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Décès du dictateur Saparmourad Niazov, l'ami de Bouygues...

Publié : 21 déc. 2006
par victorine83
Saparmourad Niazov nous a quittés

Le président à vie du Turkménistan, ce grand démocrate qui se faisait appeler le Turkmenbashi (le père des Turkmènes), ou aussi parfois "le treizième prophète", cet homme-là, Saparmourad Niazov, est décédé la nuit dernière d'un arrêt cardiaque. Plume de presse présente toutes ses condoléances à Martin Bouygues et Patrick Le Lay.

olivierbonnet
Mais qui est donc Saparmourad Niazov ?

Et quels étaient ses liens avec Bouygues ?
15 septembre 2006

Turkménistan : mort suspecte en détention d'une journaliste

L'alerte a été donnée par Amnesty International dès le 19 juin, le lendemain de l'arrestation d'Ogoulsapar Mouradova, correspondante au Turkménistan de Radio Free Europe-Radio Liberty. Et Reporters Sans Frontières (RSF) exigeait sa libération immédiate le 22.

La journaliste de 58 ans a été interpellée en compagnie de deux militants des droits de l'Homme, Sapardourdy Khajiev et Annakourban Amanklytchev, sans mandat d'arrêt ni motif.

Des témoins oculaires jurent avoir vu cinq agents des services secrets déposer dans la voiture de ce dernier un paquet qui aurait contenu des armes ou des stupéfiants. La bonne vieille méthode du capitaine Barril avec ses Irlandais de Vincennes ! Tout est bon pour faire taire les voix dénonçant les violations des droits de l'Homme au Turkménistan, comme le prouve la parodie de procès au terme de laquelle Mouradova et Amanklytchev seront condamnés à six ans de prison, Khajiev écopant de sept ans.

Le motif, grotesque, est nié catégoriquement par les trois compagnons d'infortune, tous militants démocrates de la Fédération internationale de Helsinki pour les droits de l'Homme : "possession illégale de munitions"... "Scandalisée", RSF proteste de ce procès "absurde, inique et honteux" : "toute cette affaire a été orchestrée par le chef de l'Etat lui-même. L'instruction s'est déroulée dans le plus grand secret, tout comme le procès, expédié en deux heures, à huis clos, sans aucun observateur indépendant". C'était le 25 août dernier.

Durant la détention préventive des trois prisonniers d'opinion, au secret, sans visite ni des familles, ni d'avocats, Amnesty International ainsi que Human Rights Watch avaient fait part de leurs craintes concernant des allégations de mauvais traitements. Ce qui n'a rien de surprenant : la torture est couramment pratiquée au pays du "treizième prophète", le président à vie Saparmourad Niazov, auto-proclamé "Père des Turkmènes".

Aussi l'inquiétude sur le sort en prison des trois condamnés était-elle grande. A juste titre, hélas. Hier, les deux filles d'Ogoulsapar Mouradova se sont vues annoncer le décès de leur mère par des policiers. Ils leur ont d'abord demandé de signer une décharge sans voir le corps ! Devant leur insistance, elles ont finalement été conduites à la morgue.

Dans quel état était ce cadavre dont on on avait voulu leur refuser la vue ? RSF affirme : "Le corps portait une plaie à la tête et de nombreuses traces de coups".

A ce jour, aucune explication n'a été donnée par les autorités à ce décès. Jeff Trimble, le président de Radio Free Europe, stigmatise "le résultat terrible d'une longue épreuve et atteste de façon choquante la façon inhumaine et indifférente dont le régime turkmène traite ceux qu'il gouverne".


Un grand ami de Bouygues


En signe de protestation, une vingtaine de militants de RSF ont occupé hier durant trois heures l'ambassade du Turkménistan à Paris, avant d'être "évacués de force" par la police.

