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La prison en France, le Moyen-Age en 2007

Publié : 12 nov. 2006
par victorine83
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Un livre sur le désartre psychiatrique en prison

Catherine Hersberg a passé six mois au service médico-pschologique régional de la prison de Fresnes. Elle publie un livre au Seuil:

Schizophenie, démence due à l'alcool, paranoïa délirante, délires mystiques, hurlements trois jours d'affilée. Autant de cas lourds rencontrés durant quatre mois par la journaliste Catherine Herszberg.

Elle vient de publier un livre "Fresnes histoires de fous", un récit édifiant et dérangeant de son passage au SMPR, le service médico-psychologique régional de Fresnes.

"Des félés? Vous en trouverez plein ici, bien plus qu'à l'hopital", l'avait prévenue le chef de la détention. Fresnes, ce sont 6 000 "entrants" chaque années, dont une partie souffrant de troubles psychiatriques.

Huit suicidés en 2005

Du coup le SMPR "croule sous les sollicitations": beaucoup de démunis, SDF, dont certains n'ont rien à faire en prison.

Des hommes shootés aux médicaments, la "fiole" comme on l'appelle, traités à la chaine, dans des pré-fabriqués, posés à même les couloirs de la prison.

La folie est quotidienne. Des hommes se mutilent atrocement, avalent des fourchettes, se trouent le tympan en voulant retirer "une bête". Nombreux sont ceux qui entendent des voix. L'un a "un micro dans le ventre", un autre tire la chasse d'eau toutes les cinq minutes, un dernier "s'obtine à attendre le bus dans le couloir de la 1ere division" V..,lui ne quitte pas "sa grotte" ,une cellule jonctuée d'immondices.

Le personnel soignant est à la limite de l'épuisement.

Ultime soupape, l'UPH, l'unité psychiatrique d'hospitalisation, avec ses 47 lits "au rez-de-chaussé de l'ancien bâtiment des condamnés à mort".. Ces "pompiers" de Fresnes traîtent 'l'urgence de l'urgence".

"Etre enfermé en plus dans une cellule sans stimulation extérieure, ça aggrave tout à coup la maladie", analyse un témoin. Parfois, c'est le suicide, avec huit cas recensés en 2005. Une année noire marquée par la mort de S..... "massacré dans un angle mort" pendant une promenade par un autre détenu délirant.

"Le jour de mon arrivée à Fresnes, j'avais peur, conclut la journaliste. Le jour de mon départ, quatre mois plus tard, j'étais sonnée. Sonnée par la vision infernale ouverte par toutes ces histoires de misère, de ravage, de crime, de folie, d'injustice. "Et par l'insupportable souffrance reléguée à l'extérieur de la grande ville, planquée derrières de hauts murs, recluse dans un lieu de peine où elle s'aggrave un peu chaque jour".

Catherine Herszberg n'en est pas ressortie intacte. Le lecteur ne sera pas épargné non plus.

B.K. "Le Parisien 25/10/2006

"Fresnes, histoires de fous" C. Herszberg Le Seuil 16 euros
J'ai découvert Catherine Herszberg, il y a peu, lors d'une émission littéraire sur FR2 et j'ai moi aussi été sonnée par son témoignage.

Je suis choquée par son récit. Je pensais en savoir un peu sur les conditions inhumaines d'incarcération mais, à mon grand désespoir, je m'aperçois que j'étais loin, très loin de la réalité.

Je reprends ici le titre d'un article d'Yves sur Rénov :

"Putain quel pays ! Mais où vit-on ?"

Publié : 12 nov. 2006
par victorine83
Catherine Herszberg a répondu à quelques questions sur le forum du nouvelobs dont les réponses sont d'une extrême gravité et révèlent l'horreur cachée de notre société.
Bonjour madame Que penser de la "camisole chimique" ? A-t-elle son efficacité ou est-ce le reflet de l´hypocrisie et de l´aveuglement de la société vis à vis de ses détenus ? Merci de votre réponse et bonne continuation

Réponse : Sur les 188 prisons françaises, seules 26 (et encore) disposent d´équipes psychiatriques à plein temps. Les autres se débrouillent, face à une population très malade du point de vue psychiatrique et psychique, avec les moyens du bord. Des prestations ponctuelles de psy ; ou les prescriptions des médecins généralistes présents ; ou pas grand chose... La situation est catastrophique, la souffrance terrifiante, et dans ces conditions, il est vrai, les médicaments sont souvent la seule réponse possible. C´est l´une des raisons qui expliquent que la prison ne peut être considérée comme un lieu de soins. Ce n´est évidemment pas la seule.


Bonjour Catherine Comment arrive-t-on à s´intéresser aux prisons, à y passer du temps ? Est-ce une démarche morale, ou militante ? Merci

Réponse : C´est une démarche de citoyenne, convaincue qu´on juge de l´état d´une société à la façon dont elle traite ses marges - notamment ses pauvres et ses fous. J´ai voulu témoigner de la façon dont notre société traite ses marges et, partant, de son état. Le constat est malheureusement terrible.

Y a-t-il une différence de fond entre l´asile et la prison ?

Réponse : La prison d´aujourd´hui, telle que je la dépeins dans livre, ressemble davantage à l´hôpital général du 17e siècle qu´à l´asile. A l´hôpital général, on enfermait sur lettres de cachet, les pauvres, les mendiants, les vagabonds, les "insensés", les opposants... L´un des personnages du livre, un surveillant gradé, parle d´ailleurs de la prison comme de la "poubelle de la société", là où elle rejette ceux dont elle ne veut plus - dont les fous.

La criminalisation sarkozyenne à tout-va est inquiétante car elle ne distingue plus les responsabilités et la "perte de facultés" de certains criminels et délinquants Comment l´équipe de Fresnes et vous mêmes jugez vous cette évolution ?

Réponse : Le mouvement qui consiste à pénaliser la maladie mentale n´a pas, hélas, démarré avec Sarkozy et je l´explique dans le livre. Mais il est évident que le tout sécuritaire, renforcé par les politiques en cours, et qui entend même criminaliser les enfants, est une évolution extrêmement inquiétante. D´où, entre autres, ce travail, qui se veut un cri d´alarme pour réveiller nos consciences. Je dis bien "nos", et pas seulement celles des hommes politiques.

