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La valeur du travail

Publié : 04 févr. 2007
par diety
Cela vient de "Poser vos question"->"prestation mobilisation vers l emploi", mais puisque ma réponse est plus un "exprimez-vous" j'ai pensé qu'il vaudrait mieux le poster ici.
guy44 a écrit :Concernant la DRE, je partage les craintes de Surprise et Diety car c'est un dernier rempart contre le harcèlement du SPE qui risque de sauter (le but de cette manoeuvre étant de radier la max de DE âgés).
Cette suppression est indiquée noir sur blanc dans le projet UMP, qui prévoit également et entre autres une "activité adaptée à ts les bénéficiaires de minimas sociaux (cf leséchos.fr/info/france).
J'ai fait un tour sur le site ump à ce sujet:
UMP a écrit :Lever tous les obstacles à l'emploi des seniors
(Cotisation Delalande; dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs de plus de 55 ans; interdiction de cumul emploi/retraite).
Je suis souvent sur le q quand je suis témoin de l'art rhétorique en politique. La DRE est un "obstacle" à l'emploi des seniors. Et c'est vrai quand on peut cumuler une retraite insuffisante et un emploi (de misère), ça ne donne vraiment pas envie de travailler?! Enlever la retraite à ce chômeur de plus de 55 ans du cumul de son (petit) boulot, ça fera que comme par magie des sociétés vont proposer des cdi bien payés à ce chômeur "sénior assisté"?

Ça me gonfle sérieusement que "l'obstacle" est cherché systématiquement d'un seul coté.

Ce matraquage de la soi-disant valeur du travail - qu'en est-il de la valeur de la personne qui travaille ou qui ne travaille pas? A en lire ou écouter Sarkozy (il n'est pas le seul), la valeur d'une personne est directement liée au travail qu'elle fait ou ne fait pas. Il ne le dit rarement ouvertement (quoique) mais toujours implicitement: si vous ne travaillez pas vous le valez rien. Il y a quelques confusions dans "le monde selon Sarkozy". Le travail vaut tellement cher que l'Etat dans son infinie bonté donne des "allocations" aux entreprises (c'étaient combien de milliards d'euros déjà - je ne retrouve plus l'article) pour que nous, les "consommateurs de travail" peuvent nous permettre d'acquérir ou prolonger ce "bien précieux". Laissez-moi travailler, moi personne sénior, handicapée, distanciée du marché, RMIste, un des innombrables aides vous donnera de l'argent pour que mon poids qui pèsera lourd sur vous soit un peu allégé, allons nous mendier.

On a l'impression que le travail est une sorte de pierre précieuse que tout le monde veut avoir. Et si la pierre n'était pas si précieuse que l'on veut nous faire croire?

Le travail a-t-il une valeur en soi qui serait monté par l'inflation, comme le loyer des appartements que l'on ne peut plus se permettre d'habiter sans allocation de logement, ou plus se permettre tout court? Une personne aurait-elle perdu toute sa valeur et aurait besoin d'être "revalorisée", comme une vache qui ne donne pas suffisamment de lait et n'est pas "compétitive" par rapport aux vaches hormonisées, gavées d'antibiotiques et élevées et abattu dans un système industriel?

Et si c'était le travail qui aurait perdu de sa valeur que l'on essaye coute que coute et artificiellement a maintenir? Comment une société peut-elle être productive, donc produire plus avec moins de travail, avec moins de "salarié * heure", cette unité qui mesure la productivité, et en même temps avoir le plein emploi? C'est la quadrature du cercle, c'est comme une voiture qui doit consommer moins, mais après avoir réussi de réduire sa consommation on se plaint d'un "problème de manque de consommation de carburant".

Et si c'était l'individu lui-même qui se donnerait le droit d'évaluer la valeur du travail pour lui? Que vaut pour vous un travail que vous n'avez pas choisi, qui vous est imposé (par l'ANPE par exemple), que vous faites à contre-coeur et mal payé? Est-ce que c'est ce travail-là qui vous élèvera au septième ciel? Vous travaillez pour quelle raison, pour faire plaisir aux statistiques, pour céder au chantage de la radiation?

