L'Emploi et le Chômage en Débats

Mon bébé, mon trésor, le double effet d'une règle allemande

par Erik Kirschbaum

BERLIN (Reuters) - Les bébés sont un trésor pour leurs parents, mais en Allemagne, ils valent même un peu plus... à condition d'être nés après les douze coups de minuit du 31 décembre 2006.

En effet, à compter du 1er janvier 2007, un programme d'encouragement de la natalité peut rapporter jusqu'à 25.200 euros aux heureux parents prenant un congé parental pour s'occuper de leur progéniture.

"Beaucoup de femmes dont l'accouchement était prévu le mois dernier ont demandé à le reporter à cette semaine", raconte le Dr Klaus Vetter, de l'hôpital Vivantes à Berlin-NeuKölln.

"Pour certaines d'entre elles, il y a beaucoup d'argent en jeu et elles demandent: si cela est sans danger pour le bébé, pourquoi ne pas attendre?", poursuit le Dr Vetter peu après avoir effectué une césarienne.

Il avait conseillé à la mère de procéder à l'opération la semaine dernière, dans sa 38e semaine de grossesse. Mais elle a souhaité attendre. Il y avait un petit risque mais tout s'est bien passé et elle a donné naissance à un petit garçon en parfaite santé.

En fin d'année, les médias allemands étaient pleins de recettes visant à retarder l'accouchement, conseillant d'éviter les activités physiques ou encore de prendre du magnésium ou des médicaments homéopathiques.

Les spécialistes ont néanmoins mis en garde contre les complications qui pourraient résulter d'une tentative de faire appel à des moyens médicaux pour jouer la montre.

"IL FAUT TENIR!"

Mais la chose était tentante: les parents prenant congé pour s'occuper de leur bébé né à compter du 1er janvier recevront les deux-tiers de leur salaire net mensuel - avec un maximum de 1.800 euros par mois - pendant un maximum de douze mois. Si l'autre parent prend de son côté deux mois de congé, l'allocation peut durer quatorze mois.

"Je me répétais, il faut tenir, il faut tenir", a raconté Julia Gotschlich, dont la petite fille est née le 1er janvier à une heure du matin.

En revanche, Jessica Koch, dont le petit Nicolas est né le 30 décembre, avec cinq semaines d'avance, ne peut s'empêcher de penser qu'elle aura perdu 900 euros par mois.

"Je suis sûre que certains jours, je penserai que 900 euros auraient été bien utiles", a-t-elle confié à la chaîne de télévision Sat-1. Mais elle trouve sa consolation dans le fait que le bébé est en bonne santé.

Une Munichoise de 41 ans aurait dû accoucher de jumeaux le 22 janvier, mais son médecin a décidé d'effectuer une césarienne le 29 décembre après avoir diagnostiqué une souffrance foetale sur l'un des enfants.

"Cela me fait perdre plus de 20.000 euros", a expliqué Gabriele Meyer à Reuters. Cette femme cadre aurait en effet perçu 1.800 euros par mois pour le premier bébé, plus 300 pour le second.

Son mari, cadre chez BMW, a décidé de faire directement appel auprès de la ministre de la Famille, Ursula von der Leyen, en invoquant une urgence médicale, et il n'exclut pas d'engager une procédure.

Le gouvernement a exclu toute exception à la règle et il a rejeté un appel à l'indulgence lancé par l'Eglise protestante.

Certes on a plus d'allocations, mais on a plus aussi de dépenses pour nourrir tout ce monde...) ...

victorine83 a écrit :...mais il faut aussi qu'ils aient les moyens d'assurer ce bonheur à leurs enfants

Qui fait des bébés sera bien payé

mercredi 03 janvier 2007 | 11:18

Toucher 67 % de son salaire pendant un an, pour s'occuper de bébé. Cela s'appelle le salaire parental. Et c'est l'Allemagne qui vient de l'instaurer, pour la mère et/ou le père. Objectif : donner un coup de fouet à la natalité dans le pays le plus peuplé, mais aussi le plus vieux, d'Europe. Où en est la Belgique?

En Belgique, parent pauvre européen, tous les partis francophones prônent l'extension du congé parental. Mais avec des nuances...

DE NOTRE CORRESPONDANT

L es Allemands le reconnaissent : leur pays n'a jamais été « Kinderfreundlich » (favorable aux enfants). Les places de crèche sont rares, voire inexistantes dans certains Länder du sud. Les femmes doivent souvent choisir entre le travail et la famille. Selon les sondages, près de la moitié des Allemandes ayant suivi des études universitaires préfèrent ne pas avoir d'enfant : la perspective d'être mère de famille équivaut à un renoncement de carrière.

