L'Emploi et le Chômage en Débats

Il paraît que les chômeurs ne bougent pas et sont de pauvres bougres qui encaissent tout sans broncher.

Cela peut être en partie vrai mais sans que l'on puisse pour autant en faire une attaque supplémentaire contre les chômeurs pour X raisons.

J'aimerais donc vous faire part de ce qu'ont fait, ce matin, 4 chômeurs pour soutenir Sabrina, radiée de l'ANPE pour 2 mois.

Cette action a été lancée par la CGT-chômeurs pour investir le bureau du directeur départemental de l'ANPE du Var.

Sabrina, 27 ans, est une jeune-femme qui travaille régulièrement mais épisodiquement comme caissière chez ED par le biais de CDD successifs.

Sa dernière période travaillée d'une durée de 9 mois en plusieurs CDD, lui a permis d'ouvrir des droits ASSEDIC et elle est en ARE depuis le 20.07.06 pour 7 mois.

Elle est convoquée le 22.09.06 pour une réunion de groupe ciblant les DE dans le secteur de la grande distribution.

A sa grande stupeur, elle apprend lors de cette réunion où elle était la seule convoquée présente, qu'elle est radiée depuis le 23.08.06.

Elle aurait reçu des convocations auxquelles elle n'aurait pas répondu.

Toutes ses démarches auprès de l'ANPE et de l'ASSEDIC sont restées vaines et bizarrement ont juste servi à ce qu'elle reçoive au moins une notification de radiation datée du 27.09.06 alors qu'elle est radiée depuis le 23.08.06.

Nous nous sommes donc mobilisés à 4 chômeurs et 2 autres personnes devant l'antenne départementale de l'ANPE.

Je sais, ça fait pas beaucoup mais bon, nous étions là avec le drapeau de la CGT-chômeurs accroché à la porte de l'ANPE, une table pliante devant l'entrée et un petit pique-nique.

Sont tout de même venus aussi des journalistes (Var-Matin, RTL, Provence bleue)

Daniel, le responsable de la section CGT-chômeurs du Var, a été reçu par l'attaché du directeur départemental et le directeur s'est engagé à le recevoir demain pour parler du cas de Sabrina.

Donc demain, re-mini-mobilisation pour Sabrina.

Voilà, ça bouge... pas beaucoup... mais ça bouge !

Il faut que la radiation de Sabrina soit annulée, qu'elle retrouve ses droits et que l'ASSEDIC annule l'indu qu'elle lui réclame.

Sabrina a aussi eu un petit flyer d'actu pour qu'elle puisse venir nous rendre visite.

que je suis contente, même à quatre on se bouge !!

lui a permis d'ouvrir des droits ASSEDIC et elle est en ARE depuis le 20.07.06 pour 7 mois.

C'est assez incompréhensible cet acharnement, enfin si on comprend pourquoi...

Et bien une mobilisation qui je l'espère ne sera relayée par les radios et TV locales.

C'est immonde ces procédés

Bravo Victorine et les CGT

Faudrait qu'ils soient un peu actifs sur le territoire, même si ils doivent se mêler des non -syndiqués.
maguy

Bravo victorine... Cette action est exemplaire? Tiens d'ailleurs à ce propos un préavis de grève a été initié par la CGT ANPE, la CGT Assedic, et CGT chômeurs pour le 27 octobre. Je sais c'est dérisoire mais le choses changent.

Et encore un bravo pour Victorine et ses copains !

Ca, c'est du taf !

Bonne nouvelle, NYVES !!! J'y serai, c'est noté !

Pour la mini-mobilisation de ce matin, nous avions deux non-syndiqués avec nous.

Nous étions donc 6 en tout... c'est bien, non ?

Premier objectif atteint car c'est très difficile d'obtenir un entretien avec le directeur départemental de l'ANPE.

Je croise les doigts pour que Sabrina retrouve ses droits demain.

Si tu veux mon sentiment, Victorine, 6 demandeurs d'emploi, c'est super Ces personnes prennent des risques. C'est nettement plus facile pour moi de faire "grève" , je suis moi protégé par la constitution, où le droit le grève est inscrit.

Bravo Victorine !
Je ne savais pas que la CGT-chomeurs de notre coin était si active c'est extra ce que vous avez fait !
Tu imagines le scénario si ce genre d'action se généralisait ?

Encore BRAVO à toi et à ceux qui t'ont accompagnée!
Chapeau bas pour votre courage à tous
...en souhaitant que tout s'arrange pour Sabrina

Pourtant, je vous assure que c'est pas grand-chose, suffit juste de répondre présent pour soutenir une action et y'a rien d'autre à faire.

Par contre, effet garanti, ça fait désordre dans la petite vie bien tranquille des décideurs qui n'apprécient pas qu'on vienne les déranger... ça les perturbe !

Lorsque l'attaché du directeur est sorti à 12h15, il nous a dit que ce n'était plus la peine de rester puisque le directeur s'était engagé pour un entretien le lendemain. Et de montrer le drapeau CGT-chômeurs en disant : "Vous pourriez au moins enlever ça !". Pas content le Monsieur. Daniel : "Pourquoi, vous ne l'aimez pas notre drapeau, pourtant il est joli et surtout... il a coûté beaucoup moins cher que votre logo (en lui montrant ce dernier avec le sourire)". Puis de l'inviter à se joindre à nous en lui offrant un gobelet de coca et quelques chips ou un morceau de cake que le cher monsieur a gentiment refusé en s'éclipsant malgré tout sur une note de bonne humeur retrouvée.