Est-ce que cela vous a été difficile d´obtenir les autorisations pour faire votre enquête? Pour avoir un peu travaillé en prison, je sais à quel point on est contrôlé, à chaque changement ce couloir, avant chaque rencontre, etc Avez vous eu toute liberté? Vous a-t-on parfois interdit l´accès à certaines choses?

Réponse : L´administration pénitentiaire m´a accordé l´autorisation d´enquêter pendant quatre mois à Fresnes. Et je dois dire que j´ai été assez libre de mes mouvements à l´intérieur de la prison, que je n´ai pas été contrôlée, à quelques exceptions près, dans mes déplacements. Il faut comprendre que la pénitentiaire affronte une situation catastrophique : sa mission est l´application de la peine et, en principe, en principe seulement, la réinsertion. Or elle fait face à un afflux massif de malades mentaux, de grands délirants, qui échappent à son champ de compétences. Les surveillants sont désarmés face aux malades mentaux qui représentent, à des degrés divers, un tiers des détenus ; ils ne sont pas formés, ils ne connaissent pas les pathologies, ils ne savent pas comment y répondre.

Qui est responsable du placement en prison de malades mentaux? Comment se passe l´orientation? Pourquoi les experts psychiatriques ne préconisent-ils pas plus souvent le placement en hôpital?

Réponse : Votre question est fondamentale. A la fin de mon livre, construit comme un récit aux multiples personnages et qui donne à voir et à entendre, concrètement, ce que ça signifie d´être fou en prison, je donne des pistes d´explications. C´est la première fois, depuis l´Antiquité, qu´on pénalise des malades mentaux. Les psychiatres, notamment les experts, ont leur part de responsabilité dans ce fait. Mais ils ne sont pas les seuls. Quand le lien social se construit sur la peur, la peur de l´Autre, c´est toute la société qui se trouve mise en cause. Les psy, les juges, les politiques, "l´opinion publique" - notion hautement imaginaire -, le poids des victimes... et, bien sûr, l´appauvrissement terrible des structures psychiatriques. Le désengagement par l´Etat des questions sanitaires et sociales qui répond à un libéralisme sauvage conduit à expulser les plus vulnérables de la société. Les fous en font partie. Les pauvres aussi. En prison, ce sont souvent les mêmes.

Bonjour, A partir de quand, un trouble mental devient-il incompatible avec une détention? Qui prend la décision?

Réponse : Il y a un article du code de procédure pénal qui permet d´hospitaliser d´office les détenus dont l´état mental n´est plus compatible avec la détention. Ce sont les médecins qui le demandent, et les préfets qui agréent au non à la demande. Au début des années 90, on comptait une centaine d´hospitalisations d´office de détenus par an. En 2005, environ 1800... Mais je raconte dans le livre comment ces détenus hospitalisés sont souvent renvoyés en prison au bout de quelques jours parce que les hôpitaux psychiatriques sont si carencés qu´ils n´ont plus les moyens de les accueillir...



Les prisonniers ont-ils accès à tous les médicaments dont ils ont besoin?

Réponse : Je ne peux répondre que de ce que j´ai vu à Fresnes où l´accès aux médicaments n´est pas un problème. C´est le reste, tout le reste, qui pose problème... En prison, les grands malades arrêtent souvent leur traitement en cellule et sont harcelés par des voix, des bêtes, des choses, des esprits, le diable... et ont si peur qu´il leur arrive de se terrer, de ne plus parler, de ne plus sortir en promenade, de ne plus manger...

Quels sont les psychiatres intervenant en prison? Quel est leur statut? Sont-ils là par choix, par conviction?

Réponse : Pendant ces quatre mois passés en prison aux côtés de l´équipe psychiatrique, j´ai eu le sentiment d´un voyage en enfer et je le raconte. Je suppose que pour y rester il faut avoir de solides convictions !

La situation à Fresne est-elle particulièrement dégradée? Quelle est la situation dans les autres prisons?

Réponse : A Fresnes, il y a un service psychiatrique à part entière. Comme dans 25 autres maisons d´arrêt - quoique 5 ne fonctionnent plus ou presque. La situation est donc plutôt "meilleure" à Fresnes. C´est tout dire...

quelles solutions sont envisageables pour les prisonniers atteints de troubles mentaux?

Réponse : Personnellement, et heureusement je ne suis pas la seule..., je reste convaincue que les personnes atteintes de troubles mentaux n´ont pas leur place en prison, mais dans un lieu de soins. Sauf à admettre qu´on puisse criminaliser la maladie mentale, ce qui est d´ailleurs en cours. Depuis l´Antiquité, il faut le dire et le redire, le principe était resté inaliénable : les fous ne sont pas punissables. Notre société rompt avec un principe antique.

Tout le monde semble être d´accord pour dire que nos prisons sont une honte pour notre République, même notre ministre de la Justice (tout du moins, c´est ce qu´il affirme). Alors pourquoi aucun des gouvernements successifs n´a réussi à améliorer la situation, ni même à ralentir sa dégradation? Qu´est-ce qui fait que la politique pénitentiaire est si dure à réformer malgré l´unanimité du constat?

Réponse : Question fondamentale ! Il faut interpeller les politiques là-dessus. Mais aussi l´ensemble de la société. Si l´on considère que l´autre est définitivement autre, qu´il n´est définitivement plus mon semblable, alors il devient possible de tout lui faire subir. On l´a vu dans l´histoire, il n´y a pas si longtemps encore...

J´aimerais revenir à ma question sur Pierre Bodein. Non pas que je pense que ce fait-divers soit représentatif, mais c´est typiquement le type d´affaire qui, par son horreur, touche à juste titre l´opinion publique et donc influe sur les décision politique. Quelque soit le travail d´information des associations, tant qu´il y aura des fait-divers tels que celui-ci, l´opinion publique ne sera pas prête à soutenir un réforme plus "humaine". Concrètement, pensez vous donc qu´il aurait été possible d´empêcher Pierre Bodein de récidiver? Si oui comment et quelles erreurs ont été comises?