Mouradova morte, il reste Khajiev et Amanklytchev en prison. Sont-ils les prochains sur la liste ? On aimerait que d'intenses pressions internationales ramènent à la raison Niazov, ce dictateur mégalomane qui persécute tout opposant et laisse son peuple crever de faim tandis qu'il fait ériger des monuments pharaoniques à sa gloire, grâce à la manne des revenus du gaz, ressource numéro un du pays.

On serait notamment bien aise d'entendre la voix de la France dans cette affaire. Mais il est vrai que l'illuminé d'Asie centrale n'a pas que des ennemis à Paris. L'argent du gaz n'a pas d'odeur.

En 1996, Jacques Chirac l'a reçu en visite officielle. A l'occasion de ce séjour, TF1 a même enregistré une vraie-fausse émission, jamais diffusée en France mais destinée à s'attirer les bonnes grâces du tyran pour le compte de Bouygues, GDF et EDF.

Cette Edition spéciale, présentée par Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint des informations de la chaîne, réunissait un plateau hallucinant : Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, patron de TF1, Pierre Gadonneix, président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d’Electricité de France. Tous au garde-à-vous, dégoulinants de complaisance devant le dictateur.

Des extraits vidéo de cette exercice de servilité de haut vol sont visibles sur le site de Télérama.

Que pèse le sort des opposants turkmènes, face par exemple au contrat conclu par Bouygues de plus d’un milliard d’euros, pour la construction d’un nouveau palais présidentiel et divers autres monuments à la gloire du Turkmenbashi, comme le révèle le journaliste David Garcia dans son livre Le Pays où Bouygues est roi ?

olivierbonnet
Mais encore :
Sur Canal +, pas touche à TF1 !

L'auteur d'un livre sur les rapports entre le groupe Bouygues, sa filiale TF1 et la dictature turkmène affirme que le sujet, prévu pour être diffusé sur Canal +, dans le Vrai Journal, a été censuré par la chaîne. Le rédacteur en chef de l'émission dément mais Karl Zéro confirme. Canal à la botte de TF1 ?


Le 2 mars dernier est paru aux éditions Danger public Le pays où Bouygues est roi, signé du journaliste David Garcia, qui décrit les rapports entretenus par le propriétaire de TF1 avec la dictature au pouvoir au Turkménistan, ancienne république soviétique d'Asie centrale indépendante depuis 1991.

Il raconte notamment comment la chaîne a confectionné sur mesures une émission à la gloire du dictateur local, Saparmourad Niazov, tyran notoire dénoncé à la fois par Amnesty International, Human Rights Watch et la Fédération internationale de Helsinki pour les droits de l'Homme, excusez du peu.

Le président à vie est allé jusqu'à organiser un faux coup d'état, en 2003, ce qui lui a permis d'emprisonner quelque 700 personnes et de décapiter son opposition, ses membres ayant été jetés en prison après des parodies de procès dans le plus pur style stalinien.

Un Niazov mégalomane au point d'avoir fait ériger une immense statue de lui, dorée à l'or fin, qui pivote sur son axe 24 h sur 24 !

Son prochain projet pharaonique est la construction d'une station de sports d'hivers, avec patinoires et pistes de ski, en plein désert.

S'il est une entreprise qui profite bien de la manne des grands travaux, financés par les revenus du gaz (le Turkménistan en est un gros producteur) et imaginés par le cerveau délirant du "père des Turkmènes", ainsi qu'il s'est auto-proclamé, c'est bien Bouygues.

L'enquête de David Garcia révèle que l'entreprise française aurait signé depuis 1995 des contrats de plus d’un milliard d’euros, notamment pour la construction d’un nouveau palais présidentiel et divers autres monuments à la gloire du "treizième prophète".

On comprend donc que Bouygues soit aux petits soins pour l'illuminé d'Asie centrale.

