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Sarkozy et les copains à la télé

Publié : 28 oct. 2011
par superuser
L’organisation de l’interview de Nicolas Sarkozy sur la crise économique dans la zone euro menée par Jean-Pierre Pernaut pour TF1 et Yves Calvi pour France 2, diffusée sur les deux chaînes à 20h15 ce jeudi 27 octobre, donne lieu à de nombreuses critiques dans la presse, sur les réseaux sociaux, à gauche et chez les syndicats de journalistes.

Des présentateurs non spécialistes en économie

Jean-Pierre Pernaut, qui a déjà animé deux fois l’émission “Paroles de Français” avec Nicolas Sarkozy, en janvier 2010 puis en février 2011 sur TF1, symbolise l’information de proximité mais s'avère peu spécialiste sur les thématiques économiques ou européennes, peut-on lire sur le site de France 24. Côté France 2, si le journaliste Yves Calvi a "un profil de généraliste et de pédagogue", le présentateur de “C dans l’air” est également loin d'être un spécialiste en économie. Mais il est "un proche de Jérôme Bellay, fondateur de France Info, de LCI, et coproducteur de l’émission de jeudi".

A la réalisation, c'est Renaud Le Van Kim, réalisateur et producteur du Grand Journal de Canal+, qui officiera. C'est une vieille connaissance du chef de l'Etat : c'est lui qui avait mis en scène le "show" de l'investiture de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004, mais aussi plusieurs meetings de la campagne de 2007 et interventions présidentielles, dont une émission télévisée à l'Elysée en avril 2008.

Une émission sur mesure

"Ce soir, une fois encore, le journalisme aura perdu un peu plus de crédibilité", s’indigne le journaliste David Medioni sur son blog du Monde. "Nicolas Sarkozy - fâché du succès des Primaires citoyennes de la gauche - s'est donc taillé une émission sur mesure", explique-t-il. Celle-ci est "née dans le cerveau de Jérôme Bellay, directeur du JDD, qui n'a jamais caché ses sympathies pour la droite". D'ailleurs, "la production est assurée par Maximal Productions" qui appartient à ce dernier (“C dans l'air” est d’ailleurs produite par Maximal Productions).

Ces conditions de réalisation ont fait bondir les syndicats de France Télévisions. "C'est parfaitement choquant qu'une émission du service public fasse appel à une société privée", affirme ainsi la secrétaire général du SNJ de la chaîne, Dominique Pradalié. "Ce qui nous choque, c'est que Maximal Productions, c'est Jérôme Bellay, qui travaille au JDD, qui appartient à 100% à Lagardère, un proche de Nicolas Sarkozy", renchérit Jean-François Téaldi, délégué syndical central CGT à France Télévisions, qui regrette aussi "la mauvaise habitude qu'ont pris tous les présidents politiques de choisir leurs intervieweurs".

République bananière

Renaud Revel, rédacteur en chef à L'Express, révèle sur son blog qu’une équipe de la Télévision suisse romande (TSR) est venu enquêter mercredi 26 octobre sur le sujet. Elle aurait demandé à Jean-François Copé "s’il jugeait normal que ce soit une société privée, désignée par l’Elysée, qui réalise ledit entretien présidentiel et non les chaînes diffuseuses". Le président de l'UMP aurait simplement rétorqué que "ce choix relevait simplement d’une application de la loi du marché". Selon la chaîne de télévision publique suisse, les journalistes de TF1 ou de France Télévisions "ont semblé, les uns embarrassés, les autres résignés ou peu concernés". "On s’offusquerait presque quand le confrère suisse ose évoquer une ‘république bananière’ qui voit un prince disposer à sa table les ronds de serviette de journalistes méritants…", s'indigne le journaliste de L'Express.

Protestations du PS

Le parti socialiste a également protesté contre cette émission "trop spéciale" qui ne sera pas décomptée du temps de parole de la majorité par le CSA, Nicolas Sarkozy s'exprimant au titre de chef de l'Etat alors qu'il est "en campagne". Patrick Bloche, secrétaire national aux médias, se dit "consterné" par "la mise en scène" de l'émission, "dont N. Sarkozy a choisi seul les deux journalistes intervieweurs, ainsi que sa production par une société privée détenue par le groupe Lagardère, dont il n'est nul besoin de rappeler la proximité avec le président de la République". Pour lui, clairement, l'organisation de "cette émission pose un problème démocratique".

Réactions sur les réseaux sociaux

Jean-Jacques Bourdin, journaliste sur RMC, @JJBourdin_RMC : Sarkozy à la TV: Colère! Il choisit les journalistes, son ami Lagardère produit. A quel prix? Inimaginable ailleurs. En Russie peut-être !

Edwy Plenel, co-fondateur du site Mediapart,@edwyplenel: La question qui ne sera pas posée ce soir: comment Sarkozy a perdu pied en Europe. Réponse détaillée sur Mediapart.