Réponse : Je ne peux répondre sur un dossier que je n´ai pas étudié dans le détail. Je témoigne de ce que je connais, la vie terrifiante des fous en prison. Cependant, je vous répondrai que lorsque les lois d´une société, les actions politiques, se calquent sur une "opinion publique" dont on ne sait au juste ce qu´elle représente, alors on quitte la sphère de la loi et de la politique pour entrer dans le sphère du populisme. Denis Salas, magistrat et théoricien du droit, dit fort justement ceci : que la victime réclame vengeance est normal, c´est ce qui lui permet de tenir debout. Mais la loi est obligée de la contredire, la loi est là pour stopper la vendetta... Sinon, tout est possible, et surtout le pire.

http://forums.nouvelobs.com/795/Catheri ... zberg.html
Petit rappel au passage :

Parmi les spécialistes, les psychiatres (50%) sont les praticiens qui présentent le plus fort taux de refus de soins aux CMUstes (CMU et discrimination médicale).

Vu le nombre impressionnant de personnes présentant des troubles psychiatriques les maintienant dans l'exclusion sociale, nous avons là un très grave problème de société.

Lors de l'émission que j'avais vue avec Catherine Herszberg, le présentateur lui avait demandé ce qui l'avait amenée à vouloir enquêter sur ce thème. C. Herszberg a répondu que c'était en voyant les nombreux jeunes qui présentaient des troubles du comportement dans le métro qu'elle avait été intriguée. Du métro, elle est arrivée à la prison.

Publié : 12 nov. 2006
par victorine83
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LE NAUFRAGE DE LA PSYCHIATRIE DE SOPHIE DUFAU

En trente ans, le nombre de dépressions déclarées a été multiplié par six. Selon l’Organisation mondiale de la santé, les troubles psychiatriques seront en 2020 la première pathologie, devant les maladies cardio-vasculaires. Le Conseil économique et social chiffre à 20 % le nombre de Français souffrant de troubles psychiques et du comportement. Pourtant, si nous sommes toujours plus nombreux à nous tourner vers ’le psy’, la psychiatrie va mal.

Très mal. Certains malades ne sont plus soignés, les médecins sont mal formés, les services hospitaliers et les institutions ferment, un délai de huit à dix mois est nécessaire pour obtenir une consultation... L’état des lieux que dresse Sophie Dufau, journaliste, est alarmant : faiblesses de l’hôpital, surcharge des cabinets, pédopsychiatrie menacée, manque de structures d’accueil et d’hébergement, formation insuffisante des soignants, sans oublier la situation calamiteuse des sans-domicile ou des prisonniers, dont un grand nombre sont en réalité des malades psychotiques qui ne sont pas suivis...

Suite...
20 % des français présentant des troubles psychiques et du comportement... c'est E-NOR-ME et un grand nombre d'entre eux sont à la rue ou en prison sans soins, ni prise en charge adéquats à leur pathologie.

Nous avons là un problème catastrophique de santé pubique !

Publié : 12 nov. 2006
par St-Dumortier
Bonjour,
20 % des français présentant des troubles psychiques et du comportement... c'est E-NOR-ME et un grand nombre d'entre eux sont à la rue ou en prison sans soins, ni prise en charge adéquats à leur pathologie.
Y'aurait pas maldonne là ....
Le comportement d'un mec qui se tape la tête contre les murs parcequ'il est enfermé, c'est psychique mais c'est pas vraiment un trouble ....

Non, pour moi, les 20 %, il faut plutot les chercher chez ceux qui paraissent(,) obnibulés par l'argent ou le pouvoir .....

Publié : 12 nov. 2006
par victorine83
Non, pour moi, les 20 %, il faut plutot les chercher chez ceux qui paraissent(,) obnibulés par l'argent ou le pouvoir .....
Si vous comptez ceux-là aussi, alors nous passons à 40 % car les 20 % dont je parle ont besoin de prise en charge et de soins.

C. Herszberg a témoigné d'un prisonnier, par exemple, qui attendait le bus dans le couloir pour rentrer chez lui, un autre qui a été mis au mitard parce qu'il s'en était pris à un gardien qui ne voulait pas lui rendre son vélo pour rentrer chez lui. Ces personnes ne se rendent même pas compte qu'elles sont en prison mais souffre de leur enfermement qui aggrave leur maladie.

Alors pourquoi la société leur inflige-t-elle ce traitement ? Ca sert à quoi ?

Et comme l'explique C. Herszberg, Sarkozy n'est pas le seul en cause, les juges ont aussi accepté de criminaliser la maladie mentale.

Les CHS sont appelés à être fermés pour être remplacés en unités de soins dans les hôpitaux avec évidemment beaucoup moins de places.

Enfin bref, ça ne s'arrange pas et nous allons vers une terrible impasse.

Publié : 10 déc. 2006
par victorine83
20% de la population carcérale "ne devraient pas être en prison"

| 09.12.2006 | 23:50

Le Comité consultatif national d'éthique estime, dans un avis rendu public vendredi 8 décembre que 20% de la population carcérale "ne devraient pas être en prison".

Que ce soit avant l'incarcération, pendant ou après, en France, les droits des détenus doivent être mieux respectés: dans un avis le Comité consultatif national d'éthique demande notamment aux autorités de faire appliquer la suspension de peine en fin de vie ou lorsque l'état de santé est incompatible avec le maintien en détention.

Le détenu est un citoyen

"Nous voulons faire reconnaître que le détenu est un citoyen, simplement privé du droit d'aller et venir", a déclaré à l'Associated Press Mario Stasi, membre du Comité d'éthique et co-rapporteur de l'avis.

Pour cela, le Comité "en appelle de manière urgente aux pouvoirs publics, aux élus, au législateur et aux autorités sanitaires". Il demande aux élus et ou au législateur de "veiller à la bonne application des lois concernant la santé des personnes incarcérées".

Tout détenu doit avoir "accès au respect de ses droits fondamentaux, notamment la suspension de peine en fin de vie ou lorsque l'état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention", selon les dispositions de la loi du 4 mars 2002.

Le Comité recommande par ailleurs que "la prison ne se substitue plus à l'hôpital psychiatrique", un fait qu'il attribue notamment à une "réticence croissante de notre société à accepter de soigner et d'accompagner, et non pas de punir, les personnes ayant commis des infractions à la loi par déraison".

"Près de 12.000 détenus sur les 60.000 incarcérés sont des malades psychiatriques", explique Mario Stasi.