Qu'en est-il d'une personne qui vit de ses capitaux? C'est un salaire qui tombe en intérêts sans qu'elle ait levé le petit doigt. Le travail c'est quoi aujourd'hui? Qu'en est-il d'un pays qui est obligé de claquer pratiquement tout le rendement de sa production dans le remboursement des intérêts de sa dette? Quand Ford fait plus de profit par l'achat et la revente de sociétés que par sa production de voitures - c'est qui qui gagne, et qui le perdant, et le travail là-dedans, ça vaut quoi, et les personnes qui y travaillent (ou justement n'y travaillent plus)?

La plupart des politiques ne donnent jamais de réponses à ce genre de questions. Ils ne les posent même pas.
guy44 a écrit :Reste à savoir, dans ce scénario catastrophe (victoire de Sarko), si cette suppression concernera également ceux qui bénéficient déjà de la DRE. (Concernant les statistiques, je suis persuadé qu'ils n'y rentreront pas).
Bonne question: Dans ce cas catastrophe, vont-ils supprimer rétroactivement la DRE? Quand on voit le jugement de la Cour d'Appel sur le droit des recalculés:
Cour d'Appel d'Aix a écrit :Le PARE ne contenait aucun engagement de l’ASSEDIC de verser une allocation de retour à l’emploi pour une durée et un montant déterminé
J'ai fouillé dans mes affaires et trouvé noir sur blanc, avec signature et tampon, une lettre de l'Assedic, comme quoi je peux bénéficier pour une période maximale de xx jours de l'ARE. Donc quoique l'Assedic ait assuré ou signé hier ne vaudra plus un clou demain. Enfin, si j'ai bien compris.

Publié : 04 févr. 2007
par St-Dumortier
Bonjour,

Hélas,
les puissants n'ont pas besoin de la loi pour se faire la loi.

C'est le moment de méditer
ce qu'on ne lit peut-être plus assez:
la signature de Monolecte.

"Entre le fort et le faible
entre le riche et le pauvre
entre le maître et le serviteur
c’est la liberté qui opprime
et la loi qui affranchit."
Lacordaire

Publié : 05 févr. 2007
par superuser
Il est clair qu'avant de nous bassiner sur la "valeur travail", Sarkozy et les autres devraient ne pas oublier que le travail a une valeur avant que d'être un coût qu'ils veulent à tout prix réduire.

Publié : 05 févr. 2007
par superuser
A lire ce texte de notre ami Demos au sujet du néo-pétainisme sarkozien quant à la "valeur travail"...

Egalement cet article de l'Humanité : Que valent les odes à la valeur travail ?

Publié : 05 févr. 2007
par tristesir
Petit extrait pour ceux qui n'ont pas le courage de lire l'article de l'humanité cité par Superuser:

Devenu depuis un des proches conseillers de Sarkozy pour la rédaction de son programme, Nicolas Baverez livrait en 2003 dans les colonnes d’un journal gratuit un échantillon du racisme social toujours prégnant : « Le temps libre, c’est le versant catastrophe sociale. Car autant il est apprécié pour aller dans le Lubéron, autant, pour les couches les plus modestes, le temps libre, c’est l’alcoolisme, le développement de la violence, la délinquance, des faits malheureusement prouvés par des études. »

Publié : 05 févr. 2007
par superuser
Depuis les Trente Glorieuses, peu à peu on a fait en sorte que le travail n'ait plus de valeur : après le rétablissement du rapport de force entre le salariat et le patronat entre l'après-guerre (sur les bases de 36) et les années 70, ce rapport de force s'est inlassablement dégradé (cf. le documentaire en deux parties récemment diffusé sur France 5 : Il était une fois le salariat). Le "capitalisme à papa" est devenu un capitalisme financier de + en + sauvage qui a inventé de nouvelles méthodes pour anéantir progressivement cet équilibre longuement obtenu.

Comme le dit très justement Diety, aujourd'hui il vaut mieux vivre de ses capitaux que de travailler : les rentiers se font des couilles en or tandis que "la France qui se lève tôt" s'en sort de moins en moins.

