Chronique de la violence ordinaire...
Publié : 19 mai 2011
Oui, encore une... Malgré tout, on n'y est toujours pas habituée...
Il était une fois un étudiant en linguistique qui, au bout de 5 ans d'étude, dû arrêter suite à des problèmes de santé.
Sa santé revenu, il songea à trouver du travail...
Cruelle désillusion... On l'avait pourtant prévenu...
Qu'importe ! Il trouvera du boulot ! Il n'est pas comme ces feignants de chômeurs qui ne veulent pas travailler !
Son bac +3 en linguistique sous le bras (la licence), il trouva d'abord un boulot de secrétaire dans une serrurerie... Dehors au bout de 15 jours. Normal, c'était pas sa formation et on ne lui avait rien expliqué de comment tout ce bo*del fonctionnait.
Puis, il se mit à s'occuper du rayon disques dans une Bazarderie à l'Hôtel de la Ville. Pareil. Aucune explication ou procédure ne lui sera fourni. Dehors au bout de 8 jours.
Enfin, il trouva "le" poste qui lui allait le mieux : s'occuper des systèmes informatiques dans les établissements scolaires. Stimulation intellectuelle permanente, bonne ambiance... C'était précaire, certes... Mais bon, le bonheur.
Nous étions dans les années 2000. La filière informatique était (enfin !) en plein boum. Afin d'assurer ses arrières, il prépara une licence d'informatique. Qu'il obtenu.
Mais quand il commença à chercher des postes dans le privé, en tant qu'"administrateur système junior", franchement ça collait pas... Ambiance détestable, boîtes pourris qui risquaient de fermer d'une minute à l'autre... Franchement, pas très très encourageant...
Et puis, pour tout dire, le métier d'enseignant lui plaisait bien. Il voulut donc s'inscrire au C.A.P.E.S.. Hélas, les dates d'inscription étant passé, il du attendre un an. Afin de ne pas perdre son temps, il passa alors une licence de Sciences de l'Education.
Après tout, avec un tel pedigree, aucun employeur ne pourra lui refuser de poste ! Soyons raisonnable !
Il pu enfin s'inscrire au C.A.P.E.S. externe. Il fut admissible. Mais échoua à l'oral à quelques misérables points près.
Pas grave ! "Je l'aurai, un jour ! Je l'aurai !". Same player, shoot again ! Caramba ! Encore raté !.
Entre temps, il changea d'établissement, permettant ainsi à son épouse de revenir dans son "pays" : le fameux rapprochement de conjoint ! Avec le palmaresqu'il avait dans son précédent établissement, il obtenu, très facilement, un poste dans la région de Limoges.
Héhéhéhé... A présent, il avait la possibilité de s'inscrire en concours de "3ème voie" au bout de 5 ans d'ancienneté ! Ce qu'il fit...
Mais, c'était sans compter sur une administration pointilleuse qui lui fit remarquer, avec malice, que, non, ça n'allait pas être possible... Pourquoi ? Et bien par ce qu'il fallait avoir 5 ans sur le même poste. Or, il avait été embauché en octobre 2000. Et comme il avait changé d’établissement en septembre 2005, cela ne faisait pas 5 ans mais 4 ans et 11 mois.
"Je l'aurai, un jour ! Je l'aurai !" Et me*de...
16 mai 2007. Jour de deuil national pour les uns ou jour de joie pour les autres. Je laisse le lecteur seul juge.
Mais put*** de bo*del de me*de !
Là dessus, viennent se greffer les projets de réduction des coûts dans l'Education Nationale. il se fait convoquer par son chef d'établissement qui lui annonce qu'il va falloir qu'il prenne des dispositions avant septembre 2009 date à laquelle son poste sera supprimé.
Il se remit alors à chercher dans le privé. Mais il ne trouva que des rigolos, des clowns. "Ca ? Des chefs d'entreprises en informatique ? Laissez moi rire ! C'est juste un marketeux encravaté !"