Des cellules individuelles

Le Comité insiste aussi sur l'importance des "cellules individuelles, notamment en maison d'arrêt", dont "la mise en œuvre réelle" est, selon lui, "repoussée de loi en loi".

Il juge par ailleurs "absolument inacceptable" qu'un détenu ou un prévenu soit "entravé lors d'une consultation, en dehors de circonstances exceptionnelles".

Il souhaite également que "le recours et la durée des mesures d'isolement en cellule de discipline (le mitard) et en quartier disciplinaire, qui présentent des risques pour la santé mentale du détenu, soient réduits et contrôlés".

Enfin, le Comité recommande la mise en place d'une politique de réinsertion préparée dès l'incarcération.

"La prison traduit tout un état du regard de la société en face d'une catégorie de gens, et la qualité du regard sur elle-même", conclut Mario Stasi.

"Sans remettre en cause la nécessité d'une sanction", l'ancien bâtonnier observe qu'un "état démocratique se juge au niveau des plus faibles, de ceux qui en ont le plus besoin d'être pris en considération".

Nouvelobs

Publié : 10 déc. 2006
par Mallo
La semaine dernière, dans le service ou je suis en stage (rémunéré 23 €de la semaine) on a eu un prisonnier qui est venu à cause d'une tentative de suicide.

Là sa cellule faisait 3m sur 3m et il m'a dit qu'elle est plus confortable que sa cellule pénitenciaire... Pourtant une chambre d'isolement psy n'a rien d'enviable : matelas au sol et wc presque "à vue" de la caméra de surveillance (on voit les pieds du malade ou son dos mais respect de sa pudeur on ne voit rien d'autre)...
Une fenêtre impossible à ouvrir ...


On a parlé, mais les choses que j'ai le droit de divulguer sont que les matons ne sont pas tous discrets la nuit quand ils contrôlent les prisonniers : cles cognées contre la barrière, lumière projetée directement sur le visage du prisonnier ...

:arrow: D'accord s'ils sont là c'est qu'ils ont pour la plupard fait une bétise, mais un peu de respect de l'être humain ne fait pas de mal ...

Publié : 11 déc. 2006
par victorine83
le rapport du Comité de prévention de la torture sur les prisons françaises - janv 04

article de la rubrique prisons
date de publication : février 2004

Après les visites des prisons de Loos, Clairvaux et Toulon, effectuées en 2003, le Comité européen de prévention de la torture blâme le surpeuplement carcéral et parle de « traitements inhumains » dans les prisons françaises.


par Dominique SIMONNOT - Libération, mercredi 28 janvier 2004

C’est au-delà du pire. Plus accablant encore que tout ce qui a pu être dit et écrit sur les prisons françaises : « En France, les conditions de détention s’apparentent parfois à des traitements inhumains et dégradants », affirment dans leur rapport les experts du Comité européen de prévention de la torture [1] après une visite d’une semaine, au mois de juin, dans deux maisons d’arrêt et une centrale de haute sécurité. La visite de cette institution, émanation du Conseil de l’Europe, ne devait rien au hasard. Au contraire. Elle se trouvait « exigée par les circonstances », explique le CPT, en raison de « l’augmentation récente et alarmante du surpeuplement des maisons d’arrêt ainsi que du nombre de suicides ».

Le diagnostic alarmant du CPT rejoint celui dressé depuis des mois par les syndicats pénitentiaires, les organisations de défense des détenus et des droits de l’homme. A Loos, près de Lille, le CPT a décompté 1 103 détenus (dont 25 mineurs) dans 461 places, soit un taux d’occupation de 239 %. A Toulon, il a constaté la présence de 348 prisonniers pour 145 places ­ 240 % d’occupation. Les conséquences de cette inflation carcérale sont « critiques » : à Loos, « les détenus vivent confinés à trois dans des cellules de 9 m2, ou au quartier des femmes, à quatre voire à cinq dans 12 m2 ». Les locaux sont « vétustes, mal entretenus et pour certains, dont le cabinet dentaire, insalubres ». Dans les coursives, « des containers débordant d’immondices malodorantes étaient laissés plusieurs heures à l’entrée des sections par là même où étaient acheminés les chariots repas »..

Promiscuité. Même chose à Toulon, où les détenus dorment sur des matelas posés à même le sol, où les cellules sont « délabrées et mal entretenues » mais où, au moins, un effort d’entretien maintient les parties communes « en état de propreté convenable ». Bien sûr, étant donné le ratio surveillants/détenus, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de prendre des douches, qui doivent être accompagnées. Quant aux parloirs, ils sont écourtés et parfois supprimés. Sans parler de la « pauvreté » des programmes d’ateliers ou de travail qui relèguent l’immense majorité des prisonniers dans l’oisiveté totale. « Unanimes », les détenus et les surveillants ont raconté au CPT ce qu’entraînait cette promiscuité forcée : « la tension croissante dans les relations » tant entre détenus et surveillants qu’entre codétenus. Et la délégation a « de visu » observé « la mission quasi impossible pour les surveillant(e)s de devoir assumer seul(e)s la prise en charge de plus d’une centaine de détenus ». En résumé, il s’agit là de conditions « intolérables ».

A Clairvaux, centrale où sont purgées les longues peines, pas de surpeuplement. Le problème est ailleurs : dans le système sécuritaire renforcé au printemps 2003, sur ordre du garde de Sceaux, par la fermeture des portes des cellules dans la journée. Du coup, impossible aux détenus de se rencontrer et d’avoir accès aux salles communes de télévision. Pourtant, dès 2000, le CPT avait souligné devant les autorités françaises « la nécessité d’offrir aux détenus purgeant de longues peines des régimes compensant de manière positive et proactive les effets désocialisants de la réclusion de longue durée (...). Pour stimuler leur sens d’autonomie et de responsabilité personnelle ». En pure perte.

