On a le temps de crever !
Publié : 29 août 2011
Emploi : le CAS annonce une embellie à l’horizon 2030
[...] Le Centre d’analyse stratégique (CAS), qui s’est penché sur l’évolution du marché du travail et de l’emploi à plus long terme, estime que les mutations du marché du travail en cours donnent des raisons d’espérer une embellie sur l’emploi à l’horizon 2030. C’est ce que révèle leur étude prospective intitulée «Le travail et l’emploi dans vingt ans» publiée début juillet — http://www.strategie.gouv.fr/system/fil ... et_11h.pdf
Partant du triple constat que la mondialisation s’accélère, qu’en 2030 la France sera plus peuplée et plus âgée qu’aujourd’hui, avec une population active en progression, et que le développement de la communication et des technologies changent nos rapports au travail et la structure organisationnelle de l’entreprise sur fonds d’évolutions sociétales (individualisation, préoccupations éthiques...), le CAS décrypte en quoi «le travail tel que nous le connaissons sera transformé» et pourquoi les créations d’emplois devraient demeurer dynamiques.
NOUVEAUX MODÈLES DE CROISSANCE
Le CAS prévoit ainsi l’émergence de nouveaux modèles de croissance, «avec des dimensions servicielles et environnementales plus affirmées», indique la synthèse de l’étude.
En période de crise, tout travail prospectif tient de la gageure dans la mesure où la visibilité économique n’existe au mieux qu’à très court terme. Mais l’identification d’un certain nombre de dynamiques déterminantes pour l’avenir permet aux auteurs d’affirmer, quels que soient les scénarios de croissance évidemment contrastés, qu’à l’horizon 2030 «le niveau de chômage structurel sera inférieur à ceux des vingt dernières années», comme l’écrit Vincent Chriqui, directeur général du CAS en avant-propos de l’étude.
Un état des lieux des tendances du marché du travail des trente dernières années — les «Trente piteuses» — rappelle les mutations récentes (féminisation du travail, croissance des emplois cadres et des professions intermédiaires, poussée continue du secteur des services et prédominance de l’emploi salarié).
ÉCLATEMENT DES UNIVERS DU TRAVAIL
Puis, en répondant à quelques questions apparemment simples comme "Pourquoi nous travaillons ?" "Avec qui ? Où ? Et comment ?", le rapport diagnostique la poursuite de l’éclatement des univers du travail, à la fois temporels, spatiaux et organisationnels. «En France, en 1995 déjà, moins de 40% des actifs travaillaient en un lieu fixe et uniquement du lundi au vendredi. Nul doute que, dans vingt ans, cette proportion aura encore diminué», écrivent les auteurs (groupe de travail présidé par Odile Quintin).
Les temps sociaux devraient également évoluer avec un allongement de la durée globale d’activité, et une juxtaposition des temps de formation, d’emploi et d’inactivité (cumul emploi-études, cumul emploi-retraite) pour marquer d’ici à 2030 la fin «du marché du travail français concentré sur une seule génération (les 30-45 ans)». On veut y croire !
Et enfin le temps de travail serait plus individualisé, «davantage géré par les salariés eux-mêmes», indiquent-ils.
Les dynamiques de changement identifiées par les auteurs sont : la segmentation accrue «des mondes du travail» ; l’extension de la sous-traitance et de l’externalisation dans le cadre de la poursuite de la fragmentation des chaînes de valeur ; une demande forte d’articulation vie privée/vie professionnelle ; la remise en cause de l’autorité au travail, l’aspiration à davantage d’autonomie et de liberté ; la poursuite de la diffusion des technologie de l'information et de la communication (TIC) dans les entreprises et l’essor du travail nomade dans l’univers professionnel ; la croissance et la différenciation des mobilités professionnelles ; et enfin, le développement du travail en réseau.
DEUX SCÉNARIOS D'ÉVOLUTION
Le CAS a élaboré deux scénarios d’évolution. Le premier, baptisé «Accélération technologique et sociétale», envisage «un univers travail-emploi marqué par un modèle de croissance fondé sur l’économie de la connaissance, numérique et verte, et dans lequel on observe un développement important des nouvelles formes de travail et de formation (entreprises réseaux «plates», «travail nomade», e-learning, etc. )», où la société civile voit son rôle renforcé.
Le second scénario intitulé «Rééquilibrage et volontarisme des acteurs» est basé sur l’avènement de nouveaux équilibres favorables à une moindre pression sur le travail et l’emploi en France.
A la faveur de la crise, l’Organisation internationale du travail a renforcé son audience, des mouvements syndicaux transnationaux ont connu un certain essor, la multiplication des accords-cadres transnationaux s’imposent comme mode de régulation auprès des multinationales.
Du côté des pays émergents, «les effets pervers des inégalités sur les trajectoires de croissance sont davantage pris en compte et l’accent porté sur la compétitivité-prix comme moteur de croissance se relâche à mesure de ces évolutions», indiquent les auteurs qui estiment que «les pays émergents auront ainsi perdu, si on extrapole les tendances, la totalité de leur avantage de compétitivité d’ici 2017-2018 ; ce serait plus tôt (2015) pour l’Amérique latine». Ce qui diminuerait de fait la pression concurrentielle pour les pays industrialisés. L’évolution de nombreux paramètres (régulation internationale, évolution des pays émergents, gouvernance européenne) redonnerait ainsi aux entreprises françaises une marge de manœuvre dans le champ travail-emploi.
