Baisse du chômage : une autre explication
Publié : 06 juin 2011
Un élément explicatif de la baisse des chiffres du chômage dont Xavier Bertrand devra tenir compte fin juin. Il suffit juste d’espérer qu’il ait pris connaissance de l’article,ci-dessous, publié dans le Canard Enchaîné du 1er juin.
La baisse du chômage dopée par le papy-boom
XAVIER BERTRAND aurait dû tempérer un peu son enthousiasme, mardi 31 mai, lorsqu'il a annoncé une baisse du chômage en avril, pour le quatrième mois consécutif. Car. le gouvernement bénéficie, pour quelques petits trimestres encore, d'un sacré coup de chance : la démographie lui offre ce cadeau sur un plateau.
Explication : d'un côté, la génération du papy-boom d'après guerre arrive maintenant en fin de carrière et part à la retraite. De l'autre, les jeunes qui se présentent aujourd'hui sur le marché du travail sont moins nombreux : ils sont nés en pleine panne sèche des naissances. Bilan : selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). la population active, qui pendant longtemps a augmenté de 250 000 unités par an ne s'accroîtra en 2011 que de 140 000 âmes. Soit 110 000 candidats de moins à un job. Voilà qui éclaire les dernières prévisions de l'OCDE, laquelle entrevoit 85 000 chômeurs de moins cette année.
Mais les experts en conjoncture estiment que Sarko et Bertrand ont raison de battre tambour aujourd'hui, car les lendemains risquent fort de déchanter.
A compter de 2012, la croissance de cette population active va repartir de plus belle. Raisons : à la copulation très inactive des années 1983-1985 qui vient déjouer en faveur des statistiques a succédé une poussée de lapinisme aigu entre 1986 et 1992.Ce nouveau baby-boom va bientôt débouler aux portes des entreprises. S'y ajoute le maintien de l'immigration à un niveau élevé (plus de 100 000 actifs par an). « A long terme, ce sera très bon pour l'économie le financement de la protection sociale », positivent en chœur deux « têtes » de l'OFCE, Eric Heyer et Mathieu Plane. Mais, à court terme, cela risque plomber les chiffres du chômage.
De plus, Sarko a lui-même coupé la branche sur laquelle il était perché : réduction des dispenses de pointage pour les « seniors », limitation des départs anticipés à la retraite pour les carrières longues. Plus la récente réforme des retraites. Selon les fanas des « projections », ces mesures mettront environ 80 000 nouveaux chômeurs devant les guichets de Pôle emploi. Du coup, Fillon prévoit de multiplier les stages d'insertion et les contrats précaires dès la rentrée. En espérant que les électeurs lui en seront reconnaissants.
Alain Guédé