Comment en est-on arrivé là en si peu de temps ? En 2000, comme le rappelle Patrick Marest, de l’Observatoire international des prisons, les élus de tous bords qualifiaient pourtant « d’humiliation pour la République » l’état des prisons. Tous s’accordaient pour les dépeupler et adoptaient la loi sur la présomption d’innocence ; la droite jugeant même qu’elle n’allait pas assez loin. Mais depuis deux ans, l’inflation carcérale a été sans précédent en France. Et sur le sujet, le CPT met directement en cause la politique du gouvernement Raffarin : « A la différence des responsables politiques qui soutiennent que l’augmentation de la population carcérale s’explique par l’aggravation de la délinquance (...), les hauts responsables de l’administration pénitentiaire et les interlocuteurs rencontrés » ont assuré que c’était le résultat d’une « politique pénale répressive », « de la tolérance zéro, de la sévérité accrue des parquets, de l’adoption d’un arsenal législatif répressif ». Le tout conduisant à « ce taux d’incarcération galopant ».

Obsession. En cause donc, les lois Perben et Sarkozy, leur obsession sécuritaire et un ministre de l’Intérieur qui a clamé à la télévision que les prisons étaient remplies de violeurs et d’assassins. « Aucun progrès réel ne pourra être accompli sans réduction immédiate et drastique du surpeuplement. Ceci constitue une exigence fondamentale pour assurer des conditions dignes et humaines à la population incarcérée. » C’est peu dire que le gouvernement n’en prend pas le chemin.

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article105

Publié : 11 déc. 2006
par diety
La proportion de personnes détenues souffrant de troubles psychiques augmente d'année en année, avec pour corollaire de multiples tensions et violences. Inadapté et déficient, le dispositif de soins psychiatriques peine à assurer une prise encharge de la maladie mentale en prison. Les réformes présentes et à venir tendent pourtant à faire de la prison l'asile du XXIéme siècle
L'évolution tant de la psychiatrie que de la justice aboutit à un déplacement de l'hôpital vers la prison et à un nombre croissant de malades mentaux en détention »[1]. Ce constat dressé en mars 2004 par la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) n'a pas trouvé de contradicteur en la personne de l'ancien garde des Sceaux. En effet, quelques mois plus tard, Dominique Perben durcissait même le trait. « Nous savons que le nombre de détenus souffrant de tels troubles augmente et a atteint un niveau préoccupant. Il s'agit non seulement d'un problème pénitentiaire, mais encore d'un problème de santé publique : on demande au système pénal de traiter un dossier qui n'est pas de sa compétence.
La prise en charge de la santé mentale en détention est d'autant plus problématique que l'emprisonnement aggrave souvent l'état de santé et génère des pathologies propres. Les conditions de détention, la rupture induite par l'enfermement peuvent, en effet, expliquer l'apparition ou l'aggravation de certains troubles. Ainsi, une enquête menée en 2001 auprès des entrants accueillis dans les SMPR[15], a montré que la prévalence des troubles augmente avec la durée de condamnation et l'existence d'antécédents judiciaires. Comme l'explique un psychiatre intervenant en milieu pénitentiaire, « la prison, par le cadre de vie rigide et non aménageable qu'elle impose déstabilise un certain nombre d'états pré-pathologiques que la souplesse de l'environnement permettait de contenir. Et plus le cadre est rigide, plus il fait basculer dans la maladie ces personnalités fragiles. Le quartier disciplinaire est ainsi un gros pourvoyeur de décompensations pathologiques. Le nombre de suicides dont il est le théâtre en atteste »
Source: Observatoire international des prisons

Publié : 12 déc. 2006
par victorine83
La tendance à la pénalisation de la maladie mentale repérée depuis plusieurs années se confirme donc. Elle résulte d'un faisceau de causes clairement identifiées. Le nombre de non lieux prononcés pour irresponsabilité pénale est dérisoire, experts et psychiatres tendant majoritairement à considérer que le procès et la condamnation ont une vertu thérapeutique. Interrogés sur la responsabilité de la personne au moment des faits, les experts privilégient de plus en plus fréquemment la notion « d'altération » du discernement à celle « d'abolition ». Or, bien que le Code pénal prévoie que « la juridiction tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine la peine et en fixe le régime », en pratique, le principe d'individualisation de la peine incite à condamner plus lourdement les malades mentaux. Parfois, des personnes hospitalisées en psychiatrie qui commettent des délits ou des crimes sont jugées, considérées comme responsables et incarcérées. Ainsi, en janvier 2005, un homme souffrant de schizophrénie, poursuivi pour un crime commis dans le cadre d'une « sortie d'essai » de l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise, a été condamné à quinze ans de prison par la cour d'assises de l'Oise, alors même que, selon le compte-rendu de l'audience, il a tenu des propos totalement incohérents lors du procès.
C'est tout simplement dramatique et inhumain !

Mon fils est psychotique et je connais de mieux en mieux cette maladie. Lorsqu'il est délirant, il n'est plus là, il ne contrôle plus son esprit mais c'est très difficile à expliquer.

Il m'est arrivé d'être obligée d'appeler le médecin car il n'y avait plus aucune solution et il fallait absolument qu'il ait une prise en charge médicale pour le sortir de cet état délirant et qu'il reprenne le contrôle de son esprit.

Maintenant, je ne peux plus faire appel au médecin car il ne veut absolument pas aller à l'hôpital et c'est pourtant la seule solution qui nous soit donnée. Donc, à présent, les choses sont beaucoup plus compliquées quand il n'est pas bien.

Mon fils n'est jamais complètement coupé de la réalité comme cela peut-être le cas d'un schyzophrène mais pourtant autant il peut être parfaitement visible qu'il n'est plus dans un état "normal" et qu'il est délirant, autant il va de nouveau avoir un discours très cohérent pendant quelques instants.

Je n'emploie surement pas les bons mots mais c'est difficile à décrire.

Ce que je peux dire, c'est qu'il est un garçon extrêmement intelligent, gentil, altruiste, généreux...

La problèmatique de cette maladie, c'est que le malade refuse d'admettre qu'il est malade (et il a surement raison) et il refuse de se soigner (ce que l'on peut comprendre).

Ce que je pense avoir compris, c'est qu'il s'agit d'un dysfonctionnement du cerveau connu de la science qui propose des traitements efficaces mais mon fils subit son traitement puisqu'il n'accepte pas sa maladie et qu'aucune prise en charge thérapeutique autre que médicale n'est mise en place pour l'accompagner alors qu'elle est indispensable.