Allant de refus en refus, de ballade en ballade, de contrat de cadre au smic en proposition de stage, septembre 2009 arriva. Et le pauvre bougre se trouva fort démuni.
Licence de linguistique ? "De quoi... ?"
Licence d'informatique ? "Oui, mais vous n'avez aucune certification Microchose, qui me prouvent bien que vous savez cliquer au bon endroit !"
Licence de Science de L'éducation ? "Pardon ?"
Tout ça... Pour ça ? Pour être, encore et toujours, précaire ?
Non. Ce n'est pas possible, il y a certainement quelque chose à faire.
Voyons. Et si il s'installait en tant qu'auto entrepreneur ? Hein ? Ca pourrait être pas mal, hein ?
Etude de marché, étude la concur... rence ? En feuilletant fébrilement les pages jaunes, il s’aperçut qu'il n'était pas le seul. Et qu'il y a même 3 fois plus d'"informaticien" que de "plombier" ou 2 fois plus de "dépannage informatique" que de "dépannage en électricité"...
Sentant le piège se refermer, il décida alors de se reconvertir et de prendre un métier plus... Comment dire... "Terre à terre", on va dire. Sans sens péjoratif, évidemment.
Bon... Alors...
- Afpa pour "logisticien" ? Tests-à-la-con qui ne lui permettent pas de continuer. De toute manière, on lui a dit qu'il était "trop diplômé".
- Fédération Compagnonique des Métiers du bâtiment pour "technicien de réhabilitation du bâtiment" ? "Vous avez déjà trop de diplômes dans différents domaines. Vous êtes trop instable, on peut pas vous prendre".
- Ecole de la Conduite de la France pour moniteur d'auto école ? *jury de sélection qui se paye sa tronche*
- Ecole de la Conduite de la France pour passer le permis D et la FIMO voyageur ? "Je ne crois pas que vous ayez le profil. Ca va pas le faire. Combien ça coûte ? Très cher ! Holalala ! Très très cher !
Un devis ? Heu, oui, voilà... Comme vous le voyez c'est très très très cher ! Oui, oui, ça embauche ! Mais, non, vraiment ça va pas le faire... Avec votre profil... Si on peut payer en plusieurs fois ? Oui, heu, bien sur... Mais je vous assure que ça va pas être possible, vous comprenez. Mais ? Pourquoi me donnez vous ce chèque ? "
Ce bonhomme. C'est moi.
Et ce bonhomme, il commence à en avoir plein le pompon de ces conne*ies.
Bref, je commence à prospecter dans les entreprises de la région. En particulier, la grande entreprise de transport en commun de la ville de Limoges. Dossier au petit oignon, je prends soin de ne garder qu'une seule licence, la plus ancienne et la plus "inutile". Premier entretien très bien passé. Deuxième pareil. Et puis, catastrophe. On me fait passé devant une "psychologue" sensé prédire si je ferai un bon conducteur de bus ou pas. La bonne femme s'en fout. Entretien bâclé. Je sens, qu'elle a déjà les conclusions de son rapport en tête : "avis défavorable".
Mais bon, je me dis... Si c'est vraiment le cas, et qu'elle donne réellement un avis défavorable, on peut espérer qu'ils seront "raisonnable". Après tout, je finance la formation sur mes propres deniers et j'avais, au dire de la responsable des ressources humaines, fait un excellent portrait des avantages et inconvénients du métier, démontrant mon envi sincère de faire ce métier.
Peut-être me laisseront-ils une chance, infime soit-elle, de m'expliquer...
Et là. Non. Lettre de refus de ma candidature. Ferme. Définitif. Aucun espoir n'est laissé.
Je pose la question. Il leur faut quoi, finalement, aux employeurs, pour qu'ils embauchent ?
Il était une fois un étudiant en linguistique qui, au bout de 5 ans d'étude, dû arrêter suite à des problèmes de santé.
Sa santé revenu, il songea à trouver du travail...