Et là, je découvre encore une autre dimension. Celle d'un homme ayant de hautes fonctions mais malgré tout soumis lui aussi certainement à une politique de résultat car il m'est apparu comme un homme embarassé dans son rôle et à qui l'on doit demander des choses qu'il n'a pas forcément vocation de faire mais y est contraint.

Ce rôle doit être tellement ingrat qu'il est logique qu'il n'apprécie pas qu'on vienne le voir en face à face... c'est tellement plus facile de faire ce que l'on a à faire contre des personnes quand ces dernières sont des anonymes.

Là, ce type s'est retrouvé devant 6 paires d'yeux qui le scrutaient, le jugeaient, le détaillaient, lui le complice (ça ressemble à ça, un collabo ?) des radieurs qui dépouillent les chômeurs de tous moyens de subsistance.

C'est beaucoup moins confortable comme situation !

Là, ce type s'est retrouvé devant 6 paires d'yeux qui le scrutaient, le jugeaient, le détaillaient, lui le complice (ça ressemble à ça, un collabo ?) des radieurs qui dépouillent les chômeurs de tous moyens de subsistance.

C'est bien pour ca que lorsque un peloton militaire execute dans les formes un condamné, 1) le condamné porte une cagoule sur la tête qui empeche les soldats de voir ses yeux quand ils vont le mettre en joue en pointant leur fusil vers lui
2) que la fusillade se fasse à distance pour qu'il n'y ait pas de contacts physiques entre le peloton d execution et le supplicié

3) Il faut que tous les fusils ne soient pas chargés avec de vraies balles pour soulager la conscience de ceux qui presseront sur la detente afin qu ils puissent se dire que ce n est pas leur fusil qui a porté le coup mortel.

Sauf que là, le coup qui peut être mortel, c'est quand-même le radieur qui le porte au chômeur radié.

Mais c'est vrai qu'il doit être très désagréable d'affronter des regards accusateurs et nous comptons bien là-dessus pour aboutir dans notre démarche.

C'est évident que la machine ne continue à fonctionner ainsi que parce que le supplicié (ici le demandeur d'emploi) n'est pas en contact direct avec son bourreau (le radieur).
Tout est méthodiquement organisé pour que cet éloignement persiste, comme j'ai pu le constater lors de mon CDD à l'ANPE : les radiations sont effectuées dans les bureaux feutrés du pôle administratif des agences, loin des chômeurs concernés...

En fait, c'est un travail à la chaine qui multiplie les intermédiaires entre la commande et la livraison du produit fini :
En effet, aucun agent n'effectue seul une radiation. Tout le système en place autour de lui le dispense d'aller jusqu'au bout de sa démarche ; il lui suffit d'enclencher et de mettre la machine en route, le reste se fait sans son concours.

Et, top du top de l'organisation, la plupart des radiations ne sont pas enclenchées suite à une décision humaine, mais par un logiciel de gestion : X ne s'est pas présenté à telle réunion collective => aucun entretien n'est saisi => un courrier est édité automatiquement.

L'agent du pôle administratif, situé au poste suivant, fait ce pour quoi il est payé : il recoit des ordres, gère les listes comme on lui a appris et n'a pas d'avis à donner, ni de sentiments à exprimer, il est dans les paperasses et n'a pas de contact avec les DE.

Comme je l'expliquais ici il y a un an, tout est organisé pour que personne ne se sente personnellement responsable des décisions prises concernant les DE.

Seul le chef d'agence et le staff d'encadrement ont une réelle vision d'ensemble de la chaine. La direction recoit ça et là des DE et leur accorde ou non la grâce de façon totalement subjective (oserais-je dire "a la tête du client " ?), le reste du temps il est chargé de s'assurer que la machine fonctionne de manière optimale, en fonction des consignes édictées plus haut (Direction départementale de l'ANPE) et encore plus haut (représentants du gouvernement en place...).


Dans ce contexte, le type d'action que vous menez a un impact certain : Vous obligez ces personnes à regarder en face le résultat final de leur travail ...donc à se regarder elle-mêmes en face...et à réfléchir, pour une fois !

La réaction de la machine ne devrait hélas pas se faire attendre : Je crains que la prochaine fois que vous vous pointerez là-bas, il y ait un service d'ordre chargé de vous empêcher d'entrer en contact avec les grands chefs...

Petit article, ce jour, dans Var-Matin (notre gros quotidien) :

La CGT dénonce les radiations abusives

Le comité CGT des précaires et privés d'emploi a manifesté sa désapprobation, hier matin, devant la direction départementale de l'ANPE à Toulon.

Pour Daniel Piève, responsable du syndicat : "Le gouvernement se plaît à souligner la baisse du chômage, mais nous affirmons que ce sont bien les radiations abusives qui satisfont nos gouvernants".

Sabrina, une Seynoise de 27 ans témoigne : "Le 22 septembre lorsque j'ai répondu à une convocation envoyée le 15 septembre par l'ANPE, on m'a appris que j'étais rayée des listes depuis le 23 août pour ne pas avoir répondu à des courriers que je n'ai jamais réçus".

Afin d'évoquer les nombreux dossiers du type de Sabrina, Daniel Piève a demandé une entrevue au directeur de l'ANPE du Var.

Entendu par Patrick Barbieux, attaché de direction, le responsable de la CGT a obtenu gain de cause.

Une délégation sera reçue cet après-midi à 15 heures au 120 de la rue Montauban par Philippe Renaud.

Et le meilleur pour la fin : Sabrina est réintégrée dans ses droits.