Ce qui est révoltant, c'est que les personnes atteintes de cette maladie pourraient mener une vie tout à fait correcte avec une bonne prise en charge mais que cette prise en charge est inexistante (mon fils n'a vu le médecin qu'une seule fois, 5 mois après sa sortie de l'hôpital alors qu'il est en sortie d'essai d'une HO).

La plus grande crainte pour lui est l'hospitalisation car il ne supporte pas l'enfermement et pour lui, c'est une véritable souffrance.

Alors, la prison... je n'ose même pas imaginer l'enfer que doivent vivre les malades mentaux.

Petit à petit, j'apprends à connaitre la maladie et j'apprends à faire en sorte qu'elle soit supportable pour mon fils.

Malheureusement, 20 % de la population carcérale sont concernés par les maladies mentales. Ces détenus n'ont rien à faire en prison car ils ont besoin de soins et sont dans un environnement inadapté qui aggrave leur pathologie.

Sarkozy n'est pas seul responsable car les juges ont accepté de criminaliser la maladie mentale.

Si j'en parle aussi ici, sur actuchomage, c'est que les juges ont aussi accepté de criminaliser la pauvreté.

Et que tout ceci est parfaitement orchestré.

Publié : 12 déc. 2006
par diety
Ça doit être très difficile à vivre, surtout que la maladie fait que souvent le malade ne se croit pas malade, et si on ne veut pas se faire soigner, on ne le sera pas. Déjà cela est un grand problème.

En tout cas je te souhaite tout ce qu'il y a de bon pour toi et ton fils!

Puis les dernières années, les conditions en psychiatrie n'ont aussi cessé de se dégrader. Le manque de personnel médical est tel qu'un suivi thérapeutique intensif qui est pourtant nécessaire n'est pratiquement plus possible, ce qui fait que l'on ne "gère" qu'avec des médicaments (= moins de travail). Si le patient est "calme" l'équipe en sous-effectif chronique arrive à assumer le mimimum nécessaire, mais cela se résume souvent au gardiennage.

C'est aussi la droite qui a donné une sorte de "coup de grace" à la Psychiatrie. Le malade mental, comme le pauvre, le chômeur, le RMIste, ils sont tous suspect et non-désiré, enfin, il y a tellement de choses à améliorer, ou seulement à sauver de la dégradation ambiante...

Pareil dans certains états des US. J'avais vu un documentaire, dans lequel un prisonnier psychotique était attaché sur un banc pour être puni de n'avoir pas suivi un ordre (qu'il ne pouvait pas comprendre ou suivre de toute façon, vu sa maladie). Au bout d'une journée ce prisonnier (jeune) est décédé, une embolie suite à l'attachement. J'ai senti la haine monter en moi...

En France, le taux de suicide en prison est 7 fois plus élevé qu'en liberté, et le taux de suicide en mitard (isolement complet) est 7 fois plus élevé qu'en univers carcéral hors mitard, donc au mitard on se suicide 49 fois plus souvent qu'en liberté. Enfermer quelqu'un au mitard revient pratiquement à une "invitation" au suicide. Pourtant ce moyen "disciplinaire" continue à être employé comme si de ne rien était.

Ce n'est pas digne d'un pays dit développé.

Sources:
Libération 9 décembre 2006
Libération 20 octobre 2006

Publié : 12 déc. 2006
par victorine83
Je te remercie beaucoup Diety.

J'ai trouvé ce petit commentaire très pertinent sur un forum :

Si Freud et Marx ne font plus école en matière de thérapie mentale et sociale peut-être est-ce parce qu’aujourd’hui c’est l’idée même d’une psychiatrie centrée sur la souffrance du sujet qui serait déclarée obsolète au profit d’une psychiatrie du symptôme, supposée plus rentable et surtout plus juteuse pour l’industrie pharmaceutique ?

De même en ce qui concerne la société c’est l’idée même de désaliénation sociale qui est déclarée obsolète au profit du consumérisme.

Fort heureusement il est des évènements tels que la lutte anti-CPE ou la pétition "pas de zéro de conduite..." qui remettent les pendules à l’heure et les valeurs sur leurs pieds !

[...]

Vous pouvez toujours rétorquer que ça, c’était au temps des idéologies et que grâce à Dieu et à la Pensée Unique du libéralisme il n’y a plus d’idéologie aujourd’hui !

D’ailleurs le DSM (modèle diagnostic "scientifique"), derrière lequel se cachent les ennemis d’une psychiatrie psychodynamique de tous poils, se veut lui aussi a-théorique.

Pour ma part je considère cela comme la plus grande tentative de manipulation idéologique de l’Histoire !
Au nom de la rentabilité, on ne soigne plus, on traite les symptômes et je peux témoigner que c'est la triste réalité.

Publié : 16 janv. 2007
par victorine83
Réforme : les candidats s'engagent


Sept des dix candidats à la présidentielle sollicités ont signé "sans réserve" la déclaration finale des Etats généraux de la condition pénitentiaire, qui définit, en dix points, les principes d'une réforme pénitentiaire, ont fait savoir les Etats généraux, mardi 16 janvier. Sur les neuf candidats qui ont répondu, sept ont signé la déclaration adoptée le 14 novembre.

Il s’agit d’Olivier Besancenot, d’Arlette Laguiller, de Marie-George Buffet, de Dominique Voynet, de Ségolène Royal, de François Bayrou et de Corinne Lepage. Philippe de Villiers n'a pas répondu aux Etats Généraux. Quant à Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen, ils se sont démarqués des engagements qui leurs étaient soumis. Les Etats généraux ont rendu publiques les réponses des neuf candidats.

Réponses

Comme Olivier Besancenot qui a fait part de son "soutien total" aux propositions, Arlette Laguiller a souligné "son accord" avec les dix points évoqués, tandis que Marie-George Buffet a indiqué faire "siennes" ces propositions. Pour Dominique Voynet, elles sont une "bonne base" pour une future loi, alors que Ségolène "s'est engagée à les mettre en œuvre" si elle était élue, comme Corinne Lepage et François Bayrou qui a tenu a souligné l'importance d'une démarche "transpartisane" sur cette question.

Pour les Etats généraux, cet engagement commun est un "événement" qui "marque la constitution d’un large consensus démocratique et républicain".

