2004, malgré une croissance de la production de 2,51 %, celle de l'emploi a été nulle (0,05 %). Dans l'industrie en 2004, pour une croissance de 1,67 % l'emploi a diminué de 3,02 %. Dans les industries des biens de consommation, une croissance de 18 % correspond à une perte d'emplois de 20 %.
L'explication de ces différences tient aux gains de productivité (parfois négatifs) qui varient selon les années et les secteurs économiques. Pour l'ensemble de la période 1999 à 2005 et pour toute la France, la "croissance" a été de 11,70 %. Cette augmentation de la production (valeur ajoutée) correspond bien au produit des variations de l'emploi de 5,62 % et de la productivité de 5,75 % (1,0562 x 1,0575 = 1,1169).
Une étude d'autres périodes, tenant compte de la durée du travail, est encore plus explicites et montre bien la nature complexe des relations entre la croissance économique, l'évolution de l'emploi et celle du chômage.
La création nette d'emploi est le résultat d'une différence positive importante entre la croissance de la production et celle de la productivité ou d'une forte diminution de la durée du travail.
Pour une durée constante du travail, seule une évolution de la valeur ajoutée supérieure à celle de la productivité entraîne une création nette d'emplois (nombre d'emplois créés, à durée du travail identique, supérieur à celui des emplois détruits).
Plus généralement, l'évolution de la valeur ajoutée est égale au produit des évolutions de la productivité, de la durée du travail et de la population active occupée.
Autrement dit, l'emploi (population active occupée) augmente uniquement si la production (valeur ajoutée) augmente plus vite que le produit de la productivité par la durée du travail.
Exemple - Avec La fin progressive du pétrole, le secteur de la bicyclette va connaître une forte croissance au cours des prochaines années.
Une entreprise de 100 personnes produit 10 000 vélos en une année. Si 10 500 vélos sont produits l'année suivante pour satisfaire la demande de vélos, soit :
- la productivité n'a pas changé et il faut embaucher 5 personnes de plus pour faire 5 % de travail en plus,
- la productivité a augmenté de 5 % (autant que la production) et les 100 personnes suffisent à effectuer cette production supplémentaire,
- la productivité a augmenté de 10 % et les 100 personnes pourraient produire 11 000 vélos - mais comme seulement 10 500 sont achetés, l'employeur n'aura besoin que de 95 personnes pour produire 10 500 vélos (95,45 personnes) et 5 personnes seront licenciées.
C'est ce qui se passe dans la vraie vie.
Mais si, lorsque la production augmente de 5 % et la productivité de 10 %, la durée du travail est réduite de 5 % (4,55 % pour être précis, car 1,05 / 1,05 = 0,955), tout cela sans diminution du salaire mensuel (le salaire horaire augmente de 4,55 %) et sans augmentation des coûts de production des bicyclettes pour la partie main-d'œuvre.
Des gains de productivité supérieurs à l'augmentation de la production détruisent l'emploi si la durée du travail n'est pas réduite en proportion.
Lire La croissance ne crée pas d'emploi
et voir les tableaux statistiques (fichiers xls)
Dans un contexte de limitation des ressources au niveau mondial, en énergie, matières premières, eau ... la croissance de la production ne peut se poursuivre sans fin.
En l'absence de croissance ou dans le cadre d'une décroissance volontaire et raisonnée (qui n'est pas un retour à un plus faible niveau de vie), le nombre d'emplois peut augmenter et le chômage réel peut disparaître. Cela est possible par une diminution de la durée du travail (sans perte de niveau de vie), une meilleure répartition des richesses, en évitant l'énorme gaspillage dû à la logique financière de l'économie et aux transports inconsidérés, en limitant de la production aux biens et services utiles et nécessaires.