L'objectif du salaire parental entré en vigueur ce 1 er janvier est de les faire changer d'avis et de stopper dans un premier temps la chute des naissances. Le salaire parental offre ainsi 67 % du salaire net pendant 12 mois à l'un des deux parents qui reste à la maison. Une prime de 10 % est versée pour les petits frères et les petites soeurs qui naissent dans les 30 mois suivants. L'allocation pour chaque enfant (154 euros/mois) n'est pas remise en cause. Et s'ils décident de se partager la tâche (la moitié chacun, par exemple), le salaire sera versé pendant deux mois supplémentaires. L'Allemagne reconnaît ainsi aux pères le droit - mais aussi le devoir - de s'occuper des enfants en bas âge.

Suivant l'exemple réussi de plusieurs pays scandinaves, où l'on a enregistré des petits « baby-boom », l'Allemagne effectue donc un pas important dans sa politique familiale. Il y avait urgence : les courbes de natalité allemandes sont parmi les plus basses d'Europe ; depuis des années, le taux de fécondité (1,36 enfant par femme) ne garantit plus le renouvellement des générations. En 2005, le pays le plus peuplé de l'Union européenne a même enregistré le nombre de naissances le plus faible depuis la fin de la guerre (moins de 690.000).

Le salaire parental dénote surtout un changement de mentalité chez les conservateurs. Pour les ténors du Parti chrétien-démocrate (CDU), la femme idéale a toujours été fidèle aux « 3 K » (Kinder, Küche, Kirche), enfants, cuisine et église. Au début de sa carrière politique, en 1990, la chancelière Angela Merkel affirmait elle aussi que les femmes étaient d'abord faites pour élever des enfants. En nommant Ursula von der Leyen, mère de sept enfants, ministre de la Famille, elle a montré qu'elle savait changer d'avis.

La loi supprime l'ancienne allocation parentale d'éducation (« Erziehungsgeld »), qui s'élevait à 300 euros sur deux ans. Et c'est là que le bât blesse car cette allocation n'était pas versée aux familles les plus aisées. Cette fois, le salaire parental s'adresse à toutes les familles et il prend en compte le niveau des revenus (plafonné à 1.800 euros par mois). Plusieurs experts ont ainsi jugé la loi anticonstitutionnelle car elle contrevient, selon eux, au principe de l'égalité des chances. La gauche radicale (PDS), qui dénonce une loi « pour les riches », fait remarquer que rien ne changera pour les chômeurs ou les étudiants puisqu'ils ne peuvent prétendre qu'à la somme minimum de 300 euros (comme auparavant) tandis que les mieux nantis percevront jusqu'à six fois plus.

L'allocation étant importante (jusqu'à 21.600 euros par an), des milliers de femmes enceintes se sont d'ailleurs renseignées le mois dernier auprès de leur médecin pour savoir s'il était possible de repousser l'accouchement jusqu'aux premières heures du 1 er janvier. Hier matin, les journaux étaient remplis de reportages dans les hôpitaux avec témoignages de femmes qui avaient accouché quelques dizaines de minutes après les douze coups de minuit du 31 décembre.

Pour les partis de l'opposition libérale (FDP et écologistes), le gouvernement de Merkel n'a fait que les choses à moitié. Ils estiment notamment que les mères restent confrontées au même problème. « A quoi sert un salaire parental s'il n'y a pas de places de crèche au bout ? », s'interroge Ina Lenke, spécialiste du dossier au FDP. Maman devra sans doute rester à la maison.

P.16 L'édito

REPÈRES

Droit. Le congé parental, en Belgique, est un droit pour les travailleurs du secteur privé qui ont travaillé au moins 12 mois pour le même employeur dans les 15 mois précédant la demande. Il peut être demandé séparément par les parents, et pour chaque enfant.

Conditions. La demande doit être adressée par écrit à l'employeur, minimum 2 mois et maximum 3 mois à l'avance. Le congé peut être pris dès la naissance de l'enfant, jusqu'à ses 6 ans (8 ans pour les enfants handicapés ou adoptés).

Durée du congé. Trois mois en cas d'interruption complète, six mois en cas de passage à mi-temps, ou 15 mois pour une réduction du temps de travail d'un cinquième.

Indemnité. Une interruption complète donne droit à 684,94 euros par mois, pendant trois mois. Une réduction du régime de travail à mi-temps donne droit à 342,46 euros par mois pendant six mois. Une réduction d'un cinquième donne droit à 116,18 euros par mois, pendant 15 mois (156,23 euros par mois, si le parent vit seul).

Aménagement. Le travailleur peut répartir l'interruption à sa guise : en périodes d'un mois en cas d'interruption complète ; en périodes de deux mois ou d'un multiple de deux dans le cas d'une réduction de moitié ; en périodes de cinq mois ou d'un multiple de cinq dans le cas d'une réduction d'un cinquième.

Demandeurs. En novembre 2006 (dernières statistiques disponibles), 36.486 travailleurs étaient en congé parental (80 % de femmes). En 2005, selon l'Office national de l'Emploi (Onem), près de 200.000 travailleurs ont eu recours aux formules de réduction du temps de travail disponibles (crédit-temps et congé parental). C'est en Flandre que l'on recense le plus de demandeurs : 72 %. L'Office national de l'emploi enregistre un recours croissant à ce droit : une croissance annuelle de 27 % pour le crédit-temps et de 15 % pour le congé parental.