"Cet engagement est essentiel car il ne constitue pas un consensus a minima mais l’adoption, par des candidats venus d’horizons très différents, d’une volonté claire de rupture avec le fonctionnement actuel de nos prisons, dont les conséquences désastreuses à la fois pour les prisonniers et pour le personnel pénitentiaire ne sont pas contestées."

Les Etats généraux ont donc particulièrement regretté la réaction de Nicolas Sarkozy, qui a refusé de souscrire à l’ensemble des engagements.

A venir

Les Etats généraux précisent que "l’engagement inédit de la majorité des candidats ne marque pas la fin de leur travail".

"Depuis le 14 novembre, un grand nombre de débats ont eu lieu en régions" affirment-ils, ajoutant vouloir poursuivre ce travail "de pédagogie". "Point par point, les États généraux veulent, au fil des campagnes électorales présidentielle et législative, illustrer le sens de ce qu’ils proposent par contraste avec la situation actuelle" et être "attentifs sur la manière dont les différents candidats, au travers de leurs programmes respectifs, entendent mettre en œuvre" leurs engagements"

nouvelobs



La déclaration finale


Voici la déclaration adoptée le 14 novembre par les Etats généraux de la condition pénitentiaire.


Les Etats généraux de la condition pénitentiaire considèrent :

Que l’évolution de la société et le respect des droits de l’homme commandent une profonde réforme du régime des prisons et des droits des personnes privées de liberté.

Que cette réforme doit devenir une priorité républicaine mobilisant l’ensemble des pouvoirs publics, impliquant la société civile et débouchant sur un débat national.

Que cette réforme doit avoir pour fondement une loi pénitentiaire qui définira les missions de l’administration pénitentiaire, les droits des détenus et les conditions générales de la détention.

Dans le cadre de cette loi pénitentiaire, les Etats généraux demandent (dix points):

Que cette loi consacre la peine privative de liberté comme une sanction de dernier recours, lorsque la gravité de l’infraction rend toute autre sanction ou mesure manifestement inadéquate.

Que cette loi consacre le fait que les personnes dont l’état de santé, psychique ou physique, est incompatible avec la détention doivent être libérées. Le cas échéant, l’Etat doit veiller à mettre en place des structures propres à l’accueil de ces personnes. En particulier, les auteurs d’infraction souffrant de graves troubles psychiatriques doivent être pris en charge dans des structures de soins adaptées à leur traitement et assurant la sécurité de leur personne et des tiers.

Que cette loi consacre le respect de l’Etat de droit en prison. Les règles en vigueur au sein de l’institution carcérale se doivent d’être conformes aux principes d’une société démocratique.

Que cette loi consacre la reconnaissance de l’ensemble des libertés et droits fondamentaux des personnes détenues, à l’exception de la liberté d’aller et venir, et des droits qu’une décision de justice leur aurait retirés.

Qu’en conséquence, cette loi organise et garantisse l’exercice du droit à la santé, à l’hygiène, au maintien des liens familiaux et des prestations sociales, à l’éducation, au travail, à la formation et à l’insertion sociale et professionnelle des personnes détenues. La prison est partie intégrante du territoire de la République au sein de laquelle les missions des services publics s’exercent selon les normes du droit commun sous réserve des contraintes inhérentes à la détention. Ainsi, une personne détenue est-elle avant tout un patient, un travailleur ou un élève dans ses relations avec son médecin, son employeur ou son enseignant.

Que cette loi établisse que les sanctions disciplinaires ne peuvent découler que d’une décision prise dans les conditions qui respectent le principe du procès équitable et susceptible de recours effectifs ; que l’exécution de ces sanctions assure le respect de la santé et de la dignité de la personne du détenu.

Que cette loi instaure un organe de contrôle extérieur assurant l’effectivité du respect des droits des détenus et auquel ces derniers peuvent s’adresser en cas de violation. Qu’en conséquence, cet organe ait notamment pour compétence le contrôle des conditions générales de la détention, de l’état des prisons, de l’application du statut du détenu, de l’exécution des politiques pénitentiaires. Qu’en conséquence, cet organe soit détenteur d’un pouvoir de contrôle permanent, de visite, d’évaluation, d’injonction, de recommandation, de publication de ses rapports.

Que cette loi consacre le fait que l’anticipation, la préparation et l’accompagnement du détenu à la libération sont des missions fondamentales de l’administration pénitentiaire. Qu’en conséquence, soit établi le principe selon lequel la durée des peines d’emprisonnement doit prendre en compte les perspectives de réinsertion.

Que cette loi consacre le principe d’évaluation par le Parlement des politiques pénitentiaires, nationales et locales, annuelles et pluriannuelles, notamment en ce qui concerne les conditions de détention et la réinsertion des détenus.

Que cette loi reconnaisse l’importance du rôle de l’administration pénitentiaire et consacre le principe que la réforme des prisons requiert une prise en compte particulière de la condition des personnels pénitentiaires.

Les Etats généraux de la condition pénitentiaire ont décidé :

De soumettre la présente déclaration à l’appréciation de l’ensemble des candidats à l’élection présidentielle de sorte à susciter de leur part un engagement personnel de réformer profondément le régime des prisons en France.

De remettre au pouvoir exécutif, en la personne du Premier ministre, l’ensemble des documents issus des Etats généraux (cahiers de doléances, manifeste et déclaration solennelle).

D’agir de même à l’égard du pouvoir législatif, en la personne des présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat.

De faire de même au profit des instances nationales et internationales de protection des droits de l’homme.

Quel travail extraordinaire !!!

Quelle belle avancée pour notre démocratie !

C'est vraiment encourageant et je n'ai pas de mot pour féliciter tout ceux qui ont travaillé à l'élaboration de cette déclaration finale.

C'est une grande victoire démocratique !

En toute logique, Sarkozy, Lepen et de Villiers ont choisi de ne pas s'engager.


Si cela vous intéresse, vous pouvez lire les réponses de chacun des 9 candidats :

- La réponse d'Olivier Besancenot

- La réponse d'Arlette Laguiller

- La réponse de Marie-George Buffet

- La réponse de Dominique Voynet

- La réponse de Ségolène Royal

- La réponse de François Bayrou

- La réponse de Corinne Lepage

- La réponse de Nicolas Sarkozy (n'a pas signé la déclaration finale)

- La réponse de Jean-Marie Le Pen (n'a pas signé la déclaration finale)

Enfin, Philippe de Villiers n'a pas répondu et n'a pas signé la déclaration finale



J'en profite pour faire une petite rectification suite à un échange houleux sur rénov qui m'a valu le vérouillage d'un sujet que j'avais initié.