Alors, si cette "France qui se lève tôt" en veut aux actionnaires qui s'enrichissent sur leur dos et aux patrons qui se tirent avec des parachutes en or massif, elle en veut aussi à ceux qui ne travaillent pas (enfin, qu'on a privé d'emploi) et qui sont aussi accusés d'être des assistés et des fainéants pour le peu d'aides que notre système de solidarité leur accorde.

Cette "France qui se lève tôt" a oublié son histoire. Elle a perdu l'habitude de se battre, et remet même en question le peu d'acquis sociaux que les générations précédentes avaient contribué à imposer.

C'est là-dessus que jouent nos hommes politiques, sur cette amnésie et cette confusion qui est pour eux une super brèche à mensonges en tous genres, dont "la valeur travail" ou la "réhabilitation du travail".

Mais voilà : aujourd'hui, l'enjeu est aussi écologique. "Réhabiliter le travail", "Travailler plus pour gagner plus" afin de relancer la "croissance" impliquent, immanquablement, de "consommer plus" et donc "polluer plus" : lire l'article de Yves sur Réno-démo. C'est là un vrai sujet de réflexion qui complète celui du revenu universel, puis qu'il s'agit d'aller vers une décroissance qui ne pousse pas les individus dans la pauvreté complète, et qu'il faut également repenser le travail qui, disons-le, n'est qu'une forme d'esclavagisme toléré plus qu'il n'est une solution d'intégration sociale. De plus, on a fait du travail (enfin l'emploi) une denrée de plus en plus rare qui est devenue source de chantages : cela doit aussi être clarifié.

Publié : 06 févr. 2007
par superuser
La valeur travail
par Philippe Frémeaux pour Alternatives Economiques

La défense de la «valeur travail» est devenue un thème clé de la campagne présidentielle. Réaffirmer la centralité du travail a d’abord pour but de rassurer une société inquiète de son avenir. Ségolène Royal comme Nicolas Sarkozy affirment tous les deux qu’il faut que le travail paye et que le salarié privé d’emploi doit gagner plus s’il reprend un travail. Le raisonnement prend une tournure plus moraliste à droite, la gauche étant d’abord soucieuse d’efficacité économique, mais le résultat est identique.

De même, les deux candidats pensent qu’au-delà de la lutte contre le chômage, il faut aujourd’hui accroître le pouvoir d’achat des salariés en emploi. Ségolène Royal, qui sait les limites du pouvoir gouvernemental en matière salariale, mise plutôt sur la redistribution pour réduire les charges qui pèsent sur le travail, tout en affirmant sa volonté de limiter le recours aux contrats précaires, la principale cause de la pauvreté salariale. Chez Nicolas Sarkozy, la défense du pouvoir d’achat est aussi une priorité, mais sa solution est bien différente : pour lui, celui qui veut gagner plus doit travailler plus. Et de pleurer sur ces victimes des 35 heures «qui ont du temps libre, mais ne peuvent envoyer leurs enfants en vacances». D’où aussi sa proposition de supprimer les charges sur les heures supplémentaires, avec le risque d’encourager la fraude.

Soyons clair : de nombreux salariés aspirent aujourd’hui à travailler plus pour arrondir leurs fins de mois. Mais qui pense sérieusement qu’un ouvrier peut aller voir son patron et lui dire «j’ai une fin de mois un peu difficile, j’aimerais faire des heures sup’ la semaine prochaine». Dans la vraie vie, c’est l’employeur qui propose ou impose des heures supplémentaires à ses salariés, en fonction de son carnet de commandes.
Aujourd’hui d’ailleurs, les entreprises sont loin d’utiliser les contingents d’heures supplémentaires autorisés. Et surtout, est-il bien convenable de répéter qu’il faut permettre à ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus de le faire, dans un pays qui compte 900.000 travailleurs à temps partiel non choisi et 3,4 millions de chômeurs ? Ce sont d’abord eux qui aimeraient travailler plus et gagner plus, s’ils en avaient la possibilité, et c’est l’amélioration de leur sort qui devrait être la priorité de l’action publique.