Cruelle désillusion... On l'avait pourtant prévenu...
Qu'importe ! Il trouvera du boulot ! Il n'est pas comme ces feignants de chômeurs qui ne veulent pas travailler !
Son bac +3 en linguistique sous le bras (la licence), il trouva d'abord un boulot de secrétaire dans une serrurerie... Dehors au bout de 15 jours. Normal, c'était pas sa formation et on ne lui avait rien expliqué de comment tout ce bo*del fonctionnait.
Puis, il se mit à s'occuper du rayon disques dans une Bazarderie à l'Hôtel de la Ville. Pareil. Aucune explication ou procédure ne lui sera fourni. Dehors au bout de 8 jours.
Enfin, il trouva "le" poste qui lui allait le mieux : s'occuper des systèmes informatiques dans les établissements scolaires. Stimulation intellectuelle permanente, bonne ambiance... C'était précaire, certes... Mais bon, le bonheur.
Nous étions dans les années 2000. La filière informatique était (enfin !) en plein boum. Afin d'assurer ses arrières, il prépara une licence d'informatique. Qu'il obtenu.
Mais quand il commença à chercher des postes dans le privé, en tant qu'"administrateur système junior", franchement ça collait pas... Ambiance détestable, boîtes pourris qui risquaient de fermer d'une minute à l'autre... Franchement, pas très très encourageant...
Et puis, pour tout dire, le métier d'enseignant lui plaisait bien. Il voulut donc s'inscrire au C.A.P.E.S.. Hélas, les dates d'inscription étant passé, il du attendre un an. Afin de ne pas perdre son temps, il passa alors une licence de Sciences de l'Education.
Après tout, avec un tel pedigree, aucun employeur ne pourra lui refuser de poste ! Soyons raisonnable !
Il pu enfin s'inscrire au C.A.P.E.S. externe. Il fut admissible. Mais échoua à l'oral à quelques misérables points près.
Pas grave ! "Je l'aurai, un jour ! Je l'aurai !". Same player, shoot again ! Caramba ! Encore raté !.
Entre temps, il changea d'établissement, permettant ainsi à son épouse de revenir dans son "pays" : le fameux rapprochement de conjoint ! Avec le palmaresqu'il avait dans son précédent établissement, il obtenu, très facilement, un poste dans la région de Limoges.
Héhéhéhé... A présent, il avait la possibilité de s'inscrire en concours de "3ème voie" au bout de 5 ans d'ancienneté ! Ce qu'il fit...
Mais, c'était sans compter sur une administration pointilleuse qui lui fit remarquer, avec malice, que, non, ça n'allait pas être possible... Pourquoi ? Et bien par ce qu'il fallait avoir 5 ans sur le même poste. Or, il avait été embauché en octobre 2000. Et comme il avait changé d’établissement en septembre 2005, cela ne faisait pas 5 ans mais 4 ans et 11 mois.
"Je l'aurai, un jour ! Je l'aurai !" Et me*de...
16 mai 2007. Jour de deuil national pour les uns ou jour de joie pour les autres. Je laisse le lecteur seul juge.
Dorénavant, il faudra une maîtrise pour passer la C.A.P.E.S.Je souhaite que l'enseignant de demain soit mieux formé, que la durée de ses études soit allongée d'un an. Je souhaite en outre que la place des universités dans cette formation soit pleinement reconnue
Mais put*** de bo*del de me*de !
Là dessus, viennent se greffer les projets de réduction des coûts dans l'Education Nationale. il se fait convoquer par son chef d'établissement qui lui annonce qu'il va falloir qu'il prenne des dispositions avant septembre 2009 date à laquelle son poste sera supprimé.
ALERTE GENERALE ! CECI N'EST PAS UN EXERCICE ! LES FEMMES ET LES ENFANTS D'ABORD ! TOUS AUX CANOTS ! SAUVE QUI PEUUUUUUT !
