Stages : du progrès ?
Publié : 08 juin 2011
Patronat et syndicats ont signé un accord instaurant un délai de carence afin d'empêcher le remplacement immédiat d'un stagiaire par un autre sur un même poste de travail. Le texte doit ensuite être adopté par le Parlement.
C'est un texte qualifié de modeste mais qui augure quand même de réels changements au sein des entreprises. Le patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont signé mardi un accord sur "l'accès des jeunes aux formations en alternance et aux stages", troisième volet de négociations sur l'emploi des jeunes. Or, la partie consacrée au stage prévoit un "délai de carence" entre l'accueil de deux stagiaires sur un même poste. Une mesure réclamée depuis longtemps par les associations d'étudiants mais rejetée jusque là, notamment en 2004 où le gouvernement craignait que la mesure ne dissuade les employeurs de former des stagiaires.
"Ce qu'il vient de se passer n'est pas anodin, même si l'on aurait pu aller plus loin, confirme Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, qui espère que la mesure sera approuvée lors du vote de la loi sur l'apprentissage et l'emploi des jeunes. "On va faire ce qu'il faut pour convaincre les parlementaires", assure-t-il.
Bien que défini comme "une période de formation pratique complémentaire à la formation académique", le stage se substitue souvent à d'authentiques postes de travail. L'accord signé par les partenaires sociaux devrait empêcher à termes que les stagiaires ne se relayent indéfiniment pour remplacer un salarié à peu de frais. Le délai de carence sera égal au tiers de la durée du stage, alors que le patronat ne proposait qu'un cinquième. Après un stage de six mois par exemple, un employeur ne pourra faire travailler un autre stagiaire sur le même poste pendant deux mois.
Vocation pédagogique du stage
"C'est très positif, se félicite aussi Guillaume, de Génération précaire. Permettre de remplacer un stagiaire par un autre sur un même poste était la preuve évidente que l'on détournait la vocation pédagogique du stage." Pour ce porte-parole du collectif, cette mesure "réaffirme l'idée que le stage sert à former un jeune et non à se substituer à un poste permanent. Elle va mettre une pression sur certains managers qui avaient pris l'habitude de prolonger les stages ou de les renouveler, demandant parfois aux stagiaires de former leurs successeurs".
Le texte prévoit aussi une limitation à six mois par an de la durée des stages dans une même entreprise et la fin des stages hors-cursus. Les syndicats ont regretté qu'aucune amélioration ne soit apportée en matière de gratification et l'absence d'avancée que la protection sociale -chômage et retraite- des stagiaires. Génération précaire réclame toujours une limitation du nombre d’"apprenants" à 10% des effectifs pour lutter contre les abus.
Déceptions sur le volet de l'alternance
L'accord prévoit aussi un taux annuel de progression de 10% des contrats en alternance par les branches professionnelles. Alors que le quota obligatoire d'alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés doit passer à 4% sous peine de pénalités, le respect de cet objectif par l'ensemble de la branche permettrait aux entreprises moins "vertueuses" d'éviter la sanction. Un arrangement qui fait du texte un "accord bla bla", "raté", et qui "va permettre aux grandes entreprises de s'exonérer de la disposition du 4%", a déploré Force Ouvrière.
http://lexpansion.lexpress.fr/jeune-dip ... 56724.html
C'est un texte qualifié de modeste mais qui augure quand même de réels changements au sein des entreprises. Le patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC ont signé mardi un accord sur "l'accès des jeunes aux formations en alternance et aux stages", troisième volet de négociations sur l'emploi des jeunes. Or, la partie consacrée au stage prévoit un "délai de carence" entre l'accueil de deux stagiaires sur un même poste. Une mesure réclamée depuis longtemps par les associations d'étudiants mais rejetée jusque là, notamment en 2004 où le gouvernement craignait que la mesure ne dissuade les employeurs de former des stagiaires.
"Ce qu'il vient de se passer n'est pas anodin, même si l'on aurait pu aller plus loin, confirme Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, qui espère que la mesure sera approuvée lors du vote de la loi sur l'apprentissage et l'emploi des jeunes. "On va faire ce qu'il faut pour convaincre les parlementaires", assure-t-il.
Bien que défini comme "une période de formation pratique complémentaire à la formation académique", le stage se substitue souvent à d'authentiques postes de travail. L'accord signé par les partenaires sociaux devrait empêcher à termes que les stagiaires ne se relayent indéfiniment pour remplacer un salarié à peu de frais. Le délai de carence sera égal au tiers de la durée du stage, alors que le patronat ne proposait qu'un cinquième. Après un stage de six mois par exemple, un employeur ne pourra faire travailler un autre stagiaire sur le même poste pendant deux mois.
Vocation pédagogique du stage
"C'est très positif, se félicite aussi Guillaume, de Génération précaire. Permettre de remplacer un stagiaire par un autre sur un même poste était la preuve évidente que l'on détournait la vocation pédagogique du stage." Pour ce porte-parole du collectif, cette mesure "réaffirme l'idée que le stage sert à former un jeune et non à se substituer à un poste permanent. Elle va mettre une pression sur certains managers qui avaient pris l'habitude de prolonger les stages ou de les renouveler, demandant parfois aux stagiaires de former leurs successeurs".
Le texte prévoit aussi une limitation à six mois par an de la durée des stages dans une même entreprise et la fin des stages hors-cursus. Les syndicats ont regretté qu'aucune amélioration ne soit apportée en matière de gratification et l'absence d'avancée que la protection sociale -chômage et retraite- des stagiaires. Génération précaire réclame toujours une limitation du nombre d’"apprenants" à 10% des effectifs pour lutter contre les abus.
Déceptions sur le volet de l'alternance
L'accord prévoit aussi un taux annuel de progression de 10% des contrats en alternance par les branches professionnelles. Alors que le quota obligatoire d'alternants dans les entreprises de plus de 250 salariés doit passer à 4% sous peine de pénalités, le respect de cet objectif par l'ensemble de la branche permettrait aux entreprises moins "vertueuses" d'éviter la sanction. Un arrangement qui fait du texte un "accord bla bla", "raté", et qui "va permettre aux grandes entreprises de s'exonérer de la disposition du 4%", a déploré Force Ouvrière.
http://lexpansion.lexpress.fr/jeune-dip ... 56724.html