Par un autre glissement de sens, Nicolas Sarkozy vient mobiliser la «valeur travail» au service de ses promesses de nouvelles baisses d’impôt au profit des plus aisés. A l’entendre, nous sommes tous des travailleurs et les plus méritants d’entre nous sont ceux qui gagnent le plus, puisque leurs hauts revenus sont la juste contrepartie de leur apport à la création de richesses. D’où sa proposition de réduire le «bouclier fiscal» à 50% du revenu. On retrouve ici la fameuse courbe de Laffer selon laquelle une diminution des impôts encouragerait la création de richesses et, au final, l’emploi et les recettes fiscales.
Or, non seulement aucune étude statistique dans aucun pays n’est venue confirmer cette hypothèse, mais la baisse du taux du bouclier fiscal aurait surtout pour résultat de supprimer l’impôt de solidarité sur la fortune pour une large partie des contribuables les plus aisés. Mais on nous expliquera sans doute, comme pour l’impôt sur les successions, que le capital étant du travail accumulé, exonérer d’impôt le capital, c’est encore encourager le travail !

Publié : 07 févr. 2007
par St-Dumortier
Bonjour,
.../... pour [Nicolas Sarkozy], celui qui veut gagner plus doit travailler plus. Et de pleurer sur ces victimes des 35 heures «qui ont du temps libre, mais ne peuvent envoyer leurs enfants en vacances».
Traduction selon St-Dumortier:
"Bosse et fais pas chier avec tes gosses".
Sans doute Nicolas,
n'a-t-il jamais imaginé prendre des vacance AVEC ses enfants, puisqu'il déplore qu'on ne puis pas les "envoyer" en vacance.
Ne pas partir et rester avec eux, non plus d'ailleurs !

Bon s'il n'y avait que les vacances, mais les personnes qui se tapent entre 4 à 5 heures de trajet journalier ... ellles les font quand les heures sup si elles veulent voir leur enfants autrement que, déjà ou encore, endormis ?
Le dimanche ?

Mais c'est vrai que Nicolas se permet de "se signer" en habit de république ...
Alors, on imagine facilement le modèle familial qui sera encouragé ...
Le coq et sa poule pondeuse !
:lol: Trés "France Profonde" en quelque sorte ! :lol:

Tiens pour l'anecdote j'ai entendu ces propos (aproximativement) sur BFM:
"Nicolas Sarkozy s'est adressé aux français ce mardi,
C'est en fin de semaine que Ségolène Royale se pliera au même exercice en s'adresssant aux Françaises." .......

:roll: Je préfère croire que j'ai mal entendu .... :roll:

Toujours est il que si l'avenir est quelque part ce n'est certainement pas dans la connerie en plastique que je pourrai, éventuellement et au prix d'encore plus d'heures d'exploitation,
offir à mon gosse en lui expliquant que comme ça il pourra compenser l'absence à 4 fois le prix de l'heure d'absence.

Non !
moi je crois que l'avenir c'est mon gamin !
Et que c'est à moi de le construire !

Alors que ce soit clair, nigo las !
mes enfants ,
ils ont jamais reclamé ton pognon,
ce qu'ils veulent, c'est "ma g..le" !
Et c'est pas en me trainant dans la boue du chômage
ou en leur promettant la star'ac
que tu les fera changer d'avis.

Publié : 07 févr. 2007
par superuser
Sans doute Nicolas n'a-t-il jamais imaginé prendre des vacance AVEC ses enfants, puisqu'il déplore qu'on ne puisse pas les "envoyer" en vacances.
Nicolas est un workaholic qui préfère offrir des scooters à ses fils, comme beaucoup de parents qui travaillent beaucoup (trop), culpabilisent, et compensent leur absence en leur achetant tout ce qu'ils veulent.

Publié : 07 févr. 2007
par tristesir
Nicolas est un workaholic qui préfère offrir des scooters à ses fils, comme beaucoup de parents qui travaillent beaucoup (trop), culpabilisent, et compensent leur absence en leur achetant tout ce qu'ils veulent.
Comme les choses sont "bien faites": les parents triment et voient moins leur enfants. Pour se déculpabiliser ils font plein de cadeaux à leur enfants; la société de consommation y trouve parfaitement son compte: On remplace le sentiment par des gros tas de cadeaux.

N'est ce pas cela le but ultime de la société de consommation? Des gens qui convertissent leur desirs et leur sentiments en biens de consommation.

