L'Emploi et le Chômage en Débats

"Santé fragile", "n'est pas valeur d'exemple", "dynamique de merde", "cas social" : c'est ce qu'ont pu lire les salariés d'un entrepôt de Decathlon en Isère dans un fichier nominatif découvert en juillet, a-t-on appris vendredi 23 septembre de source syndicale. Sur sept pages, le document rédigé à la main parle de onze salariés d'une équipe logistique d'un entrepôt de Saint-Quentin-Fallavier. Pour chacun sont indiqués l'ancienneté, le niveau d'études, mais sont délivrées aussi des appréciations lapidaires sur des attitudes telles que : "consciente qu'elle n'a rien à faire ici", "fait des histoires"…

Le document est également émaillé de considérations extra-professionnelles comme "vieux garçon", "chimio depuis deux ans", "a dû avorter [du] deuxième [enfant] pour maladie". "Les propos insultants et humiliants font de plus référence à la vie privée des salariés", s'est offusqué le délégué central de la CGT, Frédéric Le Meur, qui a annoncé avec la CFDT et la CFE-CGC son intention de porter plainte.

"MOTS-CLÉS RETENUS MALADROITEMENT, LORS D'UNE PASSATION"

Le fichier, découvert à l'occasion d'un déménagement début juillet sur l'armoire d'un open space, était en fait un "cahier de passation" entre deux responsables d'équipe qui se sont succédé. Ces femmes manageuses, âgées de moins de 30 ans, qui font toujours partie de l'entreprise, ont été mises à pied et devraient suivre une formation maison "valeurs et volonté, qui met l'homme au cœur de l'entreprise". "Il s'agissait de mots-clés retenus maladroitement, lors d'une passation", a déclaré le directeur des ressources humaines du groupe, Jean-Pierre Haemmerlein, qui s'est déplacé le 12 septembre pour rencontrer l'équipe.(...)

http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html

Apparemment ce n'est pas une faute professionnelle, susceptible d'entraîner le licenciement, d'établir ce type de fichier.

Apparemment ce n'est pas une faute professionnelle, susceptible d'entraîner le licenciement, d'établir ce type de fichier.

Ouais, par contre je ne donne pas cher de l'avenir de celui qui a trouvé le document et l'a transmis au syndicat.

Je me demande dans quelle formation de management on apprend à ficher les gens de la sorte.

Y a-t-il des suites judiciaires ? La direction de Décathlon le mériterait.

tristesir a écrit :

ce n'est pas une faute professionnelle, susceptible d'entraîner le licenciement

Bien-sûr félicitons les avec une prime, tout va bien

Bien-sûr félicitons les avec une prime, tout va bien

Je ne faisais que commenter l'article que j'ai mis en lien dans lequel il est mentionné, si je comprends bien, que ces deux femmes cadres n'ont pas été licenciées (seulement mises à pied) mais envoyées en formation pour leur apprendre l'éthique de l'entreprise.

Mais si tu veux mon avis, elles devraient être licenciées et j'espère qu'il y aura des suites judiciaires.

tristesir a écrit :

elles devraient être licenciées et j'espère qu'il y aura des suites judiciaires.

Pourquoi ?

Elles font exactement ce qu'ont leur a demandé de faire : la formation va leur apprendre l'hypocrisie nécessaire pour déguiser leurs appréciations sous les termes politiquement corrects, et accessoirement à ne pas laisser trainer des documents sensibles ....

C'est exactement ce que j'en pense aussi.
Si ces cadres se sont conduites comme ça c'est que l'ambiance dans la hiérarchie favorise ce comportement. Si on ne les licencie pas c'est que cette médiocrité dans les rapports humains est bien ancrée dans la culture d'entreprise. Peut-être aussi elles pourraient dénoncer les autres cadres.
Effectivement on va leur enseigner un comportement de façade bien policé, mais est-ce qu'il y aura une réflexion de fond ?

«Elève fourbe», «papa problème d’alcoolisme», «stéréotype de la fille de cité»... Comme l’a révélé jeudi le site Médiapart, des élèves entrant en 6ème dans un collège de Montreuil (Seine-Saint-Denis) ont fait l'objet de fiches contenant des informations d'ordre privé et des jugements de valeur proprement hallucinants :

http://www.humanite.fr/societe/montreui ... ses-480192

«Sournoise», «trop discrète», «déficient visuel», «individualiste», «susceptible» ou «proche des syndicats»... A Vénissieux, des cadres ont établi une liste «humiliante» de leurs employés. Une «dérive managériale» pour la CGT qui va faire jouer son droit d'alerte :

http://eco.rue89.com/2011/10/05/sournoi ... tes-224947

Une plainte collective :

dénigrement,
discrimination,
humiliation (irrespect)
...

peuvent être des fautes...

Le CHSCT peut faire qualifier ces actes dans leur PV et ensuite (une fois notifié.... sur papier et accepté lors de la prochaine réunion),

il peut agir. Le CHSCT de ORANGE a bien tapé fort et est parvenu à des résultats... comme quoi !

Le management est une chose, obéir en faisant du zèle... c'est souvent ce qui arrive de la part de ces jeunes gens... qui pensent "gagner leur galon"... et rester en poste une longue période! (au prix d'envoyer les autres en enfer).

