Le taux de chômage serait plus proche de 8,9% que de 8,6%
Publié : 14 févr. 2007
Source : Yahoo.frmercredi 14 février 2007, 16h22
Le taux de chômage serait plus proche de 8,9% que de 8,6%
PARIS (Reuters) - L'OFCE estime que le taux de chômage en France est sans doute de 8,9% de la population active et non pas 8,6% comme annoncé par le gouvernement, soulignant les incertitudes qui pèsent sur les statistiques du chômage.
"La baisse du chômage est vraisemblablement moins forte que ne l'indiquent les statistiques actuellement disponibles", écrit l'institut de conjoncture dans une note publiée sur son site internet (http://www.ofce.sciences-po.fr/clair&net-2.htm).
"Le chômage aurait bien baissé mais dans des proportions moindres que ne l'indiquent les chiffres actuellement publiés par l'Insee", ajoute l'OFCE.
Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail est revenu à 8,6% de la population active au mois de décembre 2006, son plus bas niveau depuis juin 2001, selon les statistiques publiés par l'Insee fin janvier.
Il n'était repassé sous les 9% de la population active qu'en juillet dernier, retrouvant alors à 8,9% son niveau de mars 2002, correspondant à la fin du mandat du Premier ministre socialiste Lionel Jospin.
Les chiffres du chômage publié par l'Insee et auxquels se réfère le gouvernement sont actuellement entachés d'incertitude après la décision de l'institut national de conjoncture de reporter à l'automne prochain les résultats de son enquête emploi habituellement publiés en mars.
Le taux de chômage au sens du BIT, estimé chaque mois par l'Insee, est rectifié une fois par an sur la base d'une enquête, baptisée "Enquête Emploi" et destinée à observer effectivement la situation des personnes considérées en âge de travailler sur le marché du travail.
POLEMIQUE
"Avec le report à l'automne prochain des résultats de l'enquête emploi, le seule source pertinente pour mesurer le chômage, une polémique a enflé sur la réalité de sa baisse", rappelle l'OFCE qui fait le point à partir des créations nettes d'emploi, des sorties de formation initiale et des départs à la retraite.
"Il y a indéniablement une reprise de l'emploi avec 243.000 créations nettes d'emplois en 2006 après 149.000 en 2005", relève l'OFCE.
"Ces créations nettes d'emplois suffisent-elles à expliquer la baisse du chômage", s'interroge l'OFCE tout en ajoutant que tout dépend de l'évolution du nombre des actifs.
"En tendance avec le papy boom, la population active n'aurait dû progresser que de 54.000 personnes", note l'OFCE.
"Ensuite, il faut tenir compte des départs anticipés à la retraite des personnes ayant eu des carrières longues, soit - 37.000, selon la Caisse nationale d'assurance-vieillesse", décompte l'institut.
A cela devraient s'ajouter les inactifs qui devraient avoir repris une recherche d'emploi en raison d'une conjoncture plus favorable. L'OFCE estime leur nombre à 45.000.
"Le nombre d'actifs supplémentaires serait finalement d'environ 62.000 personnes et il faudrait donc autant de créations nettes d'emplois pour commencer à faire baisser le chômage".
Rappelant que 243.000 emplois ont été créés en 2006, l'OFCE estime que le nombre de chômeurs aurait donc dû baisser de 181.000 personnes et non de 270.000.
"La 'sur-baisse' du chômage de 89.000 personnes s'expliquerait principalement par les radiations et reclassements effectués par l'ANPE dans le cadre de la politique d'accompagnement des chômeurs impulsée par le gouvernement depuis la mi-2005", estime l'OFCE.
"Si ces personnes radiées ou reclassées sont toujours en recherche d'emploi, les prochains résultats de l'enquête emploi pourraient conduire à réviser le taux de chômage de décembre 2006 de 8,6% à 8,9% de la population active", conclut l'OFCE.