Fusionner Assedic et ANPE pour mieux servir chômeurs et entreprises
[ 08/01/07 ]
Le chef de l'Etat s'est prononcé, jeudi, en faveur d'une fusion de l'ANPE et de l'Unedic après avoir dénoncé les « conservatismes qui ont ralenti les évolutions nécessaires ». Qu'en pensez-vous ?
Le rapprochement que nous avons engagé permet effectivement d'envisager la fusion. Ces dernières années, nous avons déjà beaucoup progressé. En 1996, avec le transfert de l'inscription des demandeurs d'emploi aux Assedic ; puis, en 2001, avec le plan d'aide au retour à l'emploi. En 2006, la signature d'une convention tripartite avec l'Etat marque clairement une accélération du rapprochement : fin janvier, nous aurons 190 guichets uniques permettant aux chômeurs, sur un même lieu, de s'inscrire aux Assedic et de rencontrer un conseiller ANPE. L'objectif que nous visons est de 530 guichets fin 2008, sur les 600 centres Assedic et le millier que compte l'Agence.
La fusion a souvent été envisagée, mais jamais mise en oeuvre. Le contexte a-t-il suffisamment évolué pour que ce soit le cas aujourd'hui ?
La fusion doit se faire parce qu'elle est nécessaire pour faire reculer le chômage et mieux répondre aux besoins des chômeurs et des entreprises. Nos efforts de rapprochement nous permettent d'envisager la fusion de manière beaucoup plus concrète qu'il y a trois ans. L'idée, c'est vraiment de mieux servir le demandeur d'emploi, d'aller vers davantage de simplicité et d'efficacité. Les informations circuleront plus facilement si le versement des allocations et l'accompagnement personnalisé se font dans un même cadre. Nous travaillons déjà ensemble, mais cela doit aller plus loin. La plupart des pays européens fonctionnent d'ailleurs de cette façon. A un horizon de cinq à dix ans, nous allons être confrontés à d'importantes pénuries de main-d'oeuvre. Cela doit nous inciter à nous préoccuper davantage des personnes en marge du marché de l'emploi, tels que les jeunes, les chômeurs non indemnisés, toutes les personnes en voie d'exclusion. Le Royaume-Uni a fait sa révolution avec les « job centers plus », en allant chercher les populations les plus éloignées de l'emploi pour les ramener vers le marché du travail.
Les partenaires sociaux n'y sont guère favorables, parce qu'ils tiennent à leur autonomie. Ce sont eux et eux seuls qui gèrent l'Unedic ?
La séparation est le fruit de l'histoire et le rapprochement institutionnel avait déjà été envisagé en 1986 par Philippe Séguin. La question centrale est évidemment celle de la gouvernance. A ce propos, il faut cesser de croire que la fusion implique forcément l'étatisation de l'assurance-chômage ou la privatisation de l'ANPE. La nouvelle structure peut très bien être gérée de manière tripartite, avec la participation des syndicats, du patronat et de l'Etat. Le dialogue social doit pouvoir permettre de définir un mode spécifique de gouvernance qui respecte les intérêts de chacun avec une seule préoccupation : le service rendu aux demandeurs d'emploi et aux entreprises.
Les agents seraient-ils amenés à s'occuper à la fois de l'indemnisation et du suivi des chômeurs ?
Non, structure unique ne veut pas dire métier unique. Les agents doivent conserver leurs métiers. Cela permettrait, en revanche, de rapprocher la culture des deux organismes.
Depuis un an, les agents de l'ANPE reçoivent les demandeurs d'emploi tous les mois au lieu de tous les six mois en moyenne auparavant. Quel bilan tirez-vous de la réforme ?
Aujourd'hui, plus d'un million de personnes bénéficient du suivi mensuel à l'ANPE. Cela correspond à environ trois quarts (78 %) des chômeurs inscrits à l'agence depuis plus de quatre mois. A la mi-février, nous aurons généralisé le dispositif. C'est une vraie révolution, car les demandeurs d'emploi ont désormais un référent unique, qui connaît bien leur dossier et les suit mois après mois. C'est un changement très apprécié par tous.
Le chiffre « officiel » du chômage est de 2,1 millions de personnes. Le collectif ACDC (Autres Chiffres du Chômage) vous soupçonne de cacher les vrais chiffres, selon lui, plus de deux fois supérieurs (4,4 millions) ?
C'est un faux procès, qui n'est probablement pas étranger à la période préélectorale. L'information sur les chiffres est totalement transparente. Le nombre de chômeurs, par catégorie, est publié tous les mois par le ministère de l'Emploi. L'indicateur de référence est celui des personnes en catégorie 1 (sans emploi, disponibles immédiatement et travaillant moins de 78 heures par mois), il a baissé de 10 % en un an. Certes, les catégories 4 (personnes en formation) et 5 (personnes en contrats aidés) ont augmenté respectivement de 5,5 % et 47,1 % sur un an. Mais on ne peut pas nous reprocher de mieux former les demandeurs d'emploi et de proposer des contrats aidés aux personnes les moins immédiatement employables. Le nombre total de personnes disponibles pour prendre un emploi (catégories 1, 2, 3, 6, 7 et

, qui représentent 3,4 millions de personnes, a baissé de près de 9 % sur un an. Le recul du chômage devrait se poursuivre : nous sommes d'accord avec l'Insee, qui prévoit un taux de 8,2 % de la population active en juin prochain, le plus bas niveau depuis un quart de siècle.
PROPOS RECUEILLIS PAR LUCIE ROBEQUAIN ET DOMINIQUE SEUX