Bonjour,

Ce type de fichier dans une entreprise est proprement scandaleux, je suis d'accord.
Par contre, je pense qu'il faut y mettre un petit bémol dans certains cas en ce qui concerne l'école : les mentions sur la fourberie prétendue de tel ou tel élève est là aussi inacceptable. Mais sur le fond, si des profs repèrent des choses pouvant mettre un enfant en danger psychologie ou physique (violence d'un parent par exemple), je pense qu'il est de leur devoir d'y prêter attention. Après, sur la forme, les petites phrases assassines sur post-it ne sont surement pas ce qu'il y a de mieux. Mais si on condamne complétement ça, ils feront l'autruche et quand un scandale éclatera on sera les premiers à leur reprocher de n'avoir rien vu ou rien dit. Quand un enfant est peut être en danger, il faut réagir et tant pis si cela coupe des allocations, déclenche une enquête de police ou je ne sais quoi. C'est pas une fois le gamin six pied sous terre qu'il faut s'alarmer.

Mais si on condamne complétement ça, ils feront l'autruche et quand un scandale éclatera on sera les premiers à leur reprocher de n'avoir rien vu ou rien dit.

Je te signale que si un enseignant sent un enfant en danger, il existe une procédure très claire, qui passe par la psy de l'école, puis par l'assistante sociale, etc

il faut réagir et tant pis si cela coupe des allocations, déclenche une enquête de police ou je ne sais quoi.

Ben voyons, on coupe les alloc' parce que l'enfant est "en danger" et puis les flics par-dessus le marché qui mettront préventivement les enfants à la DDASS avec tous les problèmes pour les récupérer, si l'enseignant n'a pas senti assez bien.

Et puis, pourquoi ne pas remettre la peine de mort aux voleurs de nounours, parce que Mâme Michu, vous comprenez "qui vole un oeuf vole un boeuf", hmmmmm?????

Je crois que tu n'as absolument pas compris de quoi il s'agissait, pas de signalement d'une situation de danger pour l'enfant, mais bien de jugements à l'emporte pièce, racistes, sur l'enfant ou même son entourage.

C'est INACCEPTABLE, c'est tout, si on commence par accepter ça, on va encore tolérer la présence de flics dans les écoles et les entreprises, des enquêtes à tout-va sur la vie privée, etc

Tu devrais réfléchir un peu avant de sortir ainsi ce qui s'appelle le syndrome du larbin ou celui du bénin oui-oui. Victime aussi du syndrome des jités qui montent en épingle les faits divers pour que le bon peuple regarde ailleurs.
Une telle attitude me mettrait presque en colère dès le matin

Réveille-toi bon sang !

en voyons, on coupe les alloc' parce que l'enfant est "en danger" et puis les flics par-dessus le marché qui mettront préventivement les enfants à la DDASS avec tous les problèmes pour les récupérer, si l'enseignant n'a pas senti assez bien.(quote)

Heureusement, les procédures ne sont pas encore aussi rapides de nos jours! Je dirai meme le contraire, elles sont plutot très longues, pour des enfants réellement en danger!
Quand un enseignant signale un enfant en danger, il y a d'abord une enquète sociale sur la famille de l'enfant, puis des investigations. Ensuite, le juge des enfants est alerté et convoque la famille et l'enfant. Il peut ordonner une mesure de placement ou un suivi educatif, mais cela se fait avec l'avis d'expert psychiatre, et travailleurs sociaux. Celui qui " enquète" est rarement celui qui suit ensuite la famille. Il y a toute une organisation! Ce n'est ensuite qu'en cas de refus de la famille de " collaborer" avec toutes ces instances que les allocs ou autre revenu sont supprimés à la famille. Et faut vraiment en faire, parce que les travailleurs sociaux dans l'ensemble ne sont pas pour la suppression des aides de la redistribution sociale sur les familles en difficulté! C'est aussi leur gagne pain si l'on y reflechit de plus près et ce n'est pas dans l'intérèt de tous. On sait très bien qu'à partir de là, on peut supprimer tout le système social!
Peu de departement ont mis en pratique la suppression des allocs , parce que cela ne marche pas et ne ramène pas l'enfant à l'ecole, mais de surcroit, il est impossible de suivre la famille , par la suite.....

Par contre, les enseignants sont soumis à l'obligation de reserve. Ce qui se dit dans une réunion pedagogique ne doit pas sortir dans la cour de recré!Après, les "rejets d'élèves" entre eux, ça existe, comme partout.....

Merci Romain pour tes précisions. Il me semblait bien que ce n'était pas si simple et heureusement. Tu as ta formation de maman et d'éduc' spé.

Ce qui me hérisse dans ce genre de réflexion de Steph60 est cette parfaite naïveté et soumission à ceux qui "nous veulent du bien"

Un peu comme ceux qui, sous couvert de protéger les enfants des pédophiles, veulent museler internet. Nous savons parfaitement ce que cela cache : à part quelques rares journaux, les autres ronronnent en rond et suivent les modes ou les directives gouvernementales.

Internet reste notre seul espace de liberté pour s'exprimer et forcément cela déplait et aux instances gouvernantes et à leurs valets.

L'enfer est pavé de bonnes intentions !