La réalisation de l’un ou l’autre de ces scénarios dépendra avant tout des choix des acteurs politiques et économiques en termes de compétitivité et de cohésion sociale.
http://lemonde-emploi.blog.lemonde.fr/2 ... u-travail/
[...] Le Centre d’analyse stratégique (CAS), qui s’est penché sur l’évolution du marché du travail et de l’emploi à plus long terme, estime que les mutations du marché du travail en cours donnent des raisons d’espérer une embellie sur l’emploi à l’horizon 2030. C’est ce que révèle leur étude prospective intitulée «Le travail et l’emploi dans vingt ans» publiée début juillet — http://www.strategie.gouv.fr/system/fil ... et_11h.pdf
Partant du triple constat que la mondialisation s’accélère, qu’en 2030 la France sera plus peuplée et plus âgée qu’aujourd’hui, avec une population active en progression, et que le développement de la communication et des technologies changent nos rapports au travail et la structure organisationnelle de l’entreprise sur fonds d’évolutions sociétales (individualisation, préoccupations éthiques...), le CAS décrypte en quoi «le travail tel que nous le connaissons sera transformé» et pourquoi les créations d’emplois devraient demeurer dynamiques.
NOUVEAUX MODÈLES DE CROISSANCE
Le CAS prévoit ainsi l’émergence de nouveaux modèles de croissance, «avec des dimensions servicielles et environnementales plus affirmées», indique la synthèse de l’étude.
En période de crise, tout travail prospectif tient de la gageure dans la mesure où la visibilité économique n’existe au mieux qu’à très court terme. Mais l’identification d’un certain nombre de dynamiques déterminantes pour l’avenir permet aux auteurs d’affirmer, quels que soient les scénarios de croissance évidemment contrastés, qu’à l’horizon 2030 «le niveau de chômage structurel sera inférieur à ceux des vingt dernières années», comme l’écrit Vincent Chriqui, directeur général du CAS en avant-propos de l’étude.
Un état des lieux des tendances du marché du travail des trente dernières années — les «Trente piteuses» — rappelle les mutations récentes (féminisation du travail, croissance des emplois cadres et des professions intermédiaires, poussée continue du secteur des services et prédominance de l’emploi salarié).
ÉCLATEMENT DES UNIVERS DU TRAVAIL
Puis, en répondant à quelques questions apparemment simples comme "Pourquoi nous travaillons ?" "Avec qui ? Où ? Et comment ?", le rapport diagnostique la poursuite de l’éclatement des univers du travail, à la fois temporels, spatiaux et organisationnels. «En France, en 1995 déjà, moins de 40% des actifs travaillaient en un lieu fixe et uniquement du lundi au vendredi. Nul doute que, dans vingt ans, cette proportion aura encore diminué», écrivent les auteurs (groupe de travail présidé par Odile Quintin).
Les temps sociaux devraient également évoluer avec un allongement de la durée globale d’activité, et une juxtaposition des temps de formation, d’emploi et d’inactivité (cumul emploi-études, cumul emploi-retraite) pour marquer d’ici à 2030 la fin «du marché du travail français concentré sur une seule génération (les 30-45 ans)». On veut y croire !
Et enfin le temps de travail serait plus individualisé, «davantage géré par les salariés eux-mêmes», indiquent-ils.
Les dynamiques de changement identifiées par les auteurs sont : la segmentation accrue «des mondes du travail» ; l’extension de la sous-traitance et de l’externalisation dans le cadre de la poursuite de la fragmentation des chaînes de valeur ; une demande forte d’articulation vie privée/vie professionnelle ; la remise en cause de l’autorité au travail, l’aspiration à davantage d’autonomie et de liberté ; la poursuite de la diffusion des technologie de l'information et de la communication (TIC) dans les entreprises et l’essor du travail nomade dans l’univers professionnel ; la croissance et la différenciation des mobilités professionnelles ; et enfin, le développement du travail en réseau.
DEUX SCÉNARIOS D'ÉVOLUTION
Le CAS a élaboré deux scénarios d’évolution. Le premier, baptisé «Accélération technologique et sociétale», envisage «un univers travail-emploi marqué par un modèle de croissance fondé sur l’économie de la connaissance, numérique et verte, et dans lequel on observe un développement important des nouvelles formes de travail et de formation (entreprises réseaux «plates», «travail nomade», e-learning, etc. )», où la société civile voit son rôle renforcé.
Le second scénario intitulé «Rééquilibrage et volontarisme des acteurs» est basé sur l’avènement de nouveaux équilibres favorables à une moindre pression sur le travail et l’emploi en France.
A la faveur de la crise, l’Organisation internationale du travail a renforcé son audience, des mouvements syndicaux transnationaux ont connu un certain essor, la multiplication des accords-cadres transnationaux s’imposent comme mode de régulation auprès des multinationales.
Du côté des pays émergents, «les effets pervers des inégalités sur les trajectoires de croissance sont davantage pris en compte et l’accent porté sur la compétitivité-prix comme moteur de croissance se relâche à mesure de ces évolutions», indiquent les auteurs qui estiment que «les pays émergents auront ainsi perdu, si on extrapole les tendances, la totalité de leur avantage de compétitivité d’ici 2017-2018 ; ce serait plus tôt (2015) pour l’Amérique latine». Ce qui diminuerait de fait la pression concurrentielle pour les pays industrialisés. L’évolution de nombreux paramètres (régulation internationale, évolution des pays émergents, gouvernance européenne) redonnerait ainsi aux entreprises françaises une marge de manœuvre dans le champ travail-emploi.
La réalisation de l’un ou l’autre de ces scénarios dépendra avant tout des choix des acteurs politiques et économiques en termes de compétitivité et de cohésion sociale.
http://lemonde-emploi.blog.lemonde.fr/2 ... u-travail/