Publié : 09 févr. 2007
par superuser
Je vous conseille ardemment cet article paru dans AgoraVox => “Travailler plus pour gagner plus” : d’une misérable rhétorique

C'EST ÉNOOOORME !
Trop forte, cette Dana Hilliot de St Flour qui applatit Sarkozy et sa "valeur travail" : magistral. J'espère que vous apprécierez.

Publié : 09 févr. 2007
par diety
Vraiment super son article! J'apprécie beaucoup et je me suis fait une copie pour le garder. Dommage qu'un texte comme cela ne passe pas à la télé. A coté de cela la rhétorique politicienne de Sarko apparaît plate comme une crèpe, comme une grande niaiserie.

La valeur du travail

Publié : 09 févr. 2007
par maguy
Merci Sophie, j'ai aussi enregistré cet article sous Word et sait déjà à qui l'envoyer, gnaf gnaf :P

Quelle justesse de ton, et pourquoi n'entend-t-on jamais ces vrais journalistes ? Enfin, oui je me doute pourquoi...

Publié : 09 févr. 2007
par tristesir
Merci Sophie, j'ai aussi enregistré cet article sous Word et sait déjà à qui l'envoyer, gnaf gnaf
Lire aussi les réponses à cet article. Certaines réponses sont également intéressantes.

Publié : 10 févr. 2007
par tristesir
Article deja repris dans le forum de Reno-demo:
La prison pour 52,60 euros de nourriture volée

Justice . La jeune mère n’avait plus d’autres moyens pour nourrir ses trois enfants. Verdict du tribunal de Dijon : un mois ferme !

« Cette affaire me rappelle les Misérables », s’indigne Yves, un internaute dijonnais. La Cosette d’aujourd’hui est une jeune femme de vingt-sept ans, mère de trois jeunes enfants qui, la semaine dernière, a fréquenté les bancs de la justice bourguignonne pour un vol de nourriture de... 52,60 euros. Le verdict, pris en quelques minutes, fut sans pitié : un mois de prison ferme ! Dans le box, la maman pleure. Son avocat, Maître Alexis Janier n’en revient toujours pas : « Dans la salle d’audience, c’était la consternation ». Il y a de quoi.

La jeune femme s’est retrouvée au tribunal de grande instance de Dijon pour un petit larcin dans une grande surface du centre-ville. Le 30 janvier dernier, un vigile de ce magasin l’accuse de voler des denrées alimentaires et lui demande de le suivre. Les courses resteront sur le tapis de la caisse et ne quitteront jamais le magasin. La direction d’ailleurs ne portera pas plainte, estimant que la nourriture a été récupérée. Malgré tout, la procédure est enclenchée : commissariat, puis tribunal.

L’avocat de permanence judiciaire reçoit pendant deux heures cette maman. « Elle m’explique les faits et, bien évidemment, sa situation. Cette nourriture était pour ses enfants. Elle a beau être salariée, son salaire de misère ne lui suffit plus. Et malheureusement ce statut de salariée, même pauvre, ne lui donne pas accès aux services sociaux dont elle aurait besoin. »

Le jeune avocat choisit de plaider l’incohérence des faits et la faiblesse du dossier bâti uniquement sur le témoignage du vigile. « J’ai évoqué brièvement la situation financière de cette dame, mais l’invraisemblance de l’accusation me permettait d’espérer la relaxe », souligne-t-il. Le procureur, lui, insiste sur un antécédent non jugé qui met la jeune maman au rang de dangereuse récidiviste et réclame un mois ferme. « Parmi mes confrères, poursuit l’avocat, personne ne doutait de la relaxe de ma cliente. Un vol de 52,60 euros de nourriture ne peut pas vous conduire derrière les barreaux. Ce serait ignoble... » La suite(...)
source
Un mois de prison ferme pour avoir volé 52,60 euros de nourriture ...j ai peur que cela soit un exemple de ce qui va se generaliser dans "la France d'après": des gens qui malgré le fait qu'ils travaillent ne soient plus en mesure de nourrir leur enfants et eux-mêmes.
A se demander, dans ce cas là, à quoi cela sert il de travailler?

En outre, je suppose qu'un employeur peut légalement vous virer pendant que vous êtes en taule?