C'est dans ce contexte qu'en 1996, à l'occasion d'une visite en France, Niazov - qui a été reçu par Chirac, l'argent du gaz n'ayant pas d'odeur... -, fut l'invité d'une Edition spéciale de TF1 présentée par Jean-Claude Narcy, alors directeur adjoint des informations, dans laquelle intervenaient Martin Bouygues, PDG du groupe Bouygues, Patrick Le Lay, patron de TF1, Pierre Gadonneix, président de Gaz de France et Jacques Roger-Machart, directeur chargé du développement d’Electricité de France. Tous au garde-à-vous, dégoulinants de complaisance devant le dictateur. Des extraits vidéo de cette exercice de servilité de haut vol sont visibles sur le site de Télérama.

TF1 n’a en fait jamais diffusé l’émission, qui a juste servi à s’attirer les bonnes grâces du dictateur pour le compte de Bouygues. La chaîne tente péniblement de justifier l’affaire en invoquant un enregistrement effectué dans le cadre du projet de modernisation de la chaîne de télévision d’Etat turkmène.


Voilà toute l’histoire que David Garcia propose au Vrai Journal de Canal +, qui commence par l'accepter, avant que le journaliste qui planche sur le sujet, Arnaud Muller, ne l'informe que le reportage est finalement refusé par la chaîne.

C'est du moins ce que l'auteur du Pays où Bouygues est roi prétend, mais le rédacteur en chef du Vrai Journal, Victor Robert, dément le 2 mars au micro de Jean-Marc Morandini, sur Europe 1 : "Ce sujet n’était pas du tout programmé pour la semaine prochaine. (...) moi, tout simplement, j’ai dit à Arnaud d’approfondir un petit peu les choses avant de le proposer à Canal. C’est tout…" Pas de censure de Canal, donc, puisque le sujet n'a pas été proposé à la chaîne. Plus tard dans la conversation, Robert s'emmêle pourtant un peu dans son explication et prononce cette phrase troublante : "on ne peut pas démonter TF1, Bouygues comme ça pendant six minutes avec un extrait de Jean-Claude Narcy, avec une interview de David Garcia même si son bouquin, moi, je l’ai trouvé super intéressant. Voilà, il faut qu’on travaille. Alors, avant de, moi, avant de proposer des choses à Canal+, j’arrive quand même avec un petit peu de matériel. Donc, là, on ne l’avait pas suffisamment."

Que manquait-il réellement au sujet pour être traité par le Vrai Journal ? On en est là dans les interrogations, avec la parole de Victor Robert contre celles de son journaliste Arnaud Muller et de David Garcia qui rapporte les propos de ce dernier, quand l'ancien animateur de l'émission, Karl Zéro, vend la mêche sur un forum du Nouvel Obs, le 7 juin dernier, comme le relaie Acrimed : "J’aurais effectivement pu parler du Turkménistan. On avait même fait un sujet sur comment TF1 a fait croire aux dirigeants turkmènes qu’ils étaient en direct à l’antenne pendant une heure (en échange de contrats pour Bouygues). Hélas, à l’heure de la fusion TPS-Canal Sat, Canal + a censuré la diffusion de ce sujet... en vrais Turkmènes !"

L'honnêteté oblige à préciser que, Karl Zéro ayant été viré de Canal, ses propos ne sont pas forcément neutres. Quelque chose nous dit pourtant que, s'il en profite pour régler des comptes, sa version des faits ne doit pas être bien loin de la vérité.

olivierbonnet
Quand les intérêts économiques d'un pays démocratique comme la France, pays des Droits de l'Homme, et ceux d'un grand patron français convergent avec les intérêts d'un dictateur au mépris de ses victimes, c'est à mourir de désespoir.

TURKMENISTAN

Publié : 15 janv. 2007
par GENIA
Comme j'ai été contente d'apprendre que ce pourri était mort.
Il y a 6 mois, un an, il y avait eu un documentaire (tourné en caméra cachée) sur ce pays et la dictature qui y régnait.
La situation de ce pays était tout à fait similaire à celle de la Roumanie du temps de "TCHAOCESKIOU". Le monde entier fermait les yeux sur la paranoïa de ce dirigeant, compte tenu des intérêts en jeu.... Il reste encore la Corée du Nord, à peu près dans la même situation, où les populations sont asservies par la démence des dirigeants.