22 % des SDF sont de jeunes diplômés ayant un emploi
Publié : 26 oct. 2006
La France est dans un tel état de délabrement qu'être diplômé et avoir un emploi ne sont plus une garantie pour le droit à une vie décente.Une enquête de l'Insee révèle la grande diversité des personnes sans domicile fixe
Une grande enquête de l'Institut national de la statistique et des études réalisée auprès des sans domicile fixe, rendue publique jeudi 26 octobre, fait apparaître que, si cette population est majoritairement composée d'hommes seuls sans emploi, les jeunes diplômés exerçant une activité professionnelle, les femmes accompagnées d'enfants, les couples et, dans une moindre mesure, les personnes âgées sont également représentés parmi les personnes sans logement.
Dans un premier volet de cette enquête, réalisé en janvier 2001 auprès des "personnes fréquentant les services d'hébergement ou les distributions de repas chauds", les chiffres publiés évaluaient à 86 000 le nombre de personnes sans domicile, parmi lesquelles 70 000 adultes et 16 000 enfants les accompagnant. Les travaux publiés sous la plume de Cécile Brousse, membre de la division "Conditions de vie des ménages" de l'Insee, font apparaître aujourd'hui la diversité des profils des personnes qui se retrouvent sans logement fixe.
La majorité des SDF demeurent des hommes (80 %), le plus souvent seuls et sans emploi, dont 15 % se livrent à la mendicité. "Près d'un tiers de ces personnes sont au chômage depuis plus d'un an, un quart depuis moins d'un an. Plus du tiers ne cherchent pas d'emploi", précise l'Insee, qui souligne que les réfugiés en attente d'un statut "sont trois fois plus nombreux dans ce groupe", que parmi les autres SDF.
JEUNES DIPLÔMÉS SANS DOMICILE
Mais l'enquête fait apparaître quatre autres catégories de personnes au sein de la population des sans domicile. Ainsi, 22 % d'entre eux sont des jeunes diplômés, "vivant sans conjoint ni enfant mais disposant d'un emploi dans le secteur marchand pour les deux tiers, dans le secteur associatif pour l'autre tiers". "Moins isolés" que ceux du premier groupe, "il leur arrive plus fréquemment de se faire héberger par des membres de leur famille" (17 %), et une fois sur quatre, ils trouvent refuge chez des amis.
Par ailleurs, 18 % des personnes rencontrées dans le cadre de cette enquête sont des femmes, dont les trois quarts sont accompagnées de jeunes enfants, et qui ont rompu récemment avec leur conjoint. Elles sont peu diplômées, mais bénéficient d'un revenu composé "d'allocations familiales pour les trois quarts d'entre elles".
Le troisième groupe est constitué de personnes "relativement jeunes vivant en couple et pour la moitié d'entre elles avec des enfants". Selon l'Insee, "les trois quarts sont à la recherche d'un logement" et "ces personnes en couple sont deux fois plus nombreuses que les autres sans domicile à bénéficier d'allocations familiales". Enfin, les personnes âgées de plus de 50 ans ne représentent que 2% des sans domicile fixe rencontrés par les enquêteurs de l'Insee. On y rencontre une population élevée d'anciens travailleurs immigrés.
Ce sont les "formes multiples d'éloignement du marché du travail et la variété des circonstances qui entourent la perte du logement" qui, selon l'institut, "expliquent l'extrême diversité de la situation des sans domiciles". Mais pour Cécile Brousse, la situation des sans domiciles, liée au chomâge, aux problèmes d'accès au logement, et qui concerne le plus souvent des immigrés sans ressource scolaire, constitue "un cas extrême d'un problème plus général" dans la société française, à contrario d'une idée reçue qui voudrait que les SDF soit un groupe homogène bien distinct du reste de la population, et caractérisé par des difficultés spécifiques.
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