Il se remit alors à chercher dans le privé. Mais il ne trouva que des rigolos, des clowns. "Ca ? Des chefs d'entreprises en informatique ? Laissez moi rire ! C'est juste un marketeux encravaté !"
Allant de refus en refus, de ballade en ballade, de contrat de cadre au smic en proposition de stage, septembre 2009 arriva. Et le pauvre bougre se trouva fort démuni.
Licence de linguistique ? "De quoi... ?"
Licence d'informatique ? "Oui, mais vous n'avez aucune certification Microchose, qui me prouvent bien que vous savez cliquer au bon endroit !"
Licence de Science de L'éducation ? "Pardon ?"
Tout ça... Pour ça ? Pour être, encore et toujours, précaire ?
Non. Ce n'est pas possible, il y a certainement quelque chose à faire.
Voyons. Et si il s'installait en tant qu'auto entrepreneur ? Hein ? Ca pourrait être pas mal, hein ?
Etude de marché, étude la concur... rence ? En feuilletant fébrilement les pages jaunes, il s’aperçut qu'il n'était pas le seul. Et qu'il y a même 3 fois plus d'"informaticien" que de "plombier" ou 2 fois plus de "dépannage informatique" que de "dépannage en électricité"...
Sentant le piège se refermer, il décida alors de se reconvertir et de prendre un métier plus... Comment dire... "Terre à terre", on va dire. Sans sens péjoratif, évidemment.
Bon... Alors...
- Afpa pour "logisticien" ? Tests-à-la-con qui ne lui permettent pas de continuer. De toute manière, on lui a dit qu'il était "trop diplômé".
- Fédération Compagnonique des Métiers du bâtiment pour "technicien de réhabilitation du bâtiment" ? "Vous avez déjà trop de diplômes dans différents domaines. Vous êtes trop instable, on peut pas vous prendre".
- Ecole de la Conduite de la France pour moniteur d'auto école ? *jury de sélection qui se paye sa tronche*
- Ecole de la Conduite de la France pour passer le permis D et la FIMO voyageur ? "Je ne crois pas que vous ayez le profil. Ca va pas le faire. Combien ça coûte ? Très cher ! Holalala ! Très très cher !
Un devis ? Heu, oui, voilà... Comme vous le voyez c'est très très très cher ! Oui, oui, ça embauche ! Mais, non, vraiment ça va pas le faire... Avec votre profil... Si on peut payer en plusieurs fois ? Oui, heu, bien sur... Mais je vous assure que ça va pas être possible, vous comprenez. Mais ? Pourquoi me donnez vous ce chèque ? "
Ce bonhomme. C'est moi.
Et ce bonhomme, il commence à en avoir plein le pompon de ces conne*ies.
Bref, je commence à prospecter dans les entreprises de la région. En particulier, la grande entreprise de transport en commun de la ville de Limoges. Dossier au petit oignon, je prends soin de ne garder qu'une seule licence, la plus ancienne et la plus "inutile". Premier entretien très bien passé. Deuxième pareil. Et puis, catastrophe. On me fait passé devant une "psychologue" sensé prédire si je ferai un bon conducteur de bus ou pas. La bonne femme s'en fout. Entretien bâclé. Je sens, qu'elle a déjà les conclusions de son rapport en tête : "avis défavorable".
Mais bon, je me dis... Si c'est vraiment le cas, et qu'elle donne réellement un avis défavorable, on peut espérer qu'ils seront "raisonnable". Après tout, je finance la formation sur mes propres deniers et j'avais, au dire de la responsable des ressources humaines, fait un excellent portrait des avantages et inconvénients du métier, démontrant mon envi sincère de faire ce métier.
Peut-être me laisseront-ils une chance, infime soit-elle, de m'expliquer...
Et là. Non. Lettre de refus de ma candidature. Ferme. Définitif. Aucun espoir n'est laissé.
Je pose la question. Il leur faut quoi, finalement, aux employeurs, pour qu'ils embauchent ?