Laurent Granguillaume, adjoint au Maire de Dijon, Conseiller général PS de Côte d'Or, @LGRANDGUILLAUME : Ce soir N Sarkozy ne dira pas un mot de son bilan : chômage, dette, baisse du pouvoir d'achat. Vivement le changement en 2012 !

Corinne Lepage, présidente du parti écologiste CAP21 , @corinnelepage : Show ce soir du président de la République produit par Maximal une filiale de Lagardère #Fouquets. Liberté de la presse manière #Sarkozy.

Re: Sarkozy et les copains à la télé

Publié : 28 oct. 2011
par Leila
La soif de pouvoir et de tout contrôler est de plus en plus dangereuse chez cet homme... :?

Attention car les gens qui ont le culte de la personnalité et qui ont aussi le pouvoir entre leurs mains sont EXTRÊMEMENT dangereuses... Il suffit de taper sur un moteur de recherche les mots "culte de la personnalité + pouvoir + contrôle" vous constaterez par vous même...

Re: Sarkozy et les copains à la télé

Publié : 28 oct. 2011
par boulgom
Non, je n'ai pas regardé. J'ai zappé... En fait j'ignore la télé depuis lui. Par contre je me fais toujours ma petite revue de presse le matin, via le net... et voilà se que j'ai glané sur un blog du Nouvel Obs :
"Non, Nicolas Sarkozy n’aura pas été spécialement courageux. Le courage ou plutôt le simple fait de faire son travail, on le trouvait de l’autre côté de la table, chez le journaliste Yves Calvi qui aura osé une rapide question sur le gravissime Karachigate. Vite balayée par un Sarkozy qui, une nouvelle fois, utilise "la douleur des victimes" pour ne pas répondre et profite d’une question fort à propos de Jean-Pierre Pernaut qui plutôt que relancer sur Karachi préfère s’enquérir de la santé de Carla et Giulia."

Comme c'est mignon.
"Et maintenant, nous allons dans un petit village, un des plus beaux de cette France si chère à nos cœurs. L'Elysée. Un petit pays, un petit homme, un grand destin. Là où les tricots et les bas de laine se rejoignent".
C'est vraiment prendre les français (ouvertement) pour des cons.
Il n'y a qu'une seule réponse à cette même pas question.

Re: Sarkozy et les copains à la télé

Publié : 28 oct. 2011
par tristesir
J'ai regardé le début. Je crois que j'ai failli exploser quand Sarkozy a atteint le comble de la mauvaise foi en situant le début des déficits en 1974.
Pour ceux qui l'ignorent encore, quelques mois plus tôt une loi interdisait à l'Etat français d'emprunter à la banque de France (faire fonctionner la planche à billets)
et d'emprunter sur les marchés financiers. C'est clair qu'avant le concept de dette était quasi inconnu pour un l'Etat français.
Personne ne l'a repris.

Je l'ai trouvé d'une hypocrisie sans nom, quand il nous a fait une promotion appuyée du modèle allemand tout en nous rappelant qu'on tenait à garder notre modèle social en citant le SMIC. Si on veut copier les allemands il va falloir supprimer le SMIC et adopter d'autres joyeusetés du même type ce sont probablement les seules choses qui n'ont pas encore été achevées en France mais ils y travaillent pour y remédier, vous pouvez leur faire confiance, ils ont un boulevard qui s'offre à eux.

Quand on parle de réformer le marché du travail français il s'agit, entre autres, de supprimer le SMIC à un moment donné ou un autre. A noter, qu'en ne le revalorisant pas, ils ont trouvé un détour qui conduira au même résultat mais ce sera plus long et ça piaffe d'impatience du côté du MEDEF. 35 heures , le SMIC, une retraite, vous n'y pensez pas , nous n'avons plus les moyens qu'ils nous disent ceux qui manquent de rien et dont la richesse insensée s'accroit au fur et à mesure qu'une grande masse de la population, toujours plus nombreuse, s'appauvrit.

Une interview de rêve...

Publié : 29 oct. 2011
par maguy
Il a presque rêvé Denis Sieffert...
Extrait :
Sarkozy ressort son « travailler plus pour gagner plus » en vantant les heures supplémentaires… C’est ici, peut-être, qu’il fallait parler des 4 millions et demi de chômeurs. « Avec un tel chiffre, en réalité, Monsieur le Président, la société française travaille moins et gagne moins… » (Je rêve). Sarkozy accable les 35 heures et la retraite à 60 ans. La faute à 1981 et à 2000… On aurait peut-être pu lui parler de l’augmentation de la productivité. « Ce n’est pas parce qu’on travaille moins longtemps qu’on produit moins… » Au lieu de ça, nos deux interviewers sont restés bouche bée. Se regardant l’un l’autre.
article complet

Re: Sarkozy et les copains à la télé

Publié : 29 oct. 2011
par tristesir
Moi je pense qu"ils auraient du demander à Laurence Parisot et Copé de tenir le crachoir à Sarkozy, cela n'aurait pas fait une grande différence. 8)