Les partis prônent une extension du congé parental

L es quatre partis démocratiques francophones belges sont, sans exception, favorables à l'extension du droit au congé parental. Mais avec des nuances. Les voici.

Le CDH. C'est le parti qui affiche les résolutions les plus précises en matière d'extension du droit au congé parental. Le Centre démocrate humaniste projette ainsi, dans le cadre de ses « Dix propositions en matière familiale », de doubler la durée du congé (de 3 à 6 mois en cas d'interruption complète du travail) et d'y donner l'accès pour s'occuper de tout enfant jusqu'à l'âge de 18 ans (6 ans, actuellement).

Le PS. Il propose d'étendre la période admissible du congé parental jusqu'à l'âge de 8 ans.« Pour rendre ce congé réellement accessible », les socialistes suggèrent, par ailleurs, de porter l'indemnité mensuelle à 750 euros (contre 684,94 euros actuellement). Comme le CDH, le Parti socialiste prône la mise en oeuvre d'un programme d'action égalité homme-femme,« pour inciter les hommes à prendre les congés familiaux ».

Le MR. Le Mouvement réformateur se déclare, lui aussi, en faveur d'« une augmentation de la prime et d'un prolongement de la période durant laquelle il est possible de prendre un congé parental ». L'objectif, selon le MR, est de « permettre aux parents davantage de liberté pour combiner des périodes d'arrêt complet avec des périodes de mi-temps et de 4/5 temps ».

Ecolo. Pour les verts, il faut « sortir d'une politique familiariste pour défendre enfin une politique du genre qui prône l'égalité entre les hommes et les femmes ». Ecolo propose ainsi l'allongement de la durée du congé parental à condition que les deux parents y aient recours de manière égalitaire. Les verts suggèrent aussi des mesures spécifiques pour les femmes seules et les indépendantes.

Pour information. En France, le congé parental pour le troisième enfant est opérationnel depuis le 1 er juillet 2006. Il court sur un an et est rémunéré 750 euros par mois (au lieu de trois ans et 524 euros pour le congé parental traditionnel). Il s'adresse uniquement aux familles de 3 enfants ou plus et peut être partagé entre le père et la mère.

La Belgique n'est pas un modèle

Les Européens ne sont pas égaux face au congé parental. Une étude publiée en 2005 par la division Egalité du Conseil de l'Europe en atteste...

La Belgique reste un des Etats où la durée du congé parental est la plus courte : trois mois d'interruption autorisée, sous nos cieux, contre trois ans en France et en Espagne, deux ans au Portugal, dix mois en Italie, six mois au Luxembourg...

Le Royaume, cependant, fait mieux que les Etats-Unis, où le congé parental n'est pas indemnisé. C'est d'ailleurs l'unique « mauvais modèle » pointé par le Conseil de l'Europe.

Les bons élèves ? L'Autriche, la Suède et la Finlande, qui incitent aussi bien le père que la mère à recourir au congé parental en bénéficiant d'une indemnité adaptée sans pour autant affecter négativement les droits à la retraite.

Le « modèle généreux » du Canada est également vanté par les experts européens : « En 2001, il a étendu le congé des deux parents de six mois à un an et en a octroyé le bénéfice aux parents adoptifs et aux couples homosexuels. En droit canadien, les parents peuvent toucher 55 % de leur salaire hebdomadaire avant impôt jusqu'à un maximum de 420 dollars canadiens (308 euros) pendant 50 semaines, par couple (...). Il est aussi possible aux deux parents de prendre congé ensemble et de toucher l'allocation gouvernementale pendant 25 semaines. L'utilisation du congé parental par les pères a augmenté de 80 % après l'adoption de ce système. »

D'autres Etats ont développé une politique d'incitants visant spécifiquement les pères : la Norvège, le Danemark et la Suède leur proposent des périodes particulières d'accès au congé parental ; l'Italie, pour sa part, allonge la durée totale du congé quand les pères y ont également recours.

Les experts du Conseil de l'Europe ne cachent pas les risques d'effets pervers du congé parental : « Pour éviter qu'il ne devienne un ghetto pour les femmes ayant un faible niveau d'instruction et, en conséquence, un revenu et un statut professionnel bas », ils recommandent aux Etats de peser sur « les attitudes et comportements des hommes et des femmes »...

Rémunérer le congé parental afin de le rendre plus attrayant pour les hommes ne suffit pas. Il faut aussi « réserver une partie du congé au père, sans que celui-ci puisse le transférer ». Il faut surtout promouvoir une répartition plus équitable de l'éducation des enfants, « populariser l'intérêt (...) pour les pères d'un rôle parental actif ».

et il n'y a pas que le côté financier, j'en suis la preuve et mes 3 enfants mangent de tout, du frais et du bio, de façon tres equilibré. je connais même un parisien qui arrive à en faire de même, je pense que ca reste une question de priorité.

ou les parents se plaignent question alimentation, et ou les enfants se pavanent avec portable dernier cri, consoles et pompes nike.