En effet, un expert du monde carcéral m'apprenait que 70 % des détenus sont des étrangers, ce que j'ai eu du mal à avaler, vu le discours lepeniste dont il faisait preuve :
70 %... je ne sais pas mais je sens comme de l'extrapolation là, j'aimerais quand-même bien en avoir une confirmation.



oui je parle pour celle de ma ville mais il n'est pas difficile d'extrapoler dans ce cas ....j'ai beaucoup de sources en fait ,d'abord un contact privlegié avec mon ancienne communauté 8)
ensuite je me suis entrainé un moment recent avec un prof de muscu qui y anime des cours ..en intra muros :idea:

renovation-democratique
En lisant la réponse de Lepen, je trouve ceci :
- la diminution de la population carcérale étrangère (22 % des détenus). Tout étranger ayant commis un délit en France doit, après sa condamnation, d'une part, être expulsé et interdit de séjour, d'autre part, effectuer sa peine dans son pays.
22 % !!!

On est très loin des 70 % honteusement annoncés dans le but encore une fois de faire l'amalgame entre immigration et délinquance.

Je pense qu'on peut faire confiance en Lepen sur ce chiffre de 22 % car ça l'arrangerait trop qu'il soit de 70 %.

Publié : 17 janv. 2007
par Jean-Claude
A lire absolument (en plus des livres déja précité sur ce fil) pour comprendre ce que l'on peut enduré en prison :

Image

Biographie de l'auteur

Ne racontant pourtant que sa vie, Charlie Bauer rappelle presque un demi-siècle d'histoire de France, qui commence dans un quartier ouvrier à la périphérie de Marseille, dans les années 1950, où il se forge à la religion populaire d'alors, le communisme ; une formation complétée par le pillage, en bande organisée, des magasins et des trains. L'engagement du PC dans la guerre d'Algérie provoque la première rupture : l'auteur et ses amis soutiennent le FLN algérien. Arrêté, Charlie Bauer est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Son quotidien est désormais rythmé par ses transferts d'une maison centrale à une autre ; il passera neuf années en cachot ou dans des quartiers de haute sécurité (QHS). Libéré après quatorze ans de détention, il revient vite à une vie de clandestin où il croise Jacques Mesrine en activiste contre les QHS, avant de replonger pour dix ans, jusqu'en 1988. Ce livre paraît deux ans plus tard. Quinze ans après, cette réédition poursuit le témoignage d'une vie de résistance à l'ordre social dominant.

Publié : 22 janv. 2007
par victorine83
"Peur" et "brimades" à la prison de Liancourt

LE MONDE | 20.01.07 | 13h22

Climat de peur et de représailles, brimades, provocations et humiliations exercées sur les détenus." C'est ainsi que la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) décrit la prison de Liancourt (Oise), dans cinq avis datés du 15 janvier.

Depuis sa création, en 2000, la commission n'avait jamais reçu autant de plaintes pour un seul établissement pénitentiaire. Deux des avis ont été directement transmis au procureur de la République à Beauvais, ville où la justice a condamné en décembre 2006 deux surveillants de Liancourt à quatre mois de prison avec sursis, pour violence sur un détenu, Daouda Siné.

Outre les témoignages de prisonniers, la CNDS a bénéficié de ceux de surveillants "qui ont déclaré ne plus pouvoir supporter les agissements non professionnels, graves de certains de leurs collègues à l'égard des détenus et qui ont décidé de briser la loi du silence". La fin de l'omerta à Liancourt met en évidence, selon la commission, "la responsabilité particulière de l'équipe d'encadrement, principalement celle du directeur adjoint et du premier surveillant". Le nom de ce premier surveillant, déjà condamné dans l'affaire Daouda Siné, se retrouve dans plusieurs autres avis. Un surveillant interrogé par la commission confirme : "C'est au niveau de la hiérarchie que s'organisait ce climat et ce régime de terreur." La CNDS relève toutefois que ces agissements sont "le fait d'une minorité".

La première affaire remonte à mai 2005. Un groupe de surveillants intervient en pleine nuit en aspergeant la cellule d'un détenu avec une lance à incendie. Le détenu a croupi toute la nuit dans sa cellule inondée. Un surveillant a reçu un blâme. La commission recommande que les autres membres du personnel ayant participé à l'opération passent devant les instances disciplinaires.

Le 24 mars 2006, un détenu est retrouvé pendu dans sa cellule, située dans le quartier disciplinaire. La veille, une altercation avec des surveillants l'avait conduit à l'hôpital pour des points de suture. Placé en quartier disciplinaire dès son retour, il cesse de s'alimenter, demande un médecin. En vain. Pour la commission, il "n'a pas bénéficié de l'assistance que requérait l'état de danger manifeste dans lequel il se trouvait". Plus grave : "Il est fortement probable que c'est délibérément que les professionnels de santé et la direction (...) ont été tenus à l'écart." L'avis a été transmis au procureur, tout comme celui concernant des violences intervenues en août 2006.

Le 24 août, un détenu, suivi par des médecins et des psychologues pour un traitement de désintoxication par méthadone, a été frappé. Un médecin a pu constater des hématomes faciaux dix jours après les faits, qui se sont produits alors que le premier surveillant occupait la fonction de responsable de la maison d'arrêt.

La commission juge "disproportionnée" la force utilisée "par rapport au comportement du détenu". Elle dénonce l'attitude d'un responsable de la hiérarchie qui a tenté d'étouffer l'affaire et "constate avec gravité un état de délitement généralisé des fonctions et des responsabilités d'une partie de l'encadrement de Liancourt".

Dans un communiqué du vendredi 19 janvier, la direction de l'administration pénitentiaire rappelle que des procédures disciplinaires sont en cours et que des changements ont eu lieu dans l'équipe de direction. Elle assure qu'elle "tirera toutes les conséquences" de ces avis.

lemonde
Sans commentaire... j'ai pas les mots